- Historique du français sur objectif(s) spécifique(s) Le français sur objectif

- Historique du français sur objectif(s) spécifique(s) Le français sur objectif(s) spécifique (s) n’est pas une notion qui a émergé de nulle part. Elle est l’aboutissement actuel, d’une réflexion ancienne (déjà quarante ans) visant la conception d’un cours de français destiné à des adultes qui souhaitent utiliser le plus rapidement possible certaines compétences linguistiques et langagières dans un domaine précis. Cette réflexion au fil du temps donnera naissance à des « réponses construites » qui se distinguent par une terminologie précise et qui recouvrent des perspectives et des contenus plus ou moins différents. Dès lors, pour mieux cerner le concept FOS, il nous parait indispensable de commencer ce cours par une perspective historique. Celle-ci nous permettra principalement d’identifier, au delà de la sémantique des appellations, les divergences et les convergences de ces différentes réponses. 1- Le français scientifique et technique (FST)/ Français langue de spécialité (FLS) Il s’agit sans aucun doute de la première appellation des réponses construites pour mettre en place un enseignement de français non général. Cette émergence est très fortement liée à une volonté politique du ministère français des Affaires étrangères (MAE) des années 50 : La désignation FST résulte d’une décision politique datant de la fin des années 1950, prise dans un contexte de défense des intérêts économiques de la France, de son influence géopolitique (en particulier dans les pays en voie de développement, dont les ex-colonies françaises), et de la langue française confrontée (déjà) à la poussée de l’anglais. (Holtzer, 2004 : 11). Le FST s’inscrit dans une perspective terminologique, avec le vocabulaire comme « entrée centrale dans une spécialité ». C’est pourquoi, le FST prendra cadre dans les méthodologies de type structuraliste centrées sur le contenu et en particulier sur le SGAV (structuro-globale audiovisuelle) qui s’appuie sur le français fondamental (1954), un inventaire lexical réalisé à partir d’un corpus d’énoncés oraux sur lequel ont été appliqués des critères de fréquence, de disponibilité et d’empirisme rationnel. Il faut préciser au passage que le français fondamental ne cible pas un public très précis. Le FST donnera lieu à de nombreux ouvrages axés sur l’acquisition du vocabulaire. Le plus célèbre est le Vocabulaire général d’orientation scientifique (VGOS) de Phal qui verra le jour en 1971, en présentant un lexique qu’il veut commun à plusieurs sciences, il vise « à enseigner l’expression scientifique aux étudiants et stagiaires désireux de faire en français des études spécialisées » (Phal, 1969 : 81). Selon, son propre auteur, la sélection du vocabulaire s’est faite à partir de textes scientifiques : L'hypothèse de travail était donc la suivante : de même qu'on avait dégagé le "français fondamental" d'un corpus de langue parlée, de même on dégagerait le V.G.O.S. d'un corpus de textes scientifiques en relevant le nombre d'occurrences de chaque mot (critère de fréquence) et le nombre de contextes différents dans lesquels chaque mot apparaissait (critère de répartition). (1971, Didier/ Crédif) Dans la même année, le Français scientifique et technique (Hatier) va également apparaître. Il s’agit, selon Holtzer, de l’une des premières méthodes « spécifiques ». L’époque permet la publication d’une série d’ouvrages, tous reflétant un traitement essentiellement lexicologique des langues de spécialité : Vocabulaire d'initiation aux études agronomiques ; Vocabulaire d'initiation à la critique et à l'explication littéraire ; Vocabulaire d'initiation à la vie politique ; Vocabulaire d'initiation à la géologie. De même sera lancé un projet de "dictionnaires contextuels" faisant le pont entre l'analyse lexicologique traditionnelle et l'analyse de discours, projets inachevés et ayant donné lieu à seulement deux publications : - J.L. Descamps et alii : Dictionnaire contextuel pour la géologie, Didier 1976 - M.A. Mochet, Dictionnaire contextuel d'un domaine de la vie politique. Elections législatives, CREDIF 1976 (cours Richer-CTU Dijon) Progressivement la perspective terminologique va céder la place à une perspective discursive. En effet, à la fin des années 70 apparaissent les « premières études sur les discours spécialisés et sur les spécificités du discours scientifiques » (Holtzer, 2004). Ces travaux portent sur l’organisation des textes, les mécanismes de textualisation (organisateurs logiques, anaphores…), les typologies du discours scientifiques appréhendé dans une perspective interactionniste (discourt de vulgarisation, pédagogique, discours de l’écrit de recherche (thèse, mémoire)) visent sur le plan didactique l’acquisition d’une compétence discursive. Vers les années 80, avec l’émergence de l’approche communicative, le discours scientifique désigne « tous les discours produits par des spécialistes sur leur sujet de spécialité […] qu’ils s’adressent à des spécialistes du même domaine ou d’un domaine voisin, à des spécialistes de leur niveau ou à des apprenants, ou encore à des non-spécialistes » (Candel, 1994 :33). La dimension orale, alors négligée trouvera également une place. Enfin, le public, jusqu’à là limité aux scientifiques en contexte FLE, va s’élargir aux étudiants pour qui le français est la langue d’enseignement, c’est-à-dire en situation de FLS. Les besoins en français juridique, médical ou autre se feront ressentir sur le marché. Tous ces facteurs feront du FST « une étiquette trop étroite pour contenir une telle diversité de domaine de savoir » (Holtzer, 2004), une appellation plus générique sera parallèlement employée, dans la décennie 63-73, pour désigner les langues « qui impliquent la transmission d’une information relevant d’un champ d’expérience particulier » (DLL, 1976), il s’agit du « français de spécialité ». 2- Le Français de spécialité (FS) Selon, J-M Mangiante et C. Parpette (2004 :16) Le terme Français de Spécialité a été historiquement le premier à désigner des méthodes destinées à des publics spécifiques étudiants le français dans une perspective professionnelle ou universitaire. Ces méthodes, comme leur nom l’indique, mettaient l’accent sur une spécialité (le français médical, le français juridique, le français de l’agronomie, etc.) ou sur une branche d’activité professionnelle (le tourisme, la banque, les affaires). Ce terme circule encore beaucoup dans le domaine du Français Langue Etrangère, et il peut paraître commode lorsque la formation proposée est effectivement ancrée dans une spécialité ou un champ professionnel. Pour remédier à l’étroitesse de l’étiquette FST, en langue de spécialité (désormais LSP), les didacticiens vont élargir au maximum le contenu de la notion FS en passant de la notion de langue de spécialité (associant lexique spécialisé et tournures grammaticales typiques, sous formes d’études quasi stylistiques) à celle de « langues spécialisés » (Mourlhon-Dallies, 2008 :30). Mais l’appellation finira par être victime de sa largeur. « LSP pose en effet de nombreux problèmes en raison de la multiplicité des catégories de langues regroupées sous cette étiquette. On a l’image d’un champ éclaté, aux limites de plus en plus floues et aux découpages internes incertains. » (Holtzer, 2004). En effet, comment distinguer sur le plan linguistique les frontières de domaines professionnels parfois très proches : économie/affaire. D’autre part, elle ne précise pas ce qui, concrètement, permet de distinguer une langue dites « de spécialité » d’une langue dite « générale» ? Enfin, l’appellation Langue de spécialité finit par être remise en cause : La langue de spécialité n’est pas une langue à part, elle dépend d’une langue naturelle, l’usage du français peut expliquer et transmettre les connaissances. Par conséquent, elle allie des connotations de niveaux standard, connues de tous, et des concept ou notions plus techniques et scientifiques (Bertrand et Schaffner, 2008 : 198) Beaucoup de théoriciens vont lui préférer le terme « langue spécialisée[1] » : Pour dire en français l’unicité de l’idiome et la particularité des univers de connaissances, « langue spécialisée » présente le même avantage : renvoyer au système linguistique pour l’expression et aux professions pour les savoirs » (P. Lerat, 1995 :12). 3- Le français Instrumental (FI) Cette appellation va connaitre très peu de succès en France où on lui reproche ses « connotations technicistes et utilitaristes ». Elle trouvera plus de succès en Amérique latine où l’expression y est employée dans un sens très particulier : ce n’est pas la langue qui est instrumentale mais son enseignement (G.Alvarez, 1974). Le FI est défini par G. Holtzer comme […] un type d’enseignement fonctionnel du français qui concerne un public défini (des étudiants de l’université), est circonscrit à des activités précises (lire de la documentation spécialisée), limité à des objectifs déterminés (l’accès à l’information scientifique et plus largement au savoir), dans le cadre de filières d’études universitaires où une large partie de la documentation académique n’est disponible qu’en français. (2004 : 14). Quelques lignes plus bas, elle ajoute que La perspective « instrumentale » d’enseignement du FLE a initié un courant de recherches fécond (en France et en Amérique latine) sur la lecture de textes spécialisés pour des étudiants experts dans la spécialité des écrits présentés (S. Moirand, 1976 - A. Carbajal, 1978). Ce courant a ouvert, en didactique du F.L.E, la voie à la réflexion sur la compréhension des textes en langue étrangère, sur la saisie du sens et a débouché sur la technique de l'approche globale des textes en FLE (S. Moirand, Situations d’écrit, 1979), revisitée par F. Cicurel (Lectures interactives en langue étrangère, 1991.). Mais l’appellation FI va très vite faire place à l’appellation « Français Fonctionnel ». 4- Le français fonctionnel Le français fonctionnel (désormais FF) apparait aux débuts des années 1970, uploads/Science et Technologie/ sans-titre 2 .pdf

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