Edouard Vaudour Directeur de mémoire : Florent Machabert Msc Creative Business

Edouard Vaudour Directeur de mémoire : Florent Machabert Msc Creative Business La responsabilité sociale de l’artiste contemporain et la création artistique comme outil de développement économique !1 Résumé « Le temps des artistes irresponsables est passé ». Cette formule d’Albert Camus est-elle une prophétie autoréalisatrice ? Depuis lors, les artistes continuent à défier les systèmes et à dépasser les limites des cadres imposés. Mais paradoxalement il semblerait que la responsabilité sociale de l’artiste soit de préserver son rôle de chercheur de vérité et de liberté même si il est à contre- courant des paradigmes existants et en décalage avec son temps, car cette place est légitime. Cette recherche est une source d’innovation et permet de repenser les manières de se comporter et de modéliser la société. Le processus créatif, formidable conception de l’esprit, est source d’innovation. Grâce à son ouverture intrinsèque sur d’autres champs et au fait qu’il ne se limite pas à une discipline, l’art a cette capacité à s’intégrer à des domaines comme l’entreprenariat ou la science. L’homme de l’art, au service de la création, a alors toute sa place dans la Cité en tant que dépositaire de la culture, langage qui relie les hommes entre eux. !2 Sommaire PARTIE 1 : REVUE DE LITTERATURE Introduction……………………………………………………………………………..…p5 I Les rapports entre les pouvoirs politiques & économiques et l’artiste : entre transgression, acceptation et transfiguration A. L’artiste engagé, pirate des formes sociales face au pouvoir politique….……p10 B. Un lien ambigu avec le pouvoir économique et le paradoxe de la notoriété..p13 C. Les volontés politiques de ré-intégrer l’artiste au coeur de la cité……….……p16 II L’artiste contemporain face aux nouveaux enjeux A. Le rapport de l'artiste à la technologie à l’heure du numérique…………….….p18 B. La création artistique face à l’engagement civique………………………….……p20 C. L’artiste comme entrepreneur social………………………….………………..…..p22 III L’interdisciplinarité, la diffusion de l’offre culturelle et l’accès au public A. Le dialogue interdisciplinaire et les domaines connexes d’application: renouvellement et enrichissement du sens……………………………………..……p24 B. Les formes d’accompagnement culturel et les lieux innovants de création en France…………………………………………………………………………………..….p26 C. L’enjeu de l’élargissement et de l’accès au public………………………….……..p28 IV Le processus créatif au service du développement économique A. Le design à l’oeuvre………………………………………………………………..…p30 B. La création artistique comme matière première des industries créatives …….p32 C. La créativité au coeur du business …………………………………………………p34 Conclusion………………………………………………..………………………………p35 !3 PARTIE 2 : CONTEXTE, HYPOTHESES & METHODOLOGIE I Contexte…………………………………………………………………….………….p36 II Hypothèses de recherche………………………………………………….………..p38 III Méthodologie………………………………………………………….…….……….p40 PARTIE 3 : ANALYSE, DISCUSSION & RECOMMANDATIONS I Analyse………………………………………………………………………….………p41 II Recommandations……………………………………………………….….………..p64 Bibliographie………………………………………………………………….…………p65 Sources………………………………………………………………………….…..……p66 ANNEXES Annexe 1………………………………………………………..…………….……….…p68 Annexe 2………………………………………………………..……………….…….…p69 Annexe 3………………………………………………………………………….………p70 Interview de Jérôme Delormas.……………………………………………………….p70 Interview de Michel Muckensturm……………………………………….….………..p81 Interview de Thibault Duchesne de Lamotte………………………….….…………p87 Interview de Beth Saccia…………………………………………………………….…p94 Interview d’Alexandre Gain……………………………………………………………p98 Interview de Michèle Broutta…………………………………………………………p103 !4 A l’heure où la thématique de Responsabilité Sociale de l’Entreprise est de plus en plus présente dans les mentalités et dans la manière d’appréhender les échanges économiques, où les acteurs du marché ont de plus en plus conscience de l'impact environnemental et social de leur activité et de la nécessité d’une approche plus éthique du business, il convient de s’interroger sur la position de l’artiste face à la notion de responsabilité sociale. C’est bien dans un contexte de remise en cause du capitalisme débridé que l’art apparaît comme liant social de par sa capacité à générer du sens collectif. Faire appel à la fonction sociale de l’art, c’est redonner ses lettres de noblesse à la culture et lui reconnaître une utilité sociale et un impact parfois difficilement quantifiable en terme économique mais non moins important. La culture contribue en 2011 à près de 60 milliards d’euros du PIB français et à 2,5% de l’emploi national. (1) L’appauvrissement du lien social remet en cause la nature fédératrice de la société dont les changements induits par la révolution numérique ne cessent de faire évoluer les comportements. La souveraineté des rapports économiques au détriment des rapports sociaux contribue également au dénaturement des rapports entre les individus. L’artiste aurait un rôle à jouer dans ce tissage de liens, ainsi qu’une responsabilité qui lui est propre afin que son travail enrichisse non seulement le patrimoine culturel mais oeuvre aussi au vivre-ensemble. L’oeuvre artistique peut se positionner comme contre-pouvoir en révélant les failles de la promesse de « Progrès » et éveille en nous une promesse d’une autre manière d’exister : la véritable manière d’être soi. Avec sa manière d’interroger le monde, !5 comme celle du philosophe, l’artiste dérange et les censeurs d’opinion peuvent vouloir le bâillonner. Dès lors, comment réhabiliter la place de l’artiste dans la société et reconnaître son oeuvre comme terreau de développement économique et social ? Par artiste, l’imaginaire collectif tend à projeter la figure du rêveur ayant une vie à la marge de la société mais l’on entend ici l’homme de l’art, doté d’un savoir-faire et de créativité au service de domaines aussi divers que la musique, le graphisme, le design, l’architecture, la sculpture. Le climat actuel pour la création contemporaine est exigeant compte-tenu du fait que les artistes émergeants ont conscience du patrimoine artistique accumulé au fil des siècles et de la valorisation de celui-ci. Cela demande aux créateurs contemporains “un mélange, nécessairement mue d’audace et d’humilité” (2) , un juste dosage entre réappropriation et innovation. Le challenge dans cette pratique artistique est aussi d’allier liberté et responsabilité dans cette quête de vérité. Le cadre social ne devrait être une limitation de la liberté de l’artiste mais bien une intégration de celui-ci dans la communauté. Dans cette intégration, les acteurs de la médiation culturelle en France que comprennent les résidences artistiques, les incubateurs de projets et les entrepreneurs culturels ont un rôle essentiel à jouer afin de mettre en lumière d’une part les bénéfices qu’a la société d’avoir un vivier de créateurs et d’autre part l’opportunité pour les artistes de bénéficier d’un soutien privé ou public et de pouvoir partager leur vision avec un large public. Être responsable c’est avoir !6 conscience de son environnement et respecter autrui. Or, la recherche de vérité et de liberté qui est propre à l’artiste ne peut se faire sans responsabilité vis-à-vis d’autrui. La responsabilité pour autrui doit précéder et investir une liberté qui, sans elle, serait sans visage. Le travail de l’artiste prend alors tout son sens générateur d’émancipation : que cela soit la sienne ou celle d’autrui. C’est bien un défi pour l’artiste contemporain qui est expérimentateur du jeu social. Dans un contexte historique, les rapports entre l’artiste et la société ont évolué selon le type de société. En effet, dans les sociétés traditionnelles, l’artiste est perçu comme un gardien de la tradition, un conteur de mythes qui transmet des valeurs qui forgent l’individu et la communauté. Si l’on prend l’exemple des griots maliens, ils sont les héritiers d’un savoir ancestral diffusé au moyen de la musique. Laurent Bizot, fondateur du label No Format! sous lequel sont signés des griots comme Ballaké Sissoko ou Kassé Mady Diabaté, témoigne de cette tradition soutenue par la caste des nobles, qui agissent comme des mécènes auprès des artistes (Annexe 1). On retrouve ce procédé dès le Moyen-Age en France avec les commandes ecclésiastiques et princières (3). En ce qui concerne l’objet d’art en lui-même, comme le souligne Daniel Bougnoux, les objets d’art étaient dotés de propriétés magiques, religieuses, rituelles voire médicinales (4). L’acte de création artistique est mystifié car l’artiste est capable d’expliquer un fonctionnement de la Nature dont les causes ne seront comprises que plus tardivement par la méthode scientifique moderne. L’artiste, comme manipulateur de symboles, donne un sens collectif à la communauté, même si celui-ci s’inscrit avant tout dans l’imaginaire. Peu à peu, à l’image de Léonard de Vinci, l’artiste devient le technicien d'une Praxis !7 à la recherche esthétique mais au service d’une vérité scientifique. L’artiste dissèque le réel et interroge les rapports de l’Homme au monde physique. Dans les sociétés modernes, la place de l’artiste est démystifiée car l’art est utilisé comme outil d’instruction et de retranscription du réel. Des portraits réalistes de Velasquez aux planches de l’Encyclopédie de Drouot, il subsiste une volonté de faire de l’art un outil d’éducation. Néanmoins, depuis Marcel Duchamp, dont l’approche visionnaire révolutionna la conception de l’art, on assiste à une dématérialisation des supports des oeuvres artistiques : ce n’est pas tant l’objet qui compte mais bel et bien la réflexion, la symbolique ou encore les répercussions de l’oeuvre sur le tissu social qui préoccupent l’artiste. Comme le constate Nicolas Bourriaud, on est donc passé du rapport entre l’Homme et le divin, au rapport entre l’Homme et l’objet puis désormais on tend de plus en plus à analyser le rapport entre l’Homme et la société (5). L’artiste, plus que jamais conscient de la portée de l’art, est intéressé par l’impact qu’aura son travail sur autrui. Désormais ce ne sont plus les seuls supports comme un tableau ou une sculpture qui sont des formes artistiques mais aussi tout rapport humain. Cette rencontre entre l’artiste et le spectateur va être décisive et selon les époques et les moeurs, parfois nourricier, parfois conflictuel. Il convient d’étudier tout d’abord les rapports entre l’artiste et les pouvoirs économiques et politiques. Ces rapports tendent uploads/s3/ la-responsabilite-sociale-de-l-x27-artiste-amp-la-cre-ation-artistique-comme-outil-de-de-veloppement-e-conomique.pdf

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