Ranciere spectateur emancipe
Critique de la critique du spectacle ? entretien avec Jérôme Game par Jacques Rancière Dans cet entretien réalisé au Musée des Beaux-Arts de Saint-Étienne en décembre Jacques Rancière revient sur les principales thèses développées dans Le Spectateur émancipé et plus particulièrement sur sa critique de la critique du spectacle telle qu'elle est notamment théorisée dans le travail de Guy Debord et ses conséquences sur les possibilités d'émancipation intellectuelle politique et esthétique Jérôme Game J G Dans Le Spectateur émancipé votre perspective est celle d'une critique de la critique du spectacle à cette ?n vous en reconstituez d'abord le réseau de présuppositions théoriques Pouvez-vous préciser en quoi consiste ce réseau et comment il agit Jacques Rancière J R En gros il fonctionne assez simplement dans la mesure o? au départ il y a la condamnation du thé? tre en tant que lieu du spectateur qui remonte au moins à Platon et consiste essentiellement en deux thèses fondamentales Premièrement être un spectateur c'est une mauvaise chose parce qu'un spectateur c'est quelqu'un qui regarde et qui par conséquent se met en face d'apparences ?? et qui du même coup manque la vérité qui évidemment est ailleurs derrière l'apparence ou en dessous de ce qu'il voit Donc première thèse fondamentale être spectateur c'est regarder et regarder est mal parce que c'est ne pas conna? tre La seconde thèse qui lui est liée même si elle peut être dissociée consiste à dire à? tre un spectateur c'est mauvais parce qu'un spectateur est assis il ne bouge pas ? Par conséquent être un spectateur c'est être passif et évidemment ce qui est bon c'est l'activité La question du spectateur a donc au départ et pour très longtemps été encadrée par ces deux couples d'oppositions fondamentaux à savoir regarder et conna? tre d'une part et être actif ou être passif d'autre part Je crois que ce qui est important c'est au fond la mobilité de ce dispositif théorique il fonctionne d'abord dans le cadre platonicien o? il s'agit de mettre en ordre la cité ?? chacun à sa place ? ?? et donc de bannir le thé? tre pour autant qu'il se trouve justement être le lieu des dédoublements le lieu qui fait qu'on ne sait plus qui est qui ou qui fait quoi et par conséquent par o? l'ordre de la cité est menacé Mais en même temps cette opposition est susceptible d'être constamment reproduite et déplacée et donc de se charger de toutes les valeurs du progrès de la révolution et de l'émancipation On le voit déjà très clairement au xviiie siècle chez Rousseau qui reprend cette critique du spectacle ?? mais en privilégiant plutôt que l'opposition du regarder au conna? tre celle du regarder à l'agir pour conclure que si on va chercher quelque chose au thé? tre c'est parce que précisément on y a renoncé dans la vie concrète En conséquence ce qu'il oppose à la scène thé? trale c'est la fête populaire à Genève ou la fête civique dans la Sparte antique
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- Publié le Mai 01, 2022
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