I. Vers une société sans classe ? Les transformations du travail et les mutatio
I. Vers une société sans classe ? Les transformations du travail et les mutations de la classe ouvrière remettent-elles en cause la division de la société française en classes sociales antagonistes ? C’est ce que pensent certains sociologues A. Un processus de moyennisation caractéristique des sociétés post-industrielles Les transformations sociales de la France de la seconde moitié du XXe siècle sont marquées par une transformation numérique des classes sociales et par le développement de la société de consommation qui vont dans le sens d'une moyennisation. 1. une évolution de la structure des emplois • Les ouvriers et les employés, dont le salaire, le niveau de vie et la place sociale sont proches des ouvriers (les mariages sont d'ailleurs fréquents entre les deux catégories) voient leurs effectifs baisser. La CSP la plus nombreuse au début des années 1950 était celle des ouvriers. En 1962, encore, sur 100 actifs, 39 étaient ouvriers. Avec le développement du secteur tertiaire où les emplois d'ouvriers sont possibles mais moins fréquents que dans l'industrie, cette part dans la population active totale ne cesse de décroître. La tertiarisation s'explique par les plus faibles gains de productivité de ce secteur et par l'augmentation de la demande, ces deux phénomènes conjugués conduisant à une hausse de l'emploi dans les services. Depuis 1970, la baisse de l'emploi industriel lié à la mécanisation (l'industrie produit plus mais avec moins d'hommes) accélère cette baisse des ouvriers qui ne sont plus aujourd'hui que la 2e CSP après les employés. Dès le milieu des années, un mouvement de réduction du nombre d’ ouvriers s’amorce : ils étaient encore plus de 7 millions en 1982, ils étaient 6.5 millions environ en 1990 et 5.9 millions seulement en 1999. Cela représente une diminution de plus de 15% des effectifs ouvriers entre 1982 et 1999, alors que, dans le même temps, la population active occupée augmentait. Résultat : la part de la P.C.S. “ ouvriers ” dans la population active occupée a encore plus nettement diminué que ses effectifs : elle est passée de 32.8% de la population active occupée en 1982 à 25.6% en 1999 (Insee, recensements de la population), soit une diminution de 22% environ. Aujourd’hui, la part des ouvriers dans la population active est inférieure à celle des employés Au contraire, la CSP des employés progresse de 18 à 29 % du total des actifs, d'où une stabilisation du total à 57 % des actifs. • la nouvelle classe moyenne est en progression : la part des professions intermédiaires parmi les actifs a augmenté passant de 11 % des actifs en 1965 à 21 % en 1984. D'une part, avec la concentration des entreprises, les emplois d'encadrement progressent, comme par exemple les chefs de service, d'autre part, avec le développement technique, les emplois qualifiés basés sur des compétences intellectuelles, comme les techniciens, sont aussi en hausse. Il faudrait y ajouter une partie des cadres qui ont un revenu, un pouvoir économique et une place sociale plus moyenne que haute (un directeur commercial fait partie de la classe supérieure mais certainement pas un professeur de lycée) pour former l'ensemble de la nouvelle classe moyenne en hausse. Elle est nouvelle parce que sa place est liée à sa qualification, les anciennes classes moyennes (artisans, commerçants, petits chefs d'entreprise auxquels certains ajoutaient les agriculteurs) devaient leur position à la propriété de leur entreprise. Ces anciennes classes moyennes sont en forte baisse avec la concentration des entreprises et avec les gains de productivité. Ce développement des salariés conduit à une homogénéisation des modes de vie, autre élément de la moyennisation de la société française. Une réduction du nombre d’ouvriers 2. Des valeurs matérialistes aux valeurs post-matérialistes ? I –Classes, stratification et mobilité sociale Fiche 2 – La multiplicité des critères de distinction brouille les frontières de classes ? Sociologie 1- 1 – Comment analyser la structure sociale? Acquis de première: groupe social Notions: classes sociales, groupe de statut • La croissance économique assure une augmentation de la richesse qui permet d’augmenter le niveau de vie et d’améliorer le mode de vie : la consommation augmente et se transforme • Les dépenses d’infrastructure (d’éducation, de santé) sont alors prises en charge: la population est plus instruite et en meilleure santé • comme la population est plus riche et plus instruite, les revendications changent d’après R.Inglehart : de matérielles, elles deviennent immatérielles. La population souhaite alors plus de liberté, plus d’égalité. B. Une remise en cause de l’antagonisme de classes ? 1. Les effets de la réduction des inégalités sur la conscience de classe ( 3 p 194) P Beneton écrit : « dans les sociétés européennes du 19ème siècle paysans, ouvriers et bourgeois différaient profondément par leurs modes de vie . Ces différences se sont, dans une mesure importante estompées. Bénéton pour appuyer sa thèse prend l’exemple des deux catégories populaires les plus représentatives : les paysans et les ouvriers : • il constate que « le jeune agriculteur français d’aujourd’hui n’a plus grand chose de commun avec ses aïeux : « c’est un producteur urbanisé qui vit à la campagne » • « Quant à l’ouvrier il s’est embourgeoisé, la culture ouvrière a donc perdu la spécificité qui la caractérisait. « Conclusion : Bénéton peut-en conclure que cette tendance à l’homogénéité se manifeste dans de multiples aspects de la vie quotidienne. 2. Un repli de la conscience de classe La population a des modes de vie qui se rapprochent, la forte réduction des inégalités économiques ( revenu) , sociales ( grâce à la redistribution et à l’Etat- providence) et éducatives ( démocratisation du système scolaire ) conduisent à une réduction forte de la conscience de classe, au sens marxiste . C. La moyennisation de la société 1. Tocqueville, un précurseur de la moyennisation ( 1 p 194) Tocqueville, au XIX° siècle, donne au terme démocratie un sens plus large que celui qui lui est généralement donné par les politistes :Il désigne par ce terme un état de la société et non une forme de gouvernement. Selon lui, la démocratie se caractérise par une égalisation des conditions. Mais qu’entend-il par-là ? • Cela signifie t’il que dans les sociétés démocratiques tous les individus sont intellectuellement égaux ? Non cela serait absurde. • Alors peut- on considérer qu’il existe une égalité économique ? Cela parait impossible à Tocqueville pour qui « il se rencontre toujours des citoyens très pauvres et des citoyens très riches » • Par démocratie il entend donc la disparition des ordres ou des classes héréditaires qui caractérisaient les sociétés d’ancien régime .Dès lors qu’il n’y a plus de différences héréditaires de conditions toutes les occupations, toutes les professions, toutes les dignités, tous les honneurs sont accessibles à tous les individus et non plus à une élite se les transmettant de père en fils. Cela va avoir deux conséquences essentielles : • Contrairement aux sociétés d’ancien régime on peut certes observer des pauvres mais ceux- ci ne représentent plus la majorité de la population : avant 1789 la noblesse qui était la classe dominante pesait moins de 5 % de la population. • Au contraire dans la société démocratique « de même qu’il n’y a plus de race de pauvres , il n’y a plus de races de riches » , les riches et les pauvres qui n’ont pas disparus sont devenus minoritaires et « entre ces deux extrémités de sociétés démocratiques se trouve une multitude d’hommes presque pareils, qui, sans être précisément ni riches, ni pauvres, possèdent assez de biens pour désirer l’ordre, et n’en n’ont pas assez pour exciter l’envie. Conclusion : Tocqueville considère donc que la classe qui est dominante du point de vue du nombre et qui est représentative des sociétés démocratiques est la classe moyenne, qui n’est pas une classe au sens marxiste du terme (il vaudrait mieux parler de strates, mais le groupe central par rapport auquel va se définir la société. Avec la démocratie on peut donc parler d’une moyennisation de la société. 2. Un phénomène caractéristique des 30 Glorieuses ( 2 p 194) La France, comme la majorité des pays occidentaux, a mis en place, à la libération, un modèle de développement fordiste reposant sur 3 piliers : • une organisation du travail assurant de formidables gains de productivité reposant sur les principes tayloriens et fordiens • ces gains de productivité vont systématiquement être redistribués à l’ensembles des catégories sociales sous forme de hausses régulières du pouvoir d’achat qui va permettre d’accroître continuement la demande effective qui est à l’origine du modèle de production et de consommation de masse • une organisation centralisée et rigide de la redistribution stabilisée par un réseau de conventions collectives , par la législation sociale et par la part centrale de l’Etat-Providence Sur le blog de C.Peugny : Haut, moyen, bas : se situer dans l’échelle sociale Un article de l’observatoire des inégalités sur la moyennistaion de la société et sa remise en cause : ici Le Monde : Hausse des inégalités : la France moins touchée - LeMonde.fr Un rapport de l’OCDE : uploads/Societe et culture/ fiche-112-la-multiplicite-des-criteres-de-distinction-brouille-t-elle-les-frontieres-de-classes.pdf
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- Publié le Fev 08, 2021
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