Une œuvre, un auteur L ' é t r a n g e d e s t i n d e W a n g r i n d'Amadou H
Une œuvre, un auteur L ' é t r a n g e d e s t i n d e W a n g r i n d'Amadou Hampaté Bâ Étude critique Texte inédit : Postface d'Amadou Hampaté Bâ Antoine MAKONDA Chercheur à l'I.N.R.A.P. (Brazzaville) NATHAN Titre parus L'aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane Le Mandat de Sembène Ousmane Le monde s'effondre de Chinua Achebe Tribaliques d'Henri Lopès Les Soleils des Indépendances d'Ahmadou Kourouma Maïmouna d'Abdoulaye Sadji La Tragédie du roi Christophe d'Aimé Césaire Les Bouts de bois de Dieu de Sembène Ousmane Le Vieux Nègre et la Médaille de Ferdinand Oyono Jazz et vin de palme d'Emmanuel Dongala Le Cercle des Tropiques d'Alioum Fantouré L'Étrange Destin de Wangrin d'Amadou Hampaté Bâ Toutes les références à l'œuvre renvoient à l'édition de poches, Collection 10-18. Union Générale d'Édition. © Éditions Nathan, Paris, 1988. ISBN : 2-09-169066-X. I SITUATION DE L'ŒUVRE • L'auteur : éléments de biographie • Contexte historique et littéraire L'auteur : éléments de biographie Amadou Hampaté Bâ est né en 1901 à Bandiagara, une des grandes cités de la région du Macina, au Mali. Il y reçoit non seulement une formation isla- mique approfondie, mais aussi une éducation traditionnelle extrêmement pous- sée, à travers notamment une double initiation peule et bambara. Cette for- mation africaine sera essentiellement l'œuvre de trois hommes. Il y a d'abord Kullel, grand conteur peul, auprès de qui Amadou Ham- paté Bâ apprend l'histoire des grands hommes de son pays. Vient ensuite Danfo Siné, grand initié de la société secrète bambara Komo, qui lui donne le goût d'approfondir ses connaissances sur les initiations traditionnelles africaines. Mais c'est à Tierno Bokar qu'il doit le plus lourd tribut, au point de lui consa- crer, plus tard, tout un ouvrage : Vie et enseignement de Tierno Bokar, le sage de Bandiagara (Paris, Seuil, 1980). Expert en sciences islamiques, cet éminent traditionaliste africain, né en 1875 et mort en 1940, eut une influence considé- rable sur Amadou Hampaté Bâ et sur ses nombreux autres disciples. Réquisitionné en 1912 pour l'école française, Amadou Hampaté Bâ obtient son certificat d'études primaires en 1915. Il retourne alors à la vie tradition- nelle puis, après quelques années, reprend ses études et se présente en 1921 au concours d'entrée à l'école normale William-Ponty. Bien que reçu, il renonce à y entrer, sur ordre de sa mère. En guise de punition, le gouverneur le nomme à Ouagadougou, en qualité d'« écrivain temporaire à titre essentiellement pré- caire et révocable ». Il y passera dix longues années avant d'accéder au poste d'interprète par- ticulier du gouverneur et premier secrétaire de la mairie de Bamako. Son appartenance à la branche « hamalliste » de la congrégation musul- mane Tidjani lui vaut, vers 1937-1938, des tracasseries avec l'administration coloniale française. Mon maître et père spirituel Tierno Bokar, lui-même Cheikh (maître) de la confrérie Tidjani dans la branche omarienne, appartenait à la famille d'El Hadj Omar. Pourtant, en 1937, dédaignant les ennuis qui ne manque- raient pas de s'abattre sur lui, il reconnut la validité spirituelle de Chérif Hamallâh et se plaça sous son obédience. Je le suivis dans cette voie. Dès lors, Tierno Bokar fut violemment combattu par ses cousins omariens. Ces derniers, qui comptaient des membres très influents auprès du gouver- nement général de l'A.O.F., réussirent à déclencher l'intervention de l'Admi- nistration coloniale en faisant passer pour une affaire politique de tendance « anti-française » ce qui n'était qu'un conflit d'ordre religieux et local. À cette époque, mes fonctions administratives au Cercle de Bamako me permirent à plusieurs reprises de défendre Chérif Hamallâh et Tierno Bokar auprès de l'Administration, de ramener les faits à leur juste proportion et de désamorcer un certain nombre de cabales lancées pour les perdre. Par là-même, je devenais, pour les ennemis de Tierno Bokar, un obstacle majeur qu'il fallait faire disparaître. Une telle campagne fut lancée contre moi que l'Administration coloniale d'alors — c'était la période vichyssoise — décida de faire procéder à une enquête. Deux lieutenants du bureau des Affaires musulmanes furent tour à tour affectés au Soudan avec pour instruction de chercher à me prendre en faute dans le cadre de mes fonctions. Amadou Hampaté Bâ, Vie et enseignement de Tierno Bokar, Éditions du Seuil, p. 8. L'intervention du grand ethnologue Théodore Monod, qui le recrute à l'Institut français d'Afrique noire (I.F.A.N.) en 1942, le sauve de la prison et peut-être de la mort. Il peut alors se consacrer pleinement à ses recherches sur les traditions africaines : « C'était le début du grand combat d'Amadou Hampaté Bâ pour faire admettre, dans les milieux scientifiques modernes, la valeur de la tradition orale en tant que source de connaissances, de culture et de civilisation » (Calao, juillet-août 1984, p. 12). En 1951, il effectue un voyage d'études à Paris grâce à une bourse de l'Unesco. De retour à Bamako, il y poursuit ses recherches avant de fonder, en 1958, un Institut des sciences humaines. Il sera ensuite ambassadeur du Mali en Côte-d'Ivoire (1962-1966) et membre du Conseil exécutif de l'Unesco (1962-1970). En récompense de sa lutte pour une compréhension réciproque entre les différentes religions, il obtient, en 1981, le Prix de l'œcuménisme délivré par la fondation américaine De Ménil. Amadou Hampaté Bâ est installé en Côte-d'Ivoire depuis 1966. Contexte historique et littéraire Lorsque paraît l'Étrange Destin de Wangrin, en 1973, cela fait plus d'une décennie que la plupart des États africains ont accédé à l'indépendance. Après les explosions de joie et les espoirs suscités dans les années soixante par les réappropriations successives de la souveraineté nationale, l'enthousiasme est vite retombé devant la cascade de guerres civiles qui épuisent le continent (ex : Congo belge, Biafra, etc.) et les coups d'État qui aboutissent le plus souvent à l'installation de dictatures militaires. Partout, des castes de parvenus se mettent en place pour piller les richesses nationales et opprimer leurs peuples. Il apparaît bien vite que les décolonisations, si elles ont permis des transferts du pouvoir formel aux Africains, n'ont pas mis fin à la mainmise économique des anciennes puissances tutélaires sur les pays nominalement indépendants. Tota- lement assujettie aux intérêts économiques des anciennes métropoles, l'Afri- que demeure aussi sous l'influence d'une culture étrangère, celle de l'Occident, qui, à travers les médias et les programmes scolaires, continue de lui imposer ses modèles. La négation de l'Afrique (son histoire, ses civilisations, ses pro- blèmes, ses joies, ses peines), clairement proclamée durant la période coloniale, se poursuit sous des formes plus sournoises, mais non moins efficaces, bien au contraire. Fortement tributaire de l'environnement social, la production littéraire des années soixante-dix, surtout dans sa forme romanesque, exprime fréquem- ment un désenchantement d'autant plus fort et pénible que les illusions ont été grandes, ce qui est tout à fait compréhensible pour des peuples qui avaient cru, après des siècles de domination étrangère, qu'ils allaient enfin reprendre en main leur propre destin. Des livres comme le Devoir de violence de Yambo Ouologuem (1968), le Mandat de Sembène Ousmane (1968), les Soleils des indé- pendances d'Ahmadou Kourouma (1968), Tribaliques d'Henri Lopes (1971), constituent autant de témoignages et de réquisitoires contre le néocolonialisme et ses alliés que souvent se révèlent être les régimes en place. Parallèlement à cette dénonciation des abus et des vexations qui sont le lot quotidien de la masse dans l'Afrique d'après les indépendances, d'autres écrivains recherchent, dans l'évocation de la pensée et des pratiques ancestra- les, un moyen de freiner la déculturation galopante de l'homme africain. C'est le cas de l'Étrange Destin de Wangrin qui se situe ainsi, en partie tout au moins, dans la lignée des romans historiques des années soixante comme la Légende de M'Pfoumou Ma Mazono de Jean Malonga (1954) ou Soundjata, l'épopée mandingue de Djibril Tamsir Niane (1960). Mais, alors que ceux-ci, à travers des tableaux idylliques des sociétés traditionnelles, préconisaient en fait un retour systématique aux sources, les romanciers des années soixante-dix, eux, ne vont à la rencontre des racines africaines que pour mieux affronter l'incon- tournable modernité. Ainsi Wangrin, bien que sacrifiant régulièrement aux cou- tumes ancestrales, n'éprouve-t-il aucune difficulté à gérer son entreprise selon les méthodes occidentales, ni à se déplacer dans une automobile, ni à devenir l'amant d'une Européenne. «Une collection à l'usage des élèves du second cycle des lycées regroupant les principaux titres de littérature négro-africaine aux programmes. • Une étude critique de l'ŒUVRE en partant de l'AUTEUR dont la vie et les activités créatrices sont replacées dans le contexte historique et littéraire. • Une analyse selon un plan rigoureux: • Présentation de l'œuvre, son titre, sa structure, son déroulement dans le temps et dans l'espace. • Étude des personnages • Étude des thèmes selon des critères d'opposition et un découpage variable en fonction de l'ouvrage. • Approche des techniques du récit et du mode d'écriture de l'auteur. • Enfin, une ouverture sur le sens et la portée de l'œuvre, sa place dans le cadre plus élargi des courants d'expression négro-africains. Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, uploads/s3/ 9782402614573.pdf
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- Publié le Apv 11, 2021
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