Trans. Revista Transcultural de Música E-ISSN: 1697-0101 edicion@sibetrans.com

Trans. Revista Transcultural de Música E-ISSN: 1697-0101 edicion@sibetrans.com Sociedad de Etnomusicología España Marc Martínez, Isabelle L´intertextualité sonore et discursive dans le rap français Trans. Revista Transcultural de Música, núm. 14, 2010, pp. 1-11 Sociedad de Etnomusicología Barcelona, España Disponible en: http://www.redalyc.org/articulo.oa?id=82220947004 Comment citer Numéro complet Plus d'informations de cet article Site Web du journal dans redalyc.org Système d'Information Scientifique Réseau de revues scientifiques de l'Amérique latine, les Caraïbes, l'Espagne et le Portugal Projet académique sans but lucratif, développé sous l'initiative pour l'accès ouverte Home PRESENTACIÓN EQUIPO EDITORIAL INFORMACIÓN PARA LOS AUTORES CÓMO CITAR TRANS INDEXACIÓN CONTACTO Números publicados Última publicación Share | Convocatoria para artículos: Explorar TRANS: Por Número > Por Artículo > Por Autor > Suscribir RSS Feed < Volver L’intertextualité sonore et discursive dans le rap français Isabelle Marc Martínez Résumé La compréhension des enjeux esthétiques, culturels et idéologiques des musiques amplifiées passe par la prise en compte des réseaux signifiants s’établissant entre les chansons, les genres musicaux et les instances diverses de la culture contemporaine : ils conforment l'intertextualité des musiques populaires. Ceci est particulièrement vrai dans le cas du hip hop, une musique hautement intertextuelle sur le plan musical/sonore et sur le plan linguistique/discursif. Cet article se propose notamment d’explorer ces réseaux dans le rap français ; pour ce faire, on présentera premièrement la notion d’intertextualité en musique comme cadre théorique du travail ; deuxièmement, on décrira le sampling comme l’ethos de l’intertextualité sonore du rap et, troisièmement, on parcourra les mécanismes de l’intertextualité discursive. Mots clés: intertextualité, hip hop, rap français, sample, citation, dérivation, reprise. Abstract This article aims to explore sonic and discursive intertextuality in hip hop, focusing on French old school. First, it will present the concept of intertextuality in music as theoretical frame. Second, it will describe sampling as the ethos of the sonic intertextuality in rap music. And third, it will analyse the mechanisms of discursive intertextuality. Indeed, in order to understand popular music and especially hip hop, we need to take into account the intertextual networks established amongst rap songs as long as their relations with the realm of popular music and other instances of contemporary culture. Keywords: intertextuality, hip hop, French rap, sample, quotation, derivation, version. Introduction Pourquoi parler d’intertextualité dans un dossier consacré aux nouvelles technologies en musique ? Tout simplement, parce que ce sont ces progrès technologiques qui ont favorisé le développement d’une intertextualité musicale extrême, notamment dans la musique hip hop. Appliquer la notion d’intertextualité à l’analyse de la musique n’est certes pas une nouveauté. De l’étude traditionnelle des influences dans la musique savante jusqu’aux approches ouvertement intertextuelles (Lacasse 2008 ; Klein 2004 ; López Cano 2005 et 2007), lorsque la musique est conçue comme un système sémiologique, indépendamment de l’étiquette théorique que l’on décide d’y appliquer, il s’impose d’effectuer une analyse synchronique et diachronique des rapports signifiants entre les différents systèmes et les différents textes, de nature homogène et hétérogène, contribuant à la construction du sens dans les œuvres concrètes. Or, à ma connaissance, il n’existe pas de travaux systématiques sur l’intertextualité dans la musique hip hop, et notamment dans le hip hop français old school. S’il semble logique et nécessaire d’appliquer une telle analyse à cette musique, c’est bien parce que, aussi bien sur le plan sonore que sur le plan discursif, le rap fait preuve ostensible d’une esthétique intertextuelle. En effet, il s’agit d’une musique électronique à part entière, composée à base de samples ou échantillons, soit des emprunts de sons préenregistrés, des intertextes sonores coupés, hachés, rallongés, déconstruits, puis mixés et remixés à volonté. En ce qui concerne les paroles, centrales au rap old school, elles sont le résultat d’un assemblage hétéroclite où les discours de l’art élevé côtoient le familier, le médiatique, le politique ou le publicitaire. La haute teneur intertextuelle de la chanson française, catégorie dans laquelle s’inscrit le rap, a déjà été mise en avant par Paul Garapon pour qui " la chanson française d’aujourd’hui ne cesse de citer la chanson d’hier, de se situer par rapport à elle " (Garapon 1999 : 107). Or, le rap pousse l’intertextualité plus avant en s’appropriant non seulement les éléments appartenant à sa propre esthétique ou à sa propre tradition, où les éléments afro-américains sont priorisés par rapport aux éléments français ou francophones, mais aussi en ouvrant le " réservoir " de ses intertextes à l’espace culturel contemporain : médias, cinéma, publicité, BD, politique... TRANS 14 (2010) TRANS - Revista Transcultural de Música - Transcultural Music Revie... http://www.sibetrans.com/trans/a8/lintertextualite-sonore-et-discurs d’intertextualité en musique sera présentée en premier comme cadre théorique du travail ; deuxièmement, le sampling sera décrit comme l’ethos de l’intertextualité sonore du rap, pour, finalement, explorer les mécanismes de l’intertextualité discursive. En raison de l’abondance et de la variété de la production de hip hop France, et bien sûr des limites du présent travail, je n’entends pas ici réaliser une analyse exhaustive, mais plutôt donner un aperçu des mécanismes de l’intertextualité à partir de quelques exemples représentatifs, notamment dans les groupes de la old school française. 1. L’intertextualité dans les musiques amplifiées Trait constitutif de la littérarité, l’intertextualité représente également un outil d’analyse extrêmement riche des textes dits littéraires. Introduite par Kristeva (1969) en tant que développement du concept de dialogisme de Bakhtin (1978), la notion d’intertextualité a permis à la critique et à la poétique poststructuraliste non seulement d’inclure le(s) contexte(s) dans la littérature en tant que participant du dialogue établi entre le texte et le hors-texte (le monde étant une construction textuelle, le hors-texte un autre texte), mais aussi de dépasser une conception linéaire et évolutive des phénomènes littéraires et culturels pour proposer à sa place une représentation spatiale, à la manière d’une bibliothèque infinie où les textes, passés, présents et futurs, coexistent en vertu de leurs relations intertextuelles (Rabeau 2002). Barthes (1973), dans sa définition de " Texte " pour l’Encyclopaedia Universalis en vient à affirmer que : " Tout texte est un intertexte ; d’autres textes sont présents en lui, à des niveaux variables, sous des formes plus ou moins reconnaissables : les textes de la culture antérieure et ceux de la culture environnante ; tout texte est un tissu nouveau de citations révolues […] L’intertextualité, condition de tout texte, quel qu’il soit, ne se réduit évidemment pas à un problème de sources ou d’influence […]Épistémologiquement, le concept d’intertexte est ce qui apporte à la théorie du texte le volume de la socialité: c’est tout le langage, antérieur et contemporain, qui vient au texte, non selon la voie d’une filiation repérable, d’une imitation volontaire, mais selon celle d’une dissémination – image qui assure au texte le statut, non d’une reproduction, mais d’une productivité.". Sont donc dépassées les notions d’influence ou de source, d’originalité et d’imitation dans une conception non binaire, élargie, selon laquelle l’auteur, le lecteur, la réalité, la signifiance, le passé, le présent et l’avenir participent en tant qu’interlocuteurs inexcusables du dialogue littéraire. Dans l’immense tissu des intertextes, les modalités relationnelles sont vastes, complexes, mouvantes. Pour Genette (1982), l’intertextualité serait restreinte aux relations de coprésence ou d’inclusion entre deux textes, alors que l’hypertextualité comprendrait l’ensemble des différentes relations de dérivation (par imitation ou transformation) entre les textes. Or, au-delà des discussions terminologiques, l’inclusion et la dérivation constitueraient donc les deux grands régimes de l’intertextualité – ce que Genette dénomme transtextualité. L’un des modes les plus évidents de l’intertextualité est la citation, amplement étudie par Antoine Compagnon dans La seconde main ou le travail de la citation (1979). En littérature, la citation est une relation d’inclusion, de " coprésence ", définie à son tour par Genette comme " la présence effective d’un texte dans un autre " (Genette 1982 : 8). La citation (avec ou sans guillemets) constituerait la forme d’inclusion la plus explicite aux côtés du plagiat, qui n’est qu’une citation non avouée. Pour sa part, la référence " n’expose pas le texte cité, mais y renvoie par un titre, un nom d’auteur, de personnage ou l’exposé d’une situation spécifique. " (Samoyault 2005 : 35). L’allusion, moins explicite, désignerait le rapport entre deux textes A et B en vertu duquel la compréhension du texte B serait impossible sans la prise en compte du texte A (Genette 1982 :8). Samoyault, au contraire, considère que " l’allusion dépend plus de l’effet de lecture que les autres pratiques intertextuelles : tout en pouvant ne pas être lue, elle peut aussi l’être là où elle n’est pas. La perception de l’allusion est souvent subjective et son dévoilement rarement nécessaire à la compréhension du texte. " (Samoyault 2005 :36). Dans le domaine des musiques amplifiées – musiques populaires contemporaines, musiques actuelles – et notamment dans les chansons (espace privilégié où s’unissent musique, paroles et performance), il est possible, à mon sens, d’appliquer la notion d’intertextualité ; en effet, la chanson est, elle aussi, un texte (entendu ici comme unité sémiologique de communication pourvue de sens, sur le plan social, économique, idéologique et esthétique) qui entre en relation avec d’autres textes, musicaux ou non-musicaux. Dans cette perspective, il ne s’agit donc pas d’étudier uploads/s3/ 82220947004.pdf

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