De la crise de la démocratie ou une démocratie à bout de souffle. Premièrement,

De la crise de la démocratie ou une démocratie à bout de souffle. Premièrement, commençons par définir le terme « démocratie ». Ce terme étant polysémique nous adopterons la définition la plus consensuelle. Selon l’Académie Française, la démocratie est un « système d'organisation politique dans lequel la souveraineté et les décisions qui en découlent sont exercées théoriquement ou réellement, directement ou indirectement, par le peuple, c'est-à-dire par l'ensemble des citoyens ». La démocratie est l’inverse d’un régime absolutiste et/ou autocratique. Il ne sera pas questions ici de discuter de la légitimité de la démocratie en tant que régime politique. La communauté scientifique s’accorde sur le fait que la démocratie libérale a vaincu toutes les autres idéologies. C’est Francis Fukuyama qui l’a démontré en expliquant que nous avons atteint la « Fin de l’Histoire » dans son ouvrage éponyme. Nous allons donc étudier la démocratie comme un phénomène intrinsèque à notre société. D’un autre coté, il faut mettre en exergue et établir rigoureusement ce qu’est le peuple. C’est l’acteur principal de ce travail. Selon le philosophe français Michel Onfray, « le peuple c’est ce sur quoi s’exerce le pouvoir ». Evidemment, cette définition exclue une partie des citoyens et s’oppose à la définition de la démocratie. Cependant, on le verra par la suite, la méfiance vis-a-vis de la démocratie émane principalement d’une certaine partie de la population. En somme, nous allons baser notre analyse sur le peuple de la « périphérie » pour reprendre la terminologie du géographe Christophe Guilluy. C’est à dire, le peuple qui est « oublié » par la métropole, le peuple qui « galère » et qui « va au boulot le matin ». L’enjeux réside ici. Il y’a une latence entre les gouvernants et les gouvernés. L’objet de ce travail sera aussi en partie de comprendre d’où vient le slogan français « tous pourris » brandit dans plusieurs manifestation. En outre, nous avons identifié les deux éléments clés de ce travail : la démocratie et le peuple. Néanmoins, il existe des démocraties sur tous les continents et une analyse à l’échelle planétaire semble peu faisable. Nous allons donc concentrer nos efforts sur un cadre spatial bien connu de tous : L’Europe occidentale. Plus précisément, la France et la Belgique. Puis nous étendrons l’étude sur les pays de la mittel Europa, ou Europe de l’Est, fief du populisme aujourd’hui qui a pour figure de proue Viktor Orban. En dernière analyse, il faudra clarifier le cadre temporel de notre étude. L’histoire nous a montrée que la méfiance à l’égard de l’ordre social est exacerbée en période de crise économique et/ ou sociale. Les espaces que l’on va étudier connaissent une crise sociale depuis une dizaine d’années avec la hausse des inégalités entre les plus riches et les plus démunis. A cela se conjugue la crise financière de 2007-2008 des subprimes qui a été relayée par la crise du Covid-19. En clair, notre travail se focalisera sur les 10 dernières années. Ce qui est sérieux car nous disposons d’un certain recul et d’une quantité suffisante de données empiriques. Notre question de recherche est la suivante : Dans quelle mesure pouvons nous évoquer une crise de confiance en la démocratie dans les sociétés d’Europe occidentale et orientale depuis les dix dernières années ? Nous allons désormais exposer des hypothèses qui, nous pensons, vont permettre d’apporter une réponse à notre question de recherche. Pour un soucis méthodologique, nous précisons que nous adoptons une posture probabiliste de la causalité. Tous les phénomènes que l’on développera peuvent advenir, toutes choses étant égales par ailleurs. Au cours de ce travail, nous avons opté pour une approche hypothético déductive. Il nous apparait dans un premier temps, qu’il existe une corrélation entre inégalités et méfiance vis a vis de la démocratie. Un sondage mené par le centre de recherche de Sciences Po paris a dévoilé que 30% des français ressentent de la lassitude et de la méfiance à l’égard de leurs représentants. D’un autre coté, le secours catholique annonce que 10 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté. Pendant ce temps, les riches deviennent plus riche à l’aide de politiques de plus en plus austères envers le peuple. L’observatoire des inégalités recense plus d’un million de millionaire en France. Dans un second temps, il nous semble vraisemblable que l’essor de la technocratie est une piste sérieuse dans la résolution de notre question. Un technocrate est un responsable qui tend à faire prévaloir les aspects techniques, au détriment de l'élément humain. Cette déconnexion entre élites politiques et peuple accroit ce sentiment de déréliction et donc de méfiance. On ne demande plus l’avis du peuple mais plutôt à des experts qui fonctionnent en pur homo oeceonomicus. En guise de troisième hypothèse, nous pensons que l’essor de l’extreme droite et le populisme sont des facteurs intéressants. Les populistes comme Viktor Orban font le jeu de ce scepticisme. Ils prônent une politique populaire, mais en réalité ils affaiblissent l’Etat de droit. Orban a parlé de démocratie « illibérale ». Chose paradoxale. De toute manière, cette chimérique démocratie d’Orban n’est qu’une façade qui masque l’évolution vers un « autoritarisme majoritaire ». Enfin, nous établirons dans cette dernière partie la méthodologie que nous mettrons en pratique. Pour aboutir à des résultats rigoureux, nous approcherons les donnés de façon qualitative et quantitative. En somme, une approche mixte sera adoptée. En terme de méthode quantitative, nous privilégierons : les sondages, les statistiques, résultats d’enquêtes... Par rapport à la méthode qualitative, il serait intéressant de collecter des discours d’hommes politiques dit « populistes », le ressenti des gens du peuple.... De ce fait, le niveau d’analyse des cas sera national et individuel. Etudier le populisme à partir du prisme du discours est pertinent car, comme le dit le linguiste Patrick charaudeau, « c’est à travers celui-ci que se construisent les opinions publiques ». Ainsi, comprendre la logique qui sous tend les discours d’un Viktor Orban ou d’un Donald Trump peut permettre la compréhension de « l’origine du mal » qui serait la hypothétique source de la « décadence » de la société occidentale et orientale. Ce travail de recherche portera sur deux études de cas : le discours de Viktor Orban sur l’état de la nation de Février 2020 et le discours de Donald Trump du 11 octobre 2020, le lendemain de sa remission du COVID19. Le discours du premier ministre hongrois est caricatural de celui d’un populiste et confirme les 3 hypotheses de ce travail. Dans un premier temps, Orban fait un rappel du passé difficile de la Hongrie lors de la 1ere Guerre Mondiale et souligne avec insistance le mépris des pays qui l’ont vaincu. Pour ce faire, au lieu d’utiliser des termes neutres, il s’aventurera avec des phrases qui jouent en sa faveur. Par exemple, au lieu de parler du traité de Versailles, Orban utilise le terme « diktat » pour accentuer le coté violent de ce traité ressenti comme un coup de poignard dans le dos. C’est un stratagème de rhétorique efficace car il permet de rejeter la faute sur les autres tout en ravivant le sentiment nationalistes de ses concitoyens. Ce discours fait preuve d’aucune rationalité et d’aucune critique de l’histoire car il faut le rappeler, la Hongrie et l’Autriche ont été les premiers pays à déclarer la guerre. Puis dans un second temps, Orban se vantera d’avoir réussi la où tous les anciens gouvernement ont échoué. Le premier ministre hongrois avance que grace à lui la Hongrie a su s’extirper du joug du FMI à l’inverse des autres pays qui « quémandent » l’aide de cette institution. On retrouve à ce niveau la classique critique des institutions mondiales qui ne servent pas les intérêts du peuple hongrois mais uniquement ceux d’une technostructure. Orban omet de preciser que malgré ca, son pays reste lourdement endetté (70% du PIB) et que l’espérance de vie en Hongrie est l’une des pires de l’OCDE ( 76 ans ). In fine, on retrouve les principaux mécanismes d’une rhétorique populiste dans ce discours. Ce discours est plutôt un plébiscite pour rassembler la population autour d’un chimérique ennemi commun. Pendant qu’Orban met en avant la force de son peuple, il affaiblit l’Etat de droit et la démocratie. Donald Trump quant à lui, adopte une posture sensiblement différente et moins solennelle. Ce discours peut s’apparenter a ce qu’a prévu Roger-Gérard Schwartzenberg dans son livre « L’Etat spectacle » écrit en 1977. Cet essai représente une fine analyse des rapports des politiciens avec les électeurs à l’aune des nouveaux moyens de communications comme la télévision et la radio. Schwartzenberg explique que les politiciens sont devenu des comédiens qui jouent sur la scène politique. En clair, les politiciens qui veulent être élu vont se comporter d’une façon populaire pour se rapprocher des électeurs. Par exemple dans son livre, l’auteur explique qu’un candidat qui parle d’une rencontre de baseball a plus de chance d’être apprécié des électeurs qu’un candidat rigide qui parle des problèmes économiques du pays. Dans cet ouvrage, il explique de cette façon comment Valery Giscard uploads/Politique/ de-la-crise-de-la-democratie-ou-une-democratie-a-bout-de-souffle.pdf

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