Bill Viola Une synthèse non exhaustive sous forme d'abécédaire des éléments qui

Bill Viola Une synthèse non exhaustive sous forme d'abécédaire des éléments qui peuvent aider à comprendre son œuvre A Autofilmage L'immortalité et l'éternité sont abordées dans deux œuvres : Man Searching for Immortality / Woman Searching for Eternity (2013), où l'on voit un homme et une femme âgés, debouts et nus face aux spectateurs, explorer chacun leur corps avec leurs main et en éclairant leur propre peau avec une lampe de poche, et Nine attempts to Achive Immortality (1996), une performance réalisée par Bill Viola lui-même, qui tente neuf longues apnées (en 18 minutes) face à la caméra. B Biographie http://www.grandpalais.fr/fr/system/files/field_press_file/dp_bill_viola.pdf Bricolage Viola utilise la technologie comme un bricoleur, il débute ses projets avec quelques idées présentées par quelques mots ou dessins. Pour Room for St. John of the Cross, Viola enregistre le son de l'air pénétrant par la fenêtre ouverte d'une voiture roulant à vive allure ; et ce son a priori trivial devient dans l'œuvre un vent mystique — un son transfiguré, « beau, dit Viola, parce que tu ne peux le situer, il est proche et lointain, bien évidemment il est profond, je pense qu'il s'agit d'un son primordial ». Une goutte d'eau tombe d'un tuyau de cuivre sur la peau d'un tambour posé au sol. Le bruit amplifié tonne et résonne dans la pénombre. L'image agrandie de la goutte filmée par une caméra est projetée sur un écran. Dans la forme oblongue et transparente apparaît, inversé, le reflet du regardeur … Bill Viola parle de son installation au musée d'Art moderne de San Francisco (1997) avec vue de l'atelier http://www.telerama.fr/scenes/bill-viola- ou-l-eloge-du-ralenti,109480.php Il truque aussi, mais il convient d'oublier la possibilité du trucage pour se laisser aller à l'émerveillement. Ce sont, selon les mots mêmes de l'artiste, des « poèmes visuels » C Cinéma expérimental Entre l'art vidéo et le cinéma, il n'y a parfois pas beaucoup plus qu'un pas. Et si les films de Bill Viola pouvaient aussi se lire comme un cinéma expérimental… En prenant ses distances avec une définition institutionnelle, pour se concentrer sur une définition artistique, voire même poétique, du médium, les vidéos de Bill Viola explorent un chemin déjà fort des traces d’Andy Warhol, Kenneth Anger ou Stan Brakhage. On retrouve chez l’artiste le surréalisme de Georges Méliès : son jeu sur le temps, les ellipses ou les renaissances, et le lyrisme et la poésie d’un Guy Maddin. Corps Le temps qui passe, la vie et la mort, la présence et l'absence, le visible, l'invisible : rien n'est figé, tout évolue dans les œuvres de Viola, devant des spectateurs amenés à se laisser happer par des images et des dispositifs qui questionnent les fondamentaux humains : qui suis-je, où suis-je, ou vais- je ? Dans Three Women, trois femmes de trois âges différents passent d'un espace en noir et blanc saturé, comme une mauvaise retransmission d'images dans un écran, en arrière-plan, à un premier plan net et en couleurs. Entre les deux : un rideau d'eau. Cette œuvre fait partie de la série Transfigurations. « Physiquement, une transfiguration est un changement complet de forme, un remodelage des apparences, une métamorphose », a écrit l'artiste à propos de cette série. « La métamorphose la plus profonde et la plus radicale est totalement intériorisée, invisible, sauf qu'elle modifie la substance même de la personne, qui finit par rayonner et transformer tout ce qui l'entoure », poursuit-il. D Disparition Surrender (2001) joue, comme souvent chez Viola, avec l'apparition et la disparition des êtres, ces visages inondés, criant, souffrant, se déformant peu à peu comme des portraits de Bacon. E Eléments L'eau, le feu, les bruits de la nature, le paysage : chez Viola, les éléments et les environnements sensoriels participent à l'immersion dans les images. La plongée des corps dans l'eau, et dans leur propre reflet, récurrente dans ses œuvres, symbolise d'ailleurs cette immersion à laquelle les spectateurs sont conviés. Fire Woman (2005) F Figures Fantômes En 2001, il crée une pièce majeure, Five Angels for the millennium, composée de cinq écrans vidéo sur lesquels un homme — un ange — entre ou sort de l'eau. G Glossaire L'art vidéo est défini par un vocabulaire et des références très spécifiques. L'Encyclopédie nouveaux médias du Centre Pompidou propose un glossaire http://www.surlimage.info/ressources/pdf/Glossaire.pdf http://www.newmedia-art.org/francais/glossaire.htm H Héritage Viola étudie les dessins d'un livre posthume de Charles Le Brun publié en 1698 sur le thème de la Passion, et prend pour modèles des œuvres de la Renaissance, aussi bien flamande qu'italienne — Dieric Bouts, Jérôme Bosch ou Mantegna. « Je suis intéressé par ce que les anciens maîtres n'ont pas peint, dit Viola, par les passages situés au milieu. » Le ralenti en est la règle. I Influences Nam June Paik, Joseph Beuys, Marcel Duchamp, Mark Rothko, Alberto Giacometti K Kira Depuis leur rencontre en 1977 à Melbourne, Kira Perov et Bill Viola vivent et travaillent ensemble. Si l'œuvre est signée du seul nom de Viola, la part de sa compagne est décisive. Kira Perov est directrice de son studio. L Lumière L’œuvre de Bill Viola - celui que Nam June Paik surnomme « le poète de l’art vidéo » - transcende le travail de la caméra pour créer des atmosphères qui modifient la perception de l’espace-temps, dans les fluctuations de la lumière qui fait et défait les images. Elle immerge le spectateur à l’intérieur de ce que Viola appelle « le réalisme des sensations et des émotions, des perceptions et des expériences (…) réalisme de la perception d’un objet, non l’objet lui-même. » (Art Press , n°233, interview de Rosanna Albertini.) M Marche Bill Viola utilise souvent la figure de la marche pour inscrire son travail dans un rapport au temps et donc au spectateur. Dans Walking the Edge (2012), c'est le temps à l'échelle de la vie qui est abordé. On y voit deux hommes (un père et un fils, nous dit le catalogue) dont les trajectoires s'inscrivent dans la durée (environ 12 minutes). Ils surgissent à chaque extrémité du champs de l'image et avancent dans le désert, dans une chaleur qui trouble légèrement l'image. Ils marchent vers le spectateur jusqu'à se croiser et se séparer à nouveau. Monumentaliser L'apparition du vidéoprojecteur ouvrit des possibilitésnouvelles à ceux qui souhaitaient monumentaliser les images du « petit écran ». Bill Viola juxtapose parfois de grandes projections simultanées, moderne polyptique aux images animées. Leurs effets sont décuplés par des dimensions imposantes. Le vidéoprojecteur permet toutes les fantaisies. Tony Oursler projette des images sur le visage en chiffon disposées qui s'animent ainsi, étrangement. Pipilotti Rist reconstitue un salon, un bar, des bouteilles, des tiroirs, des livres sont hantés par des images, parfois fort discrètes, toujours perturbantes. Mysticisme Très tôt, Bill Viola s'est passionné pour les philosophies orientales. Dans les années 1970, il voyage aux îles Salomon, en Indonésie et au Japon, où il étudie (et enregistre) les cérémonies traditionnelles — la technologie n'exclut pas l'intériorité. Le bricolage non plus. Ainsi, pour Room for St. John of the Cross, Viola enregistre le son de l'air pénétrant par la fenêtre ouverte d'une voiture roulant à vive allure ; et ce son a priori trivial devient dans l'œuvre un vent mystique — un son transfiguré, « beau, dit Viola, parce que tu ne peux le situer, il est proche et lointain, bien évidemment il est profond, je pense qu'il s'agit d'un son primordial ». N Noyade Sa biographie précise qu'enfant il tomba d'un bateau et faillit se noyer. L'eau est très présente dans le travail de Bill Viola, élément contre lequel le corps a l'air d'être assez souvent en lutte. Depuis The Reflecting Pool, en 1979, où Viola joue avec le reflet d'un homme dans l'eau d'une piscine, cet élément, plus que la terre, le feu et l'air, apparaît fondamental dans son œuvre. O Oppression Viola fait subir régulièrement aux corps une forme d'opression. Bill Viola conçoit une installation, Room for St. John of the Cross, inspirée par le poème de Jean de la Croix, Nuit obscure. Jean écrit ce poème consacré à son âme vers 1578, après son évasion du couvent de l'Observance de Tolède où, durant son enfermement, il est humilié, frappé et isolé dans une cellule où il ne peut se tenir debout. P Peinture The Greeting est le premier film de Bill Viola se référant à une peinture, souvenir de son séjour d'un an et demi à Florence où, une fois ses études achevées, il travailla comme directeur de production dans un studio d'art vidéo. La dimension de l'écran est la même que celle du tableau dont la vidéo s'inspire : La Visitation, peint en 1528 par Pontormo pour l'église de Carmignano, tout près de Florence. Paysage Dans Ancient of days, une réflexion sur le temps réalisée en 1979 alors qu'il est au Japon, il conçoit pour la première fois le plan (des paysages) comme un tableau. Présentation Dans bien des expositions aujourd’hui, les images vidéo frappent par leur présentation. Le spectateur est interpellé dans son espace de déambulation. C'est bien évidemment le cas avec les installations de Bill Viola. R uploads/s3/ abecedart-bill-viola.pdf

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