DU 21 MARS 1965 JOHN FORD PRÉSENCE DU CINJ3MA (Revue fondée par J. Curtelin) 25
DU 21 MARS 1965 JOHN FORD PRÉSENCE DU CINJ3MA (Revue fondée par J. Curtelin) 25, Passage des Princes, Paris 2'' Vircction Jaeques LOUHCELLES, Michel MüURLKr LE NUMERO : 5 F ETRANGER : 5,50 ABONNEMENT Six mois (6 numéros) France ct Outre-Mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 F Etudiant~ et Ciné-clubs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 F Etranget . . ................... · . . . . . . . 31 F Ciné-Clubs étrangers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 F Adresser lettres, chèques ou manJats : 25, Passage des Princes -Paris 2c C.C.P. 11 05<>-71 l; n an ( J 2 num1 ;rns) :ït F .io F 60 F :iG F LPs articles n'engagent que leurs auteurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. 'fou. 1 droits de traduction et de reproduction réservés. SOMMAIRE .fOHN FORD Bertrand TA VER8 1ER : La che1•auchPe de Sganarelle . . . . . . . P· 1 \lain FERRAHI : .folzrz Ford ou les bons sentiments ........... · · P· 1 Ceorgl' J. ~liTCHELL : Ford parle de Ford .................. · · · · l'· 11 Hobcrt PARHISB : Témoignage sur j ohrz Ford ............ · · · · · · P· 13 Pierre G lNLE. VincPnt PORTER. Patrick BRIOl\ : Biofilmowaphie de John Ford . . . . . . . . . . . . . . . . . .......... · · P· 21 Jacque:; LOURCELLE .... Le S(~/te SfJutl~ tlel t'etzdicatore .. · · · · · · · . . P· j6 ' ( 1 1 LA CHEVAUCHÉE DE SGANARELLE par l~crtrand TAVRRNIER I .os rétrospectives organisées par la Cil1émathèque sont de dures épreuves pour les cinéastes. Lo;:; modes passagères, les engouements superficiels y appa- raissent sous leur jour le moins enviable. D'emblée, tout ce qui n'est pas enrar ciné, ancré dans un genre, dans une tradition précise et si possible réaliste, s'effondre et sc disloque. Cukor, par exemple, qui très longtemps se borna à mettre Pn valeur des artifices stériles, de vaincs astuces dramatiques, en prit un fameux eoup. (J'ai bien peur d'ailleurs que, d'ici quelques années, Minnelli ne subisse un sort identique: ces jeux formels d'esthète, ces coloriages séduisants, mais dont la veulerie saute aux yeux dès que leur auteur les applique à -:.1n SUJet plus grave, échapperont difficilement au vieillissement.) Au contraire, les œuvres de Walsh, Davos ou Ford n'en sortent que grandies Leur ampleur, qualité primordiale sur laquelle il faudrait s'arrêter plus long- temps, les protège, leur permet de défier le temps : on y brasse un nombre inr:nlculahlc d'idées, d<' péripéties, d·; sentiments et de passions, de paysages aussi, de peuples et de rar:es avec cette générosité qui n'appartient qu'aux au· t.eurs traditionnels. Cette richesse, cette vnstitude les sauvent. Certes, il est aisé d'y déceler des erreurs, des manques, avant guerre sur- tout, entre 32 et :i9. Le cinéma américain connut là une période néfaste dominé<;) par les comt"dics aseptisées à la Toppcr, les « véhicules >> pour le clan Barry· mor<', les policiers !n!lndés style Mervyn Lf' Roy. Les genres les plus passion- nants bnlbut.inicnt, le western qui sc débattait désespérément clans le carton- pftte, I ' Iilm de guerre arrogant et tapageur. l.r. dra. mP. social fleurissait, dans des rues sans issue, la comédie musienle essayait n g-rand' peine de sortir d"S orniè- Tcs du thé:\trc filmé. Il ne faut pas simplifier à l'extrême. Quelques chefs- d'œuvre furent rén.lisés, maie; qui paraissent i.solés à l'intérieur des genres ( Scarfacc dans le policier, par exemple> et non résulter d'un véritable épanouis- sement. Les meilleurs, même, y ~aissèrent des plumes : Rnoul Walsh duns la périod'' Parumount, Hawks dont il vaut mieux oublier une dizaine de titres de Ccilino %erv à Hi.i Girl Fridar; en passant pnr The Crowd Roars. sans parler de Victor ~t surtout de Sternberg dont le style ampoulé est resté à l'imago de c !tt~ période. 1 é oque désastreuse ne marqua pas John Fo or, mêm~ cette Îui permit de surmonter un grand nombre rd., Sa Per nalité e:xceptwnnell~Ims amusants (Four Me:z, and a Prayer, Stea dbobstacle~n de signer qu,elque~es apogées cinématographique~ du génial Fra~· oat '.RouiJ the Bend, 1 une IP et aussi l'un de ses ch~fs-d œuvre (Young Mi 18 Ford) 0 même re~arqu.abl...,âigne de Plutarque de la,.Jeunesse d~ président ster .Lincoln~ superbe evocatw.~ 1 s connut quand, sous 1 mfluence nefaste de D~éf1cain • ses échecs, 1 edes ·tentatives ambitieuses, à l'européenne con ey Nichols il s'embarqua dant courant de tout genre américain, qui essa'yent ç~es, .élaborées en dehors de t~~tôt que d~ les approfondir. Les partis-pris théoriqu:s reagir con. tre des règles P 1 sérieux écrasent The Informer, Mary of Scotland' la Volonté d'œuvrer dans e , ' lhe Lost Patrol entre autres. ' . . de Ford est ailleurs, dans toute une série de fil Le vr~t gen{fncoln à The Man Who Shot Liberty Valance en ~s allant de Young Mzsh er wagonmaster, She wore a Yellow Ribbon. ' assant Par The Searc ers, (. ct· b' d'essayer de les analyser Je 1s 1en essayer car notr :.van\·u~edes plus rebelles à l'exégèse), je voudrais cite~ certains e homme estt ~en ·ma"""S inoubliables : John Wayne sortant du fort pour unepdass~es, cer runes 1 S"' t f t·f d 1 ·1 11 ermère . . t se protégeant en un ges e ur 1 u so e1 , ou a ant le soir pa 1 miSslOn e y ll R 'bb . ) r er sur la tombe de sa femme (She Wore a e ow z ,?n , .o.u encore soulevant Natha 1ie Wood et comp~enant en q.uelques secon~es 1 mutll;té de. sa haine fThe Sear: 1 r~:). le ieune Lmcoln gravissant une colline sous 1 orage, Spencer Tracy fr~nt ~hez ·lui, solitaire, tandis que la foule acclame son rival (The Last Hurr~~~· un regard mystérieux d~ Joann~ Dru (Wago~master), a':ltant de points culrni: 1 ~ants de moments subllmes qm prouvent nneux que mille autopsies critiques ~ue l'~rt de Ford est avant tout méditatif, ou plutôt symphonique. De cela les distributeurs français n'ont jamais bien pris conscience, qui avec une belle eonstance ont gratifié ses westerns de titres pompeux, les plaçant de gré ou de force sous le signe de l'épique : « Charge héroïque », « Poursuite infernale », « Chevauchée fantastique »... Or rien n'est plus faux, plus éloigné du style véritable de ces œuvres paisibles. « L'épopée », disait Victor Hugo, « c'est l'histoire écoutée aux portes de la légende », ou bien Voltaire : « Les auteurs épiques sont obligés de choisir un héros connu dont le nom seul puisse imposer aux lecteurs, E:t un point d'histoire qui soit par lui-même intéressant ». Ces ciéfinitions ne s'appliquent qu'à certaines œuvres de Ford (Young Mister Lin· co ln), mais pas à ses westerns. Même Wyatt Earp, héros légendaire, est ramené à d~s dimensions normales, loin de toute exaltation lyrique (My Darling C!e· mentine). Il est d'ailleurs intéressant de constater les différences entre le western de ~?rd et. I.e w~stern classique. Ce dernier s'est principalement co~struit autour a.une v1s1on eperdument individualiste du monde (dont Man Wtthout a. 5~ 0 une n::~rt et Silver Lode de l'autre sont les prototypes les plus exacerbés.).· ~, quel.que~ sentiments forts, de quelques idées de· violence, physique oun~~~ ne tre · h~me, Yeng"'Gnce, révolte, conquête (certains comme Dwan essaye col'· butte~ c~n~~e ces senti~ents et ce refus prouve en fait leur existence)., U~pper à c:.o \eu· \ ~nger un frere, un ami, son honneur; un outlaw essaye d :er qu'!! , - passe. un gunfluhter à son envie de tuer· un homme veut pro n e- pas •n 1 • h . - ' · lui · - c e ou, au contraire, vaincre ce qu'il a de temble en · . un Bref re ae""re t d . •ctl.."" fortes · n# ' ::: •l ourne ram.atiquement autour de quelques 1 ~ -ne: ... ~' .utror • lP'l- ne . . D ves en ~-- ar Fuller • _ h. opposition, un déchirement. De Walsh à. a 'Îls ont libre- ment cho:s.:::- e;r0 1 de westerns se lancent dans une ba~aille rtQ';lront plUS ot: mo· r ,: '. qm _eur permettra de s'accomplir et dont ils ~ ~ la~~ turgie ene ·· tns. -. ~mr: s'il n'y a ni chevauchées. ni scènes d actlO~ IJ1oUlen:' forts aux s~t ptreclse. nerveuse, imposant immédiatement qUelQU ~'" a eurs. cow Chez Ford . . rareiilent · truite au our d.·~~ co~.t~aue, la ligne de force est étirée, lâChill destruc ~~ vengeance, révolte sentimez:t in<;lividuel ou d'un mobile néga ' les péré!:\·~ ' etc. Predomment au contraire les voyages. t.ions : lente odyssée d'une uploads/s3/ presence-du-cinema-21-john-ford.pdf
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- Publié le Mai 22, 2022
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