1 Documents inédits sur les premières années du Suprême Conseil pour la France

1 Documents inédits sur les premières années du Suprême Conseil pour la France Le témoignage critique du Baron MARSAUDON. Le Baron Yves MARSAUDON (1899-1985), administrateur de la Marine marchande puis directeur général d’une compagnie maritime, chevalier de Malte en 1946 puis ministre de l’Ordre à Paris, a été initié en 1926 au sein de la loge La République de la Grande Loge de France. Membre actif du Suprême Conseil de France dès 1937 puis ministre d’Etat en 1946, il s’affilia également au Régime Ecossais Rectifié où il fut armé Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte. Elevé dans la religion catholique romaine puis devenu libre-penseur, il revint, via la Franc-Maçonnerie après trente ans d’étude initiatique et philosophique, vers la croyance au sein de l’Eglise orthodoxe grecque. Ce retour à la tradition le conduisit, en 1964, à rejoindre la Grande Loge Nationale Française où il devint fondateur de la loge Saint Jean d’Ecosse n°88, dont le premier Vénérable Maître fut en 1965 Henry BARANGER (futur Grand Commandeur du Suprême Conseil pour la France pendant un quart de siècle), et membre de la loge Isis n°92 à l’orient de Toulouse. MARSAUDON à VAN HECKE (25 février 1965) [Archives Centrales du boulevard Bineau. 7WB25]. Depuis longtemps, je souhaitais me mettre en règle de point de vue maçonnique et je savais parfaitement qu’une seule Obédience, en France, me permettrait cet « aggiornamento », c’est la Grande Loge Nationale Française. Retiré à Cambo les Bains, au pays basque, MARSAUDON entretint une correspondance amicale avec le Grand Maître VAN HECKE qui tenait en grande estime et lui avait décerné la plus haute distinction honorifique de l’Obédience, Passé 1er Grand Surveillant. Il n’hésita pas ainsi à s’interroger sur la sincérité de la démarche de la majorité des Frères venus de la Grande Loge de France. MARSAUDON à VAN HECKE (25 mars 1965) [Archives Centrales du boulevard Bineau. 7WB25]. C’est le drame dont nous avons parlé. Certains ont quitté la Grande Loge de France non préparés au renouveau total exigé par l’entrée dans la Maçonnerie régulière. Je pense de plus en plus comme vous qu’il est préférable de miser à terme sur 300 Frères véritablement initiables et décidés franchement à nous suivre plutôt que sur 600, dont la moitié nous quittera inéluctablement. Il s’indigna également de la régularisation de l’ancien Grand Maître de la Grande Loge de France (1933-1934, 1935-1938, 1952-1955 et 1961-1963), Louis DOIGNON, pourtant athée notoire. 2 MARSAUDON à VAN HECKE (2 novembre 1965) [Archives Centrales du boulevard Bineau. Art. 308]. J’ai appris que la régularisation de DOIGNON était chose faite. Je ne reviendrai pas sur cette question puisque vous l’avez tranchée par l’affirmative. Mais, je dois cependant vous signaler que si l’entrée d’un maçon, athée de toujours (ce n’est pas moi qui le dis, mais bien lui qui s’en est vanté toute son existence), a beaucoup fait rire au sein des obédiences françaises irrégulières, la chose a été prise infiniment plus au sérieux à l’étranger. J’ai eu des conversations en SUISSE et en Italie avec des Frères – et non des moindres – qui ne comprennent pas. Je souhaite, quant à moi, que ce cas (il n’est pas isolé, mais les autres intéressés sont moins « connus comme tels »), demeure une exception, sans quoi notre Obédience ne serait plus la G.L.N.F. et on aurait beau jeu de nous accuser de faire du nombre à n’importe quel prix. Enfin, il perçut, dès l’origine, les déviances du Suprême Conseil pour la France dont il avait pourtant été nommé Grand Commandeur Honoraire. MARSAUDON à VAN HECKE (7 décembre 1965) [Archives Centrales du boulevard Bineau. Art. 308]. En ce qui concerne le Suprême Conseil créé par RIANDEY, je me félicite de plus en plus de mon abstention. La véritable inflation de 33e qui se manifeste n’aidera pas notre ami à retrouver l’audience de la province (ni de Paris). Autrefois, on consacrait un ou deux 33e tous les deux ans !!! Ce sont des méthodes sud-américaines qui sont dorénavant en vigueur, mais c’est de cette manière que les hauts-grades sont morts en Argentine par exemple …… Elles sont, en tous cas, sévèrement jugées et à l’étranger et parmi les maçons sérieux. Je sais que même au sein de son organisme, RIANDEY n’est pas approuvé à ce sujet, sauf par ses thuriféraires habituels. On me demande ce que j’en pense !!!! Vous avez, au cours de notre récent entretien, prononcé le mot « orgueil » …. C’est hélas, tristement exact. Périsse le Rite mais qu’il réussisse, lui, à n’importe quel prix. Dans tout cela, ce qui m’inquiète le plus, ce sont les conséquences que ces agissements pourront avoir sur le plan des loges bleues pas encore tout à fait cristallisées. Les réticences du Suprême Conseil d’Angleterre. Quinze mois après la création du Suprême Conseil pour la France, le Grand Maître de la Grande Loge Nationale Française, Ernest VAN HECKE, prit l’initiative d’écrire à Sir Donald MAKGILL, Baronet, Grand Secrétaire Général du Suprême Conseil d’Angleterre, pour demander à Londres de bien vouloir reconnaître la nouvelle juridiction française des hauts grades écossais. VAN HECKE à MAKGILL (1er septembre 1966) [Archives Centrales du boulevard Bineau. 39WB38]. Comme je vous l’ai précisé lors de notre rencontre en juin dernier, l’avenir des Hauts Grades du Rite Ecossais Ancien et Accepté en France est clarifié par le fait que leurs Membres sont tous des Francs-Maçons réguliers et que leur recrutement est limité aux Frères de la Grande Loge Nationale Française. 3 Je suis convaincu qu’une prise de position ferme du Suprême Conseil d’Angleterre reconnaissant la régularité du Suprême Conseil pour la France constituerait une contribution majeure à la Franc-Maçonnerie Universelle de la même manière que l’appui donné en 1953 par la Grande Loge Unie d’Angleterre à la Grande Loge Nationale Française permit l’implantation et le développement de la Franc- Maçonnerie Régulière en France. Votre appui au Suprême Conseil pour la France qui serait ainsi amené à rechercher auprès de l’Angleterre conseil et protection en ferait également un bastion de la Régularité face aux nombreuses déviances présentes sur le Continent. Je suis absolument convaincu que l’Angleterre peut jouer un rôle déterminant. J’ai pris la liberté d’insister sur ce point car je reste persuadé qu’une telle initiative émanant du Suprême Conseil d’Angleterre serait inscrite en lettres rouge dans l’histoire de tous les Suprêmes Conseils Réguliers et constitueraient un évènement d’une immense portée ainsi qu’un heureux présage pour la Franc-Maçonnerie Régulière Européenne. Je suis persuadé que vous examinerez cette requête avec l’attention requise et je ne doute pas que vous serez également convaincu qu’elle représente pour l’Angleterre un moyen d’influer sur le cours des évènements maçonniques en France. Dans sa réponse, Sir Donald MAKGILL tint à préciser au TRF VAN HECKE, 33e, Grand Maître de la Grande Loge Nationale Française, que la reconnaissance du Suprême Conseil pour la France ne pourrait intervenir qu’au terme d’un délai de plusieurs années nécessaire au Suprême Conseil d’Angleterre pour s’assurer de la viabilité de la nouvelle Juridiction et après concertation avec les Suprêmes Conseils irlandais et écossais. MAKGILL à VAN HECKE (23 septembre 1966) [Archives Centrales du boulevard Bineau. 39WB38]. Mon Suprême Conseil tient à témoigner toute sa sympathie au nouveau Suprême Conseil institué par le Très Puissant Frère Charles RIANDEY et espère, qu’au cours des prochaines années, il s’affirmera et se développera en recrutant ses membres au sein de la Grande Loge Nationale Française. La question de la reconnaissance et de l’établissement de relations d’amitié est une décision particulièrement délicate si on prend en considération certains évènements similaires et certaines résolutions prises par mon Suprême Conseil dans le passé. Tout d’abord, il a toujours été dans nos usages de reconnaître seulement des Suprêmes Conseils qui sont représentatifs des pays dans lesquels ils se trouvent et, malheureusement, une fraction de l’ancien Suprême Conseil est encore présente dans votre pays, ce qui signifie que nous devrons dénoncer la résolution qui avait été précédemment adoptée. Deuxièmement, il n’a jamais été dans nos usages de reconnaître des Suprêmes Conseils qui n’ont pas été formés depuis plusieurs années et votre éminente Juridiction a été constituée depuis seulement 18 mois. Notre Suprême Conseil pense donc qu’il serait contraire à nos usages et à nos résolutions de reconnaître aussi rapidement un nouveau Suprême Conseil. Nous reconnaissons peu de Suprêmes Conseils dans le monde et nous n’avons jamais attribué de reconnaissance ni signé de traités d’amitié avant d’être réellement convaincus de la fiabilité et de la viabilité de ces Juridictions. Mon Suprême Conseil espère, par conséquent, que vous répondrez à ces conditions ; mais il gardera toujours à l’esprit la possibilité de reconsidérer sa position initiale afin d’établir des relations d’amitié avec le nouveau Suprême Conseil pour la 4 France après avoir consulté, selon nos usages, les Suprêmes Conseils d’Irlande et d’Angleterre qui nous sont particulièrement proches. L’élimination par RIANDEY de toute opposition au sein du Suprême Conseil pour la France. Cette mode de gouvernance arbitraire transparait dans la correspondance que lui adressa Jean BAYLOT après la mise à l’écart en 1972 du grand historien Paul NAUDON, qu’il avait pourtant choisi uploads/s1/ documents-inedits-sur-les-premieres-annees-du-supreme-conseil-pour-la-france-pdf.pdf

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  • Publié le Oct 18, 2022
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