Culture et communication La culture, selon son acception « anthropologique », a

Culture et communication La culture, selon son acception « anthropologique », a connu un grand intérêt dans les sciences humaines au cours du vingtième siècle. Cela est peu étonnant, car cette notion renvoie au fondement social de l’activité humaine, ce qui est déjà un début de définition en soi. Très peu de comportements individuels, spontanés ou réfléchis, de l’adulte ou de l’enfant socialisé, échappent à l’emprise de la culture. Dans la communication, elle intervient à plusieurs niveaux, comme l’ont souligné Hall, Birdwhistell, Goffman et leurs collègues au sein de l’École de Palo Alto. Non seulement le comportement de l’individu et ses facultés interprétatives sont culturellement marqués, mais c’est à travers la communication que la culture se manifeste, se transmet, et évolue. Selon la formule célébrée d’Edward T Hall (1984 : 219) : « La culture est communication et la communication est culture ». La circularité de cette définition reflète bien la difficulté de saisir ce concept, que l’inflation sémantique a rendu victime de son propre succès. Denys Cuche (1996) et Jean Caune (1995) illustrent combien l’utilisation de la notion dans différentes disciplines, et son importance dans l’appréhension d’objets très diversifiés, a rendu le concept de culture actuellement très peu opératoire. Certains chercheurs renoncent à l’utiliser pour cette raison, et préfèrent introduire d’autres termes (ethnicité*, système discursif, …), qu’ils présentent comme recouvrant partiellement la notion de culture, à défaut de préciser celle-ci. Ainsi, Ron et Suzanne Wong Scollon, dans un livre à succès très pertinent sur la communication interculturelle entre Occidentaux et Asiatiques, ont choisi de définir leur objet de recherche comme l’« interdiscourse communication ». Alors que de telles stratégies permettent de contourner le problème tout en répondant à des exigences de scientificité dans la démarche adoptée, le terme de culture reste évidemment capital pour toute recherche inscrite dans le domaine de la communication « interculturelle », ce qui ne se réduit pas à l’interdiscursivité. En revanche, la définition qui sera proposée ici ne résulte pas d’une prise de position défensive par rapport à un objet ou à un La notion de culture une notion difficile La première difficulté associée à ce terme est sa polysémie. Il faut distinguer l’acception « anthropologique » des autres termes d’étymologie commune (de la racine latine « cultura »). L’action de cultiver les produits de la terre ou de la mer (cultures céréalières, ostréicoles, bactériennes ou autres) mais également son corps (culture physique, culturisme), sont à différencier des activités artistiques littéraires ou intellectuelles en général et de l’objet de la communication interculturelle. Or, ces deux derniers sens se trouvent souvent confondus, que ce soit dans le discours populaire ou même parfois dans les écrits scientifiques. Ces deux acceptions font de la culture le produit d’une éducation plus ou moins formalisée qui correspond au développement de certaines capacités intellectuelles. - Dans le premier cas, la culture (érudition), idéal canonique, est présentée comme un niveau intellectuel à atteindre dans un domaine particulier (la culture littéraire, scientifique) ou en général (« un esprit cultivé »). - L’individu « cultivé » est normativement distingué des « incultes », l iti l ût t l j t l i t Le deuxième cas, « anthropologique », aborde la culture comme un ensemble de savoirs lié à un groupe social (généralement national). Sa visée est descriptive, car l’intégration de l’individu dans le groupe est associée à l’acquisition d’un certain savoir (sans connotation positive ou négative), source de valeurs et de représentations, etc., qui influence son comportement. Alors que les hommes politiques et les journalistes ont parfois tendance à la réduire à des questions de danses folkloriques …, cette culture est en réalité beaucoup plus profonde, rappelle Hofstede (1991 : 5). Elle « traite des choses qui font mal », poursuit-il, car les traits culturels manifestes cachent un système de croyances et de valeurs que les individus remettent difficilement en cause. L’appropriation populaire des travaux et des concepts anthropologiques a contribué à une prise de conscience et à une instrumentalisation de différences « culturelles » (par exemple à travers les revendications multiculturalistes). Le fait que ces différences soient vécues de façon normative dans les rapports multiculturels a contribué à brouiller les distinctions. Ainsi, le discours populaire distingue parfois mal: - la « Culture » (patrimoine littéraire, artistique et intellectuel) Evolution du concept anthropologique L’utilisation scientifique du concept trouve ses origines dans l’étude des sociétés «primitives», considérées comme culturellement homogènes. La culture était conceptualisée comme un ensemble largement inconscient de représentations et de pratiques normées communes à une société. L’étude de la configuration, ou « pattern » (Ruth Benedict, 1934) culturelle d’une société à travers l’observation des activités de ses membres, permettait de définir le système social spécifique au groupe. La culture partagée dictait à la fois les rapports interhumains et les rapports à l’environnement des membres de la société. Elle était transmise par la socialisation au sein du groupe (enculturation), et semblait correspondre à une institutionnalisation et à une intériorisation des réactions que l’homme primitif pouvait avoir face à son environnement, et qu’il partageait pour le bien de son groupe. Styles de communication La manière de s'exprimer avec des mots, de communiquer avec des mots varie fortement d'une culture à l'autre, voire d'une personne à l'autre dans la même culture. Le fait de parler la même langue n'est pas synonyme de parler un « même langage ». Chaque personne a une manière préférée de communiquer. T out comme les valeurs culturelles, nos styles de communication nous offrent les stratégies pour entrer en conversation avec autrui, et les standards pour interpréter et évaluer leur communication. En d'autres termes, nos styles de communication influencent la manière dont nous percevons des expériences de communication, et la manière dont nous les évaluons, Des styles de communication différents ont été développés au fil des siècles et des générations, en lien étroit avec les valeurs culturelles, normes et comportements des groupes / personnes concernés. Connaître ces styles, être conscient de ses propres styles, savoir reconnaître les styles utilisés par nos interlocuteurs et interlocutrices Savoir reconnaître les styles de communication et les respecter est une première étape du développement de compétences interculturelles. Savoir modifier son écoute pour comprendre le sens du message communiqué dans un style autre que le nôtre est l'étape suivante. L'étape ultérieure – encore plus difficile, mais preuve d'une compétence interculturelle – est de savoir adapter son style de communication au contexte, et petit à petit apprendre à communiquer dans les styles de l'autre. Aucun style de communication n'est meilleur qu'un autre, comme aucune perception n'est plus justifiée qu'une autre. Et tous les styles permettent d'aborder tous les sujets. La difficulté apparaît dans la rencontre entre des personnes pratiquant des styles différents, qui ne se comprennent pas ou ne respectent pas le style d’autrui. 1. Définitions et représentations de la culture Le terme culture, dans notre cours, sera entendu dans ses acceptions philosophique et ethnologique. -. Philosophique parce que nous considérons la culture, au regard de l’universel, comme « une composante de l’humain en tant que porteur de valeurs », -. ethnologique parce qu’elle s’intéresse aux mœurs et formes d’expressions propres à chacune. Le sens qui nous intéresse est aussi anthropologique. A. L. Kroeber et C. Kluckhohn identifient cinq domaines qui caractérisent des spécificités culturelles : les états mentaux et les opérations psychiques, les comportements, les savoir- faire, les produits de l’application de ces savoir-faire et les modes d’organisation collectifs. Selon C. Camilleri, de telles listes posent problème car au- delà d’être incomplètes, « elles désignent non pas la culture elle même mais ses effets » D’après le courant culturaliste, la culture s’exprime par une logique systémique qui se décompose en unités. La logique patriarcale, par exemple, démontre des rapports avec la famille très spécifique et dans ce type de rapport familial, s’intègrent différentes relations particulières en lien avec cette logique (relation entre la mère et le fils…). C. Camilleri précise néanmoins que « l’accession à une logique d’un seul tenant, si l’on peut dire, n’est qu’un idéal plus ou moins lointain ». Même si on parvient à identifier des constantes, il faut constamment les relier avec d’autres éléments qui viennent s’insérer dans la dite logique, parfois même difficilement. Du côté du sujet, pris comme porteur de la culture en question, il y a donc une grille de lecture des choses, laquelle s’offre à lui et lui permet de donner sens, souvent inconsciemment, aux différentes notions auxquelles il a affaire. Or, « c’est ce sens qui décide, en dernier ressort, de nos conduites. » Donc la signification que nous donnons aux choses varie Ces significations, qui constituent notre mode d’accès à la réalité, sont d’une part, forcément construites, et d’autre part, soumises à une validation collective. Ce sont d’ailleurs là, les conditions qui définissent particulièrement la culture. Pour aller plus loin, les significations culturelles génèrent de la différenciation inter-groupes mais aussi de l’homogénéité intra-groupe. Il s’agit tout de même de bien faire la distinction entre ce qui relève de significations culturelles et ce qui se rapporte à des significations collectives, elles aussi liées à des uploads/Societe et culture/ culture-et-communication.pdf

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