La vie après Daesh Du même auteur L’islam, des banlieues, Paris, Syros/La Décou
La vie après Daesh Du même auteur L’islam, des banlieues, Paris, Syros/La Découverte, 2001. À la fois française et musulmane, Paris, Éditions La Martinière Jeunesse, 2002. L’une voilée, l’autre pas, avec Saïda Kada, Paris, Albin Michel, 2003. Être musulman aujourd’hui, Paris, Éditions La Martinière Jeunesse, 2003 (rééd. août 2007). Monsieur islam n’existe pas. Pour une désislamisation des débats, Paris, Hachette Littérature, 2004. Ça suffit !, Paris, Denoël, 2005. Quelle éducation face au radicalisme religieux ?, Paris, Dunod, 2006 (prix de l’Académie des sciences morales et politiques). L’intégrisme, l’islam et nous, on a tout faux, Paris, Pion, 2007. Allah a-t-il sa place dans l’entreprise ?, avec Lylia Bouzar, Paris, Albin Michel, 2009. Laïcité : mode d’emploi. Cadre légal et solutions pratiques : 42 études de cas, Paris, Éditions Eyrolles, 2010 (prix de l’Académie des sciences morales et politiques). La République ou la burqa. Les services publics face à l’islam manipulé, avec Lylia Bouzar, Paris, Albin Michel, 2010. Combattre le harcèlement au travail et décrypter les mécanismes de discrimination, avec Lylia Bouzar, Paris, Albin Michel, 2013. Ils cherchent le paradis, ils ont trouvé l’enfer, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, 2014. Désamorcer l’islam radical. Ces dérives sectaires qui défigurent l’islam, Ivry-sur- Seine, Les Éditions de l’Atelier, 2014. Comment sortir de l’emprise « djihadiste » ?, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, 2015. Contributions à des ouvrages collectifs « Entre réappropriation et remise en question des normes », in Le foulard islamique en questions, Paris, Éditions Amsterdam, 2003. « Du déni de l’islam à l’enfermement dans la facette musulmane », in Jean Baubérot, Dounia Bouzar et Jacqueline Costa-Lascoux, Le voile, que cache-t-il ?, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 2004. « L’islam relu par les femmes », in Nelly Las (sous la dir.), Le féminisme face aux dilemmes juifs contemporains, Paris, Les Éditions des Rosiers, 2013. « Entre traditions maghrébines et religion musulmane, quels processus de libération des femmes dans le contexte français ? », avec Serge Hefez, in Sophie Bramly et Armelle Carminati-Rabasse (sous la dir.), Pouvoir(e)s, les nouveaux équilibres hommes-femmes, Paris, Éditions Eyrolles, 2013. « Des cimetières et des cantines à Lyon. Une gestion laïque de la diversité par l’agrandissement de la norme générale », in Anne-Sophie Lamine (sous la dir.), Quand le religieux fait conflit, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014. Tous droits réservés © Les Éditions de l’Atelier/Éditions Ouvrières, Ivry-sur-Seine, 2015 www.editionsatelier.com www.twitter.com/editionsatelier www.facebook.com/ editionsatelier Imprimé en France ISBN : 978-2-7082-4324-8 La vie après Daesh Je remercie notamment C., J., L., les deux C., D., M., J., R., S., I., B. et S., et tous les autres, qui se reconnaîtront… Tout ce qui est raconté dans ce livre est issu de la réalité. Léa Il était 6 heures. Léa s’en souvenait très bien : elle s’était retournée pour regarder son réveil. En rouge brillant, dans le noir, les trois chiffres s’affichaient. À 6 heures pile, elle avait entendu un grand bruit d’explosion. En d’autres temps, cela l’aurait effrayée. Mais là, elle avait tout de suite compris. Elle était préparée. Ses nouveaux frères l’avaient prévenue : « Un jour, ils viendront t’arrêter. Ils n’aiment pas les esprits libres. Ça les rend fous. Ils sont jaloux. » Léa se redresse dans son lit, la tête haute avec un sourire arrogant. Elle veut qu’ils sachent qu’elle les attendait, qu’elle n’a pas peur. Elle est plus forte. Dieu l’a élue. Tous ces koffars n’ont que le Sheitan(1) en eux, ils ne sont que des âmes faibles et perdues dans la pénombre. Ils subiront les pires supplices en enfer, alors qu’elle sera irradiée de la Lumière suprême, si blanche, si pure, si lumineuse qu’Elle aveuglera tous ces chiens. Six hommes au visage dissimulé pénètrent dans sa chambre, l’arrachent de son lit et lui enfilent de force une cagoule sur la tête. Léa se retrouve dans le noir le plus total. Elle n’entend plus que les cris de ses parents au loin, mélangés à des sanglots. Pendant une seconde, les pleurs de son père l’attendrissent. Elle ne se souvient pas l’avoir déjà entendu pleurer au cours des seize années passées. Mais cela ne dure qu’une seconde. On l’a prévenue qu’Allah la testerait, elle doit Lui prouver qu’elle L’aime plus que ses propres parents, plus que sa propre vie. Elle ne doit pas se laisser affaiblir par le Sheitan qui est entré dans le corps de son père pour la faire dévier de sa voie, de sa foi. Dieu l’a choisie. Ils la poussent dehors, la font monter dans un véhicule – sûrement un fourgon – et démarrent à vive allure. Elle ne sait pas où ils l’emmènent et pourtant Léa est calme, sereine, détachée. Elle plane à jeun. Elle les entend parler par monosyllabes. Peu lui importe. Une seule phrase tourne dans sa tête : « De toute façon, on te vengera. » Elle ne dira rien à ces koffars de merde qui veulent bouffer du musulman. Les frères ont raison : ils sont jaloux. La cagoule l’étouffe mais rien ne peut l’atteindre, elle est invincible. Ils peuvent la menacer tant qu’ils veulent : la prison, le foyer, le centre éducatif renforcé, etc. Elle sait que l’arrestation est une épreuve d’Allah pour fortifier sa foi. Un jour, elle rejoindra Daesh, elle le sait, elle le sent. Là-bas, ils l’aiment vraiment. Ils l’ont choisie. Paul et Marie sont plantés au milieu du salon, les yeux dans le vide, hébétés. Une tornade vient de passer. Il n’a pas fallu plus de dix minutes pour que leur vie bascule. La porte de leur maison, défoncée par le bélier du GIGN, n’est plus qu’un amas de bois jonchant le sol de l’entrée. Leur fille vient de disparaître, emportée par un fourgon noir aux vitres teintées. C’est un cauchemar. Des gendarmes sont encore là. Ils fouillent partout, dans la chambre de Léa, dans celle de Franck, son petit frère, qui était venu cacher son visage entre les jambes de sa mère… Même le tiroir à sous-vêtements de Marie a été retourné par terre. Le contenu des boîtes de céréales jonche le sol de la cuisine. Les ordinateurs ont été emportés. L’appartement est un véritable capharnaüm. Puis les six hommes cagoulés repartent aussi vite qu’ils sont apparus. Les parents de Léa se retrouvent seuls au milieu de nulle part. — On les suit, balbutie soudain Paul. Comme des automates, ils montent dans leur voiture et prennent l’autoroute en direction de Paris. Ils ont juste eu le temps de laisser le petit à la voisine. Où est Léa ? Dans un avion ? Dans un train ? Toujours dans le fourgon de police ? Marie a pourtant posé la question… Que lui ont-ils répondu ? Impossible de s’en souvenir. Elle ne revoit que leurs yeux durs qui semblaient dire : aucun sentiment, aucune compassion, on fait notre travail. Des paroles lui reviennent : — Rendez-vous au tribunal. Demandez le service antiterroriste. Dans 48 heures, minimum… — Antiterroriste ? Ce mot avait résonné dans sa tête, en écho. — Pourquoi 48 heures ? avait-elle murmuré. — Elle ne sortira pas avant. Le temps qu’on la mette à table… On parle de terrorisme, avait répondu un des cagoulés. Paul avait réussi à obtenir plus d’informations : — Léa est suspectée de préparer un attentat, Marie… Un attentat… Avec des armes… C’est la seule phrase qu’il avait pu prononcer. Marie tourne la tête vers son mari qui conduit. Il a les yeux rouges, injectés de sang. Elle souffre tant qu’elle a peur de s’effondrer avant d’arriver à Paris. Qui va défendre Léa ? Qui va s’occuper de Franck ? Il a à peine 8 ans… Et si Paul mourait avant qu’ils ne la revoient ? Deux crises cardiaques en trois ans, c’est mauvais signe. Elle comprend soudain l’expression « éperdue de chagrin ». Des images de leur petite fille lui reviennent : il y a à peine quelques jours, elle dansait et goûtait même du champagne au camping où ils séjournaient. Comment imaginer qu’elle était encore en lien avec « eux » et préparait un attentat ? Pour le feu d’artifice du 14 juillet, elle avait mis sa belle robe blanche, avec son dos nu… Mère poule plutôt stricte, Marie s’était pourtant réjouie de voir sa fille plaisanter avec les garçons du camping. Même Paul avait fermé les yeux. Ils étaient soulagés : cette histoire de vidéos de Syrie trouvées sur l’ordinateur de Léa par les gendarmes relevait du passé, ils n’avaient plus rien à craindre… Et puis voilà, à peine rentrés, au petit matin, tout s’écroule d’un seul coup ! Léa aurait gardé des liens avec un terroriste qui prépare un attentat en France. Un attentat… L’homme était sur écoute 24 heures sur 24. Ils étaient remontés jusqu’à elle en quelques secondes. — Le savait-elle ? murmure Marie. C’est comme si Paul avait suivi ses pensées par télépathie. Il répond : — Quand tu discutes avec un terroriste, tu vois bien que c’est un terroriste, il me semble. Marie préfère rester dans le doute. C’est trop dur de penser que sa petite Léa savait qui était Abou uploads/s3/ ebook-dounia-bouzar-la-vie-apres-daesh.pdf
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- Publié le Sep 01, 2021
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