Handicap et sports JB Piera D Pailler JC Druvert Résumé. – Le sport, pour les h
Handicap et sports JB Piera D Pailler JC Druvert Résumé. – Le sport, pour les handicapés physiques et visuels, se présente sous de multiples aspects aux objectifs complémentaires. Pour le plus grand nombre, il s’agit de profiter de bénéfices physiques, psychologiques et sociaux déterminants. Pour les enfants handicapés physiques, l’intégration prévue par la loi en milieu scolaire normal est de mieux en mieux appliquée. Après la survenue d’un handicap, l’activité physique et sportive est un excellent outil de rééducation et de réadaptation. Toutes les personnes handicapées peuvent pratiquer de nombreux sports, de loisirs ou de compétition. Certains accèdent à un très haut niveau de performances sportives. Qui dit compétition dit classification préalable pour harmoniser les chances. Les handicapés visuels comme les très grands handicapés peuvent également pratiquer des activités adaptées. © 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés. Mots-clés : handicap, handicapé physique, handicapé visuel, amputé, sports, fauteuil roulant. Introduction Faire du sport n’est pas plus exceptionnel pour un handicapé physique que pour un valide, et les motivations sont les mêmes : satisfaire le besoin de mouvement, s’intégrer dans une équipe, se faire plaisir, valoriser son image. Les handicapés physiques ne font pas du sport parce qu’ils sont handicapés, mais parce qu’ils en ont envie, et persévèrent parce qu’ils réussissent. Ils savent aussi que la pratique sportive leur permet une meilleure forme physique et psychologique, qui les place en bonnes conditions pour vaincre les obstacles dus à leur déficience ou à l’environnement, et réussir leur insertion sociale. Des aspects différents pour des objectifs complémentaires L’aspect le mieux connu dans les milieux de médecine physique et de réadaptation est le « sport-rééducation ». En effet, dans les centres de rééducation, l’initiation aux activités sportives occupe une place p r iv ilégiée p a r mi les mo yen s de réadaptation, et l’on peut parler de « sport- thérapie » comme on parle de kinésithérapie ou d’ergothérapie. Bien connu également, parce que maintenant mieux médiatisé, le handisport de compétition, avec ses rencontres internationales de très haut niveau, ses multiples disciplines passionnantes, et surtout ses authentiques grands champions. L’apothéose du handisport de compétition se fait naturellement à l’occasion des Jeux paralympiques, et ceux de Sydney en 2000 ont connu un succès éclatant. Ces Jeux, qui ont regroupé plus de 4 000 athlètes venant de 128 pays, ont été retransmis dans le monde entier. Au-delà des exploits réalisés, on retiendra aussi de ces rencontres au plus haut niveau technique, les progrès e x c e p t i o n n e l s a c c o m p l i s d a n s l e handimatériel sportif, qu’il s’agisse de machines à rouler ou de prothèses à restitution d’énergie. On retiendra enfin la nécessaire intégration avec les valides, ne serait-ce que pour les entraînements au haut niveau. Autre aspect, le sport loisir, et plus particulièrement les sports de nature. Ceux-ci suscitent un engouement de plus en plus vif, car ils se pratiquent sans réelles contraintes de performances, et bénéficient des progrès techniques réalisés dans le matériel adapté. Dans ce monde de loisirs, l’intégration parmi les valides se fait plus facilement, et le sportif handicapé, s’il ne passe pas encore inaperçu, suscite moins d’étonnement. Il n’en demeure pas moins vrai qu’un maximum de précautions spécifiques du handicap doivent être prises pour éviter les accidents, et que des aides matérielles humaines sont encore indispensables pour les moins autonomes. L’aspect sport en milieu scolaire est moins bien connu des enseignants et des thérapeutes en général, comme du grand public. La pratique de l’éducation physique et sportive est pourtant un droit et une obligation pour tous les jeunes handicapés. Cet enseignement doit être assuré par tous les établissements scolaires selon des modalités précises, favorisant ainsi l’intégration au quotidien dans le cursus des études. Connaître et pratiquer selon ses moyens est une obligation légale pour les jeunes handicapés. Des bénéfices physiques, psychologiques et sociaux déterminants BÉNÉFICES PHYSIQUES Ce sont les mêmes que pour les valides : gain de force musculaire et de souplesse articulaire, meilleure coordination gestuelle, et surtout plus grande résistance à la fatigue. Jean-Bernard Piera : Professeur des Universités, président de la commission médicale Handisport. Dominique Pailler : Médecin fédéral national Handisport. Jean-Claude Druvert : Médecin du suivi des sportifs de haut niveau Handisport. Fédération française Handisport, 42, rue Louis-Lumière, 75020 Paris, France. Encyclopédie Médico-Chirurgicale 26-200-A-10 26-200-A-10 Toute référence à cet article doit porter la mention : Piera JB, Pailler D et Druvert JC. Handicap et sports. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation, 26-200-A-10, 2002, 18 p. Ces acquis permettent d’assumer au mieux les activités quotidiennes, et toutes les tâches physiques de travail. Le gain de force aux membres supérieurs et au tronc est particulièrement utile pour tous ceux qui se voient dans l’obligation d’utiliser des cannes ou un fauteuil roulant, et d’effectuer leurs transferts à la force de leurs bras. Dans un autre domaine de handicap, celui de la déficience visuelle congénitale, des études ont montré que les non-voyants sédentaires ont tous une insuffisance musculaire, alors que les non-voyants sportifs qui pratiquent régulièrement ont une force comparable à celle des valides. L’exercice physique est aussi une façon d’éviter les méfaits de la sédentarité ou de l’immobilité tels que l’excès de poids, la d é s a d a p t a t i o n c a r d i o v a s c u l a i r e , l’ostéoporose de non-utilisation. Plus encore, la pratique sportive va intervenir pour une meilleure équilibration de certaines pathologies, diabète par exemple. Au-delà du bénéfice physique, on peut encore attendre de la pratique sportive l’acquisition de nouveaux savoir-faire, qu’il s’agisse de savoir rouler sur tous les chemins en fauteuil roulant, de savoir nager, de savoir skier quand on est amputé, monter à cheval malgré une infirmité motrice cérébrale, de savoir escalader, naviguer, etc. Aux avantages physiques viennent s’ajouter des bénéfices psychologiques et sociaux évidents, qui tiennent au : « savoir faire comme les autres » et souvent mieux que les valides sédentaires. BÉNÉFICES PSYCHOLOGIQUES Le sport aide à la restructuration de l’image du corps et au maintien de l’estime de soi. Cette constatation est la conclusion habituellement mentionnée dans la littérature par tous les auteurs, notamment ceux étudiant des populations de blessés médullaires. Une étude faite de 1987 à 1993, au centre de rééducation de Montpellier [2] a suivi 134 patients, paraplégiques ou tétraplé- giques, qui se sont vus proposer 3 heures par semaine d’activités sportives : natation, tir à l’arc, basket-ball, musculation… encadrées par des professeurs d’éducation physique et sportive, pendant 4 mois. Au départ de l’étude, tous les patients ont un vécu corporel dévalorisé, en particulier les hommes. Les tétraplégiques expriment un désinvestissement de leur corps, et une forte anxiété à la perte de toute maîtrise de celui- ci. En revanche, l’estime de soi n’est pas modifiée, et les sujets handicapés se considèrent les mêmes qu’avant l’accident. À la fin de l’étude : – les blessés médullaires ayant suivi régulièrement les activités sportives ont amélioré leur vécu corporel (corps plus actif et plus désirable chez les hommes comme chez les femmes, et bonne intégration psychique des déficits) et leur estime de soi (valorisation par l’environnement humain) ; – les blessés médullaires qui ont refusé de participer aux activités physiques ont continué à dévaloriser leur corps. Parallèlement, une attitude passive et un investissement minimum dans la rééducation avec baisse de l’estime de soi ont été notés. Une autre étude publiée en 2000 [29] étudie les effets psychologiques de la pratique sportive pour les blessés médullaires. Les bénéfices sont-ils différents pour les paraplégiques et les tétraplégiques, c’est-à- dire selon le niveau lésionnel, sont-ils différents selon les sports pratiqués (basket- ball, courses en fauteuil roulant, tennis…) et selon l’intensité de la pratique (de une fois à plus de trois fois par semaine) ? Cent seize paraplégiques et 53 tétraplégiques sont suivis et évalués par autoestimation de la dépression, de l’anxiété, de l’humeur, de l’énergie. Les résultats montrent que l’activité sportive améliore l’état psychologique, et que les bénéfices sont d’autant plus nets que l’activité physique est intense. Le groupe des pratiquants les plus assidus affiche des scores de dépression et d’anxiété les plus bas et des scores de « vigueur énergétique » les plus élevés. Aucune différence significative n’est retrouvée entre paraplégiques et tétraplégiques, ni selon les sports pratiqués. BÉNÉFICES SOCIAUX De l’expérience du suivi des sportifs de la fédération Handisport dans leurs entraînements, leurs déplacements, leurs compétitions à tous les niveaux, nous pouvons affirmer qu’ils sont mieux insérés dans la société et plus performants, que ce soit physiquement ou socialement : meilleure insertion dans le monde du travail, habitude de se montrer tels qu’ils sont, fierté de leur condition de sportif. Une étude publiée en 2000 rapporte le suivi pendant 2 ans, sur les plans physique, psychologique et social (examen clinique, évaluation kinésithérapique, index de Barthel, profil psychologique, échelle sociale, classification fonctionnelle pour la pratique d’un sport…) de 30 personnes uploads/Sports/57-handicap-et-sports-pdf.pdf
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- Publié le Jul 10, 2021
- Catégorie Sports
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