L’éducation en chantier. L’école française est parmi les plus performantes au m

L’éducation en chantier. L’école française est parmi les plus performantes au monde. Elle est le produit d’une Histoire prestigieuse qui remonte de manière quelque peu mythique à Charlemagne mais qui surtout a été nourrie par la réflexion de nombreux philosophes et humanistes. C’est le produit de la pensée de Rabelais affirmant qu’« un enfant n’est pas une tête qu‘on remplit mais un feu qu’on allume ». Elle est aussi le fruit de la réflexion de Montaigne et de sa formule célèbre « mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine ». Enfin, car les citations seraient trop nombreuses, elle s’est nourrie des idées de Rousseau, déclarant dans l’Emile « Forcé de combattre la nature ou les institutions sociales, il faut opter entre faire un homme ou faire un citoyen : car l’on ne peut faire l’un et l’autre ». Aujourd’hui encore, l’école est au cœur d’une réflexion de philosophes, d’intellectuels et de pédagogues, qui est l’une des plus fécondes et des plus riches, concernant les méthodes d’apprentissage, le rythme scolaire, et les moyens techniques et financiers dont l’école a besoin pour continuer à exercer sa mission convenablement. C’est là que les problèmes commencent : Quelle école pour demain ? Faut-il plus de moyens ? Comment rétablir l’autorité des professeurs ? Les deux manifestations les plus importantes dans l’histoire de la cinquième république, et qui ont à chaque fois fait descendre dans la rue plus d’un million de personnes dans la rue, avaient comme cause l’école : (défense de l’école privée, en 1984, et défense de l’école laïque en 1994). L’école fait l’objet de nombreuses interrogations et d’une véritable inquiétude. En ce moment même, il existe un mouvement de grève chez les lycéens, en France, qui semble aller en s’amplifiant. De nombreux ministres ont essayé de réformer le système éducatif, devenu, au fil du temps entravé par une série de problèmes. Il est trop lourd, accaparant le cinquième du budget de l’Etat, (il faut dégraisser le mammouth, disait un ancien ministre de l’éducation, Claude Allègre). Il n’est pas assez adapté au marché de l’emploi (déficit de formation et de qualification à certains métiers, et un grand pourcentage d’élèves entre en sixième ne sachant ni lire ni écrire). Il est trop important en nombre de professeurs et de fonctionnaires. Avec ses 900 000 fonctionnaires, l’école est considérée comme une véritable usine à gaz selon ses détracteurs. Il est trop coûteux, Chaque enfant scolarisé coûte 76 000 euros, dont l’Etat finance 65%, les communes ou régions 20%, les parents 7%, et les entreprises 6%. Quelle est la réalité de la situation ? Faisons d’abord le point sur le fonctionnement actuel de l’école française, et ensuite observons vers quelle direction celle-ci évolue sous l’effet des différentes réformes accumulées. L’histoire de l’école française est organiquement liée à l’histoire de la République. En effet, c’est sous la Révolution de 1789 que le principe d’une instruction commune à tous les citoyens a été adopté, avec un enseignement à trois niveaux (primaire, secondaire et supérieur). Il s’agissait à l’époque de former un citoyen suivant les principes des lumières, c’est -à -dire un citoyen doté d’une raison et capable de l’exercer librement, et de se libérer ainsi de toutes les forces de l’obscurantisme et de la tyrannie. Sous Napoléon, l’école devient monopole de l’Etat. Celui-ci veut en faire un instrument pour former les serviteurs du régime, et pour inculquer aux élèves les valeurs de citoyenneté, de République, puis d’Empire et de respect de la loi. Les grandes écoles sont créées. Une organisation hiérarchisée, centralisée et de type militaire y est imposée. Sous la troisième république, l’école devient l’enjeu capital. Pour les Républicains, dont le plus célèbre ministre de l’éducation Jules Ferry, l’école doit permettre le 1 triomphe des valeurs et des principes de la République. Elle a une mission clairement citoyenne 2 et éminemment politique. Les ennemis royalistes et catholiques de la République sont encore nombreux, ils disposent de nombreux outils redoutables pour combattre la République qualifiée de « la gueuse » au sein de l’Armée, au sein de l’Eglise et au sein de l’Assemblée nationale. Pour faire fa ce à toutes ces forces, la République dispose d’une armée d’instituteurs. Ce sont « les hussards noirs de la République », du nom des soldats de la Grande armée napoléonienne. C’est donc grâce à l’école que la République a triomphé de ses ennemis, et qu’elle devint irréversible, après de nombreux échecs, tout au long du dix -neuvième siècle. L’école laïque et républicaine est née dans ce contexte conflictuel et douloureux, et c’est aujourd’hui encore, considéré comme l’un des acquis majeurs de cette période (1881-1882). C’est à cette période que s’est dessiné le visage de l’école française dont les grands traits peuvent se résumer de la manière suivante : Une école laïque, c’est -à -dire une école qui n’est pas hostile aux religions mais qui n’en a aucune. Elle enseigne les religions, mais elle ne dispense pas d’enseignement religieux. Son rôle n’est pas de former de bons croyants ni de bons athées, mais plutôt de former des esprits libres capables de choisir et de réfléchir à leurs croyances en dehors des dogmes, des fanatismes et des idéologies. La classe est considérée, par conséquent, comme un lieu de savoir neutre où les signes d’appartenance religieuse, ethnique ou philosophique doivent s’effacer, (ou du moins ne pas apparaître de façon « ostentatoire ») dans un creuset commun. Une croix chrétienne, une kippa juive ou un voile islamique, sont considérés comme signes d’appartenance particulière, incompatibles avec l’idée de neutralité qui doit caractériser le rapport au savoir, à l’espace public et à l’Autre au sein de l’école. Une école capable de jouer le rôle « d’ascenseur social », c’est -à –dire capable de réduire les inégalités. Un jeune doit pouvoir, grâce au diplôme que l’école lui accorde, s’insérer dans la vie sociale et active. Or, ceci est de moins en moins possible. A un moment où la France n’arrive pas à juguler le chômage de manière durable, nous avons là une des clefs pour comprendre la crise de confiance que l’Ecole traverse aux yeux des jeunes. Une école capable de donner une culture générale, et de former les citoyens de demain, ceux de la société du savoir, qui est devenue d’ores et déjà une réalité d’aujourd’hui. « Un socle commun de connaissances » a été fixé à la suite d’une vaste réflexion menée sur la Réforme de l’école et son adaptation nécessaire à un monde marqué par l’arrivée des nouvelles technologies de l’information et de la communication et par la mondialisation où l’Anglais joue le rôle de vecteur international incontournable. Alors concrètement quelle est l’organisation générale des études en France ? Il existe trois degrés : Un premier, c’est celui de l’école maternelle et de l’école primaire. Il accueille en tout 6,4 millions d’élèves. Il n’est pas obligatoire pour les enfants de la maternelle de 2 à 5 ans, et il est obligatoire pour l’école primaire, à partir de six, et jusqu’à seize ans. Le rôle de ce premier degré est d’apprendre aux élèves à lire, écrire et compter. Un second degré accueille 5,5 millions d’élèves. C’est celui de l’enseignement général et professionnel. Il se compose de deux cycles : le premier va de la sixième à la troisième, et le second va de la seconde à la terminale. Le premier cycle va jusqu’au brevet des collèges pour l’enseignement général, et jusqu’au CAP (certificat d’aptitude professionnelle) ou au BEP (brevet d’études professionnelles) pour l’enseignement professionnel. Le second cycle va jusqu’au baccalauréat général, baccalauréat professionnel ou au brevet de technicien. Au niveau de ce cycle, 65% des élèves arrivent au 3 niveau du bac et 75% environ le réussissent. Plus qu’un simple diplôme, le bac est une véritable institution. De nombreuses études ont montré qu’il jouait de nombreux rôles, psychologique, comme moyen d’accès à une forme d’affirmation de la personnalité, et d’accès au monde des adultes, mais aussi social, comme le moyen d’assurer une forme d’ascension sociale, et enfin et surtout symbolique. En effet, il semblerait que le bac soit héritier de la cérémonie de l’adoubement du chevalier au moyen âge. C’est probablement, cette dimension -là, qui a permis au bac de survivre à toutes les tentatives de suppression, car il faut bien reconnaître que son utilité comme outil de sélection pour l’accès à l’université n’est plus avérée. Le troisième degré est celui de l’enseignement supérieur. Il accueille 2,2 millions d’étudiants. Il se compose des universités et des grandes écoles. Pour les universités, l’accès est automatique à partir du bac. En revanche pour les grandes écoles, l’accès est soumis à un concours extrêmement sélectif. Parmi ces grandes écoles, les plus prestigieuses sont : l’ENA (Ecole nationale d’administration) pour l’administration de l’Etat. HEC (Ecole des hautes études commerciales), pour les métiers de la finance. L’Ecole Polytechnique pour les sciences. L’E.N.S (Ecole normale supérieure), pour les métiers de l’éducation. L’école des Ponts et Chaussées pour les travaux publics. L’Ecole des mines pour l’industrie. L’Institut national d’agronomie pour l’agriculture, etc. Ces écoles forment les élites de la nation uploads/s3/ education-tableau-synoptique.pdf

  • 364
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager