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Philo-Deschamps – le feuillet philosophique numéro 16 1 | Philo-Deschamps | www.philo-deschamps.com Eté 2012, Numéro 16 Rédactrice Anne DESCHAMPS, philosophe, créatrice en 1997 du 1er Café-Philo rural à Redu en Belgique et animatrice du 1er Café-Philo à Paris avec Marc Sautet en 1993. Fidèle à la démarche de rendre la philosophie accessible, elle organise :  des salons de philosophie avec débat sur sujet tiré au sort.  des entretiens par téléphone pour un questionnement personnel.  la réflexion accompagnée par demi-journée.  des interventions en entreprise pour un éclairage philosophique.  une médiation parents/ados. Philo-Deschamps.com, propose également :  sur les radios belges Up Fm, Radio Sud et sur internet, les Minutes- Philo. (www.espace-livres.be. )  CD audio, DVD et publications sur commande Styliste du feuillet Ggé : ggoffette08@gmail.com Sommaire Rencontre avec… Vitalie Taittinger : la sensibilité créative d’une jeune femme enthousiaste pour le meilleur de la direction artistique d’une maison de champagne dont elle porte fièrement le nom. Immersion dans le quotidien de… Jean-Marie Lecomte : photographe, éditeur et créateur d’évènements atypiques ! Le monde est surprenant.… Entendu quelque part.… Un livre… « La sœur » de Sándor Márai. Éditions Albin Michel 2011 L’aphorisme Deschamps.… L’esprit de la philosophe Philo-Deschamps rassemble des gens de tout horizon, sans considération de classe ni de religion, pour le plaisir de réfléchir ensemble, alimenter un partage de manières de voir et de penser. Sont ainsi réunies les conditions pour entendre nos contradictions humaines et aider à nous défaire de préjugés arrogants ou de certitudes arbitraires. Cette démarche humaniste participe à l’épanouissement de la personne humaine, ce que permet une réflexion joyeuse exercée à plusieurs avec tolérance. Le Feuillet met en lumière des personnes remarquables que le rouleau compresseur des médias ne remarque pas. Pour en savoir plus, visiter le site www.philo-deschamps.com Philo-Deschamps – le feuillet philosophique numéro 16 2 Rencontre avec… Vitalie Taittinger : la sensibilité créative d’une jeune femme enthousiaste pour le meilleur de la direction artistique d’une maison de champagne dont elle porte fièrement le nom. Café du Palais : une institution à Reims avec cette atmosphère de brasserie d’artistes comme au bon temps du quartier Montparnasse à Paris que peintres, musiciens, écrivains et philosophes investissaient de jour comme de nuit. Le café du Palais est un établissement à taille humaine, fidèle à la même famille qui garantit l’authenticité du lieu par un attachement sincère à l’art en général. Atmosphère art-déco éclairée par la remarquable verrière de 1928 du maitre-verrier Jacques Simon. Depuis les banquettes confortables, vous pouvez contempler les murs couverts d’innombrables tableaux et affiches qui signent la mémoire culturelle du restaurant. C’est un dessin dédicacé de Chagall qui focalise en général toutes les attentions. Ici, l’esprit n’est pas que mercantile parce que les propriétaires reconnaissent, depuis plus de 80 ans, la richesse des talents artistiques et aiment la partager avec leur clientèle. Autre qualité appréciable : les générations, qui s’y succèdent depuis les années trente, gardent ce sens du service au client bien appréciable dans l’univers incertain de la restauration actuelle. Pour notre entretien, Vitalie Taittinger m’a donné rendez-vous dans cet endroit conforme à sa sensibilité pour tout ce qui touche à l’expression de l’art dans la vie. La relation à la musique, la littérature, la peinture et l’histoire est une constante dans la famille Taittinger. Ce n’est pas une posture bourgeoise acquise pour la galerie mais la conviction profonde que l’art est un lien exceptionnel entre les Hommes malgré toutes leurs différences. « Mes parents ont toujours reçu des artistes à la maison pour un soir ou plusieurs jours ; en fait, c’était table ouverte chez nous et enfant, j’ai naturellement côtoyé des gens passionnés et créatifs… Ma mère adorait particulièrement la musique et a su nous la faire aimer ! A la maison, nous étions étrangers aux mondanités ennuyeuses où l’on se reçoit par convenance ; les discussions à table tournaient autour de toutes les expressions artistiques possibles, ce qui nous épargnait les commérages et médisances d’usage des dîners en ville… Chez nous, la culture ne s’est jamais limitée à un savoir d’érudition qui donne une contenance à celui qui l’étale. C’est plutôt une démarche spontanée qui fait vibrer grâce aux émotions exceptionnelles déclenchées par le talent d’un poète, d’un peintre ou d’un musicien… . Nous avons toujours baigné dans cet univers tout à fait simplement, un univers qui m’a appris à croiser des gens différents. Cette expérience précoce de la richesse des rencontres a été pour moi un bel enseignement. Cette transmission de l’ouverture aux autres, étayée par une sensibilité à l’art et à la littérature, est un cadeau inestimable de l’éducation que j’ai reçue. Les rencontres sont mon stimulant et à chaque étape marquante de mon existence, il y a eu évidemment quelqu’un pour m’éveiller ou me libérer de l’étroitesse du quotidien. Le milieu artistique favorise les fréquentations dynamiques et souvent enflammées avec lesquelles on se sent vivants et heureux de vivre… ». Vitalie prendra le temps de m’expliquer l’importance de la joie de vivre : pour avoir souffert d’une lourde maladie chronique lourde dans son enfance avec le cortège éprouvant des examens et traitements pénibles, la vie a pour elle ce sens sacré que lui reconnaissent Philo-Deschamps – le feuillet philosophique numéro 16 3 tous ceux qui auraient pu la perdre. L’enfant qui a souffert et vécu cet effroi lié aux choses non-maîtrisables (comme le passage impressionnant dans un scanner quand on est petit ! précise Vitalie) acquiert une volonté de se préserver qui jamais plus ne le quittera. De ressentir très jeune la fragilité humaine fait adhérer celui qui l’a éprouvée à une conscience plus juste de la chance d’être vivant. Et la joie commence là ! Ensuite à chacun d’emprunter un chemin qui compromette le moins possible son désir d’être heureux. Vitalie a compris très jeune que la peinture participerait à son cheminement personnel et à son épanouissement identitaire; pour ces raisons, elle a choisi d’entrer après son baccalauréat dans une école d’arts à Lyon. « Je n’ai pas choisi les Beaux Arts parce que je refusais la conceptualisation de la peinture. Je n’avais pas envie de théorie. Je voulais dès le départ avoir les mains dans le cambouis. Le mot n’est certes pas adapté à la peinture mais il exprime bien mon sentiment : je voulais être confrontée tout de suite aux exigences de la toile. La maladie que j’ai dû affronter m’a donné cette énergie qui conduit à l’essentiel ! Quand on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête, il faut que les choses aillent dans le sens qui vous convient le mieux. On n’a ni le temps ni l’envie de tricher avec sa vie ! L’école de Lyon correspondait à ce que j’attendais d’un rapport direct et privilégié avec la peinture ; j’ai connu là-bas quatre ans de bonheur ». Pour rejoindre son mari dessinateur, Vitalie partira vivre à Paris et partagera une belle aventure artistique avec un peintre de l’âge de son père. Cet infirmier psychiatrique, qui ne s’est jamais pris pour son mentor dit-elle, ne cherchait aucune reconnaissance et sa création le dépassait un peu. « Avec Gilles Bernard, on travaillait pour le bonheur de créer et nous étions heureux du travail accompli chaque jour. Nous n’avions aucune prétention, encore moins ce narcissisme de l’artiste maudit… On ne se faisait aucun cinéma. Notre consécration, nous la trouvions dans ce que nous réalisions ensemble. Notre complicité a débouché sur un livre, paru aux éditions du Cherche Midi en 2003, consacré au peintre Alfred Courmes. J’ai adoré ce travail de recherche qui m’a occupée après mon école d’Arts et je m’y suis donnée à fond. Je n’ai pas pour habitude de faire les choses à moitié. Je suis entière et facilement passionnée. Mais je garde un sens des réalités qui m’a toujours empêché de me laisser emporter par la folie de l’artiste. J’admire ceux qui se laissent aller à leur création. Un véritable artiste, c’est quelqu’un qui ne calcule pas et qui ne fait pas dans le compromis. Moi, c’est sans doute l’impact de la maladie dans mon enfance qui m’a donné une retenue ! Je ne me permets pas tout et surtout pas le risque de la folie lié à la création. L’inspiration peut faire tout flamber au point que le feu ne soit plus maîtrisable. J’ai assez vécu la difficulté de la maladie qu’on ne maîtrise pas pour ne pas avoir envie de choses qui m’échappent ou me déstabilisent. Etre artiste, c’est oser se laisser aller aux excès de sa volonté créatrice sans se poser de questions sur l’avenir ni sur une éventuelle reconnaissance. Il faut de la santé comme on dit ! Tout le monde ne peut pas se le permettre. J’ai choisi de modérer mes élans et pour ne pas renoncer à l’esprit artistique que j’ai au fond de moi, je me suis orientée vers un métier qui ne lui est pas étranger : la direction artistique ». Sachez lecteurs que ce livre sur Alfred Courmes signé par Vitalie Andriveau (son nom uploads/s3/ feuillet-16-2012-vf.pdf

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