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<K AX> y:-i^--'-^^ LE JEU DE ROBIN ET MARION DU MEME AUTEUR : Origines et Sources du Roman de la Rose, i vol. in-S" 5 fr. Les Registres de Nicolas IV. Recueil des bulles de ce pape. Tirage a 5oo exemplaires LE JEU DE Robin et Marion PAR ADAM LE BOSSU TROllVÈRE ARTÉSIEN DU XIII" SIÈCLE PUBLIÉ PAR ERNEST LANGLOIS PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES LETTRES DE LILLE LIBRAIRIE THORIN ET FILS A. FONTEMOING Successeur 4, RUE LE GOFF, 4 1896 IHLINSTITUTEOF m.lHVn STLL.o 10 ELMSLEY F LACE TORONTO 5, CANADA. SEP24iS31 no PRÉFACE Ce petit volume est une œuvre de vulgarisa- tion. En France, en dehors des spécialistes, des gens du métier, pourrait-on dire, — et ils sont rares — on ne s'intéresse guère à la littérature ni à la langue de nos aïeux. La faute en est cer- tainement aux lacunes et à la routine de notre enseignement universitaire ; elle est aussi aux savants qui, en général, ne travaillent que pour un cercle étroit de lecteurs initiés et ne se préoc- cupent pas de faire apprécier « au grand public » les curiosités qu'ils ont trouvées dans nos vieux auteurs. Avec la présente publication je me suis proposé de faciliter à tout lecteur l'intelligence d'une petite pastorale en dialecte artésien du xiii^ siècle. Pour cela, j'ai fait précéder le texte d'une courte notice sur l'auteur, sur ses œuvres en général, et plus spécialement sur celle qui II PREFACE est publiée ici. J'y ai joint une traduction à peu près littérale et des notes explicatives. Le texte du poème a été établi suivant la plus rigoureuse méthode de la critique moderne et avec tout le soin qu'on y aurait apporté dans une édition savante. J'ai classé les manuscrits ' ; j'ai étudié la forme et l'orthographe des mots i.Les trois manuscrits connus ont été reproduits paléogra- phiquement par M. A. Rambeau : Die dem Trouvère Adam de la Haie :{iigeschriebenen Dramen [Ausgaben iind Abhand- liingen aus dem Gebiete der romanischen Philologie, LVIII, Marbourg, in-8% 1886). Dans une publication de cette nature, les moindres négligences sont des fautes. Lorsque celles de M. Rambeau portent sur le manuscrit P, qui a été reproduit par tous les éditeurs, elles sont sans conséquence. Il n'en est pas de même pour les autres manuscrits moins connus. En collationnant le texte de M. Rambeau avec le manuscrit Pa, j'ai relevé quelques erreurs. Ainsi M. Rambeau n'a pas com- pris le système de ponctuation du scribe et n'a pas reproduit des points d'interrogation ou d'exclamation nécessaires à l'in- telligence du texte. Il a lu, vers 62 (numérotation de son livre), a p. u. au lieu de ci p. u. ; v. 82, aucun au lieu de autrui ; v. 129, camps au lieu de tamps; v. 582, maim au lieu de naim^ etc. Il a omis, v. igS, bien entre moult et a; V. 845, ce entre Est et bien, etc. Il n'a pas toujours coupé les mots comme dans le manuscrit. Il aurait dû dire que le scribe, avant de transcrire le Jeu, venait de copier les 22,000 vers du Roman de la Rose, et que, influencé par le dialecte de ce poème et par celui du manuscrit qu'il avait sous les yeux, il avait peu à peu, mais très sensiblement, modifié son orthographe. PREFACE III dans les documents artésiens contemporains du trouvère, mais je me suis dispensé de faire l'exposé de ces minutieuses recherches et de justifier les conclusions auxquelles je me suis arrêté. Ce n'est pas la première fois que le Jeu de Robin et Marion est publié ; j'en connais six édi- tions, sans compter celle de M. Rambeau \ La meilleure, la seule bonne, est celle de K. Bartsch. La mienne diffère encore de celle-ci en ce que j'ai méthodiquement comparé les trois manus- crits; en ce que je me suis efforcé de reconsti- tuer le dialecte artésien de la pièce; enfin, par la suppression d'une centaine de vers interpolés, dès le xni® siècle, dans la version qu'ont repro- duite jusqu'ici tous les éditeurs ^. Pour les mélodies, j'ai pensé qu'il serait superflu d'en republier la notation ancienne, que les amateurs trouveront dans l'édition de 1. J'ai donné la liste de ces éditions dans la Romania, XXIV, p. 437-446. Un jeune philologue allemand, M. Rudolf Berger, m'annonce qu'il est occupé « depuis plusieurs ans d'une édition critique des œuvres complètes de ce poète d'Arras aussi au difficile rapport de son langage original, pour lequel il doit exploiter un grand nombre de chartes françaises locales d'Arras ». 2. J'ai exposé dans la Romania les raisons pour lesquelles je considère ces vers comme interpolés. IV PREFACE Goussemaker; je me suis contenté d'en donner la transcription en notes modernes d'après cette édition, sauf quelques corrections, et addition de quatre vers. INTRODUCTION Il y a six siècles passés que le Jeu de Robin et Marion est écrit, de sorte que pour l'apprécier à sa juste valeur, il est équitable de le compa- rer, non pas aux pièces du même genre que nous avons l'habitude d'applaudir sur les diffé- rentes scènes du théâtre moderne, mais à ce qu'on peut attendre d'un auteur mort depuis plus de six cents ans. Il importe aussi de se souvenir que c'est, non seulement le plus ancien type connu d'un genre, qui devait être appelé plus tard à de brillantes destinées, mais encore le premier essai dans ce genre. Et à ce titre il mérite toute l'attention de ceux qui s'intéressent aux origines des choses et toute la considéra- tion qu'on doit aux efforts des novateurs. Enfin, cette petite pièce se recommande par un autre mérite : elle est une peinture fidèle, minutieuse même, de caractères et de mœurs champêtres 2 INTRODUCTION du XIII® siècle. Cette peinture est le sujet réel du poème. Le souci de l'exactitude s'y manifeste d'un bout à l'autre, on pourrait dire, sans exa- gération, à chaque vers, et rend compte de cer- tains détails qui autrement paraîtraient hors de propos. L'auteur a poussé sur-ce point le scru- pule jusqu'à ne faire chanter à ses personnages, bien que lui-même fût un musicien très goûté, que des refrains populaires. La preuve indiscu- table que ces refrains n'ont pas été composés pour le Jeu de Robin et Marion ressort de l'effort visible que le poète a souvent dû faire pour les y enchâsser, de la présence de quelques-uns dans des compositions antérieures au drame, parfois même de rimes étrangères au dialecte picard. L'auteur est un trouvère artésien, que dans son pays on appelait Adam le Bossu ^, qui avait pris à l'étranger le nom d'ADAM d'ARRAS, et qui est aujourd'hui plus généralement connu sous celui d'ADAM de la Halle. Tout ce qu'on sait de la personne même d'Adam se réduit à quelques renseignements I. Adam a eu la précaution de protester à l'avance contre l'interprétation que nous aurions pu donner à ce surnom : On m'apelle Bochu, mais je ne le sui mie. INTRODUCTION 3 vagues et à des conjectures. Il est né à Arras vers i23o; il fit ses études au monastère cis- tercien de Vauchelles, diocèse de Cambrai ', avec l'intention d'embrasser l'état ecclésiastique ; mais séduit par les charmes d'une jeune fille, il l'épousa, brisant ainsi sa carrière. Il ne tarda pas à regretter l'interruption de ses études et projeta de quitter momentanément sa femme pour aller à Paris les continuer. Mais il ne semble pas qu'il ait mis à exécution son dessein. Une bulle, qui retirait aux clercs mariés les pri- vilèges ecclésiastiques, avait 'dû refroidir son zèle. Bientôt on le trouve mêlé aux troubles qui agitaient alors Arras. Il fut obligé de quitter la ville et se réfugia avec sa famille à Douai. C'était un usage que les grands seigneurs eussent dans leur suite des poètes et des musi- ciens payés pour égayer leurs loisirs, embellir I. Ce détail est fourni par un vers du Jeu de la Feuillée^ où le trouvère dit que sa future femme lui parut, « A le savour de Vauchelles », plus belle qu'elle n'était en réalité. Autre- ment dit, l'internat de Vauchelles avait excité ses désirs. Le sens de ce vers est éclairci par un passage d'une chanson où se retrouve la même expression. Adam, éloigné de sa dame, en choisit une autre ressemblant à la première, et l'aime, dit-il, « a le savour » de celle-ci. [Œuvres complètes du trou- vère Adam de la Halle, p. p. E. de Goussemakcr. Paris, in-S", 1872, p. 126.) 4 INTRODUCTION leurs fêtes et chanter leurs louanges. C'est en cette qualité probablement que nous trouvons Adam le Bossu, dans les dernières années de sa vie, attaché au comte Robert d'Artois. Après le massacre des Vêpres siciliennes, en 1282, le comte d'Artois fut envoyé par le roi de France au secours du roi de Sicile, Charles d'Anjou. Adam suivit son puissant bienfaiteur, et c'est dans le sud de l'Italie qu'il mourut, entre 1286 et 1288. Adam fut célèbre de son vivant comme poète et comme musicien. Longtemps après sa mort, la uploads/s1/ jeu-robin-et-marion-ed-langlois-pdf.pdf
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- Publié le Jan 11, 2021
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