APDRA Pisciculture Paysanne Projet de Développement de la Rizi-Pisciculture de
APDRA Pisciculture Paysanne Projet de Développement de la Rizi-Pisciculture de Guinée Forestière Intégration et contribution de la pisciculture au développement agricole du sud de la Guinée Forestière. Charline Rangé et Augustin Palliere, APDRA Pisciculture Paysanne Décembre 2017 Atelier d’extraction de l’huile de palme et élevage porcin au bord d’un étang pisci-rizicole à Gbotoye (préfecture de N’Zérékoré) Rangé C. et Palliere A. 2017. Intégration et contribution de la pisciculture au développement agricole du sud de la Guinée Forestière. APDRA Pisciculture Paysanne. Projet de Développement de la Rizi-Pisciculture en Guinée Forestière. 57 p. Résumé Cette note analyse les modalités d’intégration de la pisciculture dans les exploitations agricoles familiales de Guinée Forestière et plus généralement comment le développement de cette activité s’intègre dans les dynamiques rurales contemporaines et y contribue. On se base sur une analyse historique des dynamiques agraires comprises au sens large de l’évolution des modes d’exploitation du milieu, des modalités de l’intégration économique de la région, des rapports sociaux en particulier des rapports fonciers. Le développement de la pisciculture s’est concentré dans le sud de la Guinée Forestière et singulièrement dans la préfecture de N’Zérékoré. L’agriculture de cette région, qui se caractérise par des densités de population relativement fortes, repose historiquement sur l’exploitation en abattis brûlis des friches arborées. Le développement des agro-forêts à base de café associées à la palmeraie sub-spontanée est ancien mais s’est accéléré dans les années 1990 dans le contexte d’un accroissement démographique sans précédent accompagné d’un double phénomène de privatisation et marchandisation du foncier rural. Instabilité des prix du café et baisse de la fertilité entraînent cette économie dans la crise dans les années 2000. En réponse à cette crise et aux nouvelles opportunités offertes par la croissance des centres urbains secondaires, on observe, dès la fin des années 2000, un essor du vivrier marchand, notamment des filières « palmiers à huile » et élevage porcin confiné. Le développement récent de la pisciculture a été favorisé, et en même temps a contribué, à ces tendances. En aval de la filière élevage porcin confiné – palmiers à huile, la pisciculture a nettement profité de l’essor du vivrier marchand. Non seulement, l’aménagement piscicole contribue à augmenter les rendements rizicoles en bas-fonds, mais de plus la pisciculture ne concurrence que faiblement les autres activités agricoles et contribue à l’économie domestique en apportant un revenu supplémentaire relativement stable sans besoin de trésorerie importante. L’analyse technico- économique confirme la performance des modèles promus par l’APDRA Pisciculture Paysanne en Guinée du point de vue des indicateurs choisis – productivité de la terre, du travail et rentabilité du capital. Ce résultat une décennie après la première étude menée dans ce sens par l’APDRA témoigne de la résilience des systèmes piscicoles dans un contexte incertain. Dans un contexte de remise en cause régulière des délégations de droits fonciers, l’aménagement piscicole participe de la volonté de sécuriser l’accès à une parcelle de bas-fonds, source de revenus. Pour les femmes, en tant qu’épouse on observe qu’elles gardent leur droit sur la production rizicole que l’aménagement contribue à augmenter ; en tant que mère elles sécurisent les droits fonciers de leurs enfants. Finalement les cas d’accaparement foncier apparaissent rares. La plupart des pisciculteurs sont des petits planteurs familiaux, ceux-ci représentant la majorité des populations rurales du sud de la Guinée Forestière. La pisciculture a également intéressé d’autres catégories de producteurs. Pour les petits planteurs familiaux qui l’ont adoptée, la pisci- riziculture représente une part importante des revenus totaux. Pour les exploitations patronales, la pisciculture est avant tout une solution pour valoriser les effluents des élevages confinés dans lequel ils investissent. Plus que pour les autres catégories, pour les jeunes « ruraux sans terre », aménager un étang piscicole permet de se faire reconnaître des droits fonciers et de sécuriser une source de revenu au village et, partant, un parcours entre ville et campagne. Sommaire Résumé.................................................................................................................. 3 Sommaire ............................................................................................................. 5 Introduction ......................................................................................................... 1 1 Approche et méthode. Appréhender le développement de la pisciculture dans les dynamiques rurales régionales. ........................................................... 3 1.1 Approche : analyser les dynamiques rurales pour mieux comprendre le développement de la pisciculture en Guinée Forestière ............................................................................................................ 3 1.2 Appréhender la diversité des situations et choisir les bons indicateurs ....................................... 4 2 La Guinée Forestière. Des milieux et des sociétés diversifiés. .................. 9 Zonage de la région d’intervention du PDRP-GF (extrait du rapport annuel 2015 du PDRP-GF). ...... 13 3 Les dynamiques rurales dans le sud de la Guinée Forestière. Le vivrier marchand, une sortie de crise pour l’économie de plantation. ..................... 15 3.1 L’essor des palmeraies et de l’élevage confiné en relation avec la densification des campagnes et le développement urbain .................................................................................................................... 15 3.2 Les modalités d’accès au foncier : concentration, insécurisation et précarisation .................... 19 3.3 Autonomisation des jeunes et rurbanisation .............................................................................. 23 3.4 Des patrons aux ruraux « sans-terre » : la différenciation socio-économique ........................... 24 Pour résumer ... ..................................................................................................................................... 29 4 La pisciculture : un investissement rentable accessible à une majorité de producteurs en Guinée ...................................................................................... 31 4.1 Intensification et intégration aux autres ateliers de l’exploitation agricole familiale ................ 31 4.2 Les aménagements piscicoles : sécurisation ou accaparement des bas-fonds ? ........................ 43 4.3 La pisciculture : une innovation adoptée par une grande diversité de producteurs ................... 48 Pour résumer ... ..................................................................................................................................... 53 Conclusion .......................................................................................................... 55 Références .......................................................................................................... 61 Annexes ............................................................................................................... 65 Rendements, prix et temps de travaux pour les systèmes de culture ..................................................... 65 Données des enquêtes par exploitation (page suivante) ........................................................................ 71 1 Introduction En Guinée Forestière, la pisciculture est une innovation récente, introduite essentiellement à travers des projets de développement agricole. On compte aujourd’hui plus de 1500 exploitations agricoles familiales engagées dans la pisciculture dans cette région. Le succès de cette activité en Guinée Forestière est autant celui d’un modèle technico-économique bien adapté au contexte de la région que le résultat d’une démarche, élaborée progressivement par les acteurs publics et privés – en particulier l’APDRA Pisciculture Paysanne – depuis la fin des années 1990, qui place au centre les producteurs, avec comme premier critère la valorisation du travail paysan et le dialogue entre des techniciens professionnels et des pisciculteurs de plus en plus expérimentés (Oswald 2013). Depuis 1999, les projets piscicoles de l’APDRA Pisciculture Paysanne sont mis en œuvre avec un double objectif de lutte contre l’insécurité alimentaire et d’amélioration et de sécurisation des revenus ruraux. Cette note présente un ensemble de connaissances sur les dimensions agro-socio-économiques de la pisciculture en Guinée Forestière permettant de juger du potentiel de développement de l’activité dans la région, et de sa contribution au développement rural et territorial. Elle répond ainsi à trois questions : Qui sont les pisciculteurs de Guinée Forestière ? Une des critiques fréquemment formulées aux projets de l’APDRA qui fonctionnent sans subvention matérielle ou financière est de s’adresser à la couche rurale la plus aisée. Une autre critique concerne la dimension foncière des aménagements piscicoles : exigeant de disposer de droits durables sur une parcelle de bas-fonds, l’activité n’exclut-elle pas la partie la plus vulnérable de la population rurale (les femmes, les jeunes, les « étrangers ») ? Dans quelle mesure la pisciculture permet-elle d’augmenter les revenus des producteurs ruraux ? La pisciculture paysanne est souvent vue comme une activité visant à améliorer l’autoconsommation, avec un impact limité sur le revenu monétaire des paysans. Qu’en est-il vraiment ? La pisciculture renforce-t-elle la durabilité de l’agriculture familiale ? En Afrique sub- saharienne, l’agriculture familiale est soumise à des changements rapides, démographiques (Gendreau 2008) notamment, et à une forte incertitude, incertitude climatique, incertitude des marchés (Losch et al. 2013). La Guinée Forestière ne fait pas exception à ce constat général. Par ses effets d’entraînement (positifs ou négatifs) sur les autres productions et activités rurales, comment la pisciculture influe-t-elle sur la durabilité des agricultures familiales de Guinée Forestière ? Intégration et contribution de la pisciculture au développement agricole du sud de la Guinée Forestière. 2 Après la présentation succincte de la méthode utilisée (partie 1) et de la diversité des contextes environnementaux et socio-économiques en Guinée Forestière (partie 2) nous abordons successivement les dynamiques rurales contemporaines dans le sud de la région (partie 3) puis la place de la pisciculture dans ces dynamiques (partie 4). En conclusion, nous examinons la portée – et les limites – de nos résultats au regard de la question de l’action publique en faveur du développement de la pisciculture et de l’enjeu du « passage à l’échelle » pour un développement massif d’une pisciculture commerciale intégrée aux exploitations familiales. 3 1 Approche et méthode. Appréhender le développement de la pisciculture dans les dynamiques rurales régionales. Plutôt qu’une discussion détaillée sur les outils mobilisés dans ce travail, qui nous éloignerait de notre objet, nous optons pour une présentation des grands principes méthodologiques qui ont guidé notre approche des questions posées en introduction, notamment pour le calcul des performances technico-économiques. Les références bibliographiques de cette première et courte partie renvoient à des plus longs développements sur ces questions. 1.1 Approche : analyser les dynamiques rurales pour mieux comprendre le développement de la pisciculture en Guinée uploads/Societe et culture/ pisciculture-et-developpement-agricole-atcahiersjaunes.pdf
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- Publié le Jan 09, 2021
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