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HAL Id: hal-01997150 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01997150v2 Submitted on 21 May 2019 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Médiation Culturelle, définition et mise en perspective d’un concept fondamental aux mondes de l’art Elisa Ullauri-Llore, Nicolas Debade, Nicolas Doduik, Sylvia Girel To cite this version: Elisa Ullauri-Llore, Nicolas Debade, Nicolas Doduik, Sylvia Girel. Médiation Culturelle, définition et mise en perspective d’un concept fondamental aux mondes de l’art. 2016. hal-01997150v2 Laboratoire méditerranéen de sociologie UMR 7305 - Aix Marseille Université - CNRS Maison méditerranéenne des sciences de l’homme 5 rue du Château de l’Horloge, BP 647 13094 Aix-en-Provence http://lames.cnrs.fr Médiation Culturelle, définition et mise en perspective d’un concept fondamental aux mondes de l’art Elisa Ullauri-Llore Aix Marseille Univ, CNRS, LAMES, Aix-en-Provence, France Nicolas Debade Aix Marseille Univ, CNRS, LAMES, Aix-en-Provence, France Nicolas Doduik Aix Marseille Univ, CNRS, LAMES, Aix-en-Provence, France Sylvia Girel Aix Marseille Univ, CNRS, LAMES, Aix-en-Provence, France Médiation Culturelle, définition et mise en perspective d’un concept fondamental aux mondes de l’art Elisa Ullauri-Llore, Nicolas Debade, Nicolas Doduik, Sylvia Girel La délicate quête d’une définition : « Pour commencer, il faut réfuter le sens commun : la médiation ne se résume pas à servir d’intermédiaire pour transférer un contenu d’un point A à un point B, d’un émetteur à un récepteur. Elle ne vise pas à apporter des informations sur un objet à un sujet destinataire, pas même à expliquer. C’est là une vision limitée, et pour tout dire une méconnaissance de la médiation culturelle. Celle-ci est beaucoup plus riche et a une portée plus fondamentale que cela1 ». L’expression « médiation culturelle » est aujourd’hui utilisée comme allant de soi et comme désignant des activités et un domaine bien identifiés, à tout le moins pour les mondes de l’art et de la culture, au regard des disciplines qui s’y intéressent et dans les formations au service de l’art. Force est de constater au fil des articles, ouvrages et colloques consultés que la diversité et parfois la divergence des points de vue exposés amènent à une vision contrastée rendant la définition de la médiation culturelle malaisée. Trop précise, elle exclut des formes de médiation informelles, ponctuelles, actuelles ; trop élargie, elle se confond et se superpose à d’autres domaines (celui de l’animation, de l’action culturelle, de la sensibilisation, de l’éducation artistique et culturelle, etc.). En effet, la médiation culturelle se définit généralement par sa fonctionnalité. Celle-ci « vise à faire accéder un public à des œuvres (ou des savoirs) et son action consiste à construire une interface entre ces deux univers étrangers l’un à l’autre (celui du public et celui, disons, de l’objet culturel) dans le but précisément de permettre une appropriation du second par le premier » (Davallon, 2004). Ainsi, des outils d’aide à la visite aux actions proactives2, « les médiations désignent plus largement les dispositifs et les catégories d’acteurs qui participent à leur conception, puis à leur diffusion-mise en œuvre » (Caillet et Jacobi, 2004). La médiation culturelle est interrogée également à partir d’une hétérogénéité de postulats : les enjeux de l’évolution des politiques culturelles – de l’action culturelle au projet de démocratisation culturelle (Marie-Christine Bordeaux), la relation entre les publics et les musées (Elisabeth Caillet), la construction du lien social (Jean Caune), sa dimension symbolique du fonctionnement médiatique de l’exposition (Jean Davallon), en tant que « passage » vers une expérience sensible (Jean Charles Berardi, 2003), etc. Loin d’une définition unifiée, la médiation culturelle incarne une multiplicité d’actions développées, se fabrique dans un panorama extensif d’espaces, provoque une pluralité 1 Serge Chaumier, François Mairesse, La médiation culturelle, Paris, Armand Colin, Coll. « U Sciences Humaines & Sociales », 2013, p. 26. 2 Elisabeth Caillet distingue les médiations d’art contemporain entre « implicites » (ensemble de dispositifs, des moyens et des acteurs qui participent dans la chaine de la médiation) « proactives » (tout ce qui autour des œuvres donne à lire l’œuvre mais ne se substitue pas à elle), « indirectes » (procédures et interventions) ou « actives » (ensemble d’actions en direction de différentes catégories de publics en vue d’un accompagnement vers l’appréciation ou l’interprétation de l’art contemporain). d’effets et son sens diffère ainsi selon son usage théorique ou pratique3. Et ce, également en fonction des différents champs artistiques et culturels dans lesquels elle s’exerce. Nous pouvons admettre alors que face à une œuvre, chaque expérience esthétique est singulière et qu’« il n’y a ni bonne réponse ni vérité et qu’il n’existe que des manières de présenter, de fonder en raison son sentiment ». (Montoya, 2007) Médiation et démocratisation culturelle Selon Marie-Christine Bordeaux la médiation culturelle fait partie de ces « fonctions qui mettent au cœur de l’activité culturelle non seulement la question des publics, mais aussi celle de la transmission, de la diffusion du goût pour les formes contemporaines, de l’accompagnement des différentes formes de pratiques ». Celle-ci désigne l’objectif non satisfait de justice sociale dans la répartition des biens culturels ainsi que le besoin de refonder sur d’autres bases le paradigme général de la démocratisation culturelle. Cette approche émancipatrice de la transmission des biens culturels s’inscrit en tant qu’héritière des enseignements de « l’éducation populaire ». Ainsi, la « méditation culturelle pourrait constituer, comme l’avance Laurent Fleury, le lieu où se retrouvent les idéaux promus par « l’action culturelle prisée dans les années 1960, l’animation culturelle critiquée en 1968, le développement culturel promu par Jacques Duhamel dans les années 1970 et ce qu’il est convenu d’appeler, depuis les années 1990, la médiation culturelle, c’est-à-dire l’application d’une politique de démocratisation culturelle4 ». Les notions de « démocratisation de la culture » et de « démocratie culturelle » correspondent à différentes conceptions de la culture et de sa relation à la société. Celles- ci participent de la construction conceptuelle de la médiation culturelle qui est indissociable de l’enjeu politique 5 . Ces termes ont été consacrés à différents types d’intervention de l’état en termes de sensibilisation et d’accompagnement du rayonnement culturel et patrimonial français. Alors que la démocratisation insistait sur la transmission directe des codes définissant la Culture (sous l’inflexion d’André Malraux dès 1958) à travers un soutien et une valorisation de la création, la démocratie culturelle renvoie de son côté à l’alternance politique et la nomination de Jack Lang au Ministère de la Culture en 1981. L’accompagnement des pratiques, la sensibilisation et surtout la reconnaissance de différentes cultures se retrouvent réunis et défendus au sein de ce ministère. Les différentes formes de « culture populaire » (cinéma, photographie, bande dessinée, variétés, rock, rap, photographie, cirque, cinéma…) sont alors reconnues comme des arts à part entière. Le rôle de la médiation en tant que telle se voit alors évoluer vers une nouvelle forme de « contact » et de transmission, moins « verticale ». Il n’y a plus la distinction d’une 3 La médiation culturelle remettrait en cause la force communicationnelle immédiate et universelle de l’œuvre et se caractériserait en tant que modèle d’éducation non formelle (en opposition à l’éducation formelle proposée par l’école). 4 « L’influence des dispositifs de médiation dans la structuration des pratiques culturelles. Le cas des correspondants du Centre Pompidou » par Laurent Fleury Lien social et Politiques, n° 60, 2008, p. 13-24. Disponible en ligne http://id.erudit.org/iderudit/019442ar 5 Ces deux modèles sont souvent opposés. La démocratie culturelle, faisant valoir une conception plurielle de la culture en y incluant les cultures populaires, défend l’idée selon laquelle l’action culturelle doit permettre aux groupes sociaux les plus démunis, ancrés au sein des processus de domination culturelle, d’acquérir les moyens de leur propre accession culturelle. La démocratie culturelle est souvent présentée dans une logique ascendante, partant des pratiques culturelles de tous, pour construire un scénario de la culture pour tous. La démocratisation culturelle de son coté, vise à permettre l’accès à tous de la culture et des productions artistiques reconnues et légitimées au sein des mondes de l’art. Présentée selon une logique descendante, la démocratisation culturelle part d'en haut vers les publics et les « non-publics ». « culture cultivée » à enseigner, mais élaborer un échange de connaissances et de points de vue (en fonction des expériences esthétiques définissant chacun des individus constituant une forme de public)6. Une difficile reconnaissance : La difficulté à asseoir la légitimité de la médiation au sein des institutions culturelles a été constatée non seulement sur les textes institutionnels des politiques culturelles (Bordeaux ; 2008) dans un panorama marqué par le modèle de la « démocratie culturelle » - « Les années 60 avaient consacré l’action culturelle comme étendard de l’action gouvernementale, en empruntant le terme au secteur socioculturel pour qualifier le rôle nouveau attribué aux Maisons de la uploads/Societe et culture/ mediation-culturelle-definition-et-mise-en-perspective-d-x27-un-concept-fondamental-aux-monds-des-arts-pdf.pdf
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- Publié le Mar 27, 2022
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