1 UNIVERSITE DE ROUEN - DESCILAC Année universitaire 2021-2022 LDJA4M1 Eléments

1 UNIVERSITE DE ROUEN - DESCILAC Année universitaire 2021-2022 LDJA4M1 Eléments linguistiques pour le FLE Partie 1. C. Amourette DIPLÔME PREPARE: master 1 FLE MODALITES DE CONTRÔLE : examen terminal à l’écrit (2 heures). Vous trouverez le sujet d’examen de l’an passé destiné à vous entraîner. Vous aurez des exercices comparables aux activités proposées dans le cours et des questions portant sur le cours ou les articles à lire (avec questions). CONTENU DE L'ENSEIGNEMENT DISPENSE L’objectif de ce cours est de renforcer vos connaissances linguistiques tout en abordant des thèmes de recherche de la didactique du FLE. Nous traiterons la notion d’intensité à travers un ensemble de phénomènes relevant de la syntaxe, de la morphologie ou de la pragmatique. Par exemple, nous aborderons les collocations (colère noire, bête à pleurer) – qui constituent des entraves à l’apprentissage d’une langue étrangère – exprimant l’intensité. BIBLIOGRAPHIE BORDET L., JAMET D., 2015 « Degré et intensification : essai de typologie », Actes du colloque « Degré et Intensification en anglais », 24 et 25 avril 2014, Anglophonia, novembre, http://anglophonia.revues.org/549 Lamiroy (coord.), 2010, Les expressions verbales figées de la francophonie, Paris : Ophrys. Tutin A., 2005, « Le dictionnaire de collocations est-il indispensable ? » dans Revue française de linguistique appliquée, vol.X, 31-48. Tyne H., 2017, Le français en contexte. Approches didactiques, linguistiques et acquisitionnelles, Presses Universitaires de Perpignan. Kiesler R., 2000, « Où en sont les études sur la mise en relief ? », Le français moderne, 2 68-2, p. 224-238. D’autres références seront fournies au fil du cours. PLAN DU COURS 1. L’intensité : introduction 2. Actes de langage, force illocutoire et intensité 3. Intensité et registres de langue : il est hyper cool et fichtrement détendu 4. Procédés syntaxiques et intensité : Ma tante Mélie est muette – avec cela bavarde, bavarde ! 5. Les comparaisons intensives : il est fort comme un bœuf 6. Les adjectifs intensifs, de la qualité à la quantité : il a de gros ennuis ! 7. Les collocations à valeur intensive : il a une peur bleue des ascenseurs 8. Les adverbes en -ment : il avait la réputation d’un homme exemplairement calme 3 1. Introduction Nous aborderons quelques difficultés de l’enseignement-apprentissage du FLE à travers la notion métalinguistique d’intensité. Autrement dit, la notion d’intensité sera un « prétexte » pour balayer un certain nombre de points jugés comme délicats dans l’enseignement du FLE, notamment dans le domaine de la morphosyntaxe et de la lexicologie1. L’intensité a la caractéristique de se situer fréquemment à plusieurs niveaux de l’analyse linguistique. Dans un premier temps, il va nous falloir définir la notion d’intensité. Pour une présentation de ce concept, je vous renvoie à l’article de Clara Romero « Pour une définition générale de l'intensité dans le langage » Travaux de linguistique 2007/1 (n° 54), p. 57-68. Il s’agit d’une notion ancienne mais qui connaît de nombreuses dénominations et définitions. On peut regrouper sous ce terme « d’intensité » ce qui relève de différents phénomènes appelés dans la littérature : mise en relief / évidence / lumière / valeur / vedette, emphase, intensification, renforcement, topicalisation, focalisation, accentuation, insistance, saillance, etc. Les procédés d’intensification employés pour exprimer l’intensité sont fréquemment utilisés par les locuteurs d’une langue et répondent à des fonctions variées : émotive, métalinguistique, euphémique, humoristique, persuasive, etc. On observe récemment un regain d’intérêt pour cette notion dans la communauté linguistique. La plupart des travaux sont consacrés aux procédés morphosyntaxiques dans l’expression de l’intensité. D’une manière générale, elle se définit comme un sous-type d’expression du degré dans la mesure où elle augmente ou amplifie les propriétés qualitatives de l’élément intensifié. 1 Les procédés destinés à l’expression de l’intensité sont variés et relèvent de la morphosyntaxe, de la phonologie, de la sémantique, du lexique et de la stylistique. Généralement, chaque procédé dépend de 2 domaines de l’étude linguistique. 4 Selon Bordet L. et Jamet D. (2015), on peut recenser au moins 14 procédés d’intensification. Ces procédés sont aussi variés que les adverbes intensifieurs, l’exagération, les exclamations, les répétitions, l’intonation et les accents de phrases et de mots, etc. Ils relèvent de la morphosyntaxe, de la phonologie, de la stylistique, de la sémantique et du lexique. Ils attirent l’attention sur la difficulté à les identifier et les classer dans la mesure où chacun d’entre eux dépend généralement d’au moins deux domaines de l’étude linguistique. La définition que propose R. Kiesler (2000) fournit un point de départ pour cerner cette notion d’intensité : « Un énoncé neutre, non marqué (En) est modifié (transformé), par un processus de modification au moyen de procédés de mise en relief (x), en un énoncé mettant en relief, marqué (Em) ; la ‘mise en relief’ (H) consiste en ce processus. » Il permet de poser l’opposition entre énoncé marqué et énoncé non marqué, cruciale pour saisir l’expression de l’intensité. L’idée est qu’un énoncé comportant un élément « intensifié » ou « mis en relief » prend comme point de référence une situation qui correspond à une norme, un point de repère présenté (explicitement ou implicitement) comme neutre : « Ainsi pourrions-nous envisager cette « norme » comme le degré zéro, le point de référence explicite ou implicite pour l’énonciateur qui souhaiterait doter son énoncé d’une marque d’« intensification » ou de « degré ». En effet, on ne peut avoir recours à des marqueurs d’« intensification » ou de « degré » que si l’on dispose d’une situation neutre, explicite ou implicite, qui servira de point de repère, c’est-à-dire d’étalon. En ce sens, le degré zéro de l’intensification correspondrait à une forme non marquée de l’énoncé. A l’inverse, toute marque de degré supérieur ou inférieur au degré zéro, ainsi que toute marque d’intensification, majorante ou minorante, serait envisagée comme une forme marquée, non neutre, qui sortirait de la « norme » et donc comme le signe d’un travail supplémentaire de l’énonciateur. Nous verrons plus tard que cette affirmation est valable pour l’expression de l’« intensification », mais qu’elle devra être modulée pour l’expression du « degré ». Bordet L., Jamet D, « Degré et 5 intensification : essai de typologie », Anglophonia [Online], 20 | 2015, URL : http://anglophonia.revues.org/549 ; DOI : 10.4000/anglophonia.549 Gaatone D. (2017 :4) attire l’attention sur le fait que la notion de « mise en relief » est un concept flou dans la littérature qui recouvre des phénomènes divers aussi bien sémantiquement que formellement. Elle est utilisée pour rendre compte des familles paraphrastiques (ensembles de phrases utilisant le même lexique et véhiculant le même sens notionnel, mais présentant des différences formelles, avec des répercussions aux plans communicatif, discursif, etc.). Gaatone D. (2017) rend compte de cette opposition entre énoncé marqué et énoncé non marqué en s’appuyant sur ce la notion de « familles paraphrastiques » (dont il défend l’intérêt à la fois théorique et didactique). Une famille paraphrastique correspond à un ensemble de 2 ou plusieurs phrases différentes d’un point de vue formel mais semblables quant à leur référence extralinguistique. La scène qui est décrite dans les phrases (a-h) qui suivent sera représentée par un seul tableau dans la réalité extralinguistique mais ces phrases sont toutes formellement différentes (d’ailleurs d’un point de vue sémantique, on ne peut pas parler de synonymie) : a. Guy a trouvé un trésor. b. Un trésor a été trouvé. (par Guy) c. Il a été trouvé un trésor. (par Guy) d. Guy, il a trouvé un trésor. e. Il a trouvé un trésor, Guy. f. Un trésor Guy a trouvé. g. C’est Guy qui a trouvé un trésor. h. C’est un trésor que Guy a trouvé. Dans tous ces exemples c’est la même scène qui est décrite par des « moules » syntaxiques divers. L’un des objectif de la description linguistique est de répertorier et de décrire tous les moules, syntagmatiques et phrastiques, possibles dans une langue donnée, et à une époque donnée, et de les associer à une certaine interprétation. Les différentes variantes ci- 6 dessus ne sont pas de simples variantes stylistiques d’un seul et même énoncé, mais ce sont des énoncés véhiculant des messages différents à un certain niveau par leur structure sémantique. Cette perspective présuppose que l’information est hiérarchisée dans un message (en thème-rhème, c’est-à-dire en information ancienne et information nouvelle, pour schématiser), et que la structure de la phrase peut révéler cette hiérarchisation. C’est le cas par exemple des phrases clivées dont nous reparlerons : C’est John (et non pas Peter) qui a pris tes clés. Le SN John qui suit le présentatif constitue l’information saillante à transmettre. D’un point de vue didactique, ce qui est important de signaler c’est que l’étude d’une famille paraphrastique suppose un point de référence, une phrase canonique, neutre, non marquée par rapport à toutes les autres. En français, on considère habituellement qu’elle correspond à la phrase énonciative, active, personnelle, comportant un thème et un rhème et, comme constituants, un SN sujet, un verbe, des compléments dictés par la valence verbale, qui peuvent éventuellement être omis, et des compléments facultatifs. Les phrases appartenant à la famille paraphrastique uploads/s3/ elements-linguistiques-pour-le-fle-cours1.pdf

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