EXPÉDITION DU GÉNÉRAL CAVAIGNAC DANS LE SAHARA ALGÉRIEN EN AVRIL ET MAI 1847 RE
EXPÉDITION DU GÉNÉRAL CAVAIGNAC DANS LE SAHARA ALGÉRIEN EN AVRIL ET MAI 1847 RELATION DU VOYAGE, EXPLORATION SCIENTIFIQUE, SOUVENIRS, IMPRESSIONS, ETC., PAR LE DOCTEUR FÉLIX JACQUOT PARIS GIDE ET J. BAUDRY, LIBRAIRES-ÉDITEURS 5, RUE DES PETITS-AUGUSTINS 1849 Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. spenatto@club-internet.fr D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens, (du 14e au 20e siècle), à télécharger gratuitement ou à lire sur place. PRÉFACE. Au retour de notre expédition dans le Sahara algérien, un journal du voyage a été publié, sous notre direction, dans l’Écho d’Oran ; il a pour titre : Expédition du général Cavaignac dans le Sahara algérien; relation du voyage, souvenirs et impressions. Ce journal, quoique peu complet et trop rapidement écrit, fut néanmoins recherché de tout le monde et lu avec avidité. On s’expliquera ce succès en considérant que les oasis et le désert que nous décrivions n’avaient encore été ex- plorés par aucun Européen, et que, séparés de nos derniers postes par de vastes solitudes bien diffi ciles à franchir, ils présentaient tout l’attrait, tout le mystère qui s’attachent aux régions les plus inconnues et les plus lointaines. Quand des communications faciles s’ouvrent tout à coup avec une contrée nouvellement découverte ou récem- ment explorée, des documents multipliés sont bientôt livrés au public, grâce aux nombreux individus qui y sont attirés, soit par leurs instincts de touriste, soit par l’intérêt com- mercial, soit enfi n par l’amour des sciences. On conçoit que, dans de telles circonstances, une première relation puisse trouver une curiosité peu empressée, par le motif que d’autres relations la suivront de près, plus complètes et plus habilement exposées peut-être. 2 PRÉFACE. C’est dans des conditions bien différentes que s’of- fre notre exploration du Sahara algérien : l’antipathie et la méfi ance des tribus sahariennes empêcheront longtemps les voyageurs isolés de revoir les régions que nous avons parcourues, et nos colonnes n’y retourneront probablement pas avant nombreuses années, à moins d’événements im- prévus. Notre expérience nous a appris en effet de com- bien de diffi cultés est hérissé un pareil voyage, et nous a convaincus que ce n’est pas la force des armes qui nous soumettra ces peuples d’une manière durable ; que ce n’est point par de nouvelles hostilités que nous parviendrons à les utiliser comme intermédiaires pacifi ques et bienveillants, pour l’écoulement de nos produits ou pour l’importation des denrées du Sahara et du Soudan. Notre relation se présente donc sous de tels auspices, qu’elle doit être considérée non-seulement comme le seul document actuel, mais aussi comme le seul qui existera pendant longtemps. Pensant que notre livre pourra servir de guide aux co- lonnes et aux différents groupes qui visiteront plus tard le Sahara algérien oranais, nous avons fait tous nos efforts pour qu’il contint les indications topographiques les plus utiles, et les détails les plus exacts sur les ressources qu’of- frent la végétation et les pâturages; nous avons aussi spé- cifi é avec un soin tout particulier les distances qui séparent les stations, et nous avons insisté sur le gisement, la quan- tité et la qualité des eaux. L’ensemble des travaux qui résultent de l’exploration d’un pays quelconque, est constitué par des monographies sur les diverses sciences et par ce qu’on appelle la relation du voyage. Celle-ci a pour but de présenter une vue générale PRÉFACE. 3 sans épuiser à fond aucune partie. Destinée à tous les gen- res de lecteurs, elle doit se parer de quelques fl eurs et s’ani- mer par le récit de quelques épisodes. Notre livre est la relation du voyage, mais il n’est point scrupuleusement conforme aux règles qui régissent la matière : on trouvera, en effet, nos observations thermo- métriques jour par jour, des développements étendus sur la géographie botanique, etc. C’est que, ayant étudié spécia- lement ces parties et ne devant pas faire de mémoire spé- cial sur chacune d’elles, nous avons dû leur donner place ici, sous peine d’en laisser perdre entièrement les fruits. L’aridité de quelques-unes de nos descriptions et la séche- resse de certaines observations scientifi ques peuvent for- mer, nous ne nous le dissimulons pas, un contraste un peu choquant avec nos impressions et nos rêveries, auxquelles nous abandonnons quelquefois les rênes, et que nous lais- sons errer peut-être trop à l’aise dans le domaine du poé- tique ou du sentimental. L’on pourra s’étonner de trouver quelques strophes égarées entre une dissertation de géolo- gie et des considérations météorologiques ; mais nous es- pérons qu’on aura de l’indulgence pour ces défauts et cette hétérogénéité à peu près inséparables du genre de compo- sition que nous nous sommes imposé. 4 EXPÉDITION DU GÉNÉRAL CAVAIGNAC EXPÉDITION DU GÉNÉRAL CAVAIGNAC DANS LE SAHARA ALGÉRIEN, EN AVRIL ET MAI 1847. CHAPITRE I. LE TELL. — DE TLEMCEN A DAYA. But de l’expédition. — Composition de la colonne. — Aperçu des zo- nes de végétation qui se succèdent de la mer au Sahara. — Thyzy. — Oued- Chouli. — Ruines romaines de Hadjar-Roum. — Aïn-Tellout et les Beni- Amers. — Sidi-Hamet-Erradja. — Incendie des forets et des plaines. — La Mekerra. L’expédition du général Cavaignac dans le Sahara al- gérien, fera époque dans les fastes de la conquête, à cause de son importance, de ses diffi cultés sans nombre vaincues avec une bien rare habileté, et des résultats qu’elle a en par- tie produits immédiatement, mais surtout préparés pour un avenir prochain. En attendant que l’histoire l’enregistre pour la transmettre à nos descendants, elle est gravée en traits 6 EXPÉDITION DU GÉNÉRAL CAVAIGNAC ineffaçables dans la mémoire de tous ceux qui en ont fait par- tie : c’est, en effet, une de ces pérégrinations lointaines qu’on rêve dans ses jours d’enfance, mais que les exigences de sa position empêchent d’effectuer quand on devient homme. L’ardeur avec laquelle chacun dévore les relations de voyages dans les pays inexplorés, est la mesure des ins- tincts qui nous rendent si avides de connaître les peuples nouveaux et les régions récemment découvertes ; aussi regardons-nous comme une véritable bonne fortune et un rare privilège, d’avoir partagé les travaux, les émotions du voyage, d’avoir en un mot rempli notre petit rôle dans l’ex- pédition. Nous souhaiterions d’être assez habile pour jeter dans nos pages l’action et le mouvement : l’imagination du lecteur se mettrait alors en jeu au point de lui persuader qu’il est acteur à son tour, et lui ferait suivre notre marche avec l’intérêt de la réalité. Mais la fécondité du sujet sup- pléera à notre inaptitude ; la mine est si féconde que nous ne pouvons manquer d’en tirer quelques richesses pour les étaler sous les yeux de ceux qui voudront bien nous suivre dans notre exploration. Les pays que nous devons parcourir n’ont jamais été visités par aucun Européen. Les solitudes des Chott, qui font immédiatement suite au Tell(1) et le séparent des oasis, sont elles-mêmes peu connues; quand une colonne s’y en- gage pour atteindre l’ennemi fugitif et raser ses tribus, ce n’est qu’avec défi ance, je dirais presque avec crainte. Les régions qui s’étendent au sud des Chott, vierges de toute re- connaissance, offrent donc cet attrait puissant qui a poussé dans l’intérieur de l’Afrique tant d’aventureux voyageurs ____________________ 1 Tell, de tellus, terre cultivable. On nomme ainsi la bande fertile qui longe le littoral. DANS LE SAHARA ALGÉRIEN. 7 dont peu sont revenus. Les contrées centrales du continent semblent vouloir rester isolées du reste du monde et repous- sent de leur sein inhospitalier l’étranger qui tente de ravir leur secret. Le grand désert à proprement parler, le Sahara central ou mieux Falat, est comme le sanctuaire de ce tem- ple impénétrable. Il n’y a que les marchands et les chame- liers des caravanes ou les Touareg, ces pirates de la mer de sable, qui traversent ses plages immenses; ses rives seu- les nous sont aujourd’hui un peu connues. Nous avons des notions sur la partie occidentale : comme elle est voisine de l’Océan, le naufrage y a jeté des Européens qui nous ont conté les mœurs des hordes qui parcourent ces contrées tantôt planes et calmes, tantôt bouleversées par la brillants rafale. L’accès des côtes méridionales du Falat a été l’ob- jet de bien des tentatives, surtout de la part des Anglais, qui non-seulement ont envoyé des voyageurs isolés, mais ont aussi entrepris de petites expéditions dont la fi n a été malheureuse. Malgré tant d’efforts l’on a à peine entrevu la mystérieuse Timbouctou, cette nouvelle Palmyre, centre du commerce de toutes ces contrées. Enfi n quelques explora- teurs ont tenté de pénétrer par Tunis et les États qui s’éten- dent au sud de cette régence ; c’est de ce côté que les essais ont été le plus fructueux. Devant tant d’exemples la France ne pouvait rester en arrière, d’autant plus que le groupe des oasis du Sahara algérien fait partie du territoire dont l’occu- pation de 1830 lui a valu la possession uploads/Voyage/ 1849-expedition-cavaignac-dans-le-sahara-jacquot 1 .pdf
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- Publié le Nov 15, 2022
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