Do s s i e r 4. IDENTITÉ NATIONALE ET LANGUE FRANÇAISE COMPRÉHENSION ORALE  Do

Do s s i e r 4. IDENTITÉ NATIONALE ET LANGUE FRANÇAISE COMPRÉHENSION ORALE  Document sonore  Document vidéo COMPRÉHENSION ÉCRITE CULTURE ET IDENTITÉ NATIONALE L’identité nationale repose avant tout sur la culture, entendue au sens large du terme comme l’ensemble des traits qui caractérisent une société (sa langue, son histoire, ses références, ses connaissances, ses comportements, ses mœurs). Cette culture est transmise par l’école, la presse, les livres, les échanges quotidiens au sein de la société. Forgée par une histoire de vingt siècles, cette culture n’est nullement figée. Elle s’enrichit aujourd’hui, comme elle l’a fait au long des siècles, des multiples apports venus de l’étranger, qu’elle a progressivement intégrés. Et c’est cette culture, cœur de l’identité nationale, qui a été le principal instrument de l’assimilation des générations d’immigrants qui, tout en se transformant peu à peu, sont devenus Français en l’adoptant à la première ou à la deuxième génération. De la même façon que la population française s’est nourrie d’un sang neuf venu de l’étranger, l’identité nationale s’est affirmée en se modelant peu à peu au gré des influences multiples venues d’au-delà des frontières. Histoire terminale. Paris, 1989. IDENTITÉ NATIONALE ET LANGUE FRANÇAISE Le lieu de notre définition collective est plus que tout la langue: c’est celle-ci que, partout et toujours, les nations exaltent pour être reconnues. Il est donc surprenant que le débat sur l’identité nationale qui a eu lieu en France ne fasse pas référence à la langue française, jusqu’ici enjeu capital sous tous les régimes. Pourquoi est-elle aujourd’hui occultée? Sous les III-e, IV-e et V-e Républiques avant 1992, le français était conçu comme une valeur politique fondamentale, investie même d’une mission 86 civilisatrice. L’école incarnait cette conception. (…) Aujourd’hui, la France voit aussi sa langue comme celle d’un pays membre de l’Union européenne. Dès lors, l’idéologie dominante se contente de camper sur les positions acquises par le français dans le monde, ou même les affaiblit: très souvent, on réduit le nombre et le budget des services culturels français. Cela se fait au moment où des pays (qui ont découvert l’importance de leurs langues pour la promotion mondiale de leurs identités nationales) multiplient partout les instituts: Goethe pour l’allemand, Cervantès pour l’espagnol, Camoes pour le portugais et Confucius pour le chinois. A ces dynamiques foisonnantes tente de répondre le projet d’Institut-Victor- Hugo, certes prometteur, mais non encore doté de tous les moyens de son efficacité. L’oubli du rôle de la langue dans sa définition de l’identité nationale s’accompagne de l’absence de l’État face à l’anglais. Aucun contrôle ne vient contenir ce déferlement (…), qui ouvre un vaste champ à l’américanisation du français dans tous les domaines.(...) Paradoxalement, (…) par opposition aux Français de souche fascinés par tout ce qui est américain, des immigrés voient dans le français le facteur même de leur intégration. Leur vision rejoint celle des 70 pays membres de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), créée en dehors de la France et, au début, sans elle, par des hommes politiques d’Afrique et d’Asie. Une fois acquise l’indépendance, ils ont retenu le meilleur: le pouvoir inhérent à la langue, brocardée par certaines «élites» françaises qui expriment leur hostilité au «français colonial». Les pays francophones comprennent mal que la masse des Français n’aime pas sa langue, et ignore l’OIF, où figurent le Québec, la Belgique, la Suisse, de nombreux Etats d’Europe et d’Asie. C’est la seule fédération bâtie autour d’une langue et offrant un autre choix face à l’anglais. Car avec ce dernier, le français est seul à partager un trait capital: la présence sur les cinq continents. Cette universalité justifie une politique résolue. La France au lieu de donner au seul anglais une présence croissante dans l’enseignement doit introduire dès le début de l’école deux ou trois autre langues. (…) Il faut exiger, d’autre part, que les anciens élèves des grandes écoles françaises cessent d’imposer, sans aucune raison convaincante, l’anglais aux personnels de leurs entreprises installées en France. Il faut que l’école souligne fortement la capacité du français à exprimer à lui seul tous les aspects de la modernité. Il faut y introduire l’histoire de la francophonie, comme matière révélant avec éclat le rayonnement du français. (…) Cette place éminente de la langue française dans l’identité nationale est totalement compatible avec la construction européenne, avec l’affermissement de la présence 87 de la France parmi les puissances économiques d’aujourd’hui. Il est grand temps d’en convaincre le Français et le monde. La gazette. 2010, N 144. QU’EST-CE QU’ÊTRE FRANÇAIS? Astrid de Larminat, dans «Le Figaro», a demandé à cinq écrivains leur vision de la France et de son identité. Frédéric Beigbeder, François Taillandier, Catherine Cusset, Anouar Benmalek et Eugène Green nous parlent de la France et de ces petits quelque chose qui font qu’on retrouve chez les Français comme « des airs de famille ». Être Français, qu’est-ce que cela veut dire? Tenter de répondre frontalement à la question tourne vite au casse-tête. Le point commun entre un Marseillais, un Breton ou un Alsacien ne saute pas aux yeux. Les Français sont un peu comme leurs fromages, ils ne se ressemblent pas, mais on les reconnaît. A quoi? A certains gestes, intonations, une forme d’ironie, un zeste d’arrogance, leur esprit critique (…). Enfant, on aime la France, comme on aime ses parents, sans se poser la question; jeune, on la fuit, on la dénigre, besoin d’aller voir ailleurs. Arrive un âge où l’on constate qu’on y est attaché. On critique son pays, on critique sa famille mais quand on s’en éloigne, leur absence se fait sentir. (…) Dans un pays, comme dans une famille, il y a aussi des pièces rapportées, qui créent parfois du tiraillement mais apportent un sang neuf. Il y a des enfants d’adoption, dont la situation est toujours délicate: qu’ils le veuillent ou non, ils sont pétris de l’idiome, de la culture familiale et nationale où ils ont grandi, cependant ils ne peuvent oublier d’où ils viennent. Frédéric Beigbeder: Je voyage beaucoup, et c’est quand je suis à l’étranger que je me sens le plus Français. Je crois d’ailleurs que je suis le bon défenseur de la France. Je défends sa nonchalance, son esprit, cette espèce de légèreté, de frivolité, d’élégance, ce goût du luxe et de la bonne bouffe. Mais quand je suis en France, je passe mon temps à critiquer la France, et, ça aussi, c’est très français. J’aime la façon de vivre en France, une forme de douceur, un art de la conversation, un goût pour s’habiller, qu’on ne trouve nulle part ailleurs, sinon peut-être en Italie. J’ai envie d’écrire des phrases dans cette langue, de lire des livres en français. Catherine Cusset: J’aime les paysages de la France, la campagne, les arbres, les villes, les villages, les montagnes, tout ce que je n’arrive pas à aimer en Amérique. (..) Passant une année en France l’an dernier pour la première fois en dix-huit ans, j’ai été frappée de voir le nombre d’événements littéraires qui 88 existent, dans le moindre village, et le nombre de gens qui se déplacent pour écouter un écrivain. Eugène Green: L’identité passe par une langue et tout ce qu’elle comporte, une vision du monde, une façon d’être, un passé. Ma patrie, c’est la langue française, dirais-je. Le français est une langue qui dit toujours plus que ce qu’elle énonce. Sous une apparence de simplicité et de transparence, il y a un mystère. L’anglais, qui procède par expressions figées, a plus d’énergie mais n’a pas la même souplesse pour analyser et décortiquer. Et, contrairement à l’allemand, le français reste concret dans l’analyse. François Taillandier: Nous sommes atlantiques et méditerranéens (ce qui est très différent). A Lille ou Cambrai nous somme un peu belges ou flamands; à Marseille, nous sommes orientalisants; entre Vézelay, Bourges et Arles, nous sommes à la fois Gaulois, Romains et chrétiens. En Alsace, nous fêtons Saint- Nicolas. Les poètes provençaux nous ont donné l’Italie, la matière de Bretagne nous ouvre vers l’Irlande. En Ardèche ou en Dordogne, nous sommes carrément préhistoriques. Peu de territoires offrent autant de diversité historique et géographique. Même notre langue charrie des mots de nombreuses langues. Anouar Benmalek: (…) J’ai été éduqué en grande partie par la littérature française. Je dois sans nul doute à la littérature française cet esprit critique que j’ai exercé contre l’intégrisme sous toutes les formes. Les Français oublient parfois qu’ils ont une très grande littérature. L’esprit percifleur des Français fait qu’ils oublient souvent d’être fiers de leur pays. La gazette. 2010, N 145–146. FRANÇOIS TAILLANDIER PLAIDE POUR LA LANGUE FRANÇAISE Le romancier François Taillandier signe un vibrant plaidoyer pour une langue qu’il juge maltraitée par les élites. Et dont il faut redéfinir le rôle. Sans passéisme. – Votre court ouvrage s’inscrit dans la collection polémique Café Voltaire. Est-ce le coup de gueule d’un nostalgique, le libelle d’un râleur? – Un jour, un chauffeur de taxi kenyan, donc non francophone, m’a dit: «Monsieur, il a fallu trois ans pour que je connusse toutes les rues de Paris et cinq ans pour que j’apprisse votre langue, uploads/Societe et culture/ dossier-4 2 .pdf

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