.'EXTRËM Courtine Deguy Escou bas Lacoue- Labarthe Lyotard Marin Nancy ·Rogozin

.'EXTRËM Courtine Deguy Escou bas Lacoue- Labarthe Lyotard Marin Nancy ·Rogozinski BELIN ' im EMPORAlr Nous ne revenons pas au sublime, nous en provel}ons plutôt. La question du sublime nous est transmise en tant que question de la présentation; celle-ci n'est elle-même rien d'autre que celle de l'existence - sensible? - comme telle. Il s'agit de quelque chose qui déborde l'art dans l'art lui-même, ou de quelque chose qui déborde de l' art et qui met en communication ou en contact toutes les instances de la présentation : l'histoire, la communauté, la politique, et jusqu'à la représentation, qui est elle aussi une de ces instances. On trouvera ici différents états ou régimes de présentation : le dire, la comparution, l'offrande, la vérité, la limite, la communi­ cation, le monde, la foudre ... Il n'est pas question de les ramener à l'unité. Galatasaray Üniversitesi Kütüphanesi lllllll llllllllllllllHlllHlllllll · *74492* 11111111111111 1 9 782701 111643 ISBN 2-7011-1164-1 . L'OFFRANDE SUBLIME I.. e. sublime est à la mode 1• Toutes les modes, en dépit He lem futilité ou grâce à elle, sont une façon de présenter âûtre chose que de la modऋ : elles sont aussi de la nécessité, oh dù destin. Les modes soऌt .P-ෘUt:être pour Jes destins une manière très secrète ou très discrètऍ de s'offrir. Qu'est-ce aui. s'offr e -daïiS!e sublime --a-ra mgde ? J'essaierai de re:. 7 fte .. : . c'est l'offr ande ells .. mêrp.e, en· tant que desti.tLde..J-:. Mais la mode du su5lim.e a ce privilège supplémentaire, d'être• très ancienne. Elle· n'est pas moins ancienne que la traduction de Longin par Boileau, ni que la distinction exigée par ce dernier entre « le style sublime » et, pris absolument, « le sublime » . A partir de là, ce qui jadis, sous les noms de hypsos ou de sublimitas} avait été une catégorie rhétorique 2 - le discours spécialisé dans les sujets de 1. Il l'est à Paris et chez les théoriciens, qui s'y réfèrent souvent depuis quelques années (Marin, Derrida, Lyotard, Deleuze, Deguy), aussi bien qu'à Los Angeles et chez les artistes, lorsque l'un d'eux intitule «The sublime » une récente exposition et une performance (Michael Kelley, avril 1984). On trouverait d'autres témoignages à Berlin (Harnacher), Rome ou Tokyo. (Sans parler de l'usage du mot «sublime » dans la langue la plus courante!) Pour ce qui est des textes, ils sont nombreux et èlispersés, et je me contente d'indiquer leurs auteurs, envers lesquels, sans doute, je reconnaîtrai mal toutes mes dettes. Mais je ne veux pas ajouter aux leurs une interprétation du sublime. J'essaie plutôt de dégager ce qu'ils partagent et que l'époque partage dans la mode : ce qui nous offre tous à une pensée du sublime. 2. Cette formule sommaire adopte la perspective générale de l'étude classique de Samuel Monk <The Sublime, 1935) reprise à propos de la France par Th. Litman (Le sublime en France, 1971), tant du point de vue de l'histoire que de celui des catégories esthétiques. Mon propos n'est ni historique ni esthétique. 37 DU SUBLIME grande élévation - devint un souci, une exigence, . unŁ:<ł;(} adoration ou un tourment plus ou moins _ avoués, ·_mais,.:'.;;;.·' toujours présents, de l'esthétique et de la philosophie, de}a. ;: .. :.A-ஓi philosophie de l'esthétique et de la philosophie dans, \ r 1' esthétique, de la pensée de l'art et de l'art comme penséÇ·L>·' · En ce sens, le sublime forme jusqu'à nous une mode. · · ininterrompue depuis le début des temps modernes, une .··· ·· mode à la fois continue et discontinue, monotone ·.et spasmodique. Le « sublime » n'y porte pas toujours son nom, mais il est toujours présent. C'est toujours de la mode, car c'est toujours d'un écart dans l'esthétique ou d'un écàrt à l'esthétique (que celle-ci désigne le goût, ou la théorie) qu'il s'agit ·avec le sublime, ऎt cet écart est voulu, visé; évoqué ou exig§+ plus qu'il n'"èst véritablement montré ou démontré : c'est une manière de défi que l'esthétique se lance - « c'est assez d'être beau, il faut être sublime! ». Mais en même temps, ce n'est en rien de la mode, je le répète, c'est la nécessité même. Sous le motif du sublime (dont le nom, ou la catégorie ne sont peut-être même pas, si on eut ire a auteur e ce ut es en eu : eut-etre éjà usés, déjà ou encore tro12 esthétiques, ou troQ ét igues, trop vertueux, troQ_ cievés, trop sublimes en somme : ., en re arlerat) - sous le mot u su 1sme s annonce une nécessité e ce gui arrive a-r art dans son destin moâerne, ou comme son destin moderne.t-Y art est sans doute lui-même, par excellence, ce qu1 nous "एrrive (à nous autres, Occidentaux), ce qui nous Off re notre destin ou çe qui dérange notre histoire. Mais dâns le sublime, l'art lui-même est dérangé, offert .à un. autre le estin encore, il a son prapre-dஒ sorte fiors e lui: Le sublime a pat:t-i-€-1.iœ,d'un lieo essentiel, avec la fin de I' art en tous les sens de 1' expression · ce pruu: quoi I'ârt est là, sa destination, et la cessatiolh.J _gऐ_passerrient ou ͒uspens de l'art. _ - -- - - · - - Il n'y a pas de pensée contemporaine de 1' art et de sa fin qui ne soit, d'une manière ou d'une autre, tributaire de la pensée du sublime, qu'elle s'y réfère expressément ou non. On pourrait rechercher et retracer les généalogies, les filiations, les transmissions, dei;uis Benjamin - dont le rôle est sऑns doute décisif - jusqu à nous. Mais la nécessité est toujours plus profonde que les généalogies, à commencer par la nécessité qui rapportait Benjamin lui-même à Kant, 38 L'OFFRANDE· SUBLIME r:>;χψ::< :\::ු·෕,:>:;.:ූ,< /. <'. .;·.. . '͊J͋;͍͌,0͎͏;!>#͐͑essité qui ·a rapporté Kant, et tous les autres 'Ľ9'{ľ1M!·.Ŀŀ'1.:I·<destin ou à la tâche de l'art dans la pensée 3. ޹.;޺E?,޻k޼.޽IJ:l޾޿v:a߀s p_as explorer cette histoire ou ce réseau. Je mΡ ·;l ޯްޱt޲11޳޴1(1·7 placer ici, en ouverture, quelques fragments qw ·޵,޶޷Yt!li޸JJ:·t'' pීrler d'eux-mêmes : , ., ͉ ;:Ê,Ĺ Â͈aism de l'unité que forment . en ell ි le voile et 1ެ voilé, )΢Σauté ne peut essentiellement valoir que là · ou :n'exMe pas encore la ·dualité de la nudité et du vpile.tnen!J : . dans lart, et dans les phénomènes de _la :< si1Ilple nature. Au contraire, plus cette dualité s'exprime de façon évidente, p_opr. Φme.i11.d.Fe finalement en Thomme à sa plus grandè for_Ç.e, et plus il devient ĺĻļ f:ĸfa͇͆ s ;: gJedicit:Saï!--ńi*:·ķ Ķͅ aÏ'ḧ́=̓ĵ eĴs͂ atteint un être ·par-delà toute beauΤ - le sublime, et une œuvre par-delà toutes les productions, celle du créateur. » (Benjamin 4) « Dans l' œuvre la vérité est à l' œuvre, et non · seulement, par conséquent, quelque chose de vrai (. . . ) . Le paraître agencé dans l' œuvre est le beau. La beauté est un mode d'être et de présence de la vérité en tant que non-voilement.» (Heidegger 5) « La théorie kantienne du sublime décrit un art qui frémit en lui-mêm_e : au nom du contenu de vérité privé d'apparence, il se sΥ;pend, sans toutefois, en tant qu' art, renoncer à son. caractère d'apparence. » (Adorno6) « De même que la prose n'est séparée de la poésie par aucun seuil, l'art exprimant l'angoisse n'est pas vét#ablement séparé de celui qui exprime la joie ( ... )_ il ne s'agit plus de dilettantisme : l'art souverain accède à l'extrémité du possible. » Œataill e 7) 3 . Il ne faut pas omettre de mentionner au moins une fois Ie nom de Nietzsche, qui a pensé, en un sens ou en plusieurs, quelque chose du sublime, plus qu'il n'en a fait un thème. 4. «Les Affinités électives, de Goethe » in Œuvres I (Suhrkamp, traduit par M. de Gandillac, in Essais I, 1983 ) . 5. L'origine de l'œuvre d'art, traduction W . Brokmeier in Chemins ... 6. Théorie esthétique. 7. Œuvres, VII . 39 DU SUBLIME « ... encore faudrait-il rechercher si cette de l'art, que représente la partie la plus depuis trente ans, ne suppose pas le déplacement d'une puissance au travail le des œuvres et répugnant à venir au grand jour.» (Blanchot8) · UnJȌft suspendlh_ ou une mise en cause de l'art dans l'art lui-même, et en tant qu' œuvre ou en tant que tâche de 1' art - c'est ce que le sublime met en jeu, ou c'est l'enjeu que le sublime aura servi à désigner. Au__Q9.,ෑ .... 9u sublime, ou sous la poussée de quelque chose-quraurà-·-sollvefü: (mais non exclusivement) porté ce nom, J1.' art est interrogé ou provoqué efl __ Y!lޫ_!J: autre chose que l' art.t Plus précisément, il s'agit-cr un double sJ1spens, ou Cl' @e çlqµbk mise en cause. l?' une part, c'est l'esthétique, comme discipline philosophique régionale, qui est récusée dans la pensée de l'art qlJැ le subliJ;ll e-=Ǭ,,-.§ǭli§ie'.j(ant est le premier à faire droit à l'esthétique . au .. sein de- ce qu'on peut nommer une « philosophe première » : _mais il est aussi, uploads/s3/ du-sublime.pdf

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