La pénicilline, que découvrit Alexander Fleming par sérendipité : elle changea

La pénicilline, que découvrit Alexander Fleming par sérendipité : elle changea le cours de la médecine et valut le prix Nobel à son auteur . Horace Walpole par Joshua Reynolds, v. 1756. Sérendipité La sérendipité est le fait de faire par hasard une découverte inattendue qui s'avère ensuite fructueuse, notamment dans le domaine des sciences. Il s'agit d'une notion polysémique dont le sens varie selon la période, le contexte et la langue utilisée. Le mot, initialement anglais (serendipity), a été créé en 1754 par l'écrivain Horace Walpole à partir du conte persan Voyages et aventures des trois princes de Serendip de Cristoforo Armeno, traduit en français par Louis de Mailly. La sérendipité a d'abord été une notion littéraire qui a joué une place essentielle dans la construction d'un nombre croissant d'œuvres de fiction, comme moteur de l'intrigue des romans policiers ou de science-fiction. Au milieu du xxe siècle, la sérendipité trouve une traduction dans le domaine de la recherche scientifique où elle fait l'objet d'une discussion sur la démarche du chercheur. Elle permet au chercheur de faire une découverte inattendue, d'importance ou d'intérêt supérieur à l'objet de sa recherche initiale, et désigne l'aptitude de ce même chercheur à saisir et exploiter cette « chance ». Mais elle trouve aussi son application dans des champs très divers, allant de la création artistique aux entreprises actives dans l'innovation, où les technologies numériques et Internet semblent jouer un rôle favorisant le phénomène de sérendipité. Dans le monde francophone, le concept de sérendipité, adopté dans les années 1980, prend parfois un sens très large de « rôle du hasard dans les découvertes ». En 2014, une définition précise en a été donnée en langue française par Sylvie Catellin, chercheuse en sciences de l'information et de la communication : « l'art de découvrir ou d'inventer en prêtant attention à ce qui surprend et en imaginant une interprétation pertinente. » Né au xviiie siècle sous la plume d'Horace Walpole, le mot serendipity devient dès le xixe siècle un terme polysémique . En français, « sérendipité » est un néologisme calqué de l'anglais serendipity, donc un anglicisme. Selon Sylvie Catellin, il est attesté pour la première fois en 1953 dans l'article « La découverte scientifique » de Charles G. Darwin, traduit de l'anglais par Bernard Kwal puis en 1968 dans le Vocabulaire de la psychologie d'Henri Piéron . Il ne deviendra d'un usage vraiment courant qu'à partir de 2009 à la suite d'un livre de Pek van Andel et Danièle Bourcier et d'un colloque . Il sera même consacré « mot de l'année » (2009) par la revue Sciences humaines . Le terme serendipity a été inventé par Horace Walpole. Il l'a utilisé pour la première fois dans une lettre du 28 janvier 1754 à son ami Horace Mann, diplomate du roi George II à Florence. Dans sa lettre, il remercie son ami de lui avoir fait cadeau du portrait de Bianca Cappello, qui avait épousé François Ier de Médicis en 1579, et dit qu'il vient de résoudre une énigme en feuilletant un vieux livre sur les armoiries et en découvrant que le blason de la famille vénitienne des Capello contenait une fleur de lys, emblème des Médicis, indice de la reconnaissance d'une alliance entre les deux familles . Walpole désigne ainsi des « découvertes inattendues, faites par accident et sagacité » ou par « sagacité accidentelle » : « Cette découverte est presque de l'espèce que j'appelle serendipity, un mot très expressif que je vais m'efforcer, faute d'avoir mieux à vous narrer, de vous expliquer : vous le comprendrez mieux par l'origine que par la définition. J'ai lu autrefois un conte de fées saugrenu, intitulé Les Trois Princes de Serendip : tandis que leurs altesses voyageaient, elles faisaient toute sorte de découvertes, par accident et sagacité, de choses qu'elles ne cherchaient pas du tout : par exemple, l'un des princes découvre qu'un chameau borgne de l'œil droit vient de parcourir cette route, parce que l'herbe n'a été broutée que sur le côté gauche, où elle est moins belle qu'à droite — maintenant saisissez-vous le sens de serendipity ? L'un des exemples les plus remarquables de cette sagacité accidentelle (car il vous faut observer qu'en aucun cas la découverte d'une chose que vous cherchez ne tombe sous cette description) revient à Lord Shaftesbury qui, lors d'un dîner chez le Grand Chancelier Clarendon, a découvert le mariage du duc d'York avec Mrs Hyde en voyant le respect que la mère témoignait à table à sa fille . » Le conte de Serendip ou Voyages et aventures des trois princes de Serendip (le Sri Lanka d'alors) a connu dès sa publication un succès considérable dans toute l'Europe. Sa trame, issue d'un motif populaire persan très ancien, sera notamment reprise en 1748 par Voltaire dans Zadig . Le mot forgé par Walpole sommeille, lui, pendant un siècle . Puis, la définition évolue au cours d'échanges érudits dans les journaux anglais. Celle de Edward Solly (en), ancien chimiste et bibliophile , fut retenue par l'Oxford English Dictionary : « The inquirer was at fault, and it was not till some weeks later, when by the aid of Serendipity, as Horace Walpole called it—that is, looking for one thing and finding another—that the explanation was accidentally found » (« Le chercheur était fautif, et ce n'est que quelques semaines plus tard, quand par sérendipité, comme disait Horace Walpole - c'est-à-dire en cherchant une chose et en trouvant une autre - que l'explication fut fortuitement trouvée »). Au cours des années 1940, le mot est repris à l'université Harvard, glissant de la sphère littéraire à celle des scientifiques. Walter Bradford Cannon, physiologiste, intitule en 1945 un chapitre de son livre The Way of an Investigator « Gains from Serendipity » et donne de la sérendipité la définition suivante : « La faculté ou la chance de trouver la preuve de ses idées de manière inattendue, ou bien de découvrir avec surprise de nouveaux objets ou relations sans les avoir cherchés ». Le sociologue américain Robert King Merton a découvert le mot dans le dictionnaire dans les années 1930 et tentera toute sa vie de raffiner le concept en l'intégrant à son analyse des méthodes de raisonnement . Pour lui, la sérendipité est l'observation d'un fait surprenant suivie d'une induction correcte. Elle « se rapporte au fait assez courant d'observer une donnée inattendue, aberrante et capitale (strategic) qui donne l'occasion de développer une nouvelle théorie ou d'étendre une théorie existante ». Une découverte inattendue et aberrante éveille la curiosité d'un chercheur et le conduit à un raccourci imprévu qui mène à une nouvelle hypothèse . Il repérera qu'entre 1958 et 2001, le terme apparaît dans le titre de 57 ouvrages, qu'il est utilisé 13 000 fois dans les journaux dans les années 1990 et qu'en 2001 on le trouve dans 636 000 documents internet . 1 Histoire du mot et définitions 2, 3 Origine et popularité 4 5, 6 7 8 9 10 11 12 13 6 14 15 16 17 18, 19 10, 20 Serendipity 3, le salon de thé, New York. En 1957, c'est un publicitaire, Alex Osborn, qui récupère le mot dans le chapitre consacré à la chance « The element of luck in creative quests » de son livre Applied Imagination . La sérendipité est pour lui un facteur fortuit, un stimulus accidentel qui déclenche l'inspiration créative. Le psychanalyste W. N. Evans donne en 1963 une interprétation de la sérendipité à contre-courant de ceux qui y voient un signe d'ouverture d'esprit et un moteur de découverte. À partir de son expérience thérapeutique il voit, dans le processus mental qui provoque des découvertes heureuses et inattendues, un symptôme névrotique. Le patient découvre l'inattendu pour ne pas découvrir ce qu'il recherche vraiment, mais que son inconscient censure . Inversement le français Didier Houzel considère en 1987 que, pour que le processus psychanalytique s'enclenche, il faut se laisser saisir par l'inattendu pour aider le patient à reconstituer l'objet perdu. « C'est dans la dynamique du transfert que notre sérendipité est mise à l'épreuve, c'est là que l'inattendu nous attend et nous surprend. » Une acception francophone s'est répandue au début des années 1990 : celle du simple rôle du hasard dans les découvertes . En 2014, l'Office québécois de la langue française redéfinit la sérendipité comme la « faculté de discerner l'intérêt, la portée d'une découverte inattendue lors d'une recherche » . Le Dictionnaire de l'Académie française, dans sa 9e édition, lui emboîte le pas en 2020 : « faculté de discerner l’intérêt, la portée d’observations faites par hasard et sortant du cadre initial d’une recherche » . Dans le langage courant américain serendipity désigne une rencontre ou une découverte heureuse imprévue, ou bien le lieu où l'on fait de telles rencontres ou de telles découvertes ou de telles trouvailles. Exemples : les Serendipity shops ; Hammacher Schlemmer (en), le temple new-yorkais de la sérendipité, Serendipity 3 (en), le célèbre salon de thé de New York , le film Serendipity (Un amour à uploads/Science et Technologie/ serendipite-wikipedia.pdf

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