r Dossier pédagogique L’ART EN GUERRE, FRANCE 1938-1947 de Picasso à Dubuffet E
r Dossier pédagogique L’ART EN GUERRE, FRANCE 1938-1947 de Picasso à Dubuffet Exposition du 12 octobre 2012 au 17 février 2013 Dossier pédagogique – Service culturel – Musée d’art Moderne de la Ville de Paris – Octobre 2012 2 Ce document est conçu pour tous les enseignants et les personnels encadrants des structures socioculturelles qui souhaitent découvrir l’exposition. Il propose des questionnements et des pistes d’exploitation pédagogique en prolongement. En regard des programmes de l’Education Nationale, il a pour mission de favoriser l’approche et la compréhension des œuvres de cette période singulière et d’accompagner la sensibilisation à l’Histoire des Arts. MUSEE D’ART MODERNE DE LA VILLE DE PARIS 11 Avenue du Président Wilson – 75116 Paris Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h Nocturne le jeudi jusqu'à 22h www.mam.paris.fr Directeur : Fabrice Hergott Commissariat : Jacqueline Munck et Laurence Bertrand Dorléac Avec la collaboration de Choghakate Kazarian, Emmanuelle de l’Ecotais, Anaîs Alax et Amaru Lozano-Ocampo Sommaire L’exposition p 3 Parcours séquentiel p 4 - 9 Citations / Incitations p 10 Eléments d’analyse p 11 - 12 Repères et pistes p 13 Quelques œuvres p 14 - 20 Service culturel p 21 Informations pratiques p 22 Dossier pédagogique – Service culturel – Musée d’art Moderne de la Ville de Paris – Octobre 2012 3 L’exposition Près de 400 œuvres de plus de 100 artistes sont présentées, complétées par de nombreux points documentaires et filmiques inédits. Rassemblées et commentées en 11 séquences fortes, elles expliquent comment, dans un contexte menaçant d’oppression et de pénurie (entre 1938 et 1947), les artistes ont modifié en profondeur les contenus et les formes de l’art en France. En introduction, l’Exposition internationale du Surréalisme de janvier 1938 apparaît comme prémonitoire au moment de la montée des périls, avant même les accords de Munich et « sous l’angle du sombre » et de « l’étouffant » défini par André Breton et Marcel Duchamp. Certains de ses exposants seront bientôt arrêtés alors que les autres tenteront de s’exiler sans que ce soit toujours possible. Après la drôle de guerre et la défaite de la France, avec l’Occupation nazie et l’instauration du régime de Vichy, jusque dans les nombreux camps d’internement et les prisons en France, on crée encore : des œuvres de survie traduisent l’énergie désespérée d’artistes qui adaptent leur processus de création et leurs matériaux - cire, ficelle, pierre, papier à musique ou d’emballage… (Bellmer, Brauner, Ernst, Freundlich, Gotko, Gumichian, Hamelin, Kolos-Vary, Lévy, Nussbaum, Payen, Prieto, Rosenthal, Salomon, Soos, Springer, Taslitzky, Warszawski, Wols…). Les artistes sont condamnés à s’adapter aux nouvelles réalités des années noires et, pour certains d’entre eux, à la clandestinité dans les refuges : à Marseille, Grasse, Sanary ou Dieulefit (Arp, Brauner, Sonia Delaunay, Hausmann, Magnelli, Masereel, Räderscheidt, Steib, Taeuber, Tita …). Dans la partie la plus visible de la scène parisienne, dominent les maîtres référents, Matisse, Picasso, Bonnard, Rouault, et les « jeunes peintres de tradition française » qui s’en réclament (Bazaine, Estève, Fougeron, Lapicque, Manessier, Singier…). L’ouverture partielle du Musée national d’art moderne, en 1942, au Palais de Tokyo, permet de saisir le goût timoré de l’époque expurgée de ses « indésirables » : juifs, étrangers, anticonformistes...Par contraste, la galerie Jeanne Bucher est l’une des rares exceptions à présenter (sans publicité) des pièces d’artistes jugés « dégénérés » par la propagande totalitaire en Allemagne mais aussi en France. (Klee, Domela, Kandinsky, De Staël…). Quant à Picasso, l’audace est intacte : interdit d’exposition et reclus dans son atelier des Grands- Augustins, il multiplie les chefs-d’œuvre : L’Aubade, le Grand nu, les Têtes de mort, les dessins érotiques, Tête de taureau ou sa pièce de théâtre Le désir attrapé par la queue. Entre 1944 et 1947, les œuvres de l’après-guerre répondent à la violence faite aux corps et aux esprits depuis des années. Cette partie de l’exposition questionne la redéfinition des grands mouvements modernes, les uns assurent la « Reconstruction » — autour du Parti communiste français (Fougeron, Herbin, Pignon…) et du renouveau de l’Art sacré —, les autres empruntent une ligne de fuite radicale : tachisme, informel, art brut, lettrisme, récupération de déchets ou d’objets rejetés par la guerre. Tout témoigne de l’irrépressible décompression psychique à l’œuvre comme seule réponse à l’histoire (Atlan, Bissière, Debré, Fautrier, Giacometti, Hartung, Leduc, Masson, Richier, Riopelle, Soulages, Schneider, Tal-Coat…). Le premier vrai scandale après la Libération est déclenché en 1946 par l’exposition Dubuffet à la galerie Drouin : Mirobolus, Macadam et Cie. Hautes Pates, mis en relation avec tout ce qui compte alors en matière d’art « autre » chez les naïfs, les anonymes dans les asiles ou chez tous les « anartistes » (Artaud, Bryen, Chaissac, Corbaz, Duf, Forestier, Hyppolite, Michaux, Miro, Pujolle, Villeglé, Wols…). L’exposition bénéficie de prêts exceptionnels des plus grandes institutions nationales et internationales ainsi que de très nombreux collectionneurs privés. Le catalogue (400 pages, 39 euros) est édité par Paris Musées sous la direction de Laurence Bertrand Dorléac et Jacqueline Munck. Il réunit, sous la forme d’un abécédaire illustré, 200 essais signés de plus de 140 auteurs internationaux. Dossier pédagogique – Service culturel – Musée d’art Moderne de la Ville de Paris – Octobre 2012 4 Parcours séquentiel 1. PARIS 1938 : PRÉMONITIONS SURRÉALISTES Le lundi 17 janvier 1938, la galerie des Beaux-Arts ouvrait la première grande rétrospective internationale du surréalisme organisée à Paris par André Breton entouré de Paul Éluard, Duchamp, Dalí, Ernst, Man Ray, Paalen, Tanguy, Masson, Seligmann, Mossé, Arp, Domínguez, Miró, Marcel Jean, Léo Malet, Matta, Espinoza et Maurice Henry. Coup de force pour imposer une vision explosive du mouvement à travers 314 œuvres de soixante- trois artistes de seize pays et 165 documents lisibles avec des lampes de poche sur des portes révolvers, cette manifestation apparaît, avec le recul, comme une prémonition tragique, avant même les accords de Munich. La galerie prestigieuse était métamorphosée par la mise en scène dramatique d’un cauchemar éveillé, visuel, sonore et olfactif, avec ses 1200 sacs de charbon usagés au plafond de lieux plongés dans la pénombre, ses odeurs de café et de feuilles mortes, les seize mannequins de la « ville surréaliste », ses cris d’hystériques et du coq brandi par la danseuse Hélène Vanel. Même le Taxi pluvieux de Dalí frappait comme un signe macabre de la Grande Guerre, que Breton et d’autres avaient vécue. Plus politisés que leurs contemporains, les surréalistes avaient fortement pressenti les périls, ils savaient depuis leur jeunesse que tout peut basculer du jour au lendemain dans la violence, et durablement. Leur conscience demeure étonnante au moment où tant d’autres ont préféré fermer les yeux en oubliant que toute lâcheté contre Hitler devrait se payer de la catastrophe. C’est dans cet état d’esprit que Breton appelait à se démarquer à la fois d’un art dégagé du danger imminent et du réalisme défendu par le Parti communiste, avec lequel aucune entente n’était décidément possible. Le surréalisme devait rester vivant et international, alors que la France était sur le point de se replier sur elle-même. Il libérait ses puissances occultes aux confins du poétique et du réel, à la recherche d’une catharsis efficace contre la barbarie qui allait triompher jusqu’à Paris, obligeant la plupart des participants à s’exiler en France ou ailleurs, quand ils ne seraient pas, tels Ernst ou Bellmer, envoyés en camp d’internement comme ressortissants ennemis dès l’année suivante. 2. DANS LES CAMPS 600 000 hommes, femmes et enfants furent séparés et internés dans des camps en France, entre le décret du 12 novembre 1938 et la libération du dernier d’entre eux, en mai 1946, non pour délits ou crimes mais en vertu du danger potentiel qu’ils feraient courir à l’État ou à la société. De novembre 1938 à la défaite française du printemps 1940, au nom de la montée des périls puis de la guerre, l’internement administratif valait pour les républicains espagnols exilés, brigadistes internationaux, Allemands et Autrichiens antinazis, ressortissants des « puissances ennemies » qui avaient généralement fui les persécutions antisémites et politiques en Europe, communistes français à la suite du pacte germano-soviétique. [...] Après la défaite de 1940 et jusqu’à l’été 1942, l’internement relevait avant tout du nouveau régime de Vichy qui s’attaqua systématiquement aux « forces de l’anti-France » - l’expression est du maréchal Pétain- : étrangers, juifs, communistes et francs-maçons. Dans le même temps, les occupants nazis adoptèrent d’autres formes de répression, mais ouvrirent des camps sous administration française à partir de mai 1941. Au printemps 1942, débuta une nouvelle phase quand le Reich, au nord comme au sud du pays, inscrivit le camp d’internement dans une logique de déportation massive et, pour les Juifs, d’extermination. Drancy devint dès lors un centre de transit vers les camps d’extermination, en particulier Auschwitz-Birkenau, alors que le régime de Vichy acceptait de participer à ce mouvement qui devait aboutir à la « solution finale ». [...] Les pièces uniques présentées ici sont les traces irremplaçables d’une période où tout manquait. Les matériaux trouvés étaient de rebut : papiers d’emballage, boîtes, allumettes, bouts de bois, de fer ou d’os. Tout fut recyclé au profit d’une uploads/s3/ l-x27-art-en-guerre-france-pdf.pdf
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- Publié le Jui 22, 2021
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