Université Paris Diderot – Paris VII 2013-2014 « MEDECIN – MALADE », UNE EXPERI
Université Paris Diderot – Paris VII 2013-2014 « MEDECIN – MALADE », UNE EXPERIENCE A CONTRE-SENS MASTER 2 : SOCIOLOGIE ET PHILOSOPHIE POLITIQUE sous la direction de CLAUDIA GIROLA et d’ÉTIENNE TASSIN BÉGUÉ PAULINE Pauline Bégué – « Médecin-‐malade », une expérience à contre-‐sens 2013/2014 2 Remerciements Je souhaite avant tout remercier Claudia Girola et Etienne Tassin pour leur écoute, leur attention, leur présence et leurs conseils, Patrick Autréaux, Claude Boiron, Alain Devidas, Pascal Hammel et Claude-Alain Planchon qui ont accepté de me rencontrer et de partager leur histoire en toute confiance et sympathie, Mes copilotes de bibliothèque qui m’ont soutenu tout au long de ces deux années de réflexions et d’écriture, Mes collègues de ce master, ou plutôt amis, avec lesquels les discussions ont été bien plus que fructueuses, Et enfin mes chers parents pour leurs lectures, leurs encouragements dans les moments les plus ardus et leur invitation à persévérer toujours, malgré les nombreux doutes qui envahissent inévitablement celui qui ose s’aventurer dans le monde de la recherche, de l’humain. Pauline Bégué – « Médecin-‐malade », une expérience à contre-‐sens 2013/2014 3 Table des matières Remerciements 2 Table des matières 3 Introduction 5 1) MEDECINE SOCIALE, MEDECINE PERSONNELLE 10 A) DU COLLOQUE SINGULIER A L’IMAGERIE MEDICALE 10 B) D’UNE DEMANDE D’AUTONOMISATION A L’INJONCTION A LA PRISE EN CHARGE DE SANTE 15 C) MEDECINE DE LA SANTE : PRENDRE EN CHARGE SES RISQUES 20 2) L’HOPITAL ENTREPRISE : DE LA SOCIETE DE LA NORME A UNE CONCEPTION MANAGERIALE DU SOIN 27 3) UNE DESUBJECTIVATION DES ACTEURS DE SOIN ? 33 I - L’épreuve du temps, le temps de l’épreuve: l’épochè 40 1) L’ACTEUR SOUFFRANT : LE CONFLIT EN SOI 40 A) « RUNNING OUT OF LIFE » 40 B) SOI AVEC ET CONTRE SOI 47 C) CONFUSION DES SENTIMENTS 50 2) L’IDENTITE BLESSEE, LA CRISE D’ALTERITE : LE REGARD 55 A) L’EXPERIENCE DU DEDANS-DEHORS 56 B) L’AUTRE, CE MIROIR 61 C) IMAGE DE SOI 66 3) L’EBRANLEMENT DU SENS : (LE) SAVOIR (ET) LE TEMPS SUSPENDU 70 A) LE TEMPS SUSPENDU : L’EPOCHE 70 B) L’INTERRUPTION ONTOLOGIQUE 73 C) LE VACILLEMENT DES CERTITUDES, « L’EFFONDREMENT DES REPERES SYMBOLIQUES » 75 II- De l’inversion à la conversion : le brouillage des rôles 83 1) IL FAUT SAVOIR ETRE PATIENT A L’HOPITAL : MEDECIN MALGRE LUI 84 A) LA SIDERATION 84 B) L’ENTREE A HOPITAL 96 C) DE SON ROLE DE PATIENT AU MEDECIN MALGRE LUI 100 2) QUELLE SOLIDARITE POUR LES EBRANLES ? 110 3) DE LA SUSPENSION A L’URGENCE : A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU 123 A) PERIODE DE L’ENTRE-DEUX : LES LIMBES 123 B) LE DETONATEUR: UN « INSTRUMENT DE RENAISSANCE INTERIEUR » 134 Pauline Bégué – « Médecin-‐malade », une expérience à contre-‐sens 2013/2014 4 III - La renaissance 143 1) LA CONVERSION UTOPIQUE : LE TEMPS DE L’ESPERANCE 143 2) ECRITURE DE SOI : DONNER FORME, DONNER SENS 156 A) L’ECRITURE DE SOI: SE DIRE (A) SOI MEME : SE SURVIVRE 157 B) QUAND ECRIRE N’EST PAS DIRE : SE DISTANCIER DE SOI 163 C) L’ECRITURE EN RELATION : S’INSCRIRE DANS LE MONDE 168 3) CE QUE « SOIGNER » VEUT DIRE – OU ENTENDRE 174 A) DES TENSIONS ENTRE DES POLARITES INHERENTES AU SOIN 174 B) DE L’ECOUTE, DE L’ATTENTION A L’INTERPRETATION : UNE RELATION DE RECIPROCITE : LA RESTAURATION DES LIENS 181 Conclusion 189 1) SUR LA METHODE 189 2) L’ART DE LA MEDECINE 191 3) L’INVERSION DU MEDECIN MALADE 194 Bibliographie 198 Pauline Bégué – « Médecin-‐malade », une expérience à contre-‐sens 2013/2014 5 Introduction « Il n’y a pas de livre que j’ai écrit sans au moins en partie une expérience directe, personnelle (…) J’ai écrit sur la Naissance de la clinique et sur l’introduction de la mort dans le savoir médical à un moment où ces choses avaient une certaine importance pour moi »1 Il m’était déjà arrivé de travailler dans le milieu hospitalier mais dans un tout autre contexte. Il s’agissait de remplacements d’hôtesse d’accueil aux urgences ou d’aide soignante en gériatrie. Le milieu médical ne m’était donc pas totalement inconnu et mon appréhension était principalement orientée vers ce nouveau statut d’étudiante et mon apprentissage des soins infirmiers. Au cours de ce premier stage, je me suis heurtée à deux Interruptions Médicales de Grossesse (IMG). La première patiente était enceinte de 35 SA (Semaines d’Aménorrhée) d’un fœtus atteint d’un retard de croissance intra-utérin sévère et la seconde, enceinte de 24 SA d’un fœtus atteint d’une trisomie 18, non viable. Les internes se sont chargés de la « pique ». A l’aide de l’échographie ils injectent un produit (du Nalador), dans le cordon pour endormir le fœtus puis du KCL (chlorure de potassium) dans le cœur afin de l’arrêter. Dans la salle règne alors une atmosphère singulière. Les femmes ne sont pas endormies, mais un voile les empêche de visualiser la scène. Il n’y a pas un bruit et j’étais très étonnée de voir qu’aucune des personnes présentes ne semblait se soucier de l’état émotionnel des patientes. Certains commentaires indiscrets des médecins sur la position du fœtus, son rythme cardiaque et sa mobilité me semblaient déplacés et auraient pu être évités. J’essayais de rester sereine et de ne pas laisser entrevoir aux patientes la tristesse que je ressentais et qu’elles pouvaient facilement percevoir sur mon visage. Je souhaitais simplement qu’elle comprennent que je resterais près d’elle, qu’elles sentent ma présence pendant ce moment difficile et qu’elles sachent que je partageais (peut être un peu trop) ce qu’elles ressentaient. J’ai assisté à leurs accouchements respectifs par voie basse. Celui de la dame à 35 SA, c’est à dire environ huit mois de grossesse, fut le premier et ainsi peut- être le plus douloureux. Le fœtus était très « âgé », donc assez corpulent, et ainsi compliqué à déloger. La « mère » a souffert lors de l’accouchement. Le fœtus est sorti en 1 Michel, FOUCAULT, Dits et écrits, tome IV, (1980-1988), Paris, Gallimard, 1994, p.46. Pauline Bégué – « Médecin-‐malade », une expérience à contre-‐sens 2013/2014 6 siège complet, les pieds en premier et, la tête a eu beaucoup de mal à passer. Ce fut très pénible pour la « mère », pour le « père » en larmes à ses cotés et pour moi-même, simple spectatrice d’une scène d’horreur. Le fœtus était totalement formé mais la patiente n’a pas souhaité le voir. Cela lui semblait trop douloureux. On m’a interdit de retourner voir la patiente ; je ne suis donc plus allée dans sa chambre et je suis sortie de la maternité me vider de mes larmes. Après cet épisode, on me déconseilla vivement de retourner voir des IMG, pour me protéger. C’était trop difficile pour moi, première année, je n’avais pas encore assez d’expérience, mais il ne fallait pas que je m’inquiète, j’allais m’y habituer. Je ne l’espérais pas et ne l’espère toujours pas. Je préférerais toujours rester troublée par ce type d’événement. Malgré ces recommandations, j’ai assisté à la 2ème IMG quelques jours plus tard. La grossesse datait de 5 mois. La patiente dont je m’étais occupée toute la journée, me demanda d’être présente lors de son accouchement. Je me sentis incapable de lui refuser. Il me semblait inopportun et inapproprié de lui dire que cette expérience était trop éprouvante à mes yeux. Cela me fut reproché par la suite par les infirmières. Cette fois-ci, la mère désirait qu’on lui présente son bébé. Il était d’apparence extérieure « normale », les doigts légèrement trop crispés. J’ai été atterrée par la réaction de la sage-femme qui lui annonça qu’elle ne pouvait lui apporter son enfant dans l’immédiat parce qu’elle devait se rendre au bloc pour une césarienne. Elle plaça donc le fœtus pendant 2 heures au réfrigérateur entre quelques tubes à essai et autres placentas. J’ai demandé à une infirmière si on ne pouvait pas le sortir un peu avant de le présenter à la « mère ». Il me semblait que le contact du bébé gelé pouvait troubler psychologiquement la femme et n’était sûrement pas des plus agréables. J’imaginais la violence que pouvait symboliquement représenter cette froideur, ajoutée au traumatisme de l’accouchement. Une infirmière vint donc le réchauffer avec moi. J’ai habillé le mort-né avec la sage- femme. Je me suis chargée de lui donner une allure présentable dans ses vêtements beaucoup trop grands pour lui. Retrousser les manches afin qu’il ne flotte pas dans un pyjama prévu pour un enfant à terme, un détail sans doute. Nous avons remis l’ « enfant » à sa mère et les avons laissés tous deux, avec la sœur de l’accouchée. L’image de la mère portant l’enfant dans ses bras me troubla énormément. Je sortis de la pièce en fondant, de nouveau, en larmes. J’ai du subir les critiques de l’infirmière. Je lui avais désobéi, je n’avais donc plus intérêt à me retrouver présente lors de l’expulsion d’un prochain mort Pauline Bégué – « Médecin-‐malade », une expérience à contre-‐sens 2013/2014 7 né. Et je n’étais donc sûrement pas faite pour cette uploads/Sante/ medecin-malade-une-experience-a-contr-pdf.pdf
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- Publié le Nov 06, 2021
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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