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Franck lepage de l x27 e ducation populaire a la domestication par la culture

De l ? éducation populaire à la domestication par la culture ? IL Y A CINQUANTE ANS LE GÉNÉRAL DE GAULLE PRÉSIDAIT À LA CRÉATION DU MINISTÈRE DES AFFAIRES CULTURELLES LA NAISSANCE DE CETTE INSTITUTION A PRÉCIPITÉ LE DÉCLIN D ? UN AUTRE PROJET À PRÉSENT MÉCONNU L ? ÉDUCATION POLITIQUE DES JEUNES ADULTES CONÇUE DANS L ? IMMÉDIAT APRÈS -GUERRE COMME UN OUTIL D ? ÉMANCIPATION HUMAINE POUR SES INITIATEURS CULTURE DEVAIT RIMER AVEC ÉGALITÉ ET UNIVERSALITÉ PAR FRANCK LEPAGE En France quand on prononce le mot culture ? chacun comprend art ? et plus précisément art contemporain ? Le mot Culture avec son singulier et sa majuscule suscite une religiosité appuyée sur ce nouveau sacré l ? art essence supérieure incarnée par quelques individus eux-mêmes touchés par une gr? ce ?? les vrais ? artistes La population elle est invitée à contempler le mystère Entamée dès les années sous l ? égide du ministère des a ?aires culturelles la réduction de la culture à l ? art représente une catastrophe intellectuelle pour tout homme ou toute femme de progrès Si culture ? ne veut plus dire qu ? art ? alors ni l ? action syndicale ni les luttes des minorités ni le féminisme ni l ? histoire ni les métiers ni la paysannerie ni l ? explication économique etc ne font plus partie de la culture Entre cette dernière et la politique s ? instaure un rapport d ? exclusion Et la gauche a un problème Tel n ? a pas toujours été le cas Il fut un temps ?? pas si éloigné ?? o? un petit groupe de militants nichés au c ?ur des institutions françaises tentait de faire rimer culture ?? populaire ?? et politique En un paquebot fait route tous feux éteints vers la France A son bord une jeune femme Cinquante ans plus tard elle se rappelle Ma prise de conscience date de et de la promulgation des lois antijuives par l ? Etat français J ? étais alors professeure de lettres au lycée de jeunes ?lles d ? Oran en Algérie J ? ai été totalement choquée par la tranquillité avec laquelle ces lois antisémites ont été acceptées et mises en ?uvre par mes collègues ? La vénérable dame de ans qui nous livre ses souvenirs ce jour de se nomme Christiane Faure Elle repose désormais au cimetière de Lourmarin Vaucluse à côté de sa s ?ur et de son beau-frère Albert Camus CElle raconte comment les noms juifs sont rayés à l ? encre rouge comment ses élèves quittent l ? établissement leur blouse sous le bras Mlle Faure organise alors des cours clandestins de préparation au baccalauréat L ? a ?aire s ? ébruite on la menace elle persiste Après le débarquement d ? Algérie en novembre l ? enseignante intègre le Gouvernement provisoire d ? Alger dans le service des colonies ? dirigé par René Capitant ministre de l ? éducation nationale Ce dernier est chargé de remettre les