Fig. 5 Eugène FROMENTIN Tentes de la smallah de Si-Hamed-Bel-Hadj, Sahara 1849

Fig. 5 Eugène FROMENTIN Tentes de la smallah de Si-Hamed-Bel-Hadj, Sahara 1849 Huile sur toile, 0,44 x 0,85 Inv. 868.1.47 Montpellier, musée Fabre, don Bruyas 1868. Peintre et écrivain, Eugène Fromentin (1820-1876) publie Un été dans le Sahara en 1854 et Une année dans le Sahel en 1857. Il ramène de ses voyages en Orient un ensemble important de notes et de dessins pour la réalisation de ses toiles (fig. 5). Dans la première moitié du XIXe siècle, l’Orientalisme trouve dans la figure de Delacroix son plus grand représentant. En 1832, Delacroix est invité à faire partie de l’ambassade française dépêchée au Maroc auprès du sultan Moulay Abd-er-Rahman. Les deux versions du tableau inspiré par sa visite dans un harem à Alger, en 1832, restent célèbres dans son répertoire. Le Romantisme voit l’Orient comme la symbiose entre l’Orient antique et l’Orient contemporain: « il est quelque chose d’immuable face au monde occidental en mutation ». À ce propos, Delacroix s’exprime ainsi: « les Romains et les Grecs sont là à ma porte: j’ai bien ri des Grecs de David ». À la veille de sa mort le peintre se penche toujours sur ses carnets de notes. Son dernier tableau (resté inachevé) concerne encore un thème orientaliste: Le combat d’arabes dans les montagnes, appelé aussi La perception de l’impôt arabe de la National Gallery de Washington. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’Orientalisme devient un genre académique comme en témoigne l’art de Jean Léon Gérôme (1824-1904). En 1893, trente années après la mort de Delacroix, la Société des Peintres Orientalistes Français est fondée, marquant un bouleversement dans la représentation de l’Orient avec des peintres cherchant à créer une esthétique nouvelle. C’est ainsi que la couleur orientale contribue à la naissance de la peinture abstraite dans la mesure où elle sera largement abordée par des artistes comme Matisse, Renoir, Vlaminck et Klee au XXe siècle. L’Orientalisme Depuis l’Antiquité, l’Occident s’intéresse au monde non occidental. L’historien grec Hérodote, qui vécut au Ve siècle avant J.-C., considéré comme « le père de l’histoire », accumule lors de ses nombreux périples une masse d’informations précieuses concernant le monde non grec. Plus tard c’est dans l’Italie du XVIe siècle, et plus particulièrement à Venise, que se manifeste un grand intérêt pour l’Orient. Au XVIIe siècle on publie la première tra- duction des Mille et Une Nuits en France. La mode des « turqueries » se répand au XVIIIe siècle, et Louis XIV accueille en 1715 l’ambassadeur de Perse à Paris. L’artiste Antoine Watteau (1684-1721) réalise à cette occasion plusieurs sanguines (fig. 1). Cependant jusqu’en 1830 l’Orientalisme est, pour la plupart des artistes, un art de fantaisie. Sa connaissance ne se fait qu’à travers la littérature. C’est en 1791 et en 1806 que l’écrivain Chateaubriand se rend en Amérique et en Palestine, devenant l’archétype de l’écrivain en quête d’un ailleurs plus beau. Victor Hugo, dans la préface des Orientales de 1829, chante l’Orient ainsi: « Soit comme image, soit comme pensée, (l’Orient) est devenu, pour les intelligences autant que pour les imaginations, une sorte de préoccupation générale ». En 1808, l’œuvre de Chateaubriand devient la source d’inspiration pour Les funérailles d’Atala de Girodet-Trioson (1767-1824), considéré comme un des tableaux pionniers de la peinture orientaliste. Bibliographie Les Orientalistes – peintres voyageurs 1828-1908, Lynne THORNTON, Paris, ACR Éditions, 1983. The Orientalists: Delacroix to Matisse Washington, National Gallery of Art, 1984. L ’Univers des Orientalistes Gérard-Georges LEMAIRE, Paris, Éditions Place des Victoires, 2000. L ’atelier du voyage: les peintres en Orient au XIXe siècle Marie-Christine PELTRE, Paris, Éditions Le Promeneur, 1995. Fig. 1 Antoine WATTEAU Persan assis Non daté, pierre noire et sanguine, 0,30 x 0,20 m. Inv. RF36735 recto. Paris, musée du Louvre, départements des Arts graphiques. Fig. 2 Antoine-Jean GROS Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa 1799 Huile sur toile, 5,23 x 7,15 m. Inv. 5064 Paris, musée du Louvre. Fig. 4 Jules LAURENS Paysage, souvenir d’Asie Mineure Huile sur toile, 0,44 x 0,70 m. Inv. 868.1.58 Montpellier, musée Fabre, don Bruyas 1868. Finalement, ce sont les campagnes napoléoniennes entreprises en 1798 en Syrie et en Égypte qui ouvriront aux artistes les portes d’un Orient non plus de fantaisie, mais vécu. Antoine-Jean Gros (1771-1835), peintre de l’épopée impériale, est un illustre représentant de cette tendance (fig. 2). Deux autres événements politiques contribuent à la naissance de l’Orientalisme: la prise d’Alger en 1830, suivie de la conquête de l’Algérie, et la guerre d’indépendance grecque (1820-1821). On voit donc déferler pendant la première moitié du XIXe siècle une grande vague de peintres voyageurs en Orient dont la plupart emprunte le même itinéraire: Égypte, Palestine, Liban, Asie Mineure, Constantinople et Athènes. Cependant, les raisons de ce périple diffèrent: pour certains il s’agit de rechercher les origines de la culture occidentale. Parfois c’est une quête presque mystique visant à retrouver les personnages et les lieux des histoires saintes. Mais simultanément s’impose une autre vision de l’Orient. Cette nouvelle destination devient le lieu qui permet toutes les licen- ces, le lieu des passions débridées, genre teinté d’érotisme dans lequel s’illustreront les peintres aca- démiques. Ces artistes voyageurs utilisent la technique de l’aquarelle et de nombreuses œuvres sont réalisées à partir de ces « notes de voyages », lors de leur retour en France. La collection du musée Fabre de Montpellier en possède quelques exemples. Ainsi, Charles-Emile Vacher de Tournemine, né à Toulon en 1812, se rend en Asie Mineure, en Egypte, au Liban et à Chypre à partir de 1825 (fig. 3). Jules Laurens, né en 1825 à Carpentras, étudiant à l’École des Beaux-Arts de Montpellier, voyage en Asie Mineure entre 1846 et 1849 (fig. 4). Fig. 3 Charles-Émile Vacher de TOURNEMINE Promenade de femmes turques en Asie – Soleil couchant 1863 Huile sur toile, 0,71 x 1,30 Inv. D. 863.1.1 Montpellier, musée Fabre, dépôt de l’État 1863. Accessoires d’atelier Au retour de leur voyage, les orientalistes ramènent des « accessoires d’atelier » pour achever leurs œuvres. Théophile Gautier les décrit ainsi: « Les yatagans, les kandjars, les poignards persans, les pistolets circassiens, les fusils arabes, les vieilles lames de Damas niellées de versets de Coran, les armes à feu enjolivées d’argent et de corail, tout ce charmant luxe barbare se groupait encore en trophées le long des murs; négligemment accrochés, les gandouras, les haïk, les burnous, les caftans, les vestes brodées d’argent et d’or… ». uploads/s3/ orientalisme.pdf

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