▲Image 5 :Latitudes. Couverture du volumeCentre 16 - Latitudes. Architecture da

▲Image 5 :Latitudes. Couverture du volumeCentre 16 - Latitudes. Architecture dans les Amériques, Tome 1, L'Université du Texas à Austin, Austin 2012. Amérique latine : creuset culturel 51 Traduit de Italien vers Français - www.onlinedoctranslator.com elle correspond à une attaque de front : l'Amérique latine n'est pas un continent et sa construction ne peut passer que par la « conquête » du Mexique. C'est le pays désigné pour construire, par la contiguïté physique, une continuité culturelle avec ce qui n'est pas contigu : l'Amérique du Sud. La mesure dans laquelle le Mexique justifie l'idée d'une Amérique latine est la mesure qui permet aux États-Unis de « conquérir » le continent sud24. La conquête physique de vastes zones de domination mexicaine s'était déjà produite auparavant avec la guerre américano-mexicaine menée entre 1846 et 1848. Dans ce cas, la conquête territoriale correspondait à une conquête économique et politique internationale : l'accès à l'océan Pacifique permettait aux États-Unis pour prendre une nouvelle dimension avec vue sur les deux fronts de l'océan. Cette conquête dessine une nouvelle géographie de la dépendance, nommée par l'Europe. De là vient la lettre papale qui établit et consacre un autre "Nouveau Monde"25: L'Amérique se réinvente comme un tout du nord des États-Unis. L'inversion nominale est démonstrative du déplacement du centre dans les nouvelles hiérarchies mondiales, donc elle énonce aussi les nouveaux systèmes de dépendance et de subordination. L'exposition de 1940 montre comment le MoMA est le centre par lequel transmettre la vision de cette réalité, les sections qui le composent sont utiles pour comprendre la relation culturelle que le Mexique entretient avec la « nouvelle Amérique » :Art pré- espagnol, art colonial, art folklorique et populaire, art moderne et art enfantin26. Les histoires culturelles qui distinguent chacune de ces sections établissent une imagerie de référence très forte et reconnaissable. Mais la construction du rapport entre ces imaginaires représente l'effort pour la construction d'un parcours capable de structurer une continuité entre le projet moderne de cette culture, exprimé qualitativement par Frida Kalho et Diego Rivera, à un projet moderne qui lui est étranger. L'esprit qui a guidé les commissaires de cette exposition était le même qui a guidé une exposition précédente intituléeExposition nationale des arts populairestenu à Mexico en 1921 inspiré par l'idée d'une "tradition vivante"27comme la capacité de l'art vernaculaire à représenter l'esprit d'une « mexicanidad » primordiale28. Une identité mexicaine séculaire vivante dans le travail du présent. L'exposition du MoMA reprend ces thèmes et raconte l'art mexicain comme une "guerre culturelle"29entre différentes traditions, des traditions qui se côtoient, jusqu'à l'art moderne qui, reprenant motifs et techniques 24La conquête du Mexique s'accompagne d'actions continues visant à définir la domination des États-Unis dans la « Méditerranée américaine », formée par le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes, comme en témoigne la politique du « gros bâton » mise en œuvre par le président de aux États-Unis Roosevelt pendant ses deux mandats, de 1901 à 1909. Rounquié [1987] 2000, pp. 27-28. 25Rojas Mix 1991, p. 23. 26Réel 2012, p. 50. 27Réel 2012, p. 57. 28Lopez 2010, p. 76. 29Réel 2012, p. 67. 52 Formes de synthèse ▲Image 6 :Latitude 5. Symposium 2013. Affiche de la cinquième édition. UTSOA - FAUUSP, Sao Paulo 13-14 juin 2013. Amérique latine : creuset culturel 53 ▲Image 7 :20 siècles d'art mexicain 20 Siglos de Arte Mexicano. Couverture. Maman 1940. de l'art populaire, participe à ce mouvement continu. Roberto Monténégro30dans le Bulletindu MoMA de mai 1940 précise que : « L'élan artistique qui a produit cet art populaire [...] est en partie un héritage racial qui n'a cessé de se développer au Mexique depuis l'ère préhispanique »31. « Typique », un caractère typiquement mexicain, doit donc être compris comme quelque chose de dynamique ; une culture matérielle vivante, capable de raviver l'esprit mexicain au fil du temps, longtemps. Cette idée d'un caractère mexicain, manifeste dans sa diversité, peut être soutenue sur la base d'une idée précise de la culture. Une culture que l'on retrouve dans l'hybridation32, dans la diversité culturelle qui coexiste au Mexique, source de richesse identitaire. La coexistence de la culture indienne, avec le métis et le rural, tout en distinguant des groupes sociaux, est à l'origine de la vitalité artistique qui trouve le sens du caractère mexicain dans le jeu des différences et des ambiguïtés de ces cultures.33. La démonstration est offerte par l'exposition, qui montre la capacité de cette idée de culture à absorber et valoriser même des éléments européens et modernes, typiques de la société contemporaine, mais aussi, confirmant le rôle et la fonction politique du MoMA, à savoir construire une autre idée de la culture, celle nord- américaine du panaméricanisme. L'idée d'une Amérique unie en une seule nation est née avec Simon Bolivar au début du XIXe siècle. Ses postes 30Roberto Montenegro, Jorge Enciso et Gerardo Murillo organisent, au nom du ministre de l'Éducation José Vasconcelos, l'expositionExposition nationale des arts populairesà partir de 1921. Catalogue d'exposition :Murillo 1921. 31"L'impulsion artistique qui a produit cet art populaire […] est en partie un héritage racial qui s'est poursuivi sans interruption au Mexique depuis l'époque pré-espagnole". [tdA], p. 62. 32"Comme l'observe Marisol de la Cedena, contrairement à d'autres pays de la région avec une importante population indigène, comme le Pérou, le Mexique, soutenu par des intellectuels comme Manuel Gamio et José Vasconcellos, a rejeté le sens négatif qui fait partie de l'hybridation et a accueilli les aspects positifs du métissage hybride et racial ». [tdA] Real 2012, p. 62, note 122. 33Réel 2012, p. 66. 54 Formes de synthèse ▲Illustration 8 :Latitude 6. Symposium 2014. Affiche de la cinquième édition. UTSOA, Austin 3-4 avril 2014. Amérique latine : creuset culturel55 ils inspireront les mouvements d'indépendance qui, à l'inverse, feront naître nombre de nations immédiatement en antagonisme les unes avec les autres. L'extension de ces théories à l'autre Amérique se généralise vers la fin du même siècle pour soutenir la politique américaine soucieuse de construire des relations commerciales solides. Le MoMA devient le lieu et l'outil de diffusion et de production de cette idée précisément à travers les expositions et leurs catalogues ; la séquence temporelle et thématique en est la démonstration, reflet d'une véritable expérimentation architecturale : "dans les années quarante le guide, dans l'expérimentation architecturale, était d'abord pris du Mexique, puis, en particulier, du Brésil"34. Le Brésil construit35, l'exposition sur l'architecture moderne brésilienne qui s'est tenue au MoMA en 1943, est en fait une opération métonymique : étant donné l'impossibilité de rassembler du matériel de qualité, en quantité suffisante, pour créer une exposition incluant plusieurs réalités latino-américaines, le sens expressif est transféré au brésilien réalité seulement36. L'architecture brésilienne, plus que toute autre réalité architecturale produite sur le « continent », est exaltée comme l'expression la plus claire de l'esprit moderne qui la traverse. Cette exposition est en fait l'antécédente de celle de 1955, du moins dans ses intentions. L'opération métonymique consiste à substituer le contenu au « contenu », ou plutôt le Brésil au « continent ». Ce que le Brésil exposé est capable de dire sur le Brésil réel n'est pas dans l'intérêt de l'institution muséale. L'objectif du récit est de véhiculer une nouvelle image, d'une Amérique moins latine et plus proche de son nouveau centre. Cette proximité retrouvée réduit l'éloignement du Brésil du monde occidental mais, en même temps, met en œuvre un mouvement inverse, loin de son caractère "latino- américain".37. Le récit brésilien dépeint la façon moderne de penser et de vivre, un exemple d'une Amérique latine qui n'est plus caractérisée qu'en apparence par un pittoresque primitif et arriéré.38. L'idée de redorer l'image du pays avait déjà été évoquée lors de la participation à laExposition universelle de New Yorkde 1939. Le pavillon construit à la foire, son histoire et la façon dont elle a été racontée expliquent les raisons pour lesquelles le Brésil est le pays le plus apte à poursuivre la conquête culturelle. Ce pavillon39raconte une manière de vouloir se représenter hors de ses propres frontières ; c'est l'un des premiers projets, sinon le premier, imaginé pour montrer le sien de manière appropriée, "familière" 34« Dans les années 40, le leadership de l'expérimentation architecturale a d'abord été pris par le Mexique puis, et surtout, par le Brésil ». [tdA] Bergdoll - Comas - Liernur - Real 2015, p. 17. 35Le Brésil construit13 janvier - 28 février 1943. Catalogue d'exposition : Goodwin 1943. 36Réal, 2012, p. 154. 37Réal, 2012, p. 164. 38Réal, 2012, p. 163. 39Le pavillon a été conçu par Lucio Costa avec Oscar Niemeyer. 56 Formes de synthèse ▲Illustration 9 :Latitude 7. Colloque 2015. Affiche de la cinquième édition. UTSOA - ARQ UC, Santiago du Chili 7-8 septembre 2015. Amérique latine : creuset culturel 57 identité nationale à une culture internationale40. Le pavillon doit en effet représenter un pays lié à sa terre par une économie agricole forte, tournée vers l'exportation, mais en même temps industrialisée, moderne : il doit représenter "l'état d'ordre et de progrès"41. Les formes et les éléments choisis parlent de cette modernité internationale : alors que certaines solutions architecturales d'adaptation uploads/Societe et culture/ latitudes-couverture-du-volumecentre-16-latitudes-architecture-dans-les-ameriques-tome-1-l-x27-universite-du-texas-a-austin-austin-2012 1 .pdf

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