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CNED BP 60200, 86980 Futuroscope Chasseneuil Cedex, France © CNED 2022 Danger le photocopillage tue le livre 1-1202-CT-WB--01-23 Agrégation externe de lettres modernes ÉTUDE GRAMMATICALE D’UN TEXTE ANTÉRIEUR A 1500 Admissibilité CORRIGÉ Michel QUEREUIL Professeur émérite, langue et littérature du Moyen-ÂgeUniversité de Clermont-Auvergne 1-1202-CT-WB-01-23 – Agrégation externe Lettes modernes - 1 Eustache Deschamps, Anthologie, 54, v. 1 à 34, p. 276-278 (4 pts par question) 1. Traduction Traduire le texte du de but au vers 26 (…Car Envië sur nous ne mort ne rüe.). 2. Phonétique a) Donner l’histoire phone tique du latin au français contemporain de chapeauls < *cappellos (v. 5) b) La graphie ai (formation, prononciation, e volution phone tique) dans les formes pain < panem (v. 7), saine < sana (v. 11), plait < placitum (v. 28), paine < poena (v. 31). 3. Morphologie a) Classer les substantifs masculins suivants en fonction du syste me de l’ancien français : chapeauls (v. 5), chief (v. 6), pain (v. 7), corps (v. 13), champs (v. 15), seigneur (v. 10), jour (v. 21), draps (v. 23, 24), larrons (v. 28). b) Rendre compte de la formation et de l’e volution du paradigme de larrons (v. 28). 4. Syntaxe Rendre compte de la syntaxe du pronom personnel sujet (emploi et non-emploi) et du pronom personnel comple ment du v. 11 au v. 34. 5. Vocabulaire draps (v. 23 et 24) ; plait (v. 27). RAPPEL DU SUJET 1-1202-CT-WB-01-23 – Agrégation externe Lettes modernes - 2 1. Traduction Traduire le texte du début au vers 26 (…Car Envië sur nous ne mort ne rüe.). En revenant d’une cour souveraine ou j’avais longuement se journe , je trouvai en un petit bois, aupre s d’une fontaine, Robin le libre, la te te coiffe e d’un chapeau de fleurs, et Marion, son amie. Ils mangeaient tous deux du pain et des oignons, et puisaient de l’eau de la fontaine profonde a l’aide d’une tasse. Tout en buvant, Robin, en sueur, dit alors : « J’ai Libre Vouloir, le seigneur de ce monde. Ah ! Marion, que notre vie est saine ! Nous sommes ne s sous une bien bonne e toile. Nos corps ne souffrent d’aucune infirmite . Dieu nous a comble s en ce monde : l’air des champs nous est offert a discre tion. Je m’occupe a couper du bois quand je le veux, je vis de mes bras, je ne vole ni ne tue. Je chante sans crainte ; je joue avec ma fronde. Je dois rendre gra ce a Dieu. J’ai Libre Vouloir, le seigneur de ce monde. Tu peux filer chaque jour la laine et le lin et vivre librement de ce travail ou tisser de tes fils d’e paisses e toffes de laine et de lin qui nous permettent de nous ve tir lorsque nos habits sont use s. Personne ne nous trompe car nous ne subissons pas les assauts d’Envie ni ses morsures. Quant a nos biens, il n’en est gue re question dans la rue et je n’ai pas lieu de me cacher par crainte des voleurs. Pour dormir, je me contente de ma retraite. J’ai Libre Vouloir, le seigneur de ce monde. 2. Phonétique a) Donner l’histoire phonétique du latin au français contemporain de chapeauls < *cappellos (v. 5). Le mot est accentue sur la syllabe pe nultie me, dont la voyelle est bre ve, comme le montre le re sultat en français ; il n’est pas utile d’indiquer la quantite de la voyelle finale, qui sera sans incidence sur l’e volution : [kappe llos]. Entre le Ier et le IIIe s., a la suite de la mutation du syste me vocalique latin, le [e ] passe a [ę], qui reste bref du fait de l’entrave (syllabe ferme e par le premier e le ment de la consonne ge mine e). Au Ve s., la consonne ve laire initiale se palatalise sous l’influence de [a] ; peu apre s la ve laire palatalise e ce de la place a une consonne affrique e : [k̮appęllos] > [ts appęllos] (placer signe de palatalite sous la consonne initiale). Le [a] initial e tant entrave , il ne subira pas de modification. Au VIIe s., les consonnes ge mine es se simplifient, la voyelle finale s’amuï t et le [l] se ve larise devant [s] final, la consonne initiale se de palatalise : [ts apęłs]. Au XIe s., le [ł] ve laire se vocalise en [u], qui forme une diphtongue de coalescence avec la voyelle ante ce dente ; un [a] de transition se de veloppe entre deux e le ments de la diphtongue, d’ou formation d’une triphtongue : [ts apęaus]. Vers la fin du XIIe s., l’accent passe sur le second e le ment de la triphtongue, ce qui entraï ne la fermeture d’un degre du premier e le ment : [ts apẹáus] ; la consonne affrique e perd son e le ment dental : [s apẹáus]. Deux e volutions sont alors possibles : la plus re pandue, surtout dans la langue populaire, est caracte rise e par le passage a [y] du premier e le ment de la triphtongue, d’ou une forme graphie e chatiaus. Dans la langue savante, au contraire le [ẹ] s’est maintenu tout en évoluant en [e̥] « central ». PROPOSITION DE CORRIGÉ 1-1202-CT-WB-01-23 – Agrégation externe Lettes modernes - 3 Vers la fin du XIIIe s., le [s] final a tendu progressivement à s’amuïr, se prononçant cependant encore en cas de liaison, sous la forme de la sonore [z]. Aux XIVe- XVe s., la diphtongue [au] s’est progressivement réduite par assimilation réciproque de ses deux éléments, le premier se vélarisant, le second s’ouvrant d’un degré : [âọ], diphtongue qui a fini par se réduire en [ọ] : [s ape̥ọ (z)]. Aux XVe — XVIe s., le [e̥] s’est labialisé en [œ ̣ ], qui s’est amuï au XVIIe s., d’ou la prononciation actuelle, [s apọ (z)]. Noter la graphie du texte, caractéristique de la période du moyen français, avec restitution graphique du [l] vocalisé. b) La graphie ai (formation, prononciation, évolution phonétique) dans les formes pain < panem (v. 7), saine < sana (v. 11), plait < placitum (v. 28), paine < poena (v. 31). Le digraphe ai re ve le l’existence d’une prononciation diphtongue e a un certain stade de l’e volution phone tique. Cette diphtongue a pu se former par diphtongaison spontane e ou par coalescence. Cette distinction pourra e tre retenue comme premier ctite re de classement des formes propose es. 1. Diphtongaison spontanée Sont concerne es les formes pain, saine et paine, mais la voyelle affecte e par la diphtongaison n’est pas la me me dans les trois formes. 1.1. Diphtongaison de [a ] libre Dans pánem et sána, le [a ] libre s’est segmente puis diphtongue par diffe renciation au VIe s., puis, devant consonne nasale, le 2nd e le ment s’est ferme en [i] : [a ] > [a a] > [a ę] > [a i]. 1.2. Diphtongaison de [ẹ] tonique libre. La diphtongue latine de póena s’est réduite en [ẹ] dès le Ier s. ; tonique et libre, ce [ẹ] s’est segmenté puis diphtongué par différenciation au VIe s : [ẹ] > [ẹẹ] > [ẹi], diphtongue qui évolue habituellement en [ọi] à la suite d’une nouvelle différenciation, qui ne s’est cependant pas produite (sauf dialectalement) devant une consonne nasale. 2. Formation d’une diphtongue par coalescence Dans plácĭtum, la voyelle posttonique s’est amuï e entre le Ier et le IIIe s. , d’ou [pla ktu] ; place e en position implosive, la consonne ve laire s’est alors affaiblie en [χ], puis [y], semi-consonne qui s’est vocalise e en [i], formant ainsi, par coalescence, la diphtongue [a i] (IXe s.). 3. Évolution des diphtongues 3.1. Diphtongue de coalescence [a i] devant consonne non nasale : [fa it]. La diphtongue s’est re duite dans le courant du XIIe s. par fermeture du Ier e le ment qui a fini par assimiler le 2nd : [a i] > [ęi] > [ę] ; la graphie ai (« digraphe » ou « digramme ») s’est cependant maintenue (concurrence e par e) ; on la retrouve dans le verbe plaider et ses de rive s. 3.2. Diphtongue spontanée [a i] devant consonne nasale : [pa in], [sa ine̥]. 1-1202-CT-WB-01-23 – Agrégation externe Lettes modernes - 4 Sous l’influence de la consonne nasale, la diphtongue s’est nasalise e, son premier e le ment peut-e tre de uploads/s3/ 1-1202-ct-wb-01-23.pdf
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- Publié le Sep 17, 2022
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