Haïti Perspectives, vol. 6 • no 1 • printemps 2017 36 La formation en pratique

Haïti Perspectives, vol. 6 • no 1 • printemps 2017 36 La formation en pratique avancée, un atout pour relever les défis en milieux hospitalier et clinique en Haïti Wilmina Détournel Résumé : Une pénurie de main-d’œuvre spécialisée qualifiée sévit en Haïti depuis de nombreuses années. La majorité des infirmières tiennent leurs compétences de leur formation initiale. L’insuffisance de formation continue en milieux hospitalier et clinique est un frein non négligeable à l’évolution de la pratique infirmière à travers le pays. Le niveau de connaissances demeure stationnaire avec peu de formation en cours d’emploi. Le personnel œuvre sans outils concrets de référence qui garantiraient l’habileté dans la dispensation des soins prodigués. L’accessibilité des soins de qualité représente un défi majeur pour le système de santé, faute de modèles qualifiés et de connaissances renouvelées. De ce fait, la qualité des services fournis diminue, d’où l’augmentation du taux de morbidité et de mortalité. Ce contexte sanitaire en Haïti est bien défini et nécessite dans un avenir proche des transformations importantes de ce système. Les infirmières sont évidemment concer­ nées et doivent s’investir dans de nouveaux modèles de rôle s’appuyant sur de nou­ velles formations. Partout dans le monde, les sciences infirmières évoluent vers un rôle plus élargi et plus contributif. Les spécialistes dotés d’une formation en pratique avancée deviennent le levier de changement dans l’amélioration de l’accessibilité, la qualité des soins ainsi que l’avancement de la profession. Consciente de cette problématique et à la recherche d’une solution viable, posons l’interrogation suivante : La pratique avancée serait-elle un atout pour répondre aux besoins de soins de santé de la population haïtienne ? Cette pratique marque l’évolu­ tion de la profession et vise le développement de l’expertise infirmière dans différents domaines afin d’améliorer la compétence des soignants. Elle donne naissance à des infirmières spécialisées dans plusieurs sphères du domaine de la santé. Des pistes de solution envisagées ne seront effectives qu’à travers des actions diver­ sifiées de partenariat avec des acteurs clés tels la Direction des soins infirmiers et l’Association des infirmières et infirmiers licenciés d’Haïti et des collaborateurs inter­ nationaux comme le Conseil international des infirmières (CII), le Ralliement des infir­ mières et auxiliaires haïtiennes de Montréal(RIAHM), le Groupe de Réflexion et d’Action pour une Haïti Nouvelle (GRAHN) et autres. Rezime : Depi plizyè ane, Ayiti gen yon ratman travayè espesyalize ki gen bon jan kalifikasyon. Konesans travayè espesyalize yo rete nan menm nivo a, paske yo pa prèske suiv kou pou yo ogmante konesans yo pandan yo ap travay la. Konesans pifò enfimyè yo genyen an se konesans yo soti ak li nan lekòl enfimyè a. Ratman ki genyen nan fòmasyon pwofesyonèl lasante yo, pandan yo ap travay la, se yon eleman ki bloke evolisyon travay pratik enfimyè yo toupatou nan peyi a. Estaf enfimyè yo ap travay san zouti referans, ki kab garanti abilite yo pou yo fè yon bon travay. Pou yon moun rive jwenn bon jan swen nan domèn lasante, se yon gwo defi paske manke moun kalifye ki pou sèvi kòm modèl, epitou pa gen renouvèlman konesans nan sektè swen enfimyè a. Sa lakoz sèvis la pèdi nan kalite li, epitou kantite moun malad ansanm ak moun ki mouri vin ogmante. Tout moun okouran pwoblèm sanitè sa a nan peyi Ayiti. Sa mande, nan yon tan byen kout, bon jan chanjman nan sistèm lasante a anndan peyi a. Se yon sitiyasyon ki konsène tout enfimyè yo. Nan sans sa a, yo dwe mete tan yo pou yo devlope modèl nèf apati fòmasyon tou nèf yo va resevwa. Toupatou nan lemonn, syans enfimyè ap devlope, epi wòl li ap jwe a pran plis plas nan sektè lasante a. Espesyalis branch lan, ki genyen yon fòmasyon pratik wo nivo, vin sèvi kòm levye pou genyen chanjman ki fèt nan amelyore fason pou moun jwenn sèvis, nan amilyore kalite swen yo ak nan avansman pwofesyon an. Kòm nou konnen pwoblèm lan, epi nou ap chèche yon bon solisyon pou li, nou kab poze kesyon sa a : èske yon pratik avanse nan swen enfimyè pa ta yon bon mwayen pou nou abòde pwoblèm swen lasante yo nan peyi Ayiti ? Kalite pratik sa a se yon mwayen pou fè metye enfimyè a ale pi lwen nan divès sektè branch lasante a. Sa ap ede moun ki ap bay swen yo fè yon pi bon travay. Yo ap vin pi dyanm nan pwofesyon an. Teknik avanse pèmèt genyen enfimyè espesyalize nan divès branch ki ekziste nan domèn lasante a. Solisyon nou anvizaje yo ap kab bay bon rezilta sèlman si yo rive fèt apati aksyon divè­ sifye nan patenarya avèk enstitisyon enpòtan kou Direksyon Swen Enfimyè epi Asso­ ciation Nationale des infirmières licenciées d’Haïti (ANILH) nan peyi Ayiti ansanm ak kèk lòt kolaboratè tankou : Konsèy entènasyonal enfimyè yo, Raliman enfimyè nan Monreyal, GRAHN, elatriye… 1. INTRODUCTION1 L a société haïtienne et ses besoins en soins de santé sont en évolution constante. Plus que certains pays industrialisés, Haïti fait face à de très nombreux défis tels la montée des coûts pour les soins à la population, les pénuries de ressources humaines et de main-d’œuvre qualifiées, le vieillissement de la population, l’arrivée de nouvelles technologies et plusieurs problèmes liés à l’accès aux soins. Au chapitre de la santé publique, le système de santé haïtien a du mal à conjuguer tous les défis. La croissance et le vieillisse­ ment de la population entraîneraient une augmentation du taux de morbidité et de mortalité en Haïti. Pallier ces problèmes demandera nécessairement d’explorer des voies nouvelles de formation afin 1. Pour alléger le texte, le mot « infirmière » a été utilisé sans discrimination pour le genre masculin faisant partie du personnel de soins infirmiers. d’organiser la prise en charge des patients d’une manière coor­ donnée et efficiente. Ainsi, l’idée d’adaptation de l’offre des soins prend aujourd’hui tout son sens puisque Haïti affiche un grave retard en termes de formation adéquate d’experts en soins. Le pays a désespérément besoin d’expertise et de main-d’œuvre qualifiée. L’introduction de praticiens innovateurs et chevronnés jouant un rôle de chef de file en soins serait d’un grand secours. Face à des situations critiques, d’autres pays ont consenti à faire un virage obligatoire vers de nouveaux rôles pour soutenir leur système de santé. Les infirmières en pratique avancée, compte tenu de leur formation, ont servi dans ce sens à relever le défi tout en participant à l’évolution des soins de santé. Elles sont des spécialistes dans leurs domaines respectifs. De nos jours, en soins infirmiers, les spécialités sont nombreuses et se développent rapidement dans de nombreux pays voisins afin de freiner l’évolution des maladies Haïti Perspectives, vol. 6 • no 1 • printemps 2017 37 Cahier thématique – Bien-être et santé : infirmières haïtiennes du Québec et d’Haïti 37 chroniques. L’ascension des cas complexes des maladies et l’obliga­ tion de fournir des soins appropriés invitent les instances concer­ nées à mettre en place de nouvelles formes de collaboration entre les différents professionnels de la santé. Ainsi, l’expertise-conseil en soins infirmiers devient un incontournable pour développer et soutenir la pratique. De ce fait, il est impératif qu’Haïti emboîte le pas aux autres pays dans ce domaine pour le plus grand bénéfice de la population. Une politique de restructuration adéquate s’im­ pose et concerne tous les acteurs du système pour l’amélioration des services de santé. La nature des besoins en soins infirmiers impose de repenser l’offre de soins en Haïti. Cette offre de soins réfère à deux aspects importants : l’accessibilité et la qualité du service sanitaire. D’après les recherches effectuées sur plusieurs organisations sanitaires, les données recueillies ne sont pas concordantes ; il est difficile en réalité de chiffrer le taux d’accessibilité aux soins en région et dans la capitale. Selon les informations rapportées par Dr Legagneur Noel, alors directeur du département sanitaire de l’Ouest (2011), 40 % de la population rurale n’a pas accès aux soins de santé ; cette tranche de la population n’a recours qu’à la méde­ cine traditionnelle. Par ailleurs, 60 % de la population des zones marginales a confiance à cette médecine douce [1]. Toutefois, les statistiques de 2014 du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) font état d’une population rurale de loin plus abondante que la population urbaine [2]. Un point qui nécessite un redressement des soins dispensés au profit de cette population à prédominance rurale. Ainsi, le rehaussement du potentiel d’activités des soignants doit être pris en compte pour une meilleure performance dans ce milieu de soins où il y a tant de demande. C’est de la performance de ce personnel médical et paramédical en effectif convenable que dépend, en majeure partie, la qualité des soins dispensés et le bon fonctionnement des struc­ tures de santé. Dans cet article, notre réflexion portera sur ce qui semble majeur dans le cadre d’une amélioration de la performance du système à travers l’utilisation optimale des connaissances des soignants œuvrant dans le secteur de la santé en Haïti. Dans cette perspective, des pistes de solution seront suggérées uploads/Sante/ 6-1-detournel.pdf

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  • Publié le Apv 18, 2021
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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