M. Fialip Baratte, Grammaire 2009/2010 La phrase Un petit jeu pour commencer (V

M. Fialip Baratte, Grammaire 2009/2010 La phrase Un petit jeu pour commencer (Vargas, 1999, p.6): qui a raison ? Le maître : « dans la phrase : les élèves sérieux réussissent, je peux effacer « sérieux », c’est toujours une phrase. L’élève :- non on peut pas, parce que ça veut pas dire la même chose Le maître : - oui mais c’est quand même une phrase L’élève :- oui mais c’est pas pareil parce qu’avant ça voulait dire : y’a que certains élèves qui réussissent et après ça veut dire qu’ils réussissent tous alors ça marche pas, on peut pas effacer. » Tous les deux ont raison, il y a juste que ce n’est pas la même phrase : le maître réfère au formel, l’élève au sens. On peut juste se demander ce que l’élève va retenir et garder… et surtout quels apprentissages ? Le rapport au langage de l’enfant est d’abord sémantique : dire le monde, s’exprimer, et pragmatique : entrer en communication, agir sur l’autre, se situer, etc. Donc le sens. Le rapport formel existe mais sous forme ludique : le jeu jacques a dit, ou lorsque on imagine ce que l’on ferait si, les charades, rébus… 1. Pourquoi la phrase en première notion? Parce que la phrase est souvent la première notion proposée aux élèves. Les Programmes de 2008 pour le cycle 3 la mettent en tête pour le CE2, CM1 et CM2. Les élèves en ont une connaissance empirique. Ils en produisent à l’oral. Ils savent ou apprennent à en produire à l’écrit, enfin parce qu’ils ont appris à lire à l’aide de phrases. 2. De quelle phrase parle-ton ? La phrase est contextualisée dans son usage. Elle est aussi souvent incorrecte : tu dis quoi ? Toutes les grammaires sont normatives, elles réfèrent au bon usage. En laissant de côté les productions orales ou écrites les plus courantes, elles oublient certains mécanismes linguistiques fondamentaux et passent à côté de nombreuses productions des enfants, d’où les dangers connus et dénoncés : sanctionner les façons de parler des plus défavorisés et entretenir leur rejet de la grammaire, les maintenir en état d’insécurité linguistique. Surtout, c’est souvent en analysant les bons et mauvais énoncés que par contraste on arrive à mettre en valeur la meilleure façon de s’exprimer et on le constate souvent les énoncés incorrects fonctionnent cependant sur la norme même pour la transgresser ou la détourner. Phrase minimale ou phrase noyau : la phrase noyau est formée par le verbe et ses constituants (dont la fonction se définit par rapport au verbe : sujet, complément de verbe) ou autour de lui (attribut,) les autres constituants sont compléments de phrase (épithète, complément de nom, apposition) et forment avec la phrase noyau la phrase étendue. 3. Pourquoi faire étudier la phrase ? Pourquoi l’élève a-t-il besoin de savoir ce qu’est une phrase ? Et qu’est-ce qu’une phrase ? Grammaire pour quoi faire ? La phrase pour quoi faire ? Améliorer l’ expression orale et écrite. D’où le point de départ privilégié : le texte ce qui pour la phrase n’est pas sans poser problème. Définitions 1. Vargas : phrase et énoncé ou phrase-type, phrase-occurence : Unité constituant un type de matériau linguistique possible de l’énoncé. (un énoncé peut être constitué d’un mot, d’une suite de mots, d’une phrase, d’une suite de phrases). Lorsqu’elle est isolée, elle présente un sens littéral mais un sens concret, une signification lorsqu’elle devient un énoncé , lorsqu’elle est utilisée dans un acte d’énonciation, dans une situation donnée. Mais au sein d’un texte, elle peut perdre de son autonomie et ne fonctionner qu’avec le contexte par le jeu des anaphores et des connecteurs, il en est de même à l’oral, en « situation » : « tu peux décrocher ce machin ? » 2. Autres : phrase et proposition M. Fialip Baratte, Grammaire 2009/2010 3. Pour les linguistes la phrase n’est pas une unité de l’oral mais uniquement de l’écrit et elle se résume ainsi : P = GN+GV+modalité d’énonciation. C’est un modèle abstrait. Donc comment étudier la phrase ? - en distinguant des phrases –types et des phrases-occurrences. - La phrase-type est celle des grammaires, isolée de tout contexte, de toute énonciation, de toute utilisation. C’est un modèle de référence, bien formée syntaxiquement, avec un sens littéral autonome achevé. Exemple : le chat mange la souris , en lecture : papa fume la pipe. - La phrase-occurrence apparaît dans le discours (énoncé ou texte) ; Les définitions que nous connaissons tous ne concernent que la phrase-type. Quelles sont-elles ? - une phrase est une unité linguistique minimale possédant un sens complet (point de vue sémantique) - une phrase est une unité linguistique minimale complète permettant de dire quelque chose de quelqu’un ou de quelque chose. (point de vue énonciatif) - une phrase est une unité linguistique autonome constituée d’un ensemble de mots construits selon les règles grammaticales autour d’un ou plusieurs prédicats. (point de vue morpho-syntaxique) - une phrase est une suite de sons modulés selon certains schémas intonatifs particuliers et séparée des autres phrases par une pause plus ou moins longue. (critère prosodique) - une phrase est un ensemble de mots délimités par une majuscule et un point. (critère graphique). On voit bien là tous les possibles et les limites, on voit les domaines concernés : oral, écrit. Les trois premières sont problématiques, les deux dernières ne sont pas des définitions. Si je dis : le, la , les ; un, une, des, j’ai prononcé des sons modulés avec des schémas intonatifs particulier mais ce n’est pas une phrase. Il en est de même à l’écrit : Le, la, les ; une ; un ; des. N’est pas une phrase malgré le point et la majuscule. A l’inverse Aragon écrit parfois sans points d’autres aussi C Simon bien sûr, Camus et ce qu’ils écrivent sont des phrases. Le point et la majuscule comme les séparations de mots (blancs) ou l’orthographe sont des aides pour la lecture. Essayez de lire un texte sans blancs, bourré d’erreurs. Ils signalent les bornes de la phrase et encore pas toujours ! La phrase peut avoir d’autres signes démarcatifs : l’isolement ou la disposition dans l’espace : publicité, films, etc. Le point est d’ailleurs le signe de ponctuation dont s’emparent le plus tôt les élèves et curieusement il ne leur sert pas à borner des phrases mais des unités de sens : des syntagmes. Le point de vue sémantique Il est parfait pour les phrases-types bien qu’incomplet. Il est insuffisant pour les phrases- occurrences, celles que les élèves rencontrent dans les textes ou auront à écrire… Le point de vue énonciatif Point de vue à partir duquel on étudie l’énoncé, pas forcément adapté à la phrase. Si le thème est ce dont on parle ; de qui parle-t-on dans : « le chat mange la souris ? » du chat, de la souris, des deux ? Si le thème est le connu et le rhème le nouveau, peut-on déterminer cela en dehors du texte ? On peut analyser des énoncés en termes de rhème et de thème sans que ce ne soient des phrases : les voyages ! et parfois on considère comme phrase un simple mot : magnifique ! Le point de vue morpho-syntaxique La phrase est définissable de ce point de vue : unité organisée morpho-syntaxiquement de manière autonome. Elle se définit par une cohésion morphologique qui détermine des contraintes fortes : ordre de présentation, place des constituants. Il y a une organisation formelle de la phrase. Pourquoi apprendre la phrase ? - pour mieux lire on vient de le voir avec la ponctuation, la segmentation, etc. - pour savoir écrire, ce qui signifie par exemple pour la phrase : traduire la surprise, le doute ; dire ce qui n’est pas… Mais on voit bien , pas seulement par la phrase, d’autres éléments interviennent : ponctuation, lexique, etc. Si on prend l’entrée pour écrire, on peut ainsi comme pour la phrase établir une typologie. Quels sont les phénomènes grammaticaux qui relèvent de la phrase ? - accords verbe-sujet d’autre phénomènes relèvent du texte (anaphores, connecteurs) d’autres du mot (genre et nombre de l’adjectif) 4. Les entrées possibles 1. L’entrée grammaticale : - faire émerger les représentations des élèves M. Fialip Baratte, Grammaire 2009/2010 - distinguer ce qui est constitutif de la phrase (pour l’écriture) et ce qui est indicatif (pour la lecture) - faire réfléchir à : la phrase-type et la phrase-occurrence : où les trouve-t-on, ? pourquoi , pourquoi faire ? La phrase simple ou phrase-type : C Tisset p 55 - faire tous les types en même temps - partir de la phrase déclarative ou assertive 2. L’entrée littéraire : D’après les ingrédients du texte, quels savoirs grammaticaux étudier ? 5. Quelques définitions Phrase verbale/phrase non verbale Définitions La phrase verbale est une phrase dont le prédicat est verbal : contient un verbe conjugué comme constituant central. La phrase non verbale Il y en a différents types : - la phrase nominale uploads/s3/ 4la-phrasemfb-1.pdf

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