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Digitized by the Internet Archive in 2009 witii funding from Universityof Ottawa http://www.archive.org/details/lapeinturemodernOOozenuoft (;(ii.i,Ki:Tifl\ iiK " i;i:si'itiT vonFir " OZK.\F\\l i^ .Il'iAWl'iltKI r K PEINTURE MODERNE LES EDITIONS (î. CHES K ( -l\ WVV. HVUTHFKrilJJ-:, -21 l'AP.IS UJ^^'U^CL LA PEINTURE MODERNE ^ -7 DANS LA MÊME COLLECTION Vers une Architecture, par Le (^orbusier, 1 vol. in-8 raisin de 260 pages sur papier couclié, avec 236 illustrations . 30 fr. L'Art décoratif d'aujourd'hui, par Le Corbusier, 1 vol. in-8 raisin de 232 pages, avec 192 illustrations 30 fr. Urbanisme, par Le Corbusier, 1 vol. in-8 raisin de 250 pages, avec 150 illustrations et des planches 30 fr. COLLECTION DE " L'ESPRIT NOliVEAlI " Aw,u.' OZBNFANT àOBAMBRET^ A PEINTURE MODERNE LES EDITIONS G. CRES & C 21, RUE HAUTEFEUILLE, 21 PARIS PRÉFACE Notre civilisation, rationnelle, au stade machiniste, a-t-elle besoin de peinture ? Oui, car les arts plastiques, avec la musique et la poésie, constituent le moyen efficace de nous distraire et de nous élever au-dessus de la fatigante réalité. Plus que cela, ils donnent à nos sens et à notre esprit des jouis- sances extrêmement émouvantes et d'une nature telle qu'eux seuls peuvent les provoquer. Cette qualité d'émotion ne peut être donnée à l'homme moderne par le moyen des arts d'imitation, par la copie plus ou moins littérale des objets de la nature. Le but de ce livre est de rechercher l'art qui puisse satisfaire notre temps. Nous y étudions les prodromes de l'art d'aujourd'hui et les éléments actuellement acquis susceptibles de développement. DESTINATION DE LA PEINTURE L'acier a révolutionné la société. Il a permis le machinisme. Le machinisme a changé en un siècle l'allure de la civilisation et par conséquent nos besoins; nos habitudes héréditaires se sont compliquées de désirs nouveaux que l'art d'aujourd'hui doit satisfaire; par contre, de nombreuses fins que se proposait l'art d'autrefois sont satisfaites par des procédés nou- veaux. L'art d'imitation est distancé par la photographie et le cinéma. La presse, le livre agissent plus efficacement que l'art à fins religieuses, morali- satrices ou politiques. Quelle destination demeure départie à l'art d'aujour- d'hui ? NATURE ET CRÉATION Le spectacle naturel satisfait-il à nos besoins d'art ? La nature nous émeut esthétiquement, à l'instant précis où le hasard nous la présente dans un ordre exceptionnel ; cet ordre que l'on perçoit est la réponse au besoin d'or- donnance qui est le propre de l'homme; il y a ordre naturel au moment où les éléments visibles de la nature se présentent à nous sous une apparence de géométrie. Visible toujours par fragment, la nature est d'un aspect désor- II LA PEINTURE MODERNE donné ; si notre science a découvert les lois de son ordonnance, c'est à la suite d'analyses séculaires, et sans doute par une projection de notre esprit ordonna- teur et géométrique sur le chaos réel ou apparent du monde. La raison de nos promenades est d'aller à la chasse des hasards heureux. Le but de l'art est de nous donner des spectacles émouvants dont le hasard est exclu. La nature est le milieu où nous vivons, mais nos joies sont en nous, faites de la satisfaction des constantes de notre sensibilité et de notre esprit. La nature n'est belle que par rapport à l'art. Lorsqu'elle se trouve par hasard ordonnée, elle nous apparaît belle ; c'est comme une œuvre d'art. L'cmalyse montre que notre connaissance du monde se réfère au système géométrique, qui est une pure création de l'esprit; les jouissances plastiques ressortissent toutes cm système de la géométrie. Les différences d'opinion sur le rôle de la nature dans l'œuvre d'art con- stituent en somme l'histoire des multiples estliétiques de tous les temps. La question en est arrivée aujourd'hui à ce grand débat : la peinture peut-elle être l'imitation pure de la nature ? ou la nature vue à travers un tempéra- ment ? ou création pure, faite seulement de formes et de couleurs assem- blées en un certain ordre ? Pour y voir clair, quelle est la destination de la peinture? Satisfaire à nos besoins supérieurs. FORMATION DE L'OPTIQUE MODERNE La peinture ne peut atteindre notre esprit que par le chemin de nos yeux ; nos yeux se sont singulièrement affinés au spectacle intensif de la vie moderne. La géométrie, par le développement du machinisme, s'installe partout; nos sens se sont accoutumés maintenant à des spectacles où la géométrie règne ; notre esprit, lui-même, satisfait de retrouver partout cette géométrie, — sa créa- tion, — est devenu rebelle aux aspects souvent agéométriques inconsistants de la peinture et particulièrement aux flous incohérents de l' impressionnisme. Le spectacle actuel est essentiellement géométrique. Nos sens et notre esprit en sont imprégnés ; l'homme est un cmimal géo- métrique animé d'un esprit géométrique ; ses besoins d'art se sont modifiés. L'art d'aujourd'hui doit prendre conscience de l'existence de ces besoins nou- veaux. Déjà un énorme travail a été fait pendant les cinquante dernières an- nées. De Ingres au Cubisme, des certitudes ont été acquises. RECHERCHES Ingres, Cézanne, Seurat, sont les jalons de la nouvelle peinture. Réali- sateurs exceptionnels, ils éclaircirent des points esthétiques et techniques capi- taux. Petit à petit, avec eux, la peinture se libère de la contrainte du sujet et de /'imitation. Matisse, peintre contemporain, ajouta aux acquisitions d'Ingres, de Cé- zanne et de Seurat, certaines notions qui permirent à Picasso et à Braque de PREFACE III concevoir les œuvres capitales qui ont marqué le début d'une véritable renais- sance de la peinture. Il est acquis que l'art n'a pas d'autre but que de donner satisfaction à nos besoins de lyrisme et que tous les droits sont acquis au peintre pourvu qu'il en tire un lyrisme intense. LE CUBISME (première époque) Picasso et Braque interviennent. Sous des aspects révolutionnaires, ces deu.v grands inventeurs résument et enrichissent les conclusions des grands précurseurs ; ils posent — et la résolvent souvent — la question de la peinture ne devant rien qu'à elle-même. Les années où s'élaborèrent ces conceptions marquent un moment décisif. Devant ces toiles où le sujet est dissimulé, le public, habitué à ne rechercher dans le tableau que l'histoire racontée, croit à une mystification. L'un des éloges qu'on peut faire aux cubistes est de reconnaître qu'ils ont eu la liberté et l'invention nécessaires pour trouver en dehors des formules existantes les moyens propres à exprimer un lyrisme nouveau répondant cmx sentiments de notre époque. Parti de la déformation des « fauves » et des libertés de Ma- lisse, le cubisme collectif de 1908 à 1912 atteint à un dépouillement, à une manière d' impersonnalité, à une espèce d'hiératisme. De 1912 à 1918 la langue cubiste est utilisée avec plus d'individualisme ; elle sert à exprimer des per- sonnalités qui se différencient de plus en plus. La mode s'empare de cette teclmique ; une masse nombreuse et incompé- tente suit tes vrais créateurs, mais l'esthétique des quelques vrais artistes du cubisme ne peut servir qu'à l'expression d'émotions transmissibles par le pur langage des formes et des couleurs. Les suiveurs crurent pouvoir s'en servir pour rajeunir les anciennes erreurs de la peinture littéraire et à sujet. De cette confusion vient l'espèce de discrédit dans lequel, pour un temps, tomba le cubisme. Ce ne fut un écliec que pour les médiocres seuls. Sans doute la peinture de demain n'aura-t-elle pas l'aspect de celle d'hier ou d'aujourd'hui ; mais le cubisme mit au clair des solutions techniques et estliétiques tellement vraies qu'on peut être certain que l'art de demain lui devra beaucoup. En attendant, on remarquera que tout ce qui se fait aujourd'hui est fait pour ou contre le cubisme. VERS LE CRISTAL Une des erreurs courantes est de considérer en bloc, comme un seul et même phénomène, l'ensemble des milliers de toiles appelées cubistes. La même confusion domina l' impressionnisme : mettre sous la même étiquette Cézanne et Lebourg n'est pas plus déraisonnable que de dire Picasso cubiste au même titre que quelques milliers de peintres qui, en fait, ne le sont ou ne le furent que par singerie ; le cubisme se résume à quelques peintres et c'est déjà beau- coup pour une époque. Pour nous, le cubisme apporta sinon une doctrine esthétique définie, du moins une esthétique et une technique immanentes. Il réalisa la libération de la littéralité de l'imitation — entrave au lyrisme contre IV LA PEINTURE MODERNE laquelle les plus grands maîtres ont toujours lutté désespérément. Le cubisme apporta la conception du tableau considéré comme objet indépendant de la nature et n'obéissant qu'aux lois de la sensibilité et à celles de l'esprit. Cette vue géniale détermine la peinture de demain. IDÉES PERSONNELLES LA BEAUTÉ Une confusion séculaire persiste dans les discussions sur l'art; c'est l'abus du mot Beauté. L'on confond l'idée de beauté avec celle de plaisir. Le beau n'est pas le plaisir. L'œuvre d'art a pour seul but de créer dans le spectateur des émotions voulues. S'il existe des constantes de la sensibilité, il n'en est guère pour nos jugements de valeur ; le jugement plaisir ou déplaisir est parfaitement indi- viduel. L'art n'a pas uploads/s3/ la-peinture-moderne-ozenfant-le-corbusier.pdf

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