À exclure, non des Gens, mais des gens confiants que nous étions, les chercheur
À exclure, non des Gens, mais des gens confiants que nous étions, les chercheurs, qui bossent sans relâche. La quantité d'innovations apparue ces quelques dernières années est impressionnante, que ces innovations soient viables ou non. Bien sûr, la majorité de ces recherches est motivée par l'Argent, non pour les chercheurs eux-mêmes mais pour les industries ou les laboratoires pour lesquels ils travaillent : la première firme qui mettra au point une batterie performante non polluante, un système de stockage des énergies renouvelables, un capteur de CO2 efficace, etc., remportera tous les marchés du monde. Ce n'est pas rien. Mais les chercheurs, saluons-les, nous en avons terriblement besoin. Il existe aussi des chercheurs indépendants, des hommes et des femmes qui inventent de leur côté. Saluons-les de même. En dépit de la désinformation massive, nous sommes pourtant de plus en plus conscients, depuis quelques années, qu'une terrible menace s'amplifie. Plus conscients encore aujourd'hui. Car le fameux Secret filtre enfin, il suinte et s'écoule de plus en plus chaque jour par le biais de tous les médias. Mais nous, devenus malléables comme pâte à pain, nous baissons encore les bras, fatalistes, envahis d'un décourageant sentiment d'impuissance, et nous nous répétons, vaincus d'avance : « “Ils” vont bien trouver quelque chose. » Non, n'y croyons plus. Et moi, je dis : Nous, les Gens, impuissants ? Mais jamais de la vie. Car enfin, combien sont-ils dans le monde, les gouvernants et les multimilliardaires ? Quelques milliers ? Deux mille ? Et nous, nous les Gens, combien sommes- nous ? Plus de sept milliards et demi. Je ne crois pas m'avancer beaucoup en constatant que le rapport de forces est très nettement en notre faveur, profitons- en, jetons-nous dessus. Et puisqu'Ils ne font rien, puisque la dernière COP24 a encore échoué, comme prévu, c'est à Nous, les Gens, avec l'aide des ONG et des associations, de prendre les choses en main et d'agir avant eux. Ce nouvel échec de la COP24 a donné lieu, pour la première fois depuis l'histoire de ce Crime en marche, à une pétition des citoyens à l'adresse de l'État français, décidant d'une action en justice pour inaction en faveur du climat, pétition intitulée L'Affaire du siècle, qui en quelques jours, et à l'heure où j'écris, a dépassé 2 millions de signatures. C'est une sacrée montée en force et c'est du jamais-vu. Nous ne sommes pas seuls. Partout dans le monde, des manifestations s'organisent : Les Gens ont cessé de croire en Eux, l'ère de l'obéissance des peuples s'achève. Vous me direz : « Mais, hormis signer des pétitions, on ne peut rien faire ! » Si. Nous pouvons même tant faire que nous sommes capables, à nous seuls, de renverser certains équilibres mondiaux et de faire mettre genou à terre à quelques grands lobbies. Et ce, dès demain. Ou, si vous préférez, dès le mois prochain. Je ne vous dis pas que nous pourrons bricoler une batterie verte ou un capteur de CO2 dans notre garage, mais nous avons, vous le verrez, de quoi agir de manière déterminante sur bien d'autres plans. On a du pain sur la planche, Nous, les Gens. Attendez, ce n'est pas tout : 82 % de la richesse mondiale s'est retrouvée l'an dernier dans les poches des plus grandes fortunes de la planète, qui représentent 1 % de la population mondiale, alors que la moitié la plus pauvre de l'humanité (3,7 milliards de personnes) n'a rien reçu. Et la fortune de ces multimilliardaires a augmenté de 13 % en dix ans ! Pour les pays en développement, l'évasion fiscale représente une perte de 170 milliards de dollars chaque année 9. Vous ne croyez pas que cette manne permettrait d'isoler les bâtiments, de fournir des aides aux agriculteurs, de réparer l'infrastructure des tuyaux d'alimentation en eau des terres africaines, qui sont si vétustes que 70 % de cette eau se perd ? D'apporter l'eau potable aux habitants ? D'installer d'immenses parcs d'énergie solaire dans ces pays si ensoleillés ? De fortifier plus encore la recherche ? (Ah, j'oubliais de préciser que je mets un bémol pour Bill Gates, dont on connaît l'engagement en faveur du climat, et qui entraîne d'autres grosses fortunes dans le sillage de son action. Néanmoins, « la Fondation de charité Bill et Melissa Gates, la plus importante du monde, dotée d'un budget de 43 milliards de dollars, a investi en 2013 pour 1,4 milliard de dollars dans des sociétés exploitant les énergies fossiles 10 ». Il y a là une bien lourde contradiction.) J'insiste encore : à la seule échelle des 28 membres de l'Union européenne, « environ 1 000 milliards d'euros sont perdus chaque année à cause de l'évasion et de la fraude fiscales », estime le Parlement européen 11. Vous vous rendez compte de tout ce que l'on pourrait mettre en œuvre avec ça ? En contraste, un constat très choquant de la COP24 : « Au niveau des financements, nous ne sommes qu'à la moitié des 100 milliards promis en 2010 par les pays développés aux pays les plus fragiles, or cette somme doit être trouvée et opérationnelle dès 2020 12. » On ne disposerait donc que de 50 milliards d'aide, soi-disant ! Alors que l'Europe voit s'évader chaque année 1 000 milliards ! Vous serez d'accord avec moi pour dire qu'il y a là un truc qui ne va pas, mais alors pas du tout. Par ailleurs, selon la Commission européenne, le taux d'imposition sur les bénéfices des colosses du numérique en Europe (fraude non comprise) est en moyenne de 9 % 13. Vous payez 9 % d'impôt, vous, les foyers modestes, les bourgeois et grands bourgeois ? Je ne crois pas, non. Il est vital que les États récupèrent cet argent dissimulé. Ainsi le monde sera-t-il à même de financer la transition. Que dis-je, « transition » ? C'est d'un changement radical et rapide qu'il s'agit. Un changement de nos mentalités, de nos comportements, de nos modes de vie. Un changement indispensable. Je n'ai toujours pas prononcé les mots tragiques qui nous mènent droit et sans hésiter vers ce bouleversement, je le sais, je diffère encore un peu mais j'y viens. Je vois que j'ai déjà écrit une vingtaine de pages, je crains de dépasser les cinquante que j'imaginais, attendu que la documentation que j'ai réunie dépasse les cinq cents pages. Je risque de déborder quelque peu pour pouvoir tout vous dire, car il nous faut savoir pour agir. Or donc, je n'ai plus le choix. Je vais d'abord brancher sur mon ordinateur un petit appareil dictatorial qui m'aidera à éviter les digressions dont je suis coutumière. Il s'agit d'un Censeur d'Écriture Intégré (dit CEI), qui surveille chaque ligne que je tape. Je dois le programmer : pas de hors-sujet, pas d'abus de termes techniques, des références obligatoires et un vocabulaire familier accepté. Voilà, je le branche. Et je vous nomme à présent les choses indicibles. Cela va être dur, je vous l'ai dit. Mais n'oubliez pas l'existence des actions, l'existence des possibles, ni cette manne financière qu'il nous faut à toute force récupérer. J'y vais. Je le dis. L'ONU, elle, ne mâche pas ses mots. Je commence par l'alarme lancée par son secrétaire général, Antonio Guterres, lors du Forum économique mondial de Davos en janvier et adressée aux quelque 3 000 responsables économiques et politiques : « Le changement climatique court plus vite que nous […] et ce pourrait être une tragédie pour la planète. » « La volonté politique est absente […] alors que le changement climatique est le problème le plus important auquel l'humanité est confrontée. » « L'évolution est pire que prévue […] et il est donc absolument indispensable d'inverser la tendance. » « Nous continuons à subventionner les énergies fossiles, ce qui n'a aucun sens 14. » Lors de la COP24, il avait déclenché l'alerte : « Pour beaucoup de gens, c'est déjà une question de vie ou de mort, alors il est difficile de comprendre pourquoi nous, collectivement, avançons toujours si lentement, et même dans la mauvaise direction 15. » Ceci pour vous assurer que je ne vous livre pas des foutaises de militante surexcitée, pas du tout. « De vie ou de mort. » Les termes sont dits. Par l'ONU. La température moyenne mondiale a déjà augmenté de 1 °C par rapport à l'ère préindustrielle et continue de croître. Si rien n'est fait, « les températures sur Terre devraient augmenter en moyenne de 4 à 5 °C » dans le siècle (alerte du journal Proceedings of the National Academy of Sciences 16). Certains parlent même de 7 °C ou 8 °C. Ah, mon Censeur d'écriture se met déjà en route et me bipe, me signalant que le terme « foutaises » ne ressort pas du vocabulaire familier mais franchement grossier. Très bien, j'en prends note. Le pire n'est pas dit, j'affronte, j'écris, car tout cela, Eux nous l'ont criminellement dissimulé, je n'aurai de cesse de le répéter. Et si Eux s'y étaient collés il y a quarante ans, ou même uploads/s1/ humaniteperil-fredvargas-pdf.pdf
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- Publié le Apv 01, 2021
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