Les mouvements du Qi selon la médecine chinoise Dans Théories fondamentales Par
Les mouvements du Qi selon la médecine chinoise Dans Théories fondamentales Par Philippe Sionneau A- Origine des mouvements du Qi Le Qi possède différentes caractéristiques dont l’une des plus fondamentales est le mouvement. Selon les anciens, le Qi est en activité et en mouvement constants. Par ailleurs nous savons que le Qi possède deux tendances spécifiques que la tradition chinoise appela Yin et Yang. L’un est un Qi lourd, massif, dense, calme, c’est le Yin Qi, l’autre est un Qi léger, subtil, peu dense, dynamique, c’est le Yang Qi. C’est de l’interaction et de la confrontation de ces deux principes contraires que surgit le mouvement, l’échange, la communication, la transformation. De cette contradiction entre Yin et Yang naissent divers types de mouvements complémentaires : condensation/dispersion, attraction/répulsion, inspiration/expiration, entrée/sortie, contraction/expansion, montée/descente, intériorisation/extériorisation, etc. En médecine chinoise, on les ramène à deux couples fondamentaux qui sont à la base de la physiologie de l’organisme : la montée/descente et l’entrée/sortie. Dès l’origine de la médecine chinoise le Huang Di Nei Jing Su Wen (chap. 68) a souligné l’importance capitale de ces quatre dynamismes sans lesquels il ne pourrait pas y avoir de vie : « Sans sortie et entrée, alors il n’y a pas de naissance, de développement, de vigueur, de vieillesse ou de fin ; sans montée et descente, alors il n’y a pas de naissance, de développement, de transformation, de récolte et de mise en réserve. ». « Pas d’être (vivant) sans la montée, la descente, la sortie et l’entrée », Huang Di Nei Jing Su Wen, (chapitre 68). Pour évoquer les différents mouvements du Qi et leurs rôles au niveau de la physiologie nous parlons aussi de « mécanisme » du Qi (Qi Ji) et c’est ce que nous allons développer ici. B- Direction des mouvements du Qi Les quatre mouvements fondamentaux du Qi sont la montée, la descente, l’entrée et la sortie. La montée (Sheng) est un mouvement vertical du bas vers le haut, comme l’est le mouvement du bois. La descente (Jiang) est un mouvement vertical du haut vers le bas, comme l’est le mouvement du métal. L’entrée (Ru) est un mouvement « centripète (1) » de l’extérieur du corps vers l’intérieur du corps, comme l’est le mouvement de l’eau. La sortie (Chu) est un mouvement « centrifuge (2) » de l’intérieur du corps vers l’extérieur du corps, comme l’est le mouvement du feu. Comme le souligne Zhang Jie Bin (3) dans le Jing Yue Quan Shu (Œuvre complète de Jing Yue), la montée est due au Yang Qi alors que la descente est due au Yin Qi : « Le Yang gouverne le mouvement, le Yin gouverne le repos, le Yang gouverne la montée, le Yin gouverne la descente (4) . » De la même manière l’entrée est associée au Yin Qi et la sortie au Yang Qi. C- Les mouvements du Qi dans la physiologie Nous pouvons dire que l’essentiel des fonctions physiologiques est assumé par les méridiens et les Zang Fu (et leurs correspondances). Or, ces fonctions dépendent toutes des quatre mouvements de base que nous venons de décrire. Aucun méridien, aucun Zang Fu n’échappe à ces mouvements. La physiologie est mouvement, la vie est mouvement. Les fonctions des méridiens et des Zang Fu sont basés sur ces mouvements. Pour illustrer notre propos, nous allons développer quatre exemples typiques où le mécanisme du Qi est fondamental. Le poumon et le foie Le poumon a pour fonction de recevoir l’air pur (Qing Qi), de rejeter l’air vicié (Zhuo Qi), de diffuser le Qi et les liquides et de faire descendre le Qi et les liquides. Concrètement, avec le mouvement d’entrée il absorbe le Qi clair (le Qi céleste) à travers l’inspiration, avec celui de sortie il expulse les parties de l’air non utilisées par le corps à travers l’expiration. Il diffuse le Qi, le sang, les liquides vers la périphérie du corps grâce au mouvement de montée associé à celui de sortie (mouvement ascendant et centrifuge). Il fait descendre les liquides vers le bas du corps grâce au mouvement de descente. Il fait descendre le Qi vers les reins grâce au mouvement d’entrée (inspiration de l’air) et de descente (descente du Qi de l’air), générant ainsi un mouvement centripète et descendant. Nous pouvons donc voir que le poumon est animé dans ses fonctions majeures par les quatre dynamismes de base, qui de plus se combinent entre eux. La sortie se combine à la montée alors que l’entrée se combine à la descente. Lorsque nous étudions la nature des mouvements dans la physiologie des Zang Fu, il est habituel d’évoquer le couple poumon/foie. Il est dit que le Qi du foie à gauche monte et que celui du poumon à droite descend. Ces deux mouvements aident respectivement le Qi de la rate à monter et le Qi de l’estomac à descendre (5). Le foie en bas dans le foyer inférieur favorise la montée, alors que le poumon en haut dans le foyer supérieur favorise la descente. Ce rôle des organes bois et métal est mis en valeur par Ye Tian Shi (6) : « Le mécanisme du Qi du corps humain est uni naturellement au ciel et à la terre. Le foie à gauche monte, le poumon à droite descend, [ainsi] la montée et la descente sont comme il faut, alors le mécanisme du Qi se déploie. Le transport, l’écoulement, la circulation du Jing Qi dans le corps humain se fait grâce au pivotement du foie et du poumon. La montée du foie l’envoie en haut atteindre la tête jusqu’aux orifices supérieurs, la descente du poumon l’envoie en bas atteindre les Zang Fu jusqu’aux tendons et aux os, cela fait que le Qi et le sang circulent librement et que les Zang Fu sont calmes et en harmonie. » Donc foie et poumon n’ont pas un rôle subalterne dans la promotion des mouvements de montée et de descente mais capital, au même titre que la rate et l’estomac, même si ceux-ci sont les initiateurs de ces mouvements grâce à leur position centrale. Le cœur et les reins Un autre exemple typique du mécanisme du Qi est l’union du feu et de l’eau. En effet, pour équilibrer le Yin et le Yang dans l’organisme, l’eau des reins doit s’unir au feu du cœur. L’eau des reins est le Yin des reins. Il doit monter rejoindre le Yin du cœur pour le soutenir afin de contrôler le Yang du cœur. Le feu du cœur est le Yang du cœur. Il doit descendre rejoindre le Yang des reins pour le soutenir afin de contrôler le Yin des reins (7). La montée du Yin des reins et la descente du Yang du cœur représentent les mouvements de montée et de descente du Yin et du Yang dans l’organisme. Ils permettent d’harmoniser le haut et le bas, le nord et le sud, l’eau et le feu, le Yin et le Yang, favorisant ainsi l’équilibre général. « Le cœur est fondamentalement l’organe du feu mais dans le feu il y a de l’eau. Les reins sont fondamentalement les organes de l’eau, mais dans l’eau il y a du feu. Le feu est le gouverneur de l’eau, c’est pourquoi le Qi du cœur désire descendre s’unir [à l’eau]. L’eau est la source du feu, c’est pourquoi le Qi des reins désire monter pour soutenir. L’eau qui ne monte pas devient maladie. [En] régularisant le Yang des reins, le Yang Qi est suffisant, le Qi de l’eau suit [le mouvement ascendant du Yang] et ainsi monte. Le feu qui ne descend pas devient maladie. [En] nourrissant le Yin du cœur, le Yin Qi est suffisant, le Qi du feu suit [le mouvement descendant du Yin] et ainsi descend » (Wu Yi Hui Jie – Compilation annotée de la médecine de maître Wu), Tang Da Lie (1662-1722), dynastie Qing. Quand l’eau reçoit le feu, elle monte, quand le feu reçoit l’eau il descend. C’est pourquoi on parle non seulement d’union entre l’eau et le feu mais de soutien mutuel. Et c’est de se soutien mutuel que vient l’équilibre. Comme le souligne Zhang Jie Bin, si l’union entre l’eau et le feu est rompue, la vie est mise en péril : « La nature fondamentale du feu est la chaleur. A supposer que le feu soit sans eau, la chaleur obligatoirement est extrême, la chaleur est extrême alors le Yin est détruit, alors les dix mille êtres sont brûlés et desséchés. La nature fondamentale de l’eau est le froid. A supposer que l’eau soit sans feu, le froid obligatoirement est extrême, le froid est extrême alors le Yang est détruit, alors les dix mille êtres sont immobiles et s’éteignent. » La rate et l’estomac Pour affiner notre compréhension des mouvements, nous devons prendre conscience que ceux-ci ne se réalisent pas individuellement, séparément des autres dans chacun des organes. L’exemple de la rate et de l’estomac nous permet de comprendre que ces mouvements sont l’un des outils qui font de l’organisme une globalité. L’objectif de la digestion que uploads/Sante/ les-mouvements-du-qi-selon-la-medecine-chinoise.pdf
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- Publié le Nov 25, 2021
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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