LES FILLES FACE AUX PROGRAMMES SCOLAIRES DE SCIENCES ET TECHNOLOGIE EN AFRIQUE

LES FILLES FACE AUX PROGRAMMES SCOLAIRES DE SCIENCES ET TECHNOLOGIE EN AFRIQUE Etude socio-psychologique Alphonsine BOUYA UNESCO Bureau régional de Dakar Les opinions exprimées par l'auteur ne sont pas nécessairement celles de l'UNESCO et n'engagent pas l'Organisation. Publié en 1993 par le Bureau régional de l'UNESCO pour l'éducation en Afrique (BREDA) BP 3311, Dakar, Sénégal. ©UNESCO 1993 AVANT-PROPOS Promouvoir l'égalité entre les sexes et l'amélioration de la condition des femmes est une préoccupation constante de l'UNESCO. Le troisième Plan à moyen terme (1990-1995) met l'accent sur la participation des femmes, condition sine qua non d'un développement réussi. L'attention est accordée en premier lieu à l'éducation des femmes et des jeunes filles, clé de leur participation, sur un pied d'égalité, à tous les domaines de la vie économique, sociale et culturelle. Par ailleurs, la lutte contre les violences physiques et morales exercées sur les femmes, l'appréciation du rôle des femmes dans le secteur informel, la contribution des femmes dans les média et dans la sauvegarde du patrimoine, constituent autant de champs d'action dans lesquels l'UNESCO s'est engagée au cours des années et dans un effort sans cesse renouvelé. Ce sont là autant de raisons qui ont conduit le Bureau Régional de l'UNESCO pour l'Education en Afrique (BREDA) à publier un certain nombre de textes, rédigés à l'occasion des activités menées dans ce domaine d'action prioritaire. La plupart des auteurs, des femmes: femmes africaines de différentes nationalités, femmes engagées à plusieurs niveaux dans le développement de leurs pays. C'est là déjà un choix: donner la voix au monde académique, au monde de la recherche, au monde de la politique, pour leur faire exprimer un point de vue africain et "féminin". En plus, à travers leurs actions, ces femmes intellectuelles visent à mettre en relief et valoriser le rôle précieux mais trop souvent méconnu de leurs soeurs: les millions de femmes et jeunes filles engagées jour après jour dans la lutte pour assurer une meilleure existence à leurs familles et à elles-mêmes, pour affirmer leur droit à l'éducation, pour améliorer à travers la participation à la base le niveau de vie de leurs communautés. Ces femmes et jeunes filles représentent, dans leur silence actif, l'une des grandes ressources du continent. La publication de cette série vise à favoriser la diffusion des connaissances et des informations sur la situation réelle des femmes africaines, notamment dans le secteur de l'éducation; les obstacles rencontrés, les échecs essuyés et les succès remportés marquent comme autant de jalons le chemin vers une égalité réelle et la valorisation de la différence. Mais il ne s'agit pas uniquement de connaître et de comprendre. Ces textes se veulent des documents de travail qui donnent des orientations pour l'action. En effet, encore aujourd'hui "les femmes constituent, parmi les laissés pour compte, le groupe le plus important dans le monde". Et comment le monde pourrait-il s'épanouir sans la moitié de lui-même? TABLE DES MATIERES Page INTRODUCTION LES TROIS FACES D'UN CURRICULUM 8 Le curriculum officiel 9 Le curriculum pratiqué ou exécuté 11 Evaluation du curriculum réalisé ou acquis 13 LES CENTRES D'INTERET DES FILLES DANS LES CURRICULA OFFICIELS DE SCIENCES ET DE TECHNOLOGIE 15 NIVEAU DE RECEPTIBILITE DES FILLES VIS-VIS DE L'ENSEIGNEMENT SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE 17 Participation des femmes à l'enseignement des sciences et de la technologie 17 Les attitudes des enseignants 19 Les intérêt et les attentes des filles 20 LES PERFORMANCES DES FILLES DANS LES SCIENCES, LES MATHEMATIQUES ET LA TECHNOLOGIE 21 POUR UNE PLUS GRANDE PARTICIPATION DES FILLES AUX SCIENCES ET A LA TECHNOLOGIE 25 CONCLUSION 28 BIBLIOGRAPHIE 29 INTRODUCTION La Conférence mondiale sur l'Education pour tous qui s'est tenue à Jomtien en 1990 et Ia42ème session de la Conférence internationale sur l'éducation (1990) ont reconnu comme priorité des priorités, l'amélioration de la qualité de l'éducation des filles et l'élimination des stéréotypes et préjugés défavorables à l'éducation des filles. La Convention sur les droits de l'enfant de 1989 et le Sommet mondial des enfants de 1990 ont souligné l'importance de l'éducation des filles dans le processus de changement du statut des femmes et la reconnaissance de leur participation au développement. En Afrique, pratiquement tous les pays ont adhéré aux principes des Nations Unies et, particulièrement de l'UNESCO, sur l'égalité des chances dans l'éducation et l'emploi et sur l'élimination de toutes formes de discrimination et d'injustices basées sur le sexe. Toutefois, la question se pose de savoir si, dans le court et le moyen termes, l'application de ces principes sera effective, dans un contexte socio-culturel particulièrement réticent, récalcitrant et dans un contexte socio-économique contraignant. C'est dans le but d'analyser et de mieux comprendre les contraintes et facteurs qui participent à la limitation de l'accès des filles à l'éducation scientifique et technologique que cette étude a été entreprise. Seule une bonne appréhension de ces contraintes et facteurs peut conduire à la mise en oeuvre des voies et moyens susceptibles de remédier à une situation qui, si elle n'est pas combattue, entraînerait l'exclusion définitive de plus de la moitié des populations africaines et constituerait un handicap de taille pour le développement du continent. Notre étude1 porte sur les questions suivantes: 1) Quelles sont les trois faces d'un curriculum? Ce premier chapitre examine le curriculum officiel ou visé, le curriculum pratiqué ou opéré et enfin le curriculum atteint. 2) Quels sont les centres d'intérêt des filles dans les curricula officiels des sciences, des mathématiques et de la technologie? 3) Quel est le niveau d'acceptabilité féminine par rapport aux pratiques dans les salles de classe pour l'enseignement et l'apprentissage des sciences et de la technologie? 4) Quel est le rendement scolaire des filles en sciences et en technologie? 5) Que faire pour améliorer la participation des filles à l'enseignement scientifique et technologique? La présentation de la structure de cette étude pourrait susciter l'attente d'un étalage de statistiques et de chiffres. Il convient de signaler dès maintenant qu'elle se propose surtout d'aborder les problèmes en mettant l'accent sur les facteurs psychologiques, socio-culturels et socio-pédagogiques qui affectent les filles dans l'enseignement et les programmes scolaires des sciences et de la technologie en Afrique. Cela n'exclut pas l'utilisation de certains chiffres pour l'illustration de nos arguments. Nous avons voulu retenir l'Afrique francophone comme champ de l'étude, avec, toutefois, une préférence marquée pour le Sénégal, lieu de notre résidence permanente. La situation en Afrique francophone reste, à peu de chose près, la Une première version de c e t t e étude a été présentée à la Conférence panafricaine sur l'éducation des f i l l e s (Ouagadougou, 28 mars-1 a v r i l 1993). l'héritage colonial français continue à s'exercer sur cette partie de l'Afrique de façon assez particulière. Alors qu'en Afrique anglophone les tendances et les politiques éducatives mises en place semblent se pencher du côté des femmes et réduire, un tant soit peu, les écarts entre hommes et femmes, filles et garçons dans l'enseignement, en Afrique francophone, tout se passe comme si l'héritage culturel colonial et les pratiques culturelles africaines s'étaient liées dans une sorte de mariage et d'union où le divorce serait difficilement envisageable. Dans le cadre particulier de la discrimination sexiste, la coopération internationale et, en particulier, la coopération Nord-Sud, a trouvé un champ d'expression et un cadre de manifestation sans pareil. Mais, comme cela se voit dans tous les autres domaines, l'Afrique reste, malgré tout et toujours, la grande consommatrice. Dans le domaine de l'éducation, elle s'avère être à la fois consommatrice et conservatrice. Or, la société étant en perpétuelle évolution, en constant mouvement, l'éducation doit, par conséquent, s'adapter au mouvement et à l'évolution de la société pour permettre à l'être humain de bien maîtriser son cadre de vie. La maîtrise du cadre de vie exige la participation de tous, hommes et femmes; elle nécessite une solide formation de base dans tous les domaines: littéraire, scientifique et technologique. Maintenir les barrières et les obstacles à l'accès des femmes à l'enseignement scientifique et technologique revient donc à limiter leur participation au développement du continent africain. Nous allons à présent analyser ces obstacles. LES TROIS FACES D'UN CURRICULUM Si, comme l'écrit le professeur Obanya (1992), "l'école peut bien être un des lieux probables de l'acte et des processus de l'éducation, mais l'éducation peut se passer de l'école", il n'en demeure pas moins que l'école est le milieu le plus propice à l'acquisition des compétences cognitives générales comme la lecture, l'écriture, le calcul et à la compréhension des principes scientifiques. En Afrique, l'un des problèmes majeurs de l'école est celui de son inadéquation aux exigences du développement du continent. Les gouvernements africains, pour répondre à ces exigences, élaborent par le biais des différents ministères de l'Education nationale des programmes nationaux d'enseignement. Ces programmes tiennent compte de l'enchaînement des connaissances selon les niveaux et les âges des élèves. Nous pouvons distinguer trois aspects ou faces dans un curriculum. Le curriculum est ici défini comme l'ensemble des indications relatives à l'enseignement, aux diplômes et aux activités éducatives (scolaires) formelles ou non-formelles d'un individu. Les trois aspects ou faces du curriculum sont: - le curriculum officiel ou uploads/Science et Technologie/filles-et-sciences-techniques.pdf

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