Astrid Bell Licence 2 Estelle Bury Culture et Médias Caroline Gourraud Caroline

Astrid Bell Licence 2 Estelle Bury Culture et Médias Caroline Gourraud Caroline Magnoux Pauline Viou TD ESPACES PUBLICS ET DIFFUSION CULTURELLE Dossier de lecture sur le texte d’Edgar Morin : L’ESPRIT DU TEMPS Chapitre 1 : Un tiers-problème Edgar Morin fait figure de précurseur : de nos jours L’Esprit du temps n’a jamais eu autant de résonnance, il livre les clés pour penser notre présent et nous offrir un avenir. Pourtant le livre est rejeté par ses pairs lorsqu’il paraît en 1962, et mis à l’index car il s’interroge sur l’universalité potentielle des œuvres issues de la culture de masse. Les tenants de la sociologie dominante considéraient que les goûts et les dégoûts esthétiques étaient dépendants de la classe où catégorie sociale. Depuis le mépris global de la culture "cultivée" pour les œuvres médiatiques s’est quelque peu atténué. Edgar Morin déclara lors d’une réédition de son livre en 1976 "qu’il n’y aurait rien à y retrancher -mais beaucoup à y ajouter". Il est donc grand temps de relire cet ouvrage pionnier pour décrypter l’esprit de notre temps où les frontières culturelles ont volées en éclats, et d'étudier le point de vue de Morin sur les grandes questions que soulève la culture de masse. Nous allons donc nous intéresser plus particulièrement au premier chapitre de L'Esprit du temps. Nous commencerons cette étude en résumant l'essentiel de ce premier chapitre, et en exposant les grandes idées qui se dégagent de la pensée de Morin. Nous élargirons ensuite le débat en étudiant certains auteurs critiques de la culture de masse, afin de les mettre en relation avec ce que dis l'auteur. La culture chez Morin : entre masses et "cultivés" Résumé du texte Dans l'Esprit du temps, Edgar Morin livre une étude sur la culture de masse et questionne ses valeurs. Le premier chapitre que nous allons étudier prépare la lecture du reste de l'essai. Ce chapitre peut se découper en trois grandes parties. La première partie : la pause d'un problème, et son identification. L'idée d'un problème apparaît tout d'abord dès le titre du chapitre : "Un tiers problème". Un tel titre pour ouvrir le livre pause des questions au lecteur. Le mot "tiers" y apparaît comme si on avait déjà évoquer deux autres problèmes avant. Dès les premières lignes la colonisation de l' Afrique et la domination de Asie sont évoquées et le "tiers" de "tiers problème" semble donc renvoyer à Tiers Monde. Après cette métaphore du problème l'auteur pause son contexte : au début du XXème siècle, la puissance industrielle se développe sur toute la planète. La métaphore continue alors que l'auteur évoque cette industrialisation comme deuxième colonisation. L'âme humaine, (puis l'esprit) est ici comparée à une Afrique colonisée, cette métaphore à connotation négative continue sur le thème de "tiers problème"; il y a donc une idée d'envahissement de l'industrialisation et de la culture de masse. Par quels moyens la puissance industrielle colonise-t-elle les hommes et la société ? La réponse de l' auteur est la marchandisation de la culture. Il précise quand même : si les marchandises culturelles existaient déjà en petit nombre pour permettre une diffusion de la culture, le problème des sociétés industrialisées est que la culture entre trop profondément dans le système marchand et de reproduction technique. La technique entre dans le domaine "intérieur" (privé) de l'homme est y incruste des marchandises. C'est ce problème nouveau qui émerge avec les sociétés industrielles car ce sont elles qui possèdent les moyens de production, de diffusion les plus évolués et qui donnent lieu à de nouvelles formes de culture issues de la "culture de masse". L'auteur la qualifie aussi de "tierce culture". On retrouve ici la métaphore filée, cette idée de tiers culture rappelle l'expression Tiers Etat, qui renvoye à la classe la plus pauvre du Moyen Age. La culture de masse est donc indirectement comparé à une culture pauvre, à la culture du peuple. La culture est produite par des moyens industriels et diffusée par des techniques de diffusion en masse. Pour identifier davantage ce problème et l'expliquer, l'auteur donne la définition de cette tierce- culture/culture de masse. Pour lui la culture masse est l'équivalent culturelle de la société industrielle. C'est la société industrielle qui engendre la culture de masse. Mais la culture des sociétés modernes ne se limite pas à la seule culture de masse. En effet, la culture est une notion trop vaste pour se limiter à cela, Morin développe ce point en donnant une définition de la Culture. Il souligne que la "Culture" varie selon les époques, une culture n'est pas fixe ou définie, elle évolue. Elle se nourrit de nouveaux éléments en permanence. Une culture rassemble des personnes qui s'y identifient car elle fournit des modèles de vie, des repères, normes et valeurs propres à un individu et lui permet de se forger une personnalité par rapport à cela. Toutefois, la personnalité d'un individu ne se forme pas seulement grâce à sa culture mais au cumul ou à la confrontation de plusieurs identités culturelles différentes. Les individus sont confrontés à différentes cultures qui leur donnent différentes identités. Par exemple : la culture nationale : (passé commun, identification à une figure connue), religieuse, et culture humaniste (savoir, sensibilité, autre formes d'éducation). La culture de masse a comme les autres cultures des symboles, des pratiques, des connaissances et des références qui permettent de s'y identifier. Mais elle s'inspire aussi d'éléments de cultures "voisines" comme la culture nationale, religieuse, et humaniste et entre ainsi en concurrence avec ces cultures. Elle est "mal-vue" pour cela d'après Morin. Malgré la concurrence entre les cultures, ce sont les interactions entre elles qui enrichissent la culture principale des hommes. La Culture avec un grand C est donc culture polyculturelle. La culture de masse ne peut pas se passer des autres cultures (nationale, religieuse et humaniste), les cultures s'influencent les unes les autres. La culture de masse n'est donc pas selon Morin la seule culture du XXème siècle , mais elle en devient la plus intéressante car la plus répandue. Le sujet ayant était pausé, dans la seconde partie du texte Morin met en opposition la culture de masse à ses détracteurs principaux . Elle est peut-être la première culture universelle mais il faut prendre en compte l'idée qu'il existe une barrière à cette culture : les intellectuels cultivés. Ces "cultivés" seraient le résultat de la classe issue de l'ancienne aristocratie, une classe où la culture de masse n'a pas sa place. A vrai dire, la culture de masse n'est ni bien vue par les intellectuels ni par les autres sortes de cultures adjacentes; pour les humanistes, elle représente un rabais de la culture, pour les républicains un loisir qui touche les classes populaires, puis pour les gauchistes un moyen fourbe de détourner les populations des problèmes de la société dans lesquels ils sont plongés. On passe d'une pensée marxiste (le travail prime) à une pensée où le divertissement et la "fausse culture" (car surfaite) sont désormais au centre de la société de consommation. Morin remarque que tous les types d'intellectuels, qu'ils soient de gauche ou de droite, méprisent la culture de masse, ils la définissent comme "kitsch". Il y a une réelle rupture entre cette culture cultivée et la culture de masse. Cette dernière ne trouve pas ses origines au milieu des classes sociales élevées mais bien chez les classes populaires : forains, "comédiens ratés", etc. Les intellectuels se trouvent donc dépourvus d'un rôle majeur dans leur propre société, rôle dynamique de la culture en soi. Ils disent de la culture de masse qu'elle est une culture bafouée au profit du progrès technique, de la dimension mercantile de la société, société de consommation qui plus est. Toutefois, si les cultivés rabaissent à ce point la culture de masse, ils ne peuvent s'empêcher d'en faire partie. C'est pourquoi leur place dans les enjeux de l'industrialisation de la culture est assez paradoxale, car ils refusent de voir leur notion de "culture", en tant que création artistique pure et désintéressée, devenir un écrou de plus dans la mécanique capitaliste de leur société. La rupture qui s'opère entre les intellectuels cultivés et les acteurs de l'industrialisation culturelle vient du fait qu'il existe une culture "cultivée", en opposition à la culture de masse. La première dépend d'un jugement, de l'Art et des sensibilités esthétiques, alors que la deuxième est indépendante à tout jugement de valeur, il n'existe pas de prédispositions à avoir pour se divertir, il y a une sorte de vulgarisation de la culture. Morin, après avoir dégagé l'idée qu'il existe une césure entre ces deux classes (cultivées/populaires) propose de nuancer la vision de ces intellectuels. Il questionne le lecteur à propos du caractère usé et ancien des valeurs des intellectuels, qui trouveraient en l'art et la culture l'occasion d'imposer leur richesse et d'en tirer une notoriété alors superficielle. Dans ce cas là, ne faut il pas voir en la culture de masse une "innovation" que les classes intellectuelles ne peuvent juste pas comprendre, ni apprécier, tant elles s'accrochént à leurs vieilles habitudes ? uploads/Societe et culture/ l-esprit-du-temps-chap-1-dossier-espace-public-et-diffusion-culturelle 1 .pdf

  • 19
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager