Ouvrage publié sous la direction de Benoît Heimermann Couverture Pierre Martin
Ouvrage publié sous la direction de Benoît Heimermann Couverture Pierre Martin Vielcazat (STALLES) Illustration de couverture : © Olivier Krebs (détail) ISBN 978-2-234-07691-4 © Bertrand Piccard, 2014 © Éditions Stock, 2014 www.editions-stock.fr DU MÊME AUTEUR « La pédagogie de l’épreuve. Une enquête sur l’aspect constructif et révélateur de la maladie, de l’accident et du malheur », thèse de médecine, université de Lausanne, 1996. Quand le vent souffle dans le sens de ton chemin, La Nacelle, 1993. Le Tour du monde en 20 jours, Robert Laffont, 1999. Une trace dans le ciel, Favre, 2005. Avec www.windsofhope.org, vous pouvez soutenir l’action humanitaire de Bertrand Piccard contre la maladie du noma. À ces moments de la vie où nous pouvons prendre conscience de nos ressources intérieures. Préface Bertrand Piccard nous a habitués à admirer la manière dont il a su, à force d’imagination, de créativité, de persévérance et de courage, transmuer ses rêves en réalité. Avec Changer d’altitude, il nous offre le fruit de réflexions sur son expérience vécue. Ce partage est présenté avec une ingénuité rafraîchissante qui ne vise pas à théoriser sur la meilleure manière de planifier le cours de notre destinée, mais à dégager les leçons de vie qui lui ont paru les plus fécondes, sans jamais perdre de vue l’aspect pragmatique de leur mise en œuvre. Bertrand nous rappelle notamment que vouloir que le présent soit autre chose que ce qu’il est constitue l’une des plus grandes causes de frustration dans l’existence. C’est aussi la plus inutile. Chaque jour, nous nous trouvons à la croisée de chemins qui sont également le nouveau point de départ d’un futur souvent imprévisible dont nous pouvons cependant être l’architecte inspiré. La peur de l’inconnu s’estompe si nous disposons des ressources intérieures nous permettant de faire face aux aléas de la vie. Pour ce faire, écrit Bertrand, nous devons nous libérer du joug des idées préconçues, puisque : « Nous devenons la plupart du temps prisonniers, non pas des vents de la vie, mais de notre propre façon de penser et de comprendre l’existence. » Notre esprit peut être notre meilleur ami comme notre pire ennemi, et la qualité de chaque instant qui passe est étroitement liée à notre façon d’interpréter le monde. Quoi qu’il arrive, nous avons la possibilité de faire différemment l’expérience des choses et de transformer la façon dont nous traduisons les circonstances extérieures en bien-être ou en mal-être. Bertrand s’insurge contre la quête « de la maîtrise et du contrôle, de la réponse à toutes les questions, de la construction de certitudes rassurantes ou d’explications toutes faites ». De fait, notre contrôle des conditions extérieures est limité, éphémère, et le plus souvent illusoire. Pour influentes que soient ces conditions, le mal-être et le bien-être sont essentiellement des expériences vécues. Il convient donc de nous demander quelles sont les conditions intérieures qui vont miner notre joie de vivre et quelles sont celles qui vont la nourrir. Changer notre vision du monde n’implique pas pour autant un optimisme naïf, pas plus qu’une euphorie factice destinée à neutraliser l’adversité. « La vie, écrit Bertrand, est remplie de ces situations que nous ne pouvons pas changer et pourtant nous avons appris à les combattre plutôt qu’à les utiliser à notre avantage. […] L’idéogramme du mot “crise” en chinois nous y encourage. Il est composé de deux parties, la première signifiant risque et danger, alors que la seconde exprime la notion d’action à entreprendre, d’opportunité à saisir. » Les obstacles qui se dressent sur notre chemin ne sont pas désirables en eux-mêmes, mais peuvent devenir des catalyseurs de transformation si l’on sait les utiliser à bon escient. Ne pas être déstabilisés par les revers de fortune ne signifie pas qu’ils ne nous affectent pas ou que nous les ayons éliminés à jamais, mais qu’ils n’entravent plus notre chemin de vie. Il est important de ne pas laisser l’anxiété et le découragement envahir notre esprit. Shantideva, sage bouddhiste du VII siècle, nous le rappelle : « S’il y a un remède, à quoi bon le mécontentement ? S’il n’y a pas de remède, à quoi bon le mécontentement ? » Il en va de même pour la souffrance. Bertrand cite une enquête réalisée auprès de personnes souffrant d’un cancer et auxquelles on a demandé : « Est-ce que le cancer a eu de quelque façon que ce soit une influence positive sur votre vie ou sur votre sentiment d’exister ? Si oui, laquelle ? » Environ la moitié des malades ont répondu par l’affirmative, en citant comme principaux aspects positifs : une vie plus intense et plus consciente, davantage de compréhension envers autrui, une meilleure relation avec le conjoint et un plus grand épanouissement intérieur et relationnel. Selon la voie bouddhiste, la souffrance n’est en aucun cas souhaitable. Cela ne signifie pas que l’on ne puisse pas en faire usage, lorsqu’elle est inévitable, pour progresser humainement et spirituellement. Comme l’explique souvent le dalaï- lama : « Une profonde souffrance peut nous ouvrir l’esprit et le cœur, et nous ouvrir aux autres. » La souffrance peut être un extraordinaire enseignement, à même de nous faire prendre conscience du caractère superficiel de nombre de nos préoccupations habituelles, du passage irréversible du temps, de notre propre fragilité, et surtout de ce qui compte vraiment au plus profond de nous-mêmes. La façon dont nous vivons ces vagues de souffrance dépend donc considérablement de notre propre attitude. Ainsi vaut-il toujours mieux se familiariser et se préparer aux souffrances que l’on est susceptibles de rencontrer et dont certaines sont inévitables, telles la maladie, la vieillesse et la mort, plutôt que d’être pris au dépourvu et de sombrer dans la détresse. Une douleur physique ou morale peut être intense sans pour autant détruire notre vision positive de l’existence. Une fois que nous avons acquis une certaine paix intérieure, il est plus facile de préserver notre force d’âme ou de la retrouver rapidement, même si, extérieurement, nous nous trouvons confrontés à des circonstances particulièrement difficiles. Cette paix de l’esprit nous viendrait-elle simplement parce que nous la désirons ? C’est peu probable. On ne gagne pas sa vie seulement en le souhaitant. De même, la paix est un trésor de l’esprit qui ne s’acquiert pas sans efforts. Si nous nous laissons e submerger par nos problèmes personnels, aussi tragiques soient-ils, nous ne faisons qu’accroître nos difficultés et devenons également un fardeau pour ceux qui nous entourent. Toutes les apparences prendront un caractère hostile, nous nous révolterons amèrement contre notre sort au point de douter du sens même de l’existence. Aussi est-il essentiel d’acquérir une certaine paix intérieure, de sorte que, sans diminuer en aucune façon notre sensibilité, notre amour et notre altruisme, nous sachions nous relier aux profondeurs de notre être. Bertrand consacre également une partie de son ouvrage à la manière de résoudre ou d’éviter les conflits, en adoptant le point de vue de l’autre, en faisant preuve d’ouverture et de compréhension, en souhaitant trouver une solution mutuellement acceptable et en se gardant à tout prix de creuser plus profondément le fossé qui sépare deux points de vue. Un proverbe oriental dit que l’on ne peut applaudir d’une seule main. De même est-il difficile de se disputer avec une personne qui ne souhaite absolument pas entrer dans une stratégie de confrontation. La bienveillance et le calme intérieur sont les meilleurs moyens de désamorcer les conflits naissants. Pour Bertrand : « La liberté, la vraie, ne consiste pas à pouvoir tout faire, mais à pouvoir tout penser. À penser dans toutes les directions et à tous les niveaux à la fois, sans aucune restriction. » On pourrait aussi évoquer le Mahatma Gandhi qui affirma : « La liberté extérieure que nous atteindrons dépend du degré de liberté intérieure que nous aurons acquis. Si telle est la juste compréhension de la liberté, notre effort principal doit être consacré à accomplir un changement en nous- mêmes. » Dans les années soixante-dix, un Tibétain vint trouver un sage âgé, auquel je rendais moi-même visite, près de Darjeeling, en Inde. Il entreprit de lui raconter ses malheurs passés, puis continua par une énumération de tout ce qu’il redoutait du futur. Pendant ce temps, le sage faisait tranquillement rôtir des pommes de terre sur un petit brasero posé devant lui. Au bout d’un moment, il dit au visiteur plaintif : « À quoi bon tant te tourmenter pour ce qui n’existe plus et pour ce qui n’existe pas encore ? » Interloqué, le visiteur se tut et resta un bon moment en silence auprès du maître, qui lui tendait de temps à autre quelques bonnes patates croustillantes. La liberté intérieure permet de savourer la simplicité limpide du moment présent, libre du passé et affranchi du futur. Se libérer de l’envahissement des souvenirs du passé ne signifie pas que l’on soit incapables de tirer des enseignements utiles des expériences vécues. S’affranchir de l’appréhension à l’égard du futur n’implique pas que l’on soit incapables d’aborder l’avenir avec lucidité, mais que l’on ne se laisse pas entraîner dans des tourments inutiles. Une telle uploads/Sante/ changer-daltitude.pdf
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- Publié le Nov 26, 2022
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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