MISE AU POINT Rédaction d’un article scientifique How to write a scientific paper
MISE AU POINT Rédaction d’un article scientifique How to write a scientific paper F.-X. Lesage Pathologie professionnelle, hôpital Sébastopol, CHU de Reims, 48, rue de Sébastopol, 51100 Reims, France Reçu le 28 septembre 2013 ; accepté le 28 septembre 2013 Mots clés : Écriture médicale ; Publication ; IMRED ; Recommandations aux auteurs Keywords: Medical writing; Publication; IMRAD; Instruction for authors La publication d’articles scientifiques vise à transmettre nos recherches, mais aussi nos expériences de terrain. Elle valorise notre travail et permet de mettre en commun nos savoirs acquis dans le cadre de notre exercice. La médecine du travail est une spécialité particulièrement riche. Elle aborde de nombreuses problématiques, touche à plusieurs spécialités médicales et surtout a une position unique et privilégiée : elle est au contact d’une part importante de la population française. Paradoxalement, les publications dans ce domaine sont peu fréquentes. En témoigne le faible nombre de revues spécialisées, françaises ou internationales. Une des raisons pour l’expliquer est peut-être que le cursus médical est peu orienté vers l’écriture d’article. Les règles précises qui régissent cet exercice sont souvent méconnues des praticiens. Elles ne sont pourtant pas inaccessibles et finalement, la principale qualité nécessaire à l’écriture scientifique est la rigueur. En d’autres termes, publier un article scientifique est accessible à tous les médecins du travail et internes pour peu que l’on s’astreigne à respecter ces règles. Le but de cette mise au point est de présenter les grands principes de l’écriture d’un article médical. 1. ÉTAPES DE L’ÉCRITURE La rédaction d’un article nécessite de suivre un certain nombre d’étapes. On peut en distinguer trois grandes : la rédaction du corps de l’article, puis la rédaction du résumé et enfin la mise en forme de l’article, la sélection des mots clés et le choix d’un titre. 1.1. Rédaction du corps de l’article – Plan IMRED La rédaction du corps de l’article suit un certain nombre de règles et de conventions. Cela concerne le plan de l’article, mais aussi les règles d’écriture. Ces règles peuvent sembler être une contrainte, mais apportent une facilité de lecture, de la précision et de la rigueur nécessaires à une transmission fiable des travaux de recherche ou de l’expérience de terrain. Elles permettent en outre d’organiser la pensée de l’auteur et de lui éviter de se disperser dans une rédaction sans fil conducteur. Les publications médicales adoptent le plus souvent le plan dit « IMRED » (Introduction, Méthode, Résultats Et Discus- sion). Chacune de ces parties a un rôle bien défini, des sous- parties codifiées, et répond à un certain nombre de règles. 1.1.1. L’introduction L’introduction a pour but d’insérer la recherche dans un cadre plus général. Elle doit faire passer le lecteur d’une problématique générale à une question de recherche, en justifiant la pertinence de cette question. Les faits et les opinions avancées dans l’introduction doivent être appuyés par des références bibliographiques. Cette première partie est découpée en plusieurs sous- parties. 1.1.1.1. Ancrage. Le premier paragraphe est la phrase d’ancrage. Il donne le cadre général de la problématique. Il Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 74 (2013) 649–654 Adresse e-mail : fxlesage@chu-reims.fr. 1775-8785/$ see front matter 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2013.09.006 peut par exemple donner des éléments de fréquence ou de gravité d’une pathologie dans un contexte donné. Il est important d’apporter de l’information dès cette phrase d’ancrage en évitant une phrase non argumentée. Ainsi, par exemple, l’auteur écrira : « L’incidence du cancer pulmonaire en France était estimé à 39 500 nouveaux cas en 2011 » et évitera « Le cancer du poumon est un problème majeur de santé publique ». 1.1.1.2. Corps de l’introduction. Le deuxième paragraphe est le corps de l’introduction. Il permet de passer d’un cadre général à l’objectif de la recherche que l’on présente. Il doit mettre en exergue les questions non résolues et les hypothèses. L’auteur doit articuler les différents éléments à l’aide de connecteurs logiques ou conjonctions de coordination (or, sachant que, cependant. . .), pour progressivement amener le lecteur au dernier paragraphe de l’introduction, comme dans l’exemple suivant : « La neuroradiologie interventionnelle permet de réaliser des procédures à visée diagnostique ou thérapeutique. Ces procédures évitent des interventions chirurgicales lourdes [. . .]. Elles sont réalisées néanmoins au prix d’une durée d’exposition aux rayons X parfois longue [. . .]. Ces doses cutanées peuvent être supérieures au seuil d’apparition des effets déterministes [. . .], sans omettre les effets stochastiques [. . .]. Pour limiter l’apparition de ces effets, l’opérateur doit donc optimiser sa pratique professionnelle [. . .]. Afin d’aider les praticiens à optimiser leurs pratiques radiologiques, le concept de niveau de référence a été développé [. . .]. Les niveaux de référence pour les procédures diagnostiques ont été mis en place en radiologie convention- nelle, scanographie et médecine nucléaire en application de l’arrêté du 12 février 2004. La radiologie interventionnelle n’entre pas dans le champ de cet arrêté » [1]. 1.1.1.3. Présentation de l’objectif du travail. Le troisième et dernier paragraphe de l’introduction est aussi la dernière phrase. Il présente l’objectif de la recherche et introduit le reste de l’article. Cet objectif doit être unique et clair. Il peut éventuellement être associé à un objectif secondaire si celui-ci est directement lié à la question, mais le plus souvent, un article ne répond qu’à une seule question. Cette question doit découler naturellement des hypothèses soulevées et des manques de la littérature rapportés dans le paragraphe précédent. Cette dernière phrase comporte un verbe (analyser, décrire, comparer, évaluer. . .), un objet (un traitement, une action, un indicateur de santé), dans un cadre (une population de salarié, des sujets porteurs d’une pathologie) comme dans la phrase suivante : « Pour tenter de répondre à cette question, nous avons évalué [. . .] l’incidence de l’hyperhomocystéinémie chez les patients porteurs de cancer pris en charge dans un service de médecine interne » [2]. 1.1.2. La méthode Cette partie nécessite précision et clarté. Elle ne doit comporter ni donnée chiffrée, ni discussion des choix statistiques. La méthode décrivant la manière dont vous avez conduit votre recherche, elle est donc rédigée au passé. Là encore, la partie méthode se découpe en plusieurs sous-parties. Certaines revues peuvent formaliser ces sous-parties en insérant des sous-titres : « population », « statistiques », etc. 1.1.2.1. Introduction. Le premier paragraphe décrit en une phrase clé le type d’étude (transversale, descriptive, cas- témoins. . .), la population cible, la localisation temporelle et géographique et éventuellement, le cadre dans lequel s’insère l’étude. Voici un exemple d’introduction de cette méthode : « Il s’agit d’une étude transversale descriptive portant sur les causes d’inaptitudes médicales déclarées dans le service de santé au travail de Reims entre janvier et décembre 2012 ». 1.1.2.2. Population. Le deuxième paragraphe concerne la population. Les auteurs précisent les modalités de sélection de l’échantillon inclus dans l’étude : critères d’inclusion/ exclusion, sélection au hasard ou exhaustive, etc. Même si cette partie ne donne pas d’information quantitative, on peut préciser si le nombre de sujets inclus a été fixé par un calcul de puissance. Voici un nouvel exemple illustrant cette description : « Nous avons inclus des patients chez lesquels un cancer bronchique à petites cellules (CBPC) avait été nouvellement diagnostiqué et ayant reçu une chimiothérapie à base de platine entre janvier 2000 et décembre 2006 à l’hôpital universitaire de Taïwan [. . .]. Le CBPC a été diagnostiqué sur la base d’un examen histologique [. . .]. Les critères d’exclusions compre- naient les patients recevant des soins palliatifs seuls et des patients présentant un type histologique combiné associant un CBNPC et un CBPC. » [3]. 1.1.2.3. Recueil de données. Le troisième paragraphe décrit le recueil des données : par qui ? Dans quel contexte ? Quelles données ? Avec quels outils ? L’ensemble des variables utilisées dans la recherche doivent apparaître dans ce paragraphe. Il est important de vérifier que de nouvelles variables ne vont pas apparaître dans les résultats ou, au contraire, ne pas être mentionnées dans les résultats. On doit aussi préciser les critères de classement comme par exemple : sur quels critères allez-vous classer les sujets en fumeur/non-fumeur ? Allez-vous considérer qu’à partir d’une cigarette par jour, le sujet sera classé en fumeur ? Il importe donc de préciser à l’avance les variables que l’on souhaite recueillir (tabagisme), leur forme (paquet-années, ancienneté du tabagisme) et les critères que l’on va utiliser pour classer les sujets (deux classes : fumeur si le sujet fume au moins une cigarette par jour, non-fumeur sinon, sachant qu’il ne s’agit pas ici d’une classification « officielle » du tabagisme, mais uniquement d’un exemple. D’autres critères pourraient être tout autant valables). 1.1.2.4. Méthodes statistiques. La quatrième sous-partie est dédiée aux méthodes statistiques. Ce paragraphe suit la logique du plan d’analyse que l’on va mettre en œuvre. Le lecteur doit pouvoir suivre les étapes qui nous ont permis d’obtenir les F.-X. Lesage / Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 74 (2013) 649–654 650 résultats qui sont censés apporter une réponse à uploads/Sante/ j-admp-2013-09-006.pdf
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- Publié le Mai 07, 2022
- Catégorie Health / Santé
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