Pathologie du palmier dattier Nicole BOUNAGA Mohamed DJERBI Unité de Recherche

Pathologie du palmier dattier Nicole BOUNAGA Mohamed DJERBI Unité de Recherche sur les Zones Arides, URZA (Algérie) Institut National de la Recherche Agronomique, INRA, El Harrach (Algérie) Résumé Parmi toutes les pathologies du dattier, certaines constituent une vraie menace pour la phoeniciculture et pour la rentabilité des palmeraies. Plutôt qu’un inventaire exhaustif, qui ne reflète pas la réalité des dommages subis par les palmeraies, nous présentons dans ce travail quelques rappels sur les principaux prédateurs et maladies du dattier. 1. - Introduction Qu’entend-on par pathologie du palmier dattier ? Le terme pathologie signifie : <<partie de la médecine qui étudie les maladies. (Larousse). Pour le palmier, de quoi s’agit-il ? Si la question suivante est posée à un phoeniciculteur : <<Quelles sont les maladies de vos palmiers ?D, il parlera suivant la région, de Boufaroua ou du Ghobar, du Khamedj, du Bayoud, du Sem ou Djereb, du Mejnoun, du Bélaat ... dans un ordre qui définira l’importance, pour lui, de ces maladies, ou de ces pathologies du palmier et qui entraînent, soit la mort du palmier, soit des symptômes particuliers avec une baisse ou une perte totale de la production. En fait sous ce vocable, on trouve ce que les scientifiques ont classé sous les termes de : @ maladies à ravageurs ou prédateurs, arthropodes principalement (insectes et acariens- Insect and mites Pests, en anglais); @ maladies physiologiques ou indéterminées, @ maladies cryptogamiques à champignons, bactéries et ou virus ... @ et @ étant recouverts par le mot anglais <<diseases,,. Nous ne pouvons, dans un exposé général, rappeler en détail tout ce qui a été signalé sur le palmier dattier, à titre d’exemple et pour la seule période de 1951 à 1983, 270 références traitent de ces problèmes pathologiques (Anonyme, 1987). De nombreux travaux de synthèse ont été publiés sur la pathologie du dattier (Balachowsky 1925, Chabrolin 1930, Delassus et Pasquier 1932, Martin 1958, Calcat 1959, Vilardebo 1973, Laville 1973, Carpenter et Elmer 1978, Sharif et Najih 1982 ...). Cette liste n’est pas exhaustive. Nous nous limiterons ici aux palmeraies maghrébines, et nord africaines (y compris la Mauritanie). Une autre distinction, qui nous permettra de limiter cet exposé peut être faite entre : les maladies que l’on peut combattre, pour lesquelles les traitements sont connus et sont une affaire de disponibilité des produits, de vulgarisation, d’entretien des palmeraies (maladies à insectes ou à champignons) et celles qui, par leurs caractères particuliers sont de véritables menaces pour la phoeniciculture (le Bayoud) et méritent qu’on parle des recherches en cours et des perspectives. Nous présenterons d’abord, les trois ravageurs les plus sérieux des palmeraies le Boufaroua ou Acarien (Oligonychus afrasiaticus Mc. Gr), la cochenille (Parlatoria blanchardi Targe.) Sem ou Djereb, le Doud ou vers la datte (Myeloïs ceratoniae Zell) ; ensuite quelques maladies à champignons dont la plus grave reste le Bayoud. Options Méditerranéennes, Sér. A l n 1 1, 1990 - Les systèmes agricoles oasiens CIHEAM - Options Mediterraneennes Serie A: Seminaires mediterraneens IS. - Pathologie à Insectes et Arcariens Une étude très complète est donnée par Vilardebo (1 973), El Haidari (1985) sur ces parasites. .l. - O/igOnychuS Afrasiaficus. Mc Gregor, est le nom latin donné à un acarien appelé localement Boufaroua ou Ghobar au Maghreb Takar en Mauritanie, Goubar en Irak. Ces termes désignent souvent le terme <<poussière,, du fait de la présence de toiles soyeuses blanches ou grisâtres qui retiennent le sable et la poussière rendant les dattes immangeables. II est présent dans tous les secteurs où pousse le dattier dans le vieux monde depuis la Mauritanie jusqu’au Golfe persique. Aux Etats-Unis une autre espèce Oligonychus pratensis est signalée. Vilardebo (1973 et 1975) détaille tout ce qui est connu sur cet acarien : biologie, comportement, moyens de luttes ... Le poudrage au soufre reste le premier traitement préconisé par les services de protection des végétaux des pays concernés. De Montaigne et Fall (1 986) recommandent de poursuivre les investigations sur les autres possibilités de lutte (lutte chimique, lutte biologique) en insistant toutefois sur l’entretien et le nettoyage des palmeraies. En Mauritanie et en Algérie (INA) les recherches se poursuivent (4 références seulement dans la bibliographie de 1951 à 1983, Anonyme 1987). 2. - /%r/atQria B/anChardi TarCJ est le nom latin de la Cochenille blanche appelée localement Djereb ou Sem en Algkrie, Nakoub, Guelma ... au Maroc et Rheifiss en Mauritanie (Vilardebo, 1973). Elle est aussi présente dans toutes les régions de culture du dattier. L‘insecte se nourrit de la sève de la plante et injecte une toxine qui altère le métabolisme ; de plus, l’encroûtement des feuilles diminue la respiration et la photosynthèse. II se trouve aussi sur les fruits dont le développement est arrêté. La cochenille peut entraîner une réduction de plus de la moitié de la production dattière, et rend les fruits inconsommables. Parmi les moyens de lutte, la lutte biologique a fait l’objet de nombreux travaux. L’utilisation de coccinelles, prédatrices naturelles de la cochenille, a été tentée avec de bons résultats surtout en Mauritanie (Travaux de Tourneur 1970 et Tourneur et al. 1971, 1975, 1976 de Montaigne et Fall 1986). (41 références dans la bibliographie de 1951 à 1983 (Anonyme, 1987) sur les travaux sur cette espèce, surtout pour la lutte biologique...). 3 . - MydOi‘S CerafOniae ze// est le nom du ver de la datte, Lépidoptère de la famille des Phyticidae appelée aussi Pyrale de la datte. Après Vilardebo (1973, 1975), Leberre (1978) fait une mise au point très complète sur cette espèce dont nous présentons quelques éléments. Elle est connue au Maghreb et jusqu’en Lybie et en Egypte et plus au Nord vers l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Pour Lepesme (1947) le Myeloïs est répandu en Mésopotamie et sur toute l’Afrique. Les larves, qui déprécient les dattes, sont aussi connues pour se rencontrer dans les autres fruits (figues, grenades, caroubes, et même les agrumes) ou sur des plantes spontanées, ce qui favorise l’extension de l’espèce. II ne faut pas le confondre avec les autres pyrales du genre Ephestia qui sont des espèces se développant après récolte, dans les magasins. Parmi les traitements chimiques, on recommande en Algérie l’utilisation de Malathion à 2%, Parathion 1,25%, Phosalone 4% et Bactospéine l%, a raison de 1 O0 g/palmier, avec 1 O 0 g de chaux viticole (Avertissement agricole 1987, INPV-Institut National de la Protection des Végétaux). Cependant on demande l’arrêt des traitements, la première semaine de Septembre, à cause de la toxicité des produits. I I faudrait encore que cette recommandation tienne compte de la date de maturation des fruits qui est très variable suivant les variétés et les régions. Les essais de lutte biologique par les Hyménoptères- Braconidés ont ét6 préconisés. Leberre (1 978) souligne la faiblesse des études sur le Aßyelok : répartition, densité et échelonnement dans le temps des périodes d’éclosions <<imaginales,>, et influence des facteurs climatiques sur la vitesse des développements. De nombreux autres prédateurs ont été options méditerranéennes CIHEAM - Options Mediterraneennes Serie A: Seminaires mediterraneens 129 signalés (52 par Carpenter et Elmer, 1978) mais dont l’importance est moindre. II s’agit souvent d’insectes qui se développent dans les dattes en magasins. 111. - Les maladies à champignons Différents travaux de synthèse ont été publiés, dont : Fawcett et Klotz 1932, Carpenter 1966, Rieuf 1970, Laville 1970, 1973 ... et plus récemment Djerbi 1983, 1986, 1988). Sans reprendre en détail ces maladies, citons parmi celles que les phoeniciculteurs connaissent le mieux : le Khamedj, le Mejnoun, le Belaat, et enfin le Bayoud. 1. - La pourriture de l’inflorescence OU Khamedj :est connue dans presque toutes les zones de cultures du dattier. C’est une maladie grave qui sévit dans les régions de phoeniciculture les plus humides ou pendant les années très humides. Dans ce cas, elle peut prendre des allures épidémiques. Elle est causée par un champignon imparfait de l’ordre des Hyphales, à chaînes de conidies hyalines, fragmentés en articles mono ou bicellulaires Mauginiella scaetae. Le champignon se conserve à I’état de mycelium latant et les spores semblent n’avoir qu’une faible longévité, c’est une maladie externe qui ne nécessite pas de blessure préalable. La lutte consiste d’abord à entretenir les palmeraies et les palmiers (après destruction par le feu des inflorescences atteintes) et au traitement des palmiers à l’aide de divers fongicides. II semble que certaines variétés soient plus sensibles au Khamedj que d’autres. 2 . - La pourriture du Coeur a Thie/aWiOpsiS :ou le dessèchement noir des palmes, appelée aussi Mejnoun (palmier fou). Elle a été observée dans différentes régions du Maghreb, en Mauritanie, en Egypte, en Arabie Saoudite, en Irak, aux Emirats et à Bahrein ainsi qu’aux Etats-Unis. Sans être très importante, elle peut être grave et entraîne la mort des sujets atteints. Certaines variétés seraient très sensibles. L’agent causal : est la forme imparfaite Thielaviopsis paradoxa (Des Seynes) Sacc. Hyphoales, Dématiacées, d’un Ascompycète, Sphoeriales, Ceratocystis Paradoxa Dade. Le champignon peut envahir aussi bien les parties aériennes que les racines du dattier causant : le dessèchement noir des feuilles ; la pourriture des inflorescences ; la pourriture du coeur et du uploads/Sante/ path-o-logie-palmier-dat-tier.pdf

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  • Publié le Jan 13, 2021
  • Catégorie Health / Santé
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