LE VIOLON (LUTHERIE - ŒUVRES - BIOGRAPHIES) LE VIOLON (LUTHERIE - œUVRES - IUOG
LE VIOLON (LUTHERIE - ŒUVRES - BIOGRAPHIES) LE VIOLON (LUTHERIE - œUVRES - IUOGRAPHIES) GUIDE A L'USAGE DES AlTISTES & DES AMATEURS PAR ALBERTO BACHMANN \ , A vec une Préface de HENRY GA UT"I ER-VI LLARS PARIS LIBRAIRIE FISCHBACHER 33. IIUI!: DI!: S.:IN.:. 33 1906 Tous droits réser\'és . •• : ."'oo .~ .... : : <: : ... • .. ,: "oo • .. .. .. ' ...... A la mémoire de GASPARD DA SALO Créateur du Violon PRÉFACE Si cet ouvrage n'était qu'une compilation quelconque. je m'empresserais de semer sur lui quelques fleurs de l!hétorique, banalement louangeuses. Mais il dénote chez son auteur le goût des recherches minutieuses et la connaissance approfondie des vieux auteurs. Conçu un ·peu à la façon d'un dictionnaire ou, mieux, d'un Nach- schlagebuch, ce Guide embrasse, succinctement, cela va sans dire, l'historique du violon et de la lutherie (l'étude .des étiquettes de vieux luthiers et la reproduction de leurs principaux spécimens est particulièrement cu- rieuse). Il se complète d'un catalogue extrêmement commode de la littérature du violon; il donne une étude biog.raphique des principaux virtuoses. Bref, il m'est impossible de lui décerner quelques complimenls .hâtifs, comme ma paresse s'en accommoderait si bien. Malgré l'érudition de Bachmann - homme fécond en détails sisnificatifs et riche de documents inédits, savant à qui je reprocherai seulement de ne pas nous livrt:r plus d'indications sur les sources auxquelles il se réfère - et malgré la science de l'auteur, dis-je, il est permis de .discuter, sinon certainesapprécialions, du moins cer- taines dates données dans son œuvre. Quand parut le premier instrument à cordes? A quelle époque remonte exactement le violon? Ce sont là deux questions autour desquelles s'e~ gagèrent, depuis longten'lps, grands combats d'éruditimi. deux questions qui restent encore sub judice.· PRtFACE La harpe fut probablement le premier des instru- menls à cordes. Sous le règne des Amasis, les premiers rois de la XVIIIe d)'nastie, les Egyptiens avaient des harpes à quatre cordes qu'ils dénommaient « Tebum )). En revanche, le violon semble un de nos instruments les plus récents, en ce sens qu'il n'est arrivé à son étal actuel qu'après des perfectionnements assez nombreux pour qu'on puisse le qualifier « un instrument presque contemporain )) (Albert Jacquot, Dictionnaire des Instru- ments de .uusique, 1886). Dans Les .4ncètres du violon et du violoncelle (Paris, 1901), Laurent Grillet assure que le violon « un par- dessus de viole modifié et simplifié )), fit son apparition pendant la première moitié du X\'le siècle. Mais cette « assertion italienne )) est contestée par le luthier Diehl (Die Geigenmacher der alten italienischen Schule, Hamburg 18i7) d'après lequel la « gigue (1) )) ressem- blait bien davantage à noire violon que la grosse viole qui avait presque toujours sept cordes. En revanche, un des auteurs les plus documentaire- ment précis, le docteur Richard Ruehlmann, s'élève avec force contre celte hypothèse (Geschichte der Bogen- instrumente, Brunswick, 1882). Pour lui, la gigue n'a absolument aucun rapport avec aucun de nos inslruments actuels, il conteste Cousse- maker, il atlaque Viollet-le-Duc, il pourfend nombre d'autres érudits, prétend que l'ancien crwth devic!nt viole et que celle-ci, à partir du XIve siècle, aboutit, après maintes déformations, au violon. Le point de Martin Agricola sur les trois genres de « geigen » appuierait celte opinion, (1) "iollet-Ie-Duc, dans son Dictionnaire do Mobilier, dit au mot gigue; Instrument à cordes et à archet, auquel les Allemands, qui paraissent en a\'oir été les inventeurs, ont donné le nom de.: Geige ohne Bünde. PRtFACE « Es folgel die drille arl der geigen Die soltn (rod/ ich) auch nich/ l'ermeiden Sie silld kleiner den die vorigen gs/alt AulT ihn werden nUi' drej Sej/en gezalt Ulld gemeinlich olle Bünd erfunden, » IX Quant au père Bonanni dans sa célèbre: Descrizione degli Istromenti Armoniti (Roma MDCCLXXVI), il écrit ceci: « Icy nous examinons une deuxième classe de cithares qui sont toutes comprises sous le mot latin: cheles ou bien viola. Les Italiens Ip.ur donnent des noms plus ou moins diminutifs selon qu'ils sont plus ou moins grands, par exemple viola, violon, violino, petit violon, violone, basse, etc ... Il est fait d'un corps vacile et d'un manche, auquel sont attachées des cordes: on joue en les raclant d'un archet fait des crins de la queue d'un cheval et pour en varier Je son, on presse de la main gauche différents endroits du manche. Sa forme et sa qualité diffèrent selon la coutume de chaque nation. On n'a rapporté icy que ceux dont on se sert principalement en Europe, avec quelques autres en usage chez quelques nations aussi divers que curieux. Le P. Mersenne en a composé un livre excellent en français et en latin; Jean-Baptiste Doni, musicien célèbre du siècle passé, a fait un volume enlier sur la Lyra barbarina .•. » Le lecteur n'aura que l'embarras du choix! Même confusion, même divergence d'opinions, pas plus d'accord en ce qui concerne la lutherie. Alberto Bachmann déclare que le premier luthier s'appelait Kerlino, et que nous devons la forme actuelle du violon à Gasparo di Salo. Il s'y connaît mieux que moi. Aussi ne mentionné-je que pour mémoire l'opinion de l'abbé Sébire - étayée des avis du luthier Lupot - d'après laquelle ce fut le milanais Testatori, contemporain sinon prédécesseur de Gasparo di Salo, qui réduisit x PRÉFACE vers la fin du xv' siècle les dimensions de la viole et donna à l'instrument ainsi réduit le nom de violino. L'anonyme qui publia en 1856, chez Jügel, à Franc- fort, sa LutllOmonographie, aujourd'hui fort rare, tient le lombard Testator pour l'inventeur de notre violon actuel. Voilà, pensez-vous, un fait acquis? Point : Antoine Vidal, une des autorités dans la matière, écrit dans la Lutherie et les luthiers (Paris, 1889): « On a attribué l'invention du violon à certains luthiers ita- liens du xvc ou du XVIe siècle et notamment à un nommé Testatore (il Vecchio), de Milan. Ce sont de~ supposi- tions sans aucune preuve à l'appui... Des amateurs enthousiastes de vieux instruments prétendent posséder ou avoir vu des violons faits, soit par un luthier de Brescia, du nom de Kerlino, vers 1450, soit par le fameux Duiffoprugcar, qui vint s'établir en France vers 1515. Le violon de Kerlino n'était autre qu'une viola di braccio dont on avait changé le manche. Un luthier de Paris, nommé Koliker, bien connu par son habileté à réparer et à habille,' les anciens instruments au com- mencement de ce siècle, avait opéré la métamorphose. Le violou a dû être construit en Italie avant 1550, peut- être dès 1520. )) Riemanu relègue au rang des fables la question de « l'inventeur)) du viol<.'n dont il déclare, non sans appa- rence de raison, que les perfectionnements ininterrom- pus sont dus à une série de maîtres et d'élèves, à une véritable école. Et l'on pourrait citer encore quelques douzaines d'avis diffé,'ents (1) de sorte qu'Alberto Bachmann ne saumit m'en vouloil' si j'éprouve quelque embarras à (1, On trouvera un certain nombre d'observations sur la lutherie soit il lit·e dans les deux brochures suivantes: Richelmc; Eludes el observations slir la lulherie ancienne el moderne (Marseille 1868); A. Tolbecque, Quelques considérations sur la lulherie (Paris 1890). PRiFACE xi garantir que c'est toujours lui qui a raison. Véritable- ment le plus avisé de ceux qui traitèrent de l'origine du violon me parait être Ehrlich qui publia sa brochureUe sous ce titre empreint de scepticisme : Die Geige in Wahrheit und Fahel. .. Un peu de mystère ne messied jamais, pénombre avantageuse où s'enveloppe l'origine de toute chose, et lïnstrument divin, cher à Bachmann, a droit à sa part de légende •.. En tout cas, de ce conflit d'assertions opposées, de cet amalgame confus d'hypothétiques opinions, une certitude se dégage, c'est que l'auteur de ce livre, non content de s'avérer exécutant talentueux, sort de la foule superficiellp des virtuoses dont les doigts seuls sont intelligents, c'est qu'il a ici approfondi l'histoire de son lDstrument, musicographe averti, artiste conscient de son effort, rara avis ... Henry GAUTHIER-VILLARS. AVANT-PROPOS Une lacune était à comblel'; il manquait parmi les nombreux ouvrages écrits sur la musique et les musiciens, un livre, où l'on eût trouvé tout ce qui concerne le violon : origine, développement, facture, œuvres écrites pour cet instrument et la biographip. de.s violonistes célèbres. C'est pour remédier à cet état de choses que nous avons écrit cet ouvrage et nous espérons rencontrer un accueil favorable auprès des adeptes du mel'veil- leux instrument qui fait l'objet de ce livre. Nous remercions tout particulièrement M. Schmidt qui voulut bien nous apporter un concoUl'S aussi désintéressé que précieux. Alberto BACH MANN • PariS, octobre 1004. .1 /' PREMIÈRE PARTIE LUTHERIE -- ---1 . .. ...... . . ; .. : : .. :: ' .. ~~ . . .. .. -.. . LUTHERIE CHAPITRE PREMIER Les origines du Violon Les origines du violon sont entourées d'un pr()fond mystère, et bien que la découverte des instruments à 1 . 1 Ü 1 archet remonte il des temps très reculés, aucune donnée précise ne permet uploads/s3/ alberto-bachmann-le-violon-pdf.pdf
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- Publié le Jui 25, 2022
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