Laure Girard 5ème année COULEUR & PERCEPTION Mai 2010 MÉMOIRE Introduction I. C
Laure Girard 5ème année COULEUR & PERCEPTION Mai 2010 MÉMOIRE Introduction I. Couleurs et science II. Psychologie et physiologie III. La couleur et la perception dans l'art Conclusion ANNEXES TEXTES • Couleurs et sentiments • La synesthésie colorée IMAGES • Newton • Goethe • Chevreul • Johannes Itten • Josef Albers • James Turrell • Olafur Eliasson • Ann Veronica Janssens • Claude Lévèque BIBLIOGRAPHIE MÉMOIRE « La nomination de la couleur, qui est peut-être le décret inaugural de la peinture, n'épuise pas sa spécificité […]. Même adéquatement nommée, la couleur déborde le mot. » (Thierry de Duve in Nationalisme Pictural) A travers les mots et le langage, les descriptions qui peinent à la définir, notre appréhension de la couleur passe par la perception. De tout temps, artistes, scientifiques, philosophes et théoriciens ont tenté de capter, cerner et définir ce phénomène insaisissable qu'est la couleur, par le biais d'études, de système, etc. Chacune de ces études viennent compléter, confirmer ou infirmer les théories précédentes. Pendant longtemps, les découvertes réalisées dans le domaine des sciences tenaient lieu de vérités absolues et constituaient le point de départ de recherches et de travaux artistiques. Afin d'étudier la relation entre la couleur, la perception et l'individu, nous allons commencer par nous pencher sur l'aspect scientifique et théorique des recherches menées sur le sujet. Dans un deuxième temps, nous nous intéresserons aux effets physiologiques et psychologiques de la couleur, influant par là même sur notre perception. Enfin, nous étudierons comment ces découvertes et théories ont été utilisées par les artistes plasticiens dans la création de leur œuvre et comment les artistes utilisent la couleur pour agir sur la perception du spectateur. A travers ces différentes pistes, il s'agira de rechercher et définir ce à quoi la perception a affaire. Notre appréciation dépend-elle de codes précis? De notre propre impression? Qu'en est-il de la subjectivité et de l'objectivité lors du processus d'intégration de la couleur? Les siècles passés ont été marqués par cette quête incessante centrée sur les notions de couleur et de lumière, l'une n'allant pas sans l'autre: deux entités indissociables et parfois confondues, se mêlant et se révélant mutuellement. Les sciences ont ainsi fixé les teintes fondamentales (au nombre de sept) qui apparaissent dans les phénomènes naturels (par le biais du prisme de verre), les recomposant ensuite en la seule couleur non-positive de leur mélange, à savoir le blanc. Elles ont également réduit ces fondamentales de sept à trois, instituant le principe de composition: de ces trois couleurs naîtraient toutes les autres. Chaque théorie appuyait des impressions personnelles et permettait une approche nouvelle et colorée du monde. De cet historique des découvertes et travaux sur la couleur, nous retiendrons notamment les recherches de Newton et de Goethe qui, tous deux, œuvrèrent à enrichir et développer l'appréhension de la couleur. Le premier étudia la question d'un point de vue scientifique et le second initia une perspective plus psychologique et phénoménologique. Chacun à sa façon, ils firent avancer cette quête de connaissance et de compréhension portant sur ce phénomène jugé « mystérieux » par beaucoup. Ainsi, vers le milieu du XVIIème siècle, Newton étudia notamment la réfraction de la lumière, décomposant la lumière blanche en un spectre de couleurs avant de recomposer ce spectre multicolore en lumière blanche. Ce phénomène de diffraction de la lumière mena le physicien à établir un cercle chromatique inspiré de son « spectre chromatique » (les couleurs nées de cette décomposition de la lumière par un prisme). Le noir disparut donc logiquement du système de couleurs, pour la première fois de l'histoire, tandis que le blanc quitta le cercle à proprement parler pour occuper une place centrale en tant que « somme » de toutes les autres teintes. Selon Newton, les couleurs ne sont pas des modifications de la lumière blanche mais plutôt ses éléments constitutifs originels: la lumière blanche est composée d'une multitude de lumières colorées. Il établira donc un système basé sur sept couleurs primordiales: le rouge, l'orange, le jaune, le vert, le bleu, l'indigo et le violet. Ce choix des teintes de base serait né de l'intérêt de Newton pour la musique. En effet, un octave musical équivaut à sept intervalles. La taille de chaque secteur du cercle chromatique correspondrait à la taille de chacun de ces intervalles. La frontière entre deux couleurs serait le siège du ton individuel de la gamme musicale. Son système a parfois été qualifié de mathématico-musical, tant ses motifs peuvent paraître plus esthétiques que scientifiques. Il constitue néanmoins une étape décisive dans l'évolution de la classification des couleur puisqu'il s'agit d'un passage d'un ordre unidimensionnel à un ordre bidimensionnel. Parallèlement, Newton a également été l'un des pionniers dans la différenciation entre couleur-lumière et couleur-matière (il a notamment réalisé des expériences à partir de la superposition de verres colorés). Néanmoins, il était persuadé qu'il était possible de réaliser toutes les nuances du blanc au noir avec les couleurs matérielles. De son côté, Goethe développa la théorie des couleurs opposées, avec quatre couleurs fondamentales. Cette idée reposait sur l'équilibre entre deux pôles de couleurs: le bleu s'opposant au jeune et le rouge au vert. Elle s'appuie sur une réalité physiologique puisque notre perception cérébrale - et non l'œil - fonctionnent sur ce principe. Il est à rappeler que si l'œil capte les stimuli lumineux qui nous permettent d'appréhender le monde, c'est le cerveau qui nous offre véritablement la vision. L'organe de la vue est le cerveau plutôt que l'œil. Ce dernier capte les informations de lumière (les bâtonnets) et de couleur (les cônes) mais ces informations ne peuvent être comprises et utilisées qu'une fois « traduites » par le cerveau. Il suffit de sectionner le nerf optique ou de porter atteinte à une certaine partie du cerveau pour devenir aveugle, quand bien même l'œil est en parfait état de fonctionnement. La vision est un phénomène psychique. L'œil capte, les nerfs optiques transmettent quand le cortex visuel interprète et fournit les informations à l'individu. Néanmoins, tout dysfonctionnement interne à l'œil entraînera également des défaillances de la vision (exemple du daltonisme, résultant de la déficience d'un ou plusieurs des trois types de cônes). Au début des années 1800, donc, le philosophe et théoricien mit en place un système basé sur les contrastes élémentaires entre clair et foncé. Les couleurs étaient pour lui liées tant à la lumière qu'à l'obscurité, au noir comme au blanc, le gris constituant la réunion de toutes les couleurs. Le jaune et le bleu y était les deux seules couleurs perçues comme entièrement pures, « sans rien rappeler d'autre ». Le jaune y était synonyme de clarté (« tout proche de la lumière ») quand le bleu était associé à l'obscurité (« tout proche de l'ombre »), deux pôles opposés entre lesquelles les autres couleurs se laissaient ordonner. Au-delà de ce nouveau cercle chromatique, Goethe porta une réelle attention au coloris, revendiquant également la subjectivité de l'être percevant dans le phénomène d'appréciation des couleurs. Ainsi, il différenciait trois types de couleurs: • les couleurs physiologiques (ou subjectives) • les couleurs physiques (à la fois subjectives et objectives) • les couleurs chimiques (les plus objectives) Les couleurs physiologiques correspondent à des phénomènes produits en nous-mêmes. Elles ont également été appelées couleurs accidentelles. Ces couleurs n'existent pas à proprement parler, elles sont créées par l'œil et sont donc tributaire de la vision de l'individu. La persistance rétinienne, les contrastes simultanés produisent des couleurs physiologiques. Les couleurs physiques se distinguent des précédentes par le fait qu'elles existent dans la « réalité », qu'elles sont produites à l'extérieur de nous. Il s'agit en quelque sorte d'une association d'un phénomène objectif et d'un phénomène subjectif. Elles sont néanmoins fugaces et impossibles à fixer d'une quelconque manière. Elles sont créées, perçues par le biais de certains « milieux matériels », incolores, qui peuvent être transparents, translucides, troubles ou opaques. Les couleurs physiques sont produites par des conditions déjà déterminées et ne sont perçues que grâce à ces conditions. Le bleu du paysage à l'horizon, l'eau qui se teinte de verte ou de bleu avec la profondeur, la fumée qui paraît jaune devant un fond clair mais bleue devant un fond sombre, … tous ces phénomènes se regroupent sous le terme de couleurs physiques. Les couleurs chimiques, quant à elle , sont caractérisées par la durée. Ces couleurs ne sont tributaires d'aucun phénomène, d'aucune condition et ne dépendent que de la présence de la lumière. La couleur est fixée à un corps (le rouge d'une pomme, le vert de l'herbe, …). Ces couleurs sont également appelées couleurs objectives. Les différences entre synthèse additive (les couleurs-lumière) et synthèse soustractive (les couleurs-matière), ainsi que l'identification de leurs couleurs primaires, telles que nous les connaissons aujourd'hui, ont été établies par Helmholtz, au milieu du XIXème siècle. A ces deux types de mélanges (les seuls reconnus par la science), nous pouvons également ajouter les mélanges optiques, qui ont notamment été théorisées par Chevreul. Il s'agit de mélanges subjectifs, créés dans l'œil par de petites quantités de couleurs juxtaposées, vues de loin (mosaïque, tissage, …) uploads/s3/ couleur-et-perception.pdf
Documents similaires
-
14
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 12, 2022
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 1.8570MB