Promotion 2015/2017 Joachim GRUERE La musique et la pensée, Une approche philos

Promotion 2015/2017 Joachim GRUERE La musique et la pensée, Une approche philosophique de l'activité musicale. Diplôme d’État de Professeur de Musique Mémoire de fin d’Étude Juin 2017 1 Sommaire. Introduction p 3 Préambule p 6 I Langage et musique chez Nietzsche Apollon et le principe d'individuation p 10 Dionysos p 11 Figure tragique du penseur p 13 La musique révèle le sens de la philosophie P 15 Une perspective pédagogique : l'individuation p 18 II Le sens de l'art Le parcours de la philosophie selon Nietzsche p 22 L'inconscient p 23 Percept/ affect p 24 Les trois genres de connaissances p 27 Le corps-guerrier P 32 La clinique Laborde P 34 III Une approche de la forme de l'enseignement en lien avec la psychologie La Ritournelle p 37 Le rhizome P 42 La subjectivité p 49 Conclusion p 52 2 Introduction J'ai souhaité développer une approche philosophique pour écrire mon mémoire. Pour cela, j'ai cherché les liens qui peuvent relier la philosophie à la musique. Mon mémoire est construit sur trois axes articulés autour de la question du corps. Le premier axe concerne le rapport étroit qu'entretient la philosophie avec la musique par l'intermédiaire du corps dans l’œuvre de Nietzsche. J'utiliserai des extraits de La Naissance de la Tragédie en tentant d'y voir les esquisses de la figure tragique du penseur en lien avec une réflexion sur le langage. Le penseur apparaît beaucoup plus proche de l'artiste (en particulier du musicien) que de l'ascète. Le deuxième concerne le sens de l'Art que la philosophie de Deleuze révèle, en s'appuyant sur celle de Spinoza. Le rapport au corps est au centre de leurs réflexions. Deleuze développe dans Qu'est ce que la philosophie sa conception de ce qui fait l'Art et du rôle que le corps occupe dans sa fabrication. Le troisième concerne une approche de l'enseignement de la musique en lien avec les recherches de Deleuze et Guattari sur le fonctionnement de la psychologie humaine. L'acte d'apprendre est en lien étroit avec la psychologie humaine, il me paraît intéressant de l'étudier afin de pouvoir développer la pédagogie la plus adaptée aux élèves. L'adaptation se comprend de différentes manières. Il y a la possibilité de proposer différentes formes de cours, des ateliers, du travail en groupe et/ou en autonomie, il y a le choix de ce qu'on enseigne ou non aux apprenants. Cela rejoint la nécessité de prendre en compte l'autre, de parvenir à créer une altérité. Autrui me fait exister. Sa différence me pousse à un déplacement. Autrui me « dérange », il me force passivement, par sa seule présence et sa vision différente de la réalité à me repositionner. Les professeurs apprennent beaucoup des élèves. Entre les apprenants et le professeur il y a un déplacement constant et toujours à réajuster ou à inventer. La fonction du professeur n'a de sens que dans la relation aux apprenants. Le professeur cherche à entrer en communication avec un individu en mouvement ce mouvement comprend son potentiel de progression de l'apprenant, l'évolution de sa personnalité, l'affirmation de ses désirs. L'idée du rhizome est centrale ici, tout comme celle de la ritournelle. Si l'on aborde l'inconscient et donc l'activité souterraine du Désir à la manière de Guattari et de Deleuze comme une machine qui produit et invente, une machine qui fait des sauts et des bonds, on pourra proposer un enseignement calqué sur ce mode de fonctionnement sans renoncer à une exigence et à une élaboration approfondie. 3 J'ai cherché à varier les modes d'expressions. Il y a des récits qui sont de l'ordre de l'auto- fiction. Ils reflètent mon parcours personnel et expriment mon ressenti. Ils sont inventés à partir d'émotions imprécises mais fortes liées à mon vécu. Je les ai développées et précisées par l'écriture. Je parle de différentes expériences, il y a les concours, les concerts ou les spectacles en lien avec le théâtre et la poésie mais aussi les heures de travail au conservatoire ou dans mon appartement. Leur rôle est d'illustrer par des fragments narratifs les idées développées dans mon mémoire. La philosophie se fait toujours l'écho de la vie et des expériences qui la composent. Elle se situe dans le prolongement de l'activité musicale et des expériences concrètes. La philosophie est le fruit d'une émotion, d'une expérience de vie. Les récits sont donc pour moi très importants puisqu'en tant qu'expériences de vie ils suscitent un questionnement d'ordre philosophique. La question centrale est de savoir quel sens a le travail artistique, ou à quel besoin il répond. Personnellement le sens que je trouvais dans travail artistique a parfois été occulté par les institutions musicales et par des partis pris pédagogiques spécifiques. On enseigne des notions qui s'empilent les unes sur les autres et qui ne font sens en tant que savoir-faire artistique que bien des années plus tard. Les institutions musicales engendrent parfois un esprit de compétition et peuvent se transformer en machine à broyer les musiciens par la hiérarchisation qu'elle impose. Cela dépend des individus et des contextes. Certaines personnalités peuvent souffrir de cette exigence. Il faut bien sûr avoir en tête que réussir un concours d'entrée dans un Conservatoire Supérieur est tellement difficile que la préparation à ses concours demande un travail et une rigueur très importants. Les professeurs qui préparent les musiciens à ces concours n'ont guère le choix. Néanmoins une critique peut être formulée. Il me semble qu'il est question du temps : la limite d'âge, la préparation des morceaux imposés, le nombre de morceaux à travailler, la vitesse à laquelle il faut les apprendre. On impose aux musiciens un certain temps, ils doivent être performants. La perspective de professionnalisation pourrait tendre à privilégier l'efficacité et la précision technique plutôt que l'élaboration d'une personnalité artistique singulière. Le risque est d'opérer une séparation entre les aspirations des musiciens et leur réalisation artistique. Le musicien ne jouerait plus pour soi et avec soi ou avec les autres et pour les autres, il travaillerait pour faire fonctionner la machine à concours. Une machine qui sélectionne et contraint le musicien à correspondre à l'image de l'artiste qu'elle engendre. On pourrait aussi parler de la fonction de l'artiste : un artiste efficace, un musicien d'orchestre, un virtuose, un déchiffreur talentueux. Ce travail 4 éreintant transformerait l'artiste en ouvrier de la musique. Seule les techniciens les plus doués s'en sortiraient, ou ceux qui présenteraient les dispositions les plus adaptées au travail imposé. Il n'y aurait pas de place accordée à la subjectivité, ou une place trop réduite. Le musicien serait séparé de ce qu'il peut, de ce à quoi il aspire. La philosophie est un cri. Un cri silencieux. Un effort d'individuation personnel. Un étonnement qui peut être une forme de détresse devant la vie. Si la pratique musicale répond à un besoin vital et que ce besoin vital ne peut s'exprimer alors il faut crier. Il faut se conformer en tout point à ce que la machine attend de nous les compétences requises pour tel concours les aspirations carriéristes, ou « crier. » c'est-à-dire s'étonner. L'écriture, puisqu'elle diffère de la parole, n'est plus communication. En effet elle n'a pas de cible, le signifié lui fait défaut, elle prend forme dans un signifiant, c'est le travail du style. L'entendement de l'idée est rendu possible par sa formulation mais la formulation absorbe le sens que voudrait donner l'idée. Le sens ne diffère pas de la formule. Mais la formule n'est jamais dépositaire du Sens (entendu comme vérité absolue). Il n'est pas sûr qu'il y ait des lecteurs puisqu'il n'y a pas de message, à moins que ce ne soit l'inverse. L'écrivain en effet n'est pas un prophète. Il ne révèle pas de « vérité » transcendantale. Il offre une vision du monde plus détaillée et développée que les impressions « superficielles » qui constituent l'essentiel de notre compréhension du monde au quotidien. Écrire c'est mettre en forme ses impressions et les préciser dans leur nuance. L'écriture est dissolution de l'identité de l'écrivain (ceci se révèle dans l'expérience de l'écriture, il n'y a là aucune difficulté conceptuelle) et parachève tout comme le fait la musique le travail philosophique voué à l'incomplétude. 5 Préambule J'ai souhaité que la forme de mon mémoire soit celle d'un rhizome. Prenons l'exemple des Iris qui sont des plantes à rhizome. A la différence des arbres il n'y a pas de graine. Chaque tige d'iris contient toutes les informations nécessaires au développement de la plante. Si l'on coupe une tige et qu'on la replante ailleurs elle poussera sans difficulté. Il s'agit de plante à bulbes et tubercule « Le rhizome en lui-même a des formes très diverses, depuis son extension superficielle ramifiée en tous sens jusqu'à ses concrétions en bulbes et tubercules. » 1 Je voulais qu'il y ait de l'hétérogène. Cela se manifeste par les différents types de discours. La forme était très importante pour moi. Un mémoire n'est pas un objet artistique, néanmoins s'affranchir des cadres m’apparaît essentiel. Chaque partie du mémoire doit contenir à la manière de la tige de l'iris toute les informations nécessaires pour uploads/s3/ la-musique-et-la-pensee.pdf

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