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Retrouver ce titre sur Numilog.com Psychanalyse de la musique Retrouver ce titre sur Numilog.com C O L L E C T I O N D I T O Retrouver ce titre sur Numilog.com André Michel Psychanalyse de la musique PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE Retrouver ce titre sur Numilog.com ISBN 2 13 0 3 8 4 7 1 4 D é p ô t l é g a l — i r e é d i t i o n : 1951 2e é d i t i o n : 1 9 8 4 , n o v e m b r e @ P r e s s e s U n i v e r s i t a i r e s d e F r a n c e , 1951 B i b l i o t h è q u e i n t e r n a t i o n a l e d e m u s i c o l o g i e 108, b o u l e v a r d S a i n t - G e r m a i n , 7 5 0 0 6 P a r i s Retrouver ce titre sur Numilog.com A Monsieur l'Abbé Paul JURY Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com P S Y C H A N A L Y S E DE LA MUSIQUE P R É L I M I N A I R E S De mémoire d'homme collectif, jamais les individus ne furent aussi divers, les musiques, si différentes, leur accord, si difficile, leur concert, aussi déconcertant. Mais peut-être l'émiettement d'un univers sonore en une myriade de points d'ouïe particuliers doit-il fatalement susciter en retour, chez les musiciens, un désir sans précédent de retrou- ver entre eux l'unité perdue. Peut-être ce désir va-t-il les amener à découvrir en leur art un fondement aussi solide et naturel que celui sur lequel, par exemple, pouvaient compter les Clas- siques, aussi réfléchi — car nous voulons contrôler scientifi- quement nos intuitions —, aussi irréfléchi — car l'artiste a besoin, au moment où il crée, d'oublier pourquoi il crée - , mais enfin et surtout universel. D'aucuns, certes, éludant cet appel, veulent croire en un dogme musical — l'ancien, périmé, ou de nouveaux, qu'ils créent individuellement et arbitrairement — ou bien (ce qui revient au même) en l'absence de dogme. Mais eux-mêmes, eux surtout, ne peuvent manquer de sentir que la foi ne se veut pas, car elle est l'émotion de la certitude. Depuis qu'il y a, parmi nous, des musiciens, mais qui pensent, l'on sait que, pour retrouver une certitude au delà du doute méthodique nécessaire, il faut désormais tenir compte de tous les rameaux de musique qui murmurent aux quatre vents de l'esprit sur cette terre, et, partant de cette diversité, descendre assez profondément dans le sous-sol humain pour découvrir la racine (ou le faisceau de racines) qui alimente toutes les branches de musique, les apparente et les unifie dès leur origine. La foi sera universelle. La théorie qui la couve, progressive et plané- taire, devra donc faire apparaître la relativité de la Musique au Retrouver ce titre sur Numilog.com reste de l'activité humaine. Mais connaître la relativité à laquelle on est soumis, n'est-ce pas le seul moyen de rêver l'absolu ? Loin d'exclure la diversité, une telle théorie ne fera que la fonder, en la rapportant à la connaissance et au sentiment d'une unité profonde. En attendant que s'impose d'elle-même l'heure de répondre et d'affirmer, cherchons, doutons, interrogeons : pourquoi y a-t-il jouissance, compréhension ou intérêt, comme on voudra, à certaines dispositions sonores plutôt qu'à d'autres ? quel est le processus psychologique de l'entendement musical ? que recherche l'esprit dans son intuition obscure, lorsqu'il donne des règles à la Musique, à tâtons à travers les siècles ? pourquoi ces règles se transforment-elles ? quel est ce rapport étroit, nécessaire, universel, mais mouvant, entre la règle et l'esprit ? autant de questions qui ne nous tourmentent guère tant qu'il suffit de nous laisser combler inexplicablement par la nature musicale à l'audition de chefs-d'œuvre. Mais, entre deux audi- tions, la curiosité scientifique, qui ne supporte guère de miracle, reprend ses droits, et, ne se reconnaissant plus de plaisir que dans la certitude, se demande : pourquoi la Musique nous touche-t-elle ? ses règles apparaissent comme des inventions faites au gré des écoles, des oppositions ou des filiations, et des mille impondérables de l'histoire humaine; pourquoi telle règle aujourd'hui, telle autre hier, telle en Europe, telle encore aux Indes ? n'y a-t-il là qu'arbitraire et hasard ? Non. L'homme, dont la Musique est une production, est un être naturel, déter- miné comme tous les êtres naturels ; seul, le retard de la Psycho- logie sur les autres sciences peut expliquer une croyance tardive en l'exception du domaine psychique au déterminisme universel, grâce auquel l'univers entier est passible d'étude scientifique. Cela n'a nullement pour effet, rassurons-nous, de supprimer le champ de la liberté. Car nous ne connaîtrons jamais tout; et, de plus, ce n'est pas la liberté, mais le hasard, que l'on doit opposer au déterminisme. Or, le hasard est une illusion; il n'y a que déterminisme. S'en rendre autant que possible le maître en découvrant les lois des êtres et des choses et en trouvant le moyen de les utiliser, voilà la liberté. Elle est la conquête de l'homme sur les autres règnes, un grand tournant de l'évo- lution éternelle. Elle est la plus belle acquisition de l'homme, Retrouver ce titre sur Numilog.com qui est, pour nous, Dieu à son degré le plus élevé qui soit actuel- lement connu de nous (i). Il doit donc y avoir, sous l'arbitraire apparent des règles d'art, un fond de nécessité humaine. Si ce déterminisme est plus complexe que celui de la réalité physique (2), c'est la tâche du critique musical, de le mettre au jour. Mais, au seul mot de critique, on voit déjà se rétracter certaines peaux chagrines : « Malheureux, prétendez-vous savoir ? vous allez déflorer le mystère. Le critique s'oppose au créateur. » Et pourtant, le regard original que l'on porte sur les œuvres d'autrui, si, du moins, l'on sait, sous l'explicite volonté d'une architecture sonore, déceler jusqu'aux intentions inconscientes de son auteur pour en mesurer la teneur affective, ce regard neuf va créer du nouveau. Il serait temps de faire cesser le préjugé de la « critique desséchante », de « l'analyse tueuse d'émotion ». Charles Bau- douin a écrit à ce sujet des pages définitives (3). Et Heinrich Schenker (4) a fait le procès de ces niaiseries qu'entretiennent des ignorants faussement mystiques, pour qui le culte facile et vague du « sentiment » remplace l'étude de l'œuvre, et qui se dédommagent de ne point savoir lire en vantant les plaisirs d'être illettré. Ajoutons que, lorsqu'il ne s'agit pas d'ignorants, ce sont des malades, qui appliquent à la Musique leurs scrupules, leur sentiment de culpabilité : toucher l'œuvre serait pour eux la « déflorer », la priver de sa « virginité », de sa « spontanéité », de sa fraîcheur. Pauvre fraîcheur, celle que l'on n'entretient qu'au prix de ne pas voir ! Pauvre spontanéité, voulue, forcée ! (1) C e t t e p e n s é e se r e t r o u v e r a plus d ' u n e fois a u c o u r s d e n o t r e o u v r a g e . Celui-ci é t a i t t e r m i n é lorsque n o u s r e n c o n t r â m e s , chez R e n é Ghil, la m ê m e p r é o c c u p a t i o n . Ce p o è t e r ê v a i t d être « le lieu spirituel o ù l ' U n i v e r s p r e n d d e l u i - m ê m e le p l u s d e conscience et le p l u s d é m o t i o n de sa conscience » (cité d a n s H o m m a g e à René Ghil, n u m é r o spécial d e Rythme et Syn'hàse, et p a r G u y MTCHAUT, Message poétique d u symbolisme, Paris, Nizet, 1947, p. 591). Ghil t e n t e « u n e s o r t e d ' é p o p é e d e l ' U n i v e r s o ù le m o n d e travaillé p a r la loi d é v o l u t i o n t e n d o b s c u r é m uploads/s3/ andre-michel-psychanalyse-de-la-musique-1954.pdf

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