1 www.comptoirlitteraire.com présente l'étude du ‘’Discours sur les sciences et
1 www.comptoirlitteraire.com présente l'étude du ‘’Discours sur les sciences et les arts’’ (1750) «dissertation philosophique et morale» de Jean-Jacques ROUSSEAU pour laquelle on trouve un résumé puis une analyse : - la genèse (page 3), - l'importance du ''Discours'' dans la pensée de Rousseau (page 4), - la destinée de l'œuvre (page 6). Bonne lecture ! 2 Résumé Exorde Rousseau plaça en épigraphe cette citation d’Ovide : «Barbarus hic ego sum quia non intelligor illis. [«On me tient pour barbare parce qu'on ne me comprend point.»]. Il commença par ce bel élan : «C'est un grand et beau spectacle de voir l'homme sortir en quelque manière du néant par ses propres efforts ; dissiper, par les lumières de sa raison les ténèbres dans lesquelles la nature l'avait enveloppé ; s'élever au-dessus de lui-même, s'élancer par l'esprit jusque dans les régions célestes ; parcourir à pas de géant, ainsi que le soleil, la vaste étendue de l'univers ; et, ce qui est encore plus grand et plus difficile, rentrer en soi pour y étudier l'homme et connaître sa nature, ses devoirs et sa fin. Toutes ces merveilles se sont renouvelées depuis peu de générations.» Mais Rousseau rappela que l'humanité a connu un mythique âge primitif : «On ne peut réfléchir sur les mœurs, qu'on ne se plaise à se rappeler l'image de la simplicité des premiers temps. C'est un beau rivage, paré des seules mains de la nature, vers lequel on tourne incessamment les yeux, et dont on se sent éloigner à regret. Quand les hommes innocents et vertueux aimaient à avoir les dieux pour témoins de leurs actions, ils habitaient ensemble sous les mêmes cabanes.» Mais «nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences [au sens général de «savoirs»] et nos arts [«techniques»] se sont avancés à la perfection. [...] On a vu la vertu s'enfuir à mesure que leur lumière s'élevait sur notre horizon, et le même phénomène s'est observé dans tous les temps et dans tous les lieux.» Il annonce qu'il va en donner des preuves historiques, et démontrer qu'il ne pouvait en être autrement. Première partie L'auteur constate que : - En adoucissant la vie sociale, les sciences et les arts, en occupant les humains à des futilités, et en leur faisant oublier leur servitude, n'ont fait que camoufler le joug des tyrans. En effet, «les sciences, les lettres et les arts étendent des guirlandes de fleurs sur les chaînes de fer dont les hommes sont chargés, étouffent en eux le sentiment de cette liberté originelle pour laquelle ils semblaient être nés, leur font aimer leur esclavage et en forment ce qu'on appelle des peuples policés.» - Il n’y a pas de lien nécessaire entre progrès de civilisation et progrès moral : «L'élévation et l'abaissement journalier des eaux de l'océan n'ont pas été plus régulièrement assujettis au cours de l'astre qui nous éclaire durant la nuit que le sort des moeurs et de la probité au progrès des sciences et des arts.» La politesse et le raffinement des sociétés civilisées cachent la férocité de leurs mœurs. - Le progrès aboutit à la corruption de la nature humaine, et à celle des mœurs d'une société. Autrefois, les peuples vainqueurs étaient des barbares, mais des barbares vertueux, et leur victoire n'eut pour cause que l'amollissement des caractères et des mœurs chez leurs rivaux plus civilisés. À Athènes, cité démocratique, bavarde et cultivée, Rousseau oppose Lacédémone (Sparte), cité martiale, dont était supérieure la constitution car elle réalisait quelque peu l'idéal de ''La république'' de Platon, «cette république de demi-dieux plutôt que d’hommes» étant «aussi célèbre par son heureuse ignorance que par la sagesse de ses lois» - «Les mœurs de Sparte ont toujours été proposées en exemple à toute la Grèce ; toute la Grèce était corrompue et il y avait encore la vertu à Sparte ; toute la Grèce était esclave, Sparte seule était encore libre». Rousseau considère que, au cours de l'Histoire, le progrès des sciences, des arts et du luxe a perdu l'Égypte, la Grèce, Rome, Constantinople, la Chine, tandis que les peuples ignorants et primitifs (Germains, vieux Romains, Suisses, sauvages de l'Amérique) ont conservé leur vertu et leur bonheur. Quelle eût été l'indignation de l'antique Fabricius [consul romain du IIIe siècle avant Jésus-Christ rendu célèbre, par Plutarque, dans ses ‘’Vies des hommes illustres’’, et par Juvénal, pour son incorruptibilité, pour sa vertu] devant la décadence de Rome ! Pour Rousseau encore, au XVIIIe siècle, les mensonges de la bienséance ont remplacé la vertu, que les vices sont voilés sous la politesse ou déguisés habilement en vertus : 3 «Nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection». - S’il est irréversible et même réparateur, l’état de culture est essentiellement insuffisant. Seconde partie Les sciences sont nées de notre vaine curiosité et de notre orgueil. Leur exercice n'est possible qu'à des oisifs, et suppose l'inégalité sociale. Elles détruisent le sens religieux sans rétablir la morale. La recherche de la vérité ne vaut peut-être pas les risques qu'elle fait courir à l'esprit. Quant aux arts, ils sont inséparables du luxe, qui est un agent de corruption et de décadence. Rousseau s'afflige de voir «que les commodités de la vie se multiplient, que les arts se perfectionnent et que le luxe s'étend». Enfin, la multiplication des commodités de la vie, le perfectionnement des sciences et des arts, le développement de la culture intellectuelle firent s’évanouir les vertus militaires, et faussèrent l'éducation qui forme des savants et non des citoyens. «Si la culture des sciences est nuisible aux qualités guerrières, elle l'est encore plus aux qualités morales. C'est dès nos premières années qu'une éducation insensée orne notre esprit et corrompt notre jugement. Je vois de toutes parts des établissements immenses, où l'on élève à grands frais la jeunesse pour lui apprendre toutes choses, excepté ses devoirs.» Contre le savoir corrupteur des sciences, des lettres et des arts, Rousseau valorise l’ignorance et la simplicité vertueuse. Il attaque le raffinement des êtres habitués aux sciences et aux arts, et leur oppose une image d’hommes vigoureux et guerriers. Cependant, si les sciences et les arts sont néfastes pour le plus grand nombre, ils ne nuisent toutefois pas aux grands hommes, aux sages, qui sont ceux qui se sont rendus utiles à l'humanité. Il indique : «ll n’a point fallu de maîtres à ceux que la nature destinait à faire des disciples. Les Verulam [le philosophe anglais Francis Bacon, qui était baron de Verulam] les Descartes et les Newton, ces précepteurs du genre humain, n’en ont point eu eux-mêmes, et quels guides les eussent conduits jusqu’où leur vaste génie les a portés?» Il demande au Prince [celui qui exerce le pouvoir] de suivre leurs conseils. Quant à lui, il entend rester dans l'obscurité, déclarant : «Je ne me soucie de plaire ni aux beaux esprits, ni aux gens à la mode.» Il fustige l'époque : «On ne demande plus d'un homme s'il a de la probité, mais s'il a des talents ; ni d'un livre s'il est utile, mais s'il est bien écrit. Les récompenses sont prodiguées au bel esprit, et la vertu reste sans honneurs.» Il termine son ''Discours'' par cet hymne : «Ô vertu, science sublime des âmes simples, faut-il donc tant de peines et d'appareil [«ensemble d’éléments préparés pour obtenirujn résultat»] pour te connaître? Tes principes ne sont-ils pas gravés dans tous les cœurs? et ne suffit-il pas, pour apprendre tes lois, de rentrer en soi-même, et d'écouter la voix de sa conscience dans le silence des passions? Voilà la véritable philosophie. Sachons nous en contenter ; et sans envier la gloire de ces hommes célèbres qui s'immortalisent dans la république des lettres, tâchons de mettre entre eux et nous cette distinction glorieuse qu'on remarquait jadis entre deux grands peuples ; que l'un savait bien dire, et l'autre, bien faire.» Analyse Genèse Rousseau la raconta plusieurs fois : - D'abord dans une des “Quatre lettres à M. le président de Malesherbes contenant le vrai tableau de mon caractère et les vrais motifs de ma conduite” (1762), où il fit part de son émotion lorsque, en octobre 1749, rendant visite à Diderot, qui était emprisonné au château de Vincennes pour sa “Lettre sur les aveugles”, il était, en lisant le journal ”Le Mercure de France”, tombé sur la question mise en concours par l’Académie de Dijon pour son prix annuel : «Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs». Il raconta : «Si jamais quelque chose a ressemblé à une inspiration subite, c'est le mouvement qui se fit en moi à cette lecture. Tout à coup, je me sens l'esprit 4 ébloui de mille lumières ; des foules d'idées vives s'y présentent à la fois avec une force et une confusion qui me jeta dans un trouble inexprimable ; je sens ma tête prise par un étourdissement semblable à l'ivresse. Une violente palpitation m'oppresse, soulève ma poitrine ; ne pouvant plus respirer en marchant, uploads/Science et Technologie/ x27-discours-sur-les-sciences-et-les-arts-x27-x27-presente-l-x27-etude-du.pdf
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- Publié le Dec 13, 2021
- Catégorie Science & technolo...
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