Sculptures aquaponiques Livret pédagogique www.lagence-creative.com 76 Cours de

Sculptures aquaponiques Livret pédagogique www.lagence-creative.com 76 Cours de l’Argonne 33000 Bordeaux 06.63.27.52.49 contact@lagence-creative.com 4 5 Le projet « Sculptures Aquaponiques » est un projet holistique et permaculturel où se mêlent l’art, le design, la technologie et l’écologie. Il est né de la rencontre entre des personnes évoluant dans des champs disciplinaires artistiques et scientifiques. Au départ une idée, celle d’allier l’aquaponie à l’art, c’est ainsi que germe un concept dans l’esprit de Nadia Russell Kissoon, auteure de L’Agence Créative et créatrice de la Galerie Tinbox : la création de « Sculptures Aquaponiques ». Pour concrétiser ce projet, elle s’est associée à deux artistes, Tommy Vissenberg, dessinateur et céramiste, et à Delphine Gouzille, designer. Le projet a ensuite été élaboré en partenariat avec deux scientifiques dans le cadre d’une résidence d’artistes à l’Université de Bordeaux UMR EPOC avec Jérôme Cachot, enseignant- chercheur HDR d’écotoxicologie aquatique, toxicologie environnementale et réglementaire, et Magalie Baudrimont, directrice-adjointe UMR EPOC, professeure d’Ecotoxicologie aquatique, avec le soutien du festival FACTS. Leur collaboration a permis la création d’un projet pluridisciplinaire qui interroge différents champs de l’activité humaine et confronte les formes de pensées par un partage de connaissances. Le choix de Tommy Vissenberg a été de réaliser des sculptures à partir de moulages d’objets du quotidien (saladiers, becs verseurs de théières, moules à tarte, vases...) Ces éléments restent reconnaissables mais deviennent des sculptures hybrides par leur assemblage et leur couleur fondue dans la masse. La matière utilisée est la porcelaine, matière fragile et difficile à travailler, mais qui assure l’étanchéité des bacs de culture et ainsi le bon fonctionnement du système. La forme totémique des œuvres a été travaillée conjointement par les deux artistes. Ce choix de la verticalité permet une activation en cascade du système. L’eau s’écoule d’un bac à un autre et laisse visible le mouvement du flux. L’ensemble prend un aspect fragile, les différents éléments semblent en effet tenir en équilibre les uns par rapport aux autres. Cette fragilité voulue est à l’image de la nature en général. Un élément polluant, une absence de nourriture, l’évaporation de l’eau entraîneraient en effet la mort des organismes vivants et des sculptures. Le projet se prolonge par la création de deux autres sculptures réalisées in situ dans la galerie Tinbox, sous la forme de deux bacs blancs reliés aux aquariums par des tuyauteries. Ces œuvres deviennent des extensions de l’espace de la galerie et forment un ensemble architectonique et organique venant rompre avec la verticalité des sculptures en porcelaine. Pour accueillir l’écosystème aquatique élaboré avec les scientifiques Sculptures aquaponiques au sein de leur unité de recherche, les aquariums ont été réalisés à partir d’assemblages d’ustensiles de laboratoire. Ils ont été produits en partenariat avec un verrier scientifique. Leurs formes accentuent l’aspect de recherche, d’expérimentation et de laboratoire de l’œuvre que l’on retrouve également dans les tuyaux, pompes et câblages électriques qui sont intentionnellement visibles et jonchent le sol de la galerie. Dans ce projet les œuvres sont des ensembles sculpturaux fonctionnant en symbiose où le processus de création reste visible. Le déséquilibre d’un élément entraînerait l’arrêt du système. Les « Sculptures Aquaponiques » sont ainsi des organismes vivants dont il est indispensable de prendre soin en permanence. Le temps est un facteur essentiel qui fait évoluer les œuvres : les plantes comestibles grandissent et meurent, les poissons ou les Lymnées se reproduisent et produisent des déchets, les sculptures sont transformées par l’écoulement de l’eau, la couleur change, les éléments se recouvrent d’algues. L’œuvre est ainsi en création et en transformation constante et se doit d’assurer le bien-être des espèces vivantes qui la composent. Contexte Le projet « Sculptures Aquaponiques « s’inscrit dans un programme de recherche et d’expérimentation développé par L’Agence Créative baptisé IL FAUT CULTIVER NOTRE JARDIN. Il propose des résidences d’artistes, des productions d’œuvres et des expositions curatoriales d’artistes plasticiens qui s’emparent de l’écologie comme outil de réflexion, de création et d’action. Ce projet artistique engagé, sensible, esthétique et symbolique a pour objectif de questionner la relation de l’Homme à la nature sous le prisme de l’art contemporain. Il a une fonction sociale et politique et s’intéresse tout particulièrement aux artistes qui interrogent la nature comme bien commun ou qui utilisent les organismes vivants comme matériaux pour leurs créations afin de renouveler et nourrir notre imaginaire et notre rapport au monde. Pluridisciplinaire, il engage des artistes, des scientifiques, des maraichers, des penseurs autour de questions liées aux enjeux du développement durable. Il permet de sensibiliser à l’agriculture urbaine, à la végétalisation des villes et aux circuits courts. 6 7 Qu’est-ce que l’aquaponie ? L’aquaponie est une technique de culture sur milieu aquatique. Elle associe l’élevage de poissons et la culture de végétaux comestibles dans un système presque clos. L’idée ? Tenter de créer un écosystème* autonome. C’est une méthode vertueuse et productive qui permet d’élever des poissons ainsi que des végétaux tout en utilisant peu d’eau et une surface de culture limitée sol. Comment ça marche ? On va distinguer deux environnements : Dans le premier bac de culture, on retrouve des poissons qui sont élevés et nourris dans un aquarium. Ces derniers vont produire des déchets qui vont s’accumuler dans cet espace confiné qui deviendra alors extrêmement riche en ammoniaque, un composé toxique pour les poissons. Ces déjections sont transformées par des bactéries, des organismes microscopiques, présentes dans le système de filtration reliant le deuxième bac de culture où poussent des plantes. Elles ont pour rôle de transformer l’ammoniaque en source d’alimentation pour les plantes et les aider à grandir. En contrepartie, les végétaux purifient l’eau des poissons et la charge en oxygène, utile à leur vie. L’idée derrière ce système est d’utiliser le moins d’eau possible venant de l’extérieur et assurer une croissance optimale pour l’élevage de poissons, pour la culture des plantes et le développement des bactéries. Ecosystème* : Un écosystème est l’ensemble formé par une communauté d’espèces vivantes (végétales, animales, champignons, bactéries) et son environnement Les poissons sont nourris et produisent des déchets riches en ammoniac (NH3) toxique pour eux. Les bactéries sont des micro-organismes dont la cellule ne comporte pas de noyau. Elles jouent un rôle essentiel dans la décomposition et le recyclage de la matière organique. Certaines bactéries transforment l’ammoniac en nitrites et d’autres transforment les nitrites en nitrates. Les plantes sont toutes comestibles (salade, herbes aromatiques, tomates, blettes…) et évoluent en fonction des saisons. Elles absorbent les nitrates nécessaire pour leur croissance et purifient ainsi l’eau. L’eau part de l’aquarium pour aller vers le bac de culture et revenir ensuite purifiée dans l’aquarium. L’eau se charge en oxygène lors du parcours. L’oxygène est nécessaire aux poissons, aux racines des plantes et aux bactéries. 8 9 Histoire de l’aquaponie L’aquaponie est un mot inventé dans les années 1970, dont la paternité demeure floue. En effet, le Dr James Rakocy de l’université des Iles Vierges est le premier à construire un système aquaponique à grande échelle et à compiler des informations scientifiques détaillées sur le sujet pour sa thèse universitaire. A la même époque, en 1969, est fondé le New Alchemy Institute dans le Massachussetts (spécialisé dans l’agriculture et l’aquaculture) par John et Nancy Todd et William McLarney. Ces derniers sont à l’origine d’un « bioshelter », un abri fonctionnant à l’énergie solaire et destiné à produire de la nourriture pour une famille de quatre personnes pendant un an, entre autres à l’aide de l’aquaponie. Dans les décennies qui suivent, les techniques aquaponiques se développent et se perfectionnent en passant entre les mains de nombreux chercheurs et ingénieurs de toutes nationalités. Si certains en font un simple loisir installé dans leur jardin, d’autres préfèrent y voir une pratique agricole rentable apte à être commercialisée. Si le terme « aquaponie » est inventé au XXe siècle, les techniques dont elle s’inspire sont bien plus anciennes. L’ancêtre de l’aquaponie est souvent reconnu dans les « chinampas » des Aztèques, développés à grande échelle au XIVe siècle sur le lac Texcoco. A l’aide de boues raclées au fond du lac et de saules, les Aztèques ont construit des îlots artificiels cultivables, pour nourrir l’énorme population de Tenochtitlan, l’ancienne ville de Mexico. Des exemples encore plus anciens ont été retrouvés en Asie. En effet, plusieurs siècles auparavant, les fermiers chinois mettent déjà en place la polyculture du riz et de la carpe, encore utilisée aujourd’hui. Par ailleurs, avec un peu d’imagination, des chercheurs ont même reconnu les jardins suspendus de Babylone du VIe av. J.-.C comme une des premières manifestations de l’aquaponie… Mais sans source archéologique, impossible de confirmer l’hypothèse ! Depuis les années 2000, l’aquaponie est de plus en plus mise en avant pour répondre à des problématiques écologiques et humanitaires, notamment dans les pays en voie de développement. Par ailleurs, elle acquiert aussi une dimension artistique, dans la logique du rapprochement entre les sciences les arts. Des artistes contemporains de toutes nationalités et spécialités ont ainsi fait de l’aquaponie une œuvre artistique à part entière et proposent aux spectateurs de réfléchir sur leur rapport à la nature. AQUAPONIE VIe av.J-C XIVe siècle 1969 uploads/s3/ livret-pedagogique-aquaponie.pdf

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