Kahn Pauline Personnalité - partie O.Klein 1 Personnalité et différences indivi

Kahn Pauline Personnalité - partie O.Klein 1 Personnalité et différences individuelles Synthèse réalisée sur base du syllabus et des slides de O.Klein Année académique 2020 - 2021 Kahn Pauline Personnalité - partie O.Klein 2 Personnalité et différences individuelles 1. Mythes de l’individualisme contemporain Le concept de l’individualisme décrit un ensemble de croyances, largement partagées dans les sociétés occidentales contemporaines, concernant le rapport entre l’individu et la société. Il existe 5 grandes croyances qui sont au cœur de cette psychologie de la personnalité : v La psychologisation v L’hypothèse de différenciation v L’individu autonome v Opposition Individu vs. Société v La norme de différenciation a. La psychologisation La psychologisation est la croyance que nous avons une vie intérieure, que derrière notre comportement se dissimulent des entités psychologiques. On peut qualifier ces entités, qui ne sont pas directement observables et visibles de « psychisme », « pensées », « motivation » et « sentiments ». Derrière le comportement apparent, se cache une réalité psychique à laquelle l’individu n’a pas accès consciemment, c’est ce qu’on appelle notre « inconscient ». Pour l'illustrer, voici un extrait issu du forum de la revue Psychologies : 9 Question : "Que faire ? Suivre mon cœur qui me guide vers un rêve qui a tellement peu des chances de se réaliser ou ma tête qui me dit que j'aurais de la chance de me trouver un homme correct (sic) pour mes enfants et d'oublier les rêves d'un grand et véritable amour ?" 9 Réponse : "Oui, inconsciemment, nous sommes attirés par des personnes dont l'image a été construite avec un mélange du modèle parentale (sic), des films, des livres etc. ... Bien sûr, un homme inaccessible (statut social, en couple) est challenge. Maintenant, l'attirance est une chose, l'amour est une autre." à On peut remarquer la complexité de la psyché telle qu’elle est présupposée dans le discours commun. Dans son livre « La psychanalyse, son image, son public » Moscovici montre comment les concepts psychanalytiques ont pénétré le sens commun et sont devenus des « complexes ». Le complexe est perçu comme une opposition entre le « conscient » et l’ « inconscient », ce qui donne une importance particulière au concept de « refoulement ». Exemple : L’amour impossible repose sur une opposition entre amour et contrainte sociale et non d’une supposition cachée et d’une réalité intérieure si complexe. Kahn Pauline Personnalité - partie O.Klein 3 b. L’hypothèse de différenciation Chacun possède un ensemble de traits spécifiques et stables qui constituent son individualité et le différencient d’autrui. Ces traits peuvent concerner bien évidemment les différences physiques mais également les aptitudes ou la personnalité. Exemple : Le film « Zelig » de Woody Allen repose sur cette hypothèse de différenciation. En bref, Zelig est un homme qui n’a pas de personnalité stable et différenciée et est donc considéré comme « anormal » Le concept même d'hypothèse de différenciation suppose qu'on puisse mettre en évidence des traits stables qui distinguent les individus d'un contexte à l'autre. Exemple : Le fait d'aimer prendre des risques dans un domaine ne s'étend pas à̀ d'autres domaines. Théodore Newcomb (1929) a observé le comportement d’adolescents dans des camps sur base d’une grille d’observation précise et chaque comportement pouvait être mis en rapport avec des traits de personnalité spécifiques. Il a examiné le nombre de fois que les comportements associés à un trait apparaissaient chez un enfant les jours pairs puis les jours impairs et en a calculé la corrélation. Pour le trait « bavard », il observe une corrélation inter- comportements intra-trait en moyenne extrêmement faible (0,14) ainsi qu’une cohérence inter-situations fiable et intra-situations élevée. à Une personne n’est pas de nature « bavarde » mais adopte ce comportement dans certaines situations. à En d’autres termes, l’idée que des traits stables expliqueraient les comportements est contestable. c. L’individu autonome L’homme serait autonome et en mesure de prendre des décisions rationnelles par lui-même : v 18e siècle - Période des Lumières : Les philosophes cherchent à revendiquer une capacité de l’individu à s’abstraire de l’autorité religieuse pour décider de lui-même. v Idéal démocratique : Citoyen rationnel et éclairé v Sciences économiques : Elles se fondent sur l’idée de l’« homo economicus » , celui qui prend des décisions rationnelles en fonction de son intérêt personnel. Or, de nombreuses études de psychologie cognitive et de psychologie sociale démontrent que cet idéal de la rationalité individuelle est un mythe. Les gens prennent très souvent des décisions profondément irrationnelles et celles-ci sont souvent loin d'être autonomes. Les facteurs contextuels influencent beaucoup cette prise de décision. L'influence sociale joue un rôle déterminant. On trouve des illustrations particulièrement éloquentes de cette thèse dans le domaine de la psychologie politique. Kahn Pauline Personnalité - partie O.Klein 4 Ballew et Todorov (2007) ont réalisé une étude illustrant les limites de la rationalité politique. Aux États-Unis, dans chaque état, un candidat républicain est opposé à un candidat démocrate. Les auteurs montrent les photos des deux candidats dans différents états à des étudiants New-Yorkais qui ne connaissent pas ces candidats. Ils doivent évaluer le plus rapidement lequel est le plus compétent. Il y a 3 conditions expérimentales : Ils voient soit les visages pendant 100 ms, soit pendant 250 ms ou alors soit autant qu’ils le souhaitent. On ne leur donne aucune information sur les candidats. → On constate que le choix des étudiants correspond au résultat des élections. L’apparence physique des candidats a joué un rôle dans les élections, remettant en cause l’idée que l’électeur juge du programme de chaque participant de façon autonome et éclairée. Les choix électoraux sont souvent déterminés par des facteurs géographiques ou sociologiques. Davis, Bowers et Memon ont mené une étude qui reposait sur le visionnage d’un débat télévisé entre deux candidats britanniques au poste de premier ministre. Pendant le débat se superposait le résultat d’un sondage évolutif manipulé de façon à favoriser l’un ou l’autre candidat. → On constate qu’il exerce une influence déterminante sur les préférences des téléspectateurs. Les décisions, même les plus importantes, sont souvent irrationnelles. Elles sont influencées par des facteurs inconscients, ces décisions sont moins libres qu’on ne le penserait. Les décisions, même les plus importantes, sont rarement individuelles. Elles sont influencées par des facteurs sociaux. à De façon plus générale, la transmission culturelle est nécessaire pour que l’individu puisse devenir un sujet pensant. Ces traits sont utilisés pour expliquer le comportement, comme l’illustre « L’effet Julien Lepers » ou l’erreur fondamentale d’attribution (Ross, Amabile et Steinmetz – 1977). Des sujets se voient arbitrairement attribuer le rôle de « questionneur » ou de « répondant » à un jeu de culture générale. Le « questionneur » lit des questions déjà préparées et le répondant ne connaît pas toujours la réponse naturellement. Même si les rôles ont été attribués aléatoirement, et bien informés, les observateurs extérieurs voient une différence d’intelligences respectives alors que cette différence s’explique par des facteurs situationnels. → On attribue le comportement à des caractéristiques internes. Les décisions prises par l’individu sont loins d’être « autonomes ». Elles dépendent en grande partie de normes et de savoirs transmis par autrui (parents, pairs, institutions…). La transmission du savoir par autrui est donc nécessaire pour développer une quelconque intelligence. Exemple : Les enfants sauvages. Kahn Pauline Personnalité - partie O.Klein 5 Ces décisions sont loin d’être « rationnelles » et selles sont sujettes à des influences dont l’individu n’a pas nécessairement conscience.. La psychologisation et l’idéal d’autonomie favorisent une tendance à expliquer les comportements d’un individu par des facteurs psychologiques: des traits, des dispositions individuelles, des choix rationnels. à Ce faisant, nous risquons de sous-estimer l’influence de la situation, des facteurs contextuels qui influencent les conduites. d. Individu vs société Une autre composante de l'individualisme contemporain réside dans l'opposition entre l'individu et la société. Cette conception se fonde sur l’idée que chacun a un « moi » authentique qui ne demande qu’à s’exprimer et qui est constamment bridé par les contraintes sociales. La société et plus précisément les autres seraient une source d’aliénation qui empêche l’individu d’exprimer sa propre subjectivité et l’amène à se fondre dans la masse. Exemples : « Ma vie en rose » où un garçon souhaite exprimer son identité féminine et fait face à une sanction sociale constante « Billy Elliott » est un film où un garçon veut devenir danseur, ce qui ne correspond pas aux idéaux de la virilité du milieu des ouvriers dans lequel il a été élevé. Or, cette dichotomie est trompeuse. L’opposition entre individu et la société est en fait un produit de l'individualisme contemporain et qui émane de notre conception de l’individu comme un être singulier et potentiellement autonome. Cette vision de l’individu est un produit d’évolution historique et sociale. Selon et Kitayama, lorsqu’on demande à des étudiants japonais de se définir, ils choisissent avant tout des rôles sociaux (père, étudiant, fils de..) alors que les étudiants occidentaux choisissent des traits de personnalité (ambitieux, solitaire..). Pour les Orientaux, les traits de personnalité sont dépendants d’une situation et ne peuvent caractériser l’individu. uploads/Societe et culture/ personnalite-o-klein 2 .pdf

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