ForMation 46 L’INFIRMIÈRE MAGAZINE * N° 375 * octobre 2016 L’infirmière doit êt

ForMation 46 L’INFIRMIÈRE MAGAZINE * N° 375 * octobre 2016 L’infirmière doit être en mesure de réaliser un ensemble d’étapes afin d’éviter les risques en lien avec la transfusion l a transfusion sanguine est une thérapeutique administrée par voie intraveineuse de produit sanguin labile (PSL) issu de dons de sang de bénévoles. Son administration demande aux profes- sionnels des connaissances spécifiques, de la rigueur dans la mise en œuvre et un sens aigu de la respon- sabilité. L’infirmière doit être en mesure de réaliser un ensemble d’étapes afin d’éviter les risques en lien avec la transfusion (risque infectieux ou immunolo- gique, retard transfusionnel…). Le non-respect de l’une de ces étapes peut avoir des conséquences dommageables pour le patient. Chacune d’elle cons - titue un verrou de sécurité qu’il est indispensable de respecter. La maîtrise du processus repose sur l’actu alisation des connaissances. Des formations, en e-learning ou en présentiel, sont ainsi proposées aux professionnels par les établissements de santé eux- mêmes ou par des organismes extérieurs, l’Institut national de transfusion sanguine, notamment. Elles permettent à l’infirmière de réaliser l’acte transfu- sionnel en toute sécurité. Les quatre étapes que les professionnels doivent suivre méthodiquement sont : – la demande d’examens d’immuno-hématologie ; – la demande de produits sanguins labiles ; – la réception des produits sanguins labiles ; – l’acte transfusionnel (le contrôle ultime de concor- dance, le contrôle ultime de compatibilité, la surveil- lance et la traçabilité de la transfusion). 1. DEMANDE D’EXAMENS D’IMMUNO-HÉMATOLOGIE Obligatoires, ces examens sont des préalables à l’acte transfusionnel et font l’objet d’une prescription médicale. Les examens immuno-hématologiques systématiques sont : – le groupage ABO-RH1, la détermination du phéno- type simple RH-KEL (RH : 2, 3, 4, 5 et KEL1) ; – la recherche d’anticorps irréguliers appelée com- munément RAI. Il est possible, dans certains cas particuliers, de réa- liser un phénotype étendu à d’autres systèmes comme les systèmes érythrocytaires : Duffy, Lewis, Kidd, MNS. >la réalisation du groupage aBo-rH1, ainsi que le phénotype simple, requiert deux déterminations : – issues de deux prélèvements différents ; – si possible par deux préleveurs différents (identifi- cation du préleveur sur la feuille d’examen) ; – après vérification complète, avant le prélèvement, de l’identité du patient en présence de ce dernier en lui faisant épeler son nom de naissance, d’usage, son prénom, sa date de naissance, ainsi que la vérification de la lettre relative au sexe (M = masculin, F = fémi- nin). Comme pour tout prélèvement, l’étiquette patient est collée immédiatement après le prélève- ment en sa présence. Ce qui est important à retenir : les examens doivent être issus de deux préparations de matériels diffé- rents pour la réalisation des prélèvements sanguins afin de diminuer le risque d’erreur qui pourrait sur- venir lors du premier prélèvement. >la réalisation d’une rai ne demande qu’un seul prélèvement et est soumise aux mêmes règles (hygiène, asepsie, identitovigilance…) que la ponction veineuse pour prélèvement sanguin. La recherche d’anticorps irréguliers (RAI) ou recherche d’anticorps érythrocytaires (RAE) vise à mettre en évidence des anticorps naturels irréguliers et les anticorps immuns L’ESSENTIEL Les quatre étapes du processus transfusionnel Du contrôle de la prescription des produits sanguins labiles (PSL) aux analyses d’immuno-hématologie jusqu’à l’administration des PSL au receveur et à son suivi, l’IDE est au centre de l’acte transfusionnel et garante de la sécurité du processus. TexTe : Frédérique lepleux, cadre de santé, formatrice, Ifsi Tenon (AP-HP), et laurence couto, cadre de santé, formatrice, Ifsi Tenon (AP-HP) © Espaceinfirmier.fr, Initiatives Santé 2016 N° 375 * octobre 2016 * L’INFIRMIÈRE MAGAZINE 47 ALLOGREFFE ET TRANSFUSION SANGUINE qui pourraient être acquis lors d’une transfusion pré- cédente ou au cours d’une grossesse. La RAI doit dater de moins de 72 heures. Sa validité peut être portée à 21 jours, sur prescription médicale, en l’absence de nouveaux épisodes transfusionnels ou immunisants dans les six mois précédents (gros- sesses, IVG, greffes…), conformément aux recom- mandations de la Haute Autorité de santé (HAS) 2014. 2. DEMANDE DE PRODUITS SANGUINS LABILES C’est une prescription médicale qui doit mentionner les noms et coordonnées de l’établissement de santé et du service, le nom et la signature du prescripteur, l’identifiant complet du patient, l’indication théra- peutique, le nombre, la nature et la qualification des PSL, la date et l’heure prévue de la transfusion ainsi que le degré d’urgence. Cette demande de PSL doit être : – accompagnée de la carte de groupage sanguin valide du patient ou de la demande des examens prétransfusionnels ; – acheminée vers le site de délivrance selon la pro- cédure en vigueur dans l’établissement de santé. 3. RÉCEPTION DES PRODUITS SANGUINS LABILES Cette étape capitale vise à contrôler les conditions de transport du colis et à repérer tout incident sur- venu en amont et pouvant conduire à un retard trans- fusionnel, à une erreur de service, de patient ou de produit. Elle se réalise en présence du professionnel qui achemine le colis et donne lieu à un retour vers le site de délivrance en cas de non-conformité. >Vérification du transport et de l’intégrité du colis : en appui d’un bon de transport sont vérifiés le délai, la température et les conditions d’hygiène du colis transporté. >Vérification du service : en appui de la prescription médicale, on doit s’assurer que les PSL ont bien été livrés au bon service, à la bonne date et à la bonne heure. >Vérification de l’identité du patient : la concordance d’identité du patient est à contrôler sur l’ensemble des documents (fiche de délivrance, prescription médicale, carte de groupe sanguin) et sur les produits s’il y a lieu (compatibilité, PSL autologue…). >Vérification du produit : elle est réalisée par un per- sonnel formé et est définie dans un protocole. Elle vise à contrôler : – le nombre, la nature, la qualification des PSL et leurs concordances avec la prescription et le document de groupage sanguin ; – la concordance d’identification entre le numéro à onze chiffres figurant sur le PSL et celui inscrit sur la fiche de délivrance ; – l’aspect, l’intégrité, la péremption des PSL livrés. Chaque item contrôlé au cours de la réception doit faire l’objet d’une traçabilité et donner lieu à une vali- dation de cette étape de réception (date et heure d’arrivée/conformité du colis/nom et signature). À compter de cette validation, le PSL doit être trans- fusé dans les meilleurs délais pour les concentrés de plaquettes (CP) et les plasmas frais congelés (PFC), et sans dépasser le délai de 6 heures pour les concen- tré de globules rouges (CGR). 4. L’ACTE TRANSFUSIONNEL L’acte transfusionnel comprend : le contrôle ultime de concordance, le contrôle ultime de compatibilité, la surveillance et la traçabilité de la transfusion. L’IDE s’assure au préalable que le patient a bien reçu une information médicale éclairée sur les bénéfices/ risques de la transfusion et qu’un médecin de l’éta- blissement puisse intervenir à tout moment pendant le soin (art. R. 4311-9 du code de la santé publique). Préparation de la transfusion Il s’agit ensuite de préparer la transfusion en faisant les derniers contrôles avant de réaliser la pose du PSL, puis d’en assurer la surveillance et la traçabilité. >l’infirmière doit, en premier lieu, réunir l’ensemble des éléments indispensables et nécessaires à la réalisation du soin : – conteneur isotherme avec le(s) PSL et les documents afférents (prescription médicale, fiche de délivrance, résultats d’examens immuno-hématologiques) ; – dossier transfusionnel, dossier de soins infirmiers, feuille de surveillance, étiquette patient ; – dispositif de transfusion spécifique muni d’un filtre et d’un perforateur, test de compatibilité biologique ABO (si CGR) ; – dispositif de perfusion pour le sérum physiologique à poser en dérivation du PSL ; – matériel nécessaire à la pose d’un cathéter court ; > Décret n°2004-802 du 29 juillet 2004, relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la profession d’infirmier, intégré dans le code de la santé publique (CSP). > Art. R. 4311-9 du CSP: «L’infirmier est habilité à accomplir sur prescription médicale écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, les actes et les soins suivants, à condition qu’un médecin puisse intervenir à tout moment : injections et perfusions de produits d’origine humaine nécessitant, préalablement à leur réalisation, lorsque le produit l’exige, un contrôle d’identité et de compatibilité obligatoire effectué par l’infirmier ou l’infirmière.» > Circulaire DGS/DHOS/ Afssaps n°03/582 du 15 décembre 2003 relative à la réalisation de l’acte transfusionnel. EXERCICE INFIRMIER u © Espaceinfirmier.fr, Initiatives Santé 2016 ForMation 48 L’INFIRMIÈRE MAGAZINE * N° 375 * octobre 2016 u – appareil de monitorage patient (thermomètre, satu- romètre, pression artérielle, pulsations cardiaques). >cette étape requiert une organisation chronologique du soin tenant compte du facteur temps : Surveillance clinique et paraclinique du patient (données de référence et recherche d’une éventuelle contre indication ) + Contrôle ultime de concordance + Contrôle ultime de compatibilité biologique ABO + Préparation et pose du PSL + Surveillance clinique et paraclinique (15 premières minutes) = Temps de présence auprès du patient IMPORTANT Elle répond à la règle des trois unités : – unité d’action ou de personne (je fais moi-même l’ensemble des contrôles ultimes) ; – unité de uploads/Sante/ articles-inm375.pdf

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  • Publié le Jul 16, 2022
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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