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www.fondapol.org Jérôme Fourquet Européennes 2014 (1) : la gauche en miettes Octobre 2014 www.fondapol.org Européennes 2014 (1) : la gauche en miettes Jérôme Fourquet 4 La Fondation pour l’innovation politique est un think tank libéral, progressiste et européen. Président : Nicolas Bazire Vice Président : Grégoire Chertok Directeur général : Dominique Reynié Présidente du conseil scientifique et d’évaluation : Laurence Parisot La Fondation pour l’innovation politique publie la présente note dans le cadre de ses travaux sur les valeurs. 5 RÉSUMÉ Lesté par l’impopularité record du président de la République, le Parti socialiste a enregistré son pire résultat à une élection européenne avec moins de 14 % au plan national. Cette déroute se traduit par le fait que, dans de nombreux territoires où le PS était historiquement faible (pourtour du bassin parisien, notamment), il ne franchit plus la barre des 10 %. Ailleurs, l’abstention a été massive dans son électorat populaire, notamment dans les communes de banlieue, et la présence du très emblématique Édouard Martin, syndicaliste d’ArcelorMittal, n’a pas permis d’endiguer la poussée frontiste dans les terres ouvrières de l’Est. Malgré cette déroute socialiste, ni Europe Écologie-Les Verts ni le Front de gauche ne sont parvenus à tirer leur épingle du jeu. En l’absence de la locomotive Cohn-Bendit, la formation écologiste est en fort recul mais concurrence, comme en 2009, le PS dans les régions les plus proeuropéennes (Rhône-Alpes, Île-de-France, Bretagne). Une analyse plus fine laisse également apparaître, par-delà les centres des grandes métropoles, des points d’appuis dans certains territoires ruraux. Le Front de gauche, quant à lui, maintient son score par rapport à 2009 et à ses positions structurées autour d’une implantation communiste en déclin s’ajoute la zone d’influence de Mélenchon dans le Sud-Ouest. Mais il ne capte donc pas les déçus du hollandisme ni les victimes de la crise économique, les territoires les plus frappés par le chômage se tournant beaucoup plus massivement vers le FN. 6 Remerciements Pour mener à bien cette étude, nous nous sommes appuyés à la fois sur les résultats des enquêtes d’opinion de l’Ifop, sur de la cartographie et des analyses de géographie électorale menées à différentes échelles, mais aussi sur des calculs de corrélations entre les votes et des indicateurs socio- économiques. Nous remercions très chaleureusement Céline Colange, du laboratoire de Modélisation et Traitements graphiques en géographie (MTG) de l’université de Rouen, pour la réalisation de ces nombreuses et pertinentes cartes, ainsi que Jean-Philippe Dubrulle et Sylvain Manternach, du département Opinion de l’Ifop, pour leur aide précieuse dans le traitement des données. 7 Avec 13,9 % des voix aux élections européennes de mai 2014, le Parti socialiste (PS) a non seulement reculé par rapport à son score déjà faible de 2009 (16,5 %), mais il a également enfoncé son plancher historique pour une consultation européenne, plancher qui avait été atteint en 1994 par la liste Rocard (14 % à l’époque, du fait notamment de la concurrence de la liste Tapie). Pour autant, en dépit de cet échec sans précédent du PS, ni Europe Écologie-Les Verts (EELV), qui s’était pourtant opportunément retiré du gouvernement à quelques semaines du scrutin, ni le Front de gauche (FG), tirant à boulets rouges sur l’exécutif, n’ont su profiter de ce désaveu, comme si, quelque part, c’était bien la gauche dans son ensemble (et non pas seulement le PS) qui était en crise. Un PS K.O. debout Payant au prix fort l’impopularité de François Hollande et le flou de sa ligne européenne, le PS a vu, à l’instar des municipales, son électorat se mobiliser très faiblement (seulement 43 % des électeurs de François Hollande du premier tour de la présidentielle ont voté aux européennes) et tous ses points d’appui céder. Parmi les électeurs s’étant déplacés, il a obtenu 16 % parmi les plus de 50 ans mais seulement 11 % chez les 25-49 ans et un score résiduel de 9 % auprès des 18-24 ans. De la même façon, si le bastion du public a un peu mieux résisté (17 %), le parti majoritaire n’a obtenu que 11 % des voix des salariés du privé s’étant rendus aux urnes. Européennes 2014 (1) : la gauche en miettes Jérôme Fourquet Directeur du département Opinion et Stratégies d’entreprises de l’Ifop fondapol | l’innovation politique 8 La carte du vote PS porte les stigmates de cette déroute sans précédent. Hormis les fiefs historiques du Limousin, des Landes, des Pyrénées, de l’Aude et du Poitou-Charentes, dans tout le reste du territoire le score du PS est réduit à la portion congrue, avec de vastes zones où il a été comme rayé de la carte avec des scores oscillant entre 3 et 9 %, ce qui est très peu pour le parti du président de la République. Carte 1 : Vote pour les listes du Parti socialiste aux élections européennes 2014 (en % des suffrages exprimés) Européennes 2014 (1) : la gauche en miettes 9 C’est le cas dans un grand Bassin parisien élargi (Picardie, Eure, Beauce, Aube et Marne), mais aussi en Alsace et dans l’est de la Moselle, ou bien encore en Savoie ou dans le Var et les Alpes-Maritimes. Les structures traditionnelles du vote socialiste n’ont pas été bouleversées, mais le phénomène d’érosion généralisé a été si violent que, dans les départements peu favorables à la gauche que nous venons de citer, le PS y a presque disparu lors de ce scrutin européen avec des scores en deçà de 10 %. Carte 2 : Évolution du vote pour les listes du Parti socialiste aux élections européennes entre 2009 et 2014 (en % des suffrages exprimés) fondapol | l’innovation politique 10 Néanmoins, ce coup de rabot n’a pas eu la même ampleur partout. Comme le montre la carte 2 (page 9), les pertes par rapport au précédent scrutin de 2009 ont été particulièrement massives dans tout le Nord-Pas-de-Calais, en Picardie et en Seine-Maritime. Dans ces terres ouvrières, le PS a pâti à la fois de la forte abstention de la composante populaire de son électorat mais aussi de la concurrence de Marine Le Pen qui a obtenu dans cette zone des résultats tout à fait impressionnants. Une partie de cette dynamique frontiste s’explique par des transferts en provenance de la gauche. Ainsi d’après nos données d’enquêtes cumulées, dans l’ensemble Nord-Pas- de-Calais, Picardie et Haute-Normandie, 13 % des électeurs de François Hollande ayant voté aux européennes ont glissé un bulletin FN dans l’urne, contre 8 % au niveau national. Les fuites en direction du parti lepéniste ont également été très supérieures à la moyenne (de l’ordre de 15 %) dans une autre région industrielle en crise, le Grand Est (Champagne-Ardenne, Lorraine, Alsace et Franche-Comté), qui ressort également en bleu foncé sur la carte 2 et où la présence du syndicaliste d’ArcelorMittal Édouard Martin en tête de liste n’a donc pas eu l’effet escompté. À Florange même, le PS n’a obtenu que 18,6 %, en recul de plus de 7 points par rapport à 2009. Tableau 1 : Évolution du score du PS entre 2009 et 2014 à Florange et dans les communes voisines Communes 2009 2014 Évolution Fameck 34,2 % 26,5 % – 7 ,7 points Florange 25,8 % 18,6 % – 7 ,2 points Uckange 28,7 % 21,7 % – 7 ,0 points Serémange-Erzange 28,5 % 21,5 % – 7 ,0 points Hayange 25,6 % 18,8 % – 6,8 points Terville 19,9 % 17 ,8 % – 2,1 points Thionville 18,7 % 16,6 % – 2,1 points Illange 16,9 % 15,1 % – 1,8 points La baisse est également marquée dans les communes voisines de Fameck (-7,7), Serémange-Erzange (– 7,2), Uckange (– 7) ou bien encore Hayange (– 6,8), qui constituent la vallée industrielle de la Fensch, durement frappée par la crise 1. Et, plus grave encore pour les socialistes et leur candidat, c’est à Hayange 2 et à Florange que l’avance de la liste FN sur celle du PS est la plus importante. 1. Le recul du PS par rapport à 2009 atteint 7 ,4 points à Nilvange et 6,6 points à Neufchef, communes égale- ment située dans cette vallée. 2. Où le frontiste et ancien syndicaliste de la CGT Fabien Engelmann a été élu maire lors des dernières muni- cipales. Européennes 2014 (1) : la gauche en miettes 11 Tableau 2 : Scores comparés du PS et du FN à Florange et dans les communes voisines Communes Score du PS Score du FN Écart FN/PS Hayange 18,8 % 37 ,7 % + 18,9 Florange 18,6 % 31,2 % + 12,6 Uckange 21,7 % 30,5 % + 8,8 Serémange-Erzange 21,5 % 29,3 % + 7 ,8 Illange 15,1 % 22,8 % + 7 ,7 Terville 17 ,8 % 23,2 % + 5,4 Thionville 16,6 % 19,4 % + 2,8 Fameck 26,5 % 26,1 % – 0,4 Des pertes, notamment au profit du FN, sont aussi à souligner dans des espaces plus ruraux où le PS est implanté de longue date mais où il a reculé assez sensiblement par rapport à 2009. C’est le cas en Saône-et-Loire et dans la Nièvre, uploads/s1/ jerome-fourquet-europeennes-2014-1-la-gauche-en-miettes 1 .pdf

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  • Publié le Apv 26, 2022
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