Deuxième Année. — N° 35. P U B L I C A T I O N B I - U B N S U E L L B 10 Juin

Deuxième Année. — N° 35. P U B L I C A T I O N B I - U B N S U E L L B 10 Juin 1910. — P rix : P A R A I S S A N T L E 10 E T L » 25 Directeur : P ro fes s e u r D O N A T O CARTOMANCIE - CHIROMANCIE ^SRAPHO LO G IE - S P I R I T I S M E - ^ ^ ^ f ^ ^ ^ R é d a c t io n et A d m in is t r a t io n : 2 3 , rue N o t r e - D a m e de R e c o u v r a n c e , P a r i s -2' MAGNÉTISME POST MORTEM ' jf/ ï i / / / / t L A V IE M Y S T É R IE U S E . Publication bi-mensuelle paraissant le 1 0 et le *5. D l r e c t o u r : P r o f » i . « u x D O N A T O Principaux collaborateurs : PAPDS. — Hector DUR VILLE. — Gaston BOURGEAT. — L e Comte Léonœ DE L A R MANDIB- FABIUS DE CHAMP V ILLE . — Jules LERM INA. — PICKMAN. — Marc MARIO. — D 'E ly STAR. — René SCHWAEBLE. — Ernest BOSC. — Edouard G ANCHE.. — Nonce CASANOVA. — Sylvain DÉGLANTINE. — Don BRENNUS DE MELLUM. — P r o f D’ARIANYS. — Rend D’ANJOU. — Evariste CARR ANCE. — Henri MAGER.— S TE LLA TA .— M—DE MAGUELONE.eto- l Wi Are limai ) Furies ibanaaenta.lt FublW U , l’M resæ r t & Sommaire du numéro. — Post mort«m, Jutas Ma is. — Les Livres mystè- ), il, ne H etre- j I. l'IDIBlSTRilIllR le U e Tle ljuirisane i, y rieox, La L ecibur. — Pour le Succès, Marcel Rynkr. — A nos Frères et Sœurs. — Les Sorciers de Paris, J u t s s L brmina. — La Sorcellerie pratiqoe, R knk Scowaeblé. — L’acquittement d’une magnéllseuse.. — La Flore Mys­ térieuse, Marc Mario. — Mes Glanes su pays d’Oeeultisme, Fabius db Champville. — Le Mouvement psychiquo. — Courrier de 1a Marraine. — Consultations astrologique et graphologique. — Petites annonces. testes «deneen------------ i l . J e hotweir D O JitO , .. beat teleonmaee, futo-t". C O NDITIONS D'ABONNEM ENT POST MORTEM P ar JULES MÂZÉ Ayant allumé son cigare, le docteur Borne se laissa tomber sur un canapé, heureux de se retrouver, après une journée bien rem­ plie, dans le petit salon aux lourdes tentures, qu'égayait la flamme claire d'un bon feu de bois. — Ouf! s’écria-t-il, j ’en ai assez... Le diable ne me ferait pas sortir ce soir 1 Sa jeune femme, sous la lampe, travaillait à un ouvrage de broderie. Elle leva les yeux. — Ii fait, du reste, un temps aifrenx, dit-elle. — Oui, on ne mettrait pas un chien dehors !... Cependant, j ’ai marché par de plus mauvais temps... — Mais, à présent, vous avez bien le droit de vous reposer un peu... Le docteur sourit complaisamment ; cette phrase discrète flat­ tait son amour-propre en lui rappelant qu’à quarante ans il était presque célèbre. Aux consultations, des confrères pins âgés que lui l’appelaient < cher maître », il gagnait tout ce qu'il voulait, et la hausse constante de ses prix n'entamait pas la fidélité d une clientèle trop nombreuse. Son regard s'abaissa furtivement snr le mince ruban rouge qui ornait la boutonnière de son veston. — Vous avex raison, Jeanne,fit-il ; j'a i bien le droit, à présent, d’en prendre un peu à mon aise. Et, comme pour établir ce droit, il s'enfonça davantage dans les coussins du canapé, présenta ses pieds à la flamme et envoya vers le plafond des volutes de famée. Soudain, la sonnerie électrique de l'entrée retentit, emplissant de son carillon grelottant le silence de la paisible demeure. Le docteur et sa femme sursautèrent. — Bon! qui peut venir à cette heure 1 murmura le docteur: puis il cria : « Marie, je n’y sais pour personne! » Il s'était soulevé sur son conde et, carieux, un peu inquiet, attendait le retour de la bonne. L'attente dura près d’un qnart d’heure ; le docteur s'impatien­ tait, mâchonnait son cigare. Enfin, la bonne entra. — Monsieur, dit-elle, c'est une fillette, une enfant ; elle arrive à pied de Grenelle et demande qne vous alliez voir sa mère, qui est très malade : je lui ai dit que ce n'était pas possible, que vous ne pouviez pas vous déranger; mais elle insiste, elle prie, elle supplie et elle ne vent pas s’en aller... Elle est pauvrement vêtue, elle grelotte, elle est trempée... Le docteur eut on geste de colère : — A Grenelle, à cette heure et par ce temps! mais elle est folle, cette petite! Allez loi dire, Marie, qne je refuse absolument^ con- seillez-lni de voir nn médecin dans son quartier. Et il se renfonça dans ses coussins. Cinq minutes pins tard, la bonne reparut : — Monsieur, cette petite ne vent pas s’en aller ; elle est clouée sur place et vous regarde avec des yeux qui brillent. Elle me fait peur... Le docteur se leva d’un bond : — Où avez-vous donc la tête?... Maudite gam ine!... Je ne serai jamais tranquille! Il se précipita dans le vestibule, bien décidé à expulser rapi­ dement la fillette. Mais, lorsqu'il la vit, sa colère tomba; elle avait l'air si misé­ rable dans sa panvre robe crottée et moniljée ; ses yeux, qui bril - laient d’un feu vraiment étrange, étaient si tristes, qu'il en eut pitié. Déjà la fillette était à ses genoux, les mains jointes. — Maman est bien malade, dit-elle, bien malade, sauvez-la ! Elle disait cela d’nne voix blanche, sans larmes, comme si elle avait parlé en rêve, ses grands yeux brillants fixés sur le docteur. Celui-ci se sentit troublé, le regard de ces yeux d'enfant péné­ trait en lui, le remuait, le brûlait. Il releva la pauvrette. — Cest bon, fit-il, je vous accompagne... où demeurez-vous ? — line de la Convention, à G renelle. Il prit son chapeau et son pardessus, fit avancer un fiacre, y poussa la fillette et monta derrière elle. Pendant le trajet, elle ne prononça pas un mot. Enfin, la voiture s'arrêta devant une maison basse, aux murs lézardés. — C'est là, fit l'enfant. Elle précéda le docteur dans un escalier sale, étroit et sombre, aux marches usées et branlantes. Sur le palier du premier étage, elle s’arrêta, poussa une porte, dit encore une fois ■ C'est làl », pais elle disparut. Le docteur se trouvait dans une chambre froide et nue qu'éclai­ rait mal la flamme vacillante d’une bougie fumeuse. Dans un coin sombre, nn lit étayait nne chaise à laquelle il manquait un pied et dont la paille, déchirée, pendait jusqu'au plancher : nne table graisseuse placée devant Panique fenêtre faisait vis-à-vis au lit; sur les murs étaient collés nne demi-douzaine de chromos dont les teintes vives accentuaient l’aspect lamentable d'nne tapisserie crasseuse rongée par l'humidité. Instinctivement, le docteur recula. Sa jeune renommée l’avait mis depuis longtemps à l’abri de pareils spectacles, lui avait, depuis longtemps, fait perdre tont contact avec la misère. Le vent hurlait lugubrement, la pluie battait les vitres, la lumière jaunâtre de la bougie laissait dans la chambre de larges coins d'ombre qai semblaient peuplés de bêtes mauvaises. Une angoisse, compliquée d’un pea de terrenr, pesait sur l’es­ prit du médecin; il ne se rappelait plus ce qu'il était venu faire là... il allait partir lorqu’il entendait an râle sourd. Alors il se souvint, il se ressaisit, s’approcha dn lit. Une femme — nn squelette plutôt — l’occupait, son visage était si blanc qu'il se confondait avec le drap, et le docteur ne vit d’abord, dans le elair-obsenr du lien, qne deux yeux noirs bril­ lant de fièvre. Sans mot dire, il prit la bongie et se m it en devoir d’examiner la malade; presqn’anssitôt, il eut un geste de décou­ ragement, un rapide examen venait de le convaincre que la mal- --------------------------------------------------- LES LTYUBS heureuse était atteinte d'une angine très grave et peut-être même de diphtérie. ■ Gomment soigner cela ici? » murmura-t-il ; puis il ajouta en élevant la voix : — Prenez courage, ma pauvre femme, on vous guérirai Comme la malade ne répondait pas, il continua : — On vous guérira, mais il faudra être sage, vous laisser trans­ porter à l’hôpital... le mal que vous avez est très contagieux, vous le communiqueriez infailliblement à votre fille... or je suis sûr que, pour épargner un tel danger à yotre charmante enfant, qui est si courageuse et si raisonnable, vous serez très sage, très obéissante. Les yeux de la uploads/Sante/la-vie-mysterieuse-n35-jun-10-1910.pdf

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  • Publié le Aoû 01, 2022
  • Catégorie Health / Santé
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