L’Irlande au cœur du monde celte Du jeudi 2 au dimanche 5 octobre 2003 Vous ave
L’Irlande au cœur du monde celte Du jeudi 2 au dimanche 5 octobre 2003 Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert : www.cite-musique.fr Cité de la musique Président du Conseil d’administration Jean-Philippe Billarant Directeur général Laurent Bayle DU JEUDI 2 AU SAMEDI 4 OCTOBRE Rue musicale (Pub) Groupe Liosril du Donegal Brendan Begley, Gavin Ralston The Kane Sisters JEUDI 2 OCTOBRE - 20H Beginish avec Brendan Begley Kila La nouvelle tradition VENDREDI 3 ET SAMEDI 4 OCTOBRE - 20H Sharon Shannon Band Lúnasa Altan SAMEDI 4 OCTOBRE - 15H The Armagh Rhymers Chants, danses et mimes d’Irlande du Nord SAMEDI 4 OCTOBRE - 16H Ceilidh L ’art de la danse traditionnelle irlandaise SAMEDI 4 OCTOBRE - 17H The Kane Sisters DIMANCHE 5 OCTOBRE - 15H Liam O’Flynn, cornemuse DIMANCHE 5 OCTOBRE - 17H Donal Lunny and Friends 8 10 13 19 22 24 27 30 sommaire Le grand poète et compositeur Sean O’Riada comparait la musique traditionnelle irlandaise à « une rivière où les nouvelles influences sont comme des galets jetés et happés par le courant ». Si, après des influences rock, jazz ou new age, on a pu voir fleurir des appellations comme tribal celtic, celtic caribbean ou celtic fusion, la flamme et la magie du passé brillent encore dans les voix ou les instruments issus d’un riche passé organologique celte : la harpe des anciens bardes- chevaliers, le bodhran (un tambour en peau de chèvre sur cadre de bois), les uilleann pipes (sorte de cornemuse), la petite flûte à bec métallique nommée tin whistle, les fiddles (violons) joués sans poser le menton, auxquels s’ajoutent aujourd’hui des accordéons diatoniques et des guitares… C’est aussi l’univers mythique des Celtes, remontant au premier millénaire avant J.-C. et perpétué à travers la chrétienté, qui survit dans la tradition orale de l’art de conter, habitée de fées et d’esprits, de savoirs druidiques et magiques. Donal Lunny (compositeur, producteur artistique et témoin vigilant de la tradition irlandaise) est à l’origine des choix artistiques permettant de découvrir quelques-unes des grandes tendances musicales de l’Irlande d’aujourd’hui, dans l’atmosphère bruissante des pubs ou dans l’écoute plus recueillie du concert. Programmation conçue en collaboration avec l’agence artistique Harrison Parrott Ltd. Avant-propos 3 L’Irlande au cœur du monde celte 4 La musique traditionnelle irlandaise, c’est la musique du moment. Un moment ancré dans des siècles d’histoire, sans cesse réanimé par le talent de nouveaux musiciens. Elle est l’expression d’un présent qui refuse de laisser fuir le passé. Elle contient la grande humilité de la musique populaire : tout musicien est au service de la balade, de l’air, du « tune » qu’il interprète. Il raconte en musique ce qu’est son pays. L ’idéal est évidemment de s’installer au fond d’un pub, sans télé, sans sono, une pinte de Guinness à portée de main et d’attendre la nuit tombée. Petit à petit s’installent un, deux, trois, quatre Irlandais autour d’une même table « reserved for musicians » qui nonchalamment dégagent leur instrument de sa boîte. Il faut savoir attendre, car ils ne sont pas prêts encore. Personne ne se connaît forcément, et ça n’a pas d’importance. Le plus jeune entame la discussion sur le dernier brochet pêché, l’autre raconte le coin tranquille qu’il a déniché avec son fils, le troisième loue les quelques rayons de soleil qui ont éclairé sa journée tandis que le plus âgé déguste en silence sa bière noire. Tous les quatre riront longtemps d’une plaisanterie qu’un client raconte à voix haute, avant de décider de commencer à jouer. C’est le moment magique où les quatre vont se fondre ensemble pour jouer un air multiple qui ne s’arrêtera que plusieurs heures plus tard. Seul un musicien compétent osera s’asseoir à la table pour se joindre au groupe. Du pub à la salle de concert, il y a des océans dans lesquels la musique risque de mouiller son âme et parfois de la perdre. Toutefois, les ressorts de sa magie fonctionnent, même déracinée, puisqu’elle est l’ancêtre de la country américaine et qu’aujourd’hui de nombreux pays revendiquent leurs empreintes irlandaises ou celtiques, par-delà la Bretagne : de Liz Carroll, la violoniste de Chicago, à Carlos Nunes, le joueur de cornemuse d’Espagne. De ballades en balades commentaires 5 En Irlande, les airs s’emmêlent de plus en plus à des genres musicaux non traditionnels et participent ainsi du développement culturel du fameux Celtic Tiger : le succès du groupe rock U2 et des Corrs en est une illustration, à laquelle s’ajoute celui des groupes afro-celtes. C’est que cette musique sait toujours trouver le subtil équilibre entre la mélodie et le rythme. Pas de partition, pas de dogme d’interprétation. Pour l’expliquer simplement au risque d’en réduire ses mécanismes : il existe un thème (transcrit en notes, il représenterait une partition d’une trentaine de mesures) qui est répété généralement trois fois. Mais pour éviter la monotonie, les instruments entrent et sortent du morceau, et chaque instrumentiste recourt à toute une gamme d’ornementations différentes. Tout bon musicien connaît de cœur et par cœur des centaines d’airs. Tous portent un titre qui est donné d’après le nom du compositeur, d’après une anecdote amusante que l’interprète ne manquera pas de rapporter (ou d’inventer) ; lorsqu’il est franchement banal, le titre cache généralement une allusion sexuelle ou politique indicible… Les tunes se déclinent principalement en jigs ( à trois temps), reels (à quatre temps), hornpipes, slides, valses, polkas et airs, toujours lents et mélancoliques. Hormis ces derniers, ce sont tous des airs à danser. Voilà en effet la composante essentielle de la musique populaire : elle est le support de la danse, facile à mémoriser et donc à transmettre. Entêtante par ses motifs répétés, envoûtante par la beauté mélodique de ses phrases, enivrante par la légèreté d’esprit qui l’habite, elle ouvre la porte à une danse codifiée que le peuple apprend et qu’il restitue à la première occasion. Tout Irlandais élevé en Irlande connaît des chansons traditionnelles, des pas de danse et est capable de jouer du tin whistle, « flûtiau à deux sous », parce qu’il sert à construire l’éducation musicale des petits écoliers. Le chant, les tunes et la danse sont donc une trinité musicale. L ’un sans les autres perd son sens car les trois se relaient pour exprimer l’histoire d’un pays. Le chant patriotique ou révolutionnaire des hommes avides de L’Irlande au cœur du monde celte 6 liberté… La rengaine, au rythme lancinant et aux sons rugueux du gaélique, chantée autrefois par les ramasseurs de pommes de terre… La complainte des femmes pleurant leurs amants partis dans les guerres du continent… L ’air nostalgique de l’émigré se rappelant la beauté féerique de la lande dans la brume, jusqu’à la chanson à boire dont les termes comportent souvent une double signification, la seconde étant une attaque en règle contre l’oppresseur anglais… Tout est chanté ou joué sans pathos mais avec humour et swing, cette énergie singulière qui, dans la salle de concert, vous fera taper des pieds, battre des mains ou vous lever pour danser. Les artistes réunis ces premiers jours d’octobre à Paris sont tous issus de cette culture musicale, qui se transmet de génération en génération. Pour nombre d’entre eux, ils sont enfants ou petits-enfants de musiciens grandement réputés dans leur pays. Pas de crise d’adolescence dans ce domaine ; il est entendu que le fils ou la fille se distingue de ses parents avec originalité mais dans la continuité. Pas un album de musique traditionnelle irlandaise ne sort aujourd’hui sans une longue liste de remerciements dans lesquels figurent le papa, la maman, la grand-mère, le grand-père et la grand-tante. Il n’est pas rare qu’il y ait le frère et la sœur dans le même groupe. Ainsi, le groupe Kila « nouvelle tradition », dont la présence sur scène est un exploit, s’est constitué autour de deux frères. Cillian Vallely, le joueur de cornemuse du groupe Lúnasa, vient de sortir un album merveilleux avec son frère Niam au concertina (petit accordéon typique de la musique irlandaise). Les deux jeunes sœurs Liz et Yvonne Kane du Connemara sont l’illustration exemplaire de cette tradition familiale : leur jeu au fiddle, tout de souplesse et de gaieté, est si proche qu’il faut une oreille bien exercée pour les distinguer. Pas de formation classique. La tenue de l’archet et le port du violon choquent ou étonnent plus d’un professionnel français aujourd’hui. Il n’y a pas de règles pour apprendre l’instrument mais en revanche il y a des styles bien différenciés selon les commentaires 7 régions. Ainsi pour le même tune, le Comté de Clare adopte un swing nonchalant quand le Donegal en souligne l’énergie. Les Kane Sisters n’ont donc pas du tout le même jeu d’archet que la célèbre violoniste Mairead Ni Mhaonaigh du groupe Altan, originaire du Donegal. Quant au joueur de cornemuse Liam O’Flynn, considéré par ses pairs comme le plus grand maître vivant du uileann pipes, il reprend une tradition d’excellence qui s’est constituée depuis la naissance, il y a deux siècles, de uploads/s3/ l-x27-irlande-au-coeur-du-monde-celte.pdf
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- Publié le Oct 22, 2022
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